ME 1910 page 56
Nous trouvons ici deux grands principes: le premier, qu'il y
a eu un commencement, le second, que Dieu créa. Ces deux
principes, l'homme n'a jamais pu les découvrir et les rejette. Les philosophes
païens n'ont aucune idée d'une création; ils reconnaissent une formation, un
arrangement, un ordre, un kosmos, mais pas une création. Créer, c'est
amener une chose à l'existence, sans matériaux pour la faire. Or, c'est «par
la foi que nous comprenons que les mondes ont été formés par la parole
de Dieu, de sorte que ce qui se voit n'a pas été fait de choses qui paraissent»
(Hébreux 11: 3). En Allemagne, des savants comme Haeckel, etc., disent que
l'idée d'une création est pure folie. Il y a, disent-ils, des lois générales
pour ce qui existe. Mais qui donc a établi ces lois? Personne? Certaines découvertes
astronomiques, comme la marche d'Uranus, nous montrent que ces lois peuvent
même être interverties.
L'idée de création se rapporte (verset 1) aux cieux et à la
terre; puis, à ce qui fourmille dans les eaux et aux oiseaux (versets 20, 21),
c'est-à-dire aux êtres qui n'appartiennent pas à notre sphère de la création,
car l'homme ne peut ni voler, ni vivre dans l'eau. La Parole indique donc par
ce mot que cela vient de Dieu. Enfin, au verset 27, «Dieu créa l'homme».
Au verset 2, nous quittons l'idée universelle, l'ensemble
de la création. Nous ne trouvons pas dans ce passage la création des anges,
mais le livre de Job (38: 7) nous apprend qu'ils existaient avant la création
de la terre. Après la création générale, il nous est révélé que la terre était
«désolation et vide». Ce qui s'est passé entre les versets 1 et 2 n'est pas
objet de révélation, mais nous savons que «le Dieu qui a formé la terre ne l'a
pas créée pour être vide» (Esaïe 45: 18).
Depuis le verset 3, nous voyons comment la terre actuelle
fut arrangée et mise en ordre. L'Esprit de Dieu prend ici les choses telles
qu'on les voit, du dehors, seulement il nous en donne la cause. «Que la lumière
soit» n'est pas la création de la lumière, mais, alors que les ténèbres étaient
sur la face de l'abîme, du monde réduit en chaos, Dieu porte la lumière au
milieu de ces ténèbres et les sépare l'une de l'autre.
Au second jour, Dieu fait ce qu'on appelle le ciel,
l'atmosphère qui est au-dessus de nos têtes.
Au troisième jour, le sec paraît, puis Dieu forme les
plantes avec leur semence, pour se propager, chacune selon son espèce.
Les savants mettent cela en question et insistent sur un mélange entre les espèces,
or ce mélange ne peut avoir lieu que par accident. Ils réussissent, par là,
sans doute, à embrouiller les esprits, mais la vérité de ce que la parole de Dieu
affirme saute aux yeux de tout homme non prévenu.
Au quatrième jour, Dieu fait les luminaires. On voit
ici combien il est important de ne pas aller plus loin que la Parole. La
lumière existait, mais il n'y en avait pas sur le chaos de ce monde. Alors Dieu
dit: Que la lumière soit. Ensuite, il fait les porte-lumière, le soleil qui
éclaire au moyen de l'atmosphère lumineuse qui l'entoure, la lune qui ne donne
qu'une lumière reflétée. Il est dit enfin: «et les étoiles». Cela ne signifie
pas que Dieu les fit dans ce moment-là; elles sont ajoutées pour montrer que
tout doit être attribué au Créateur.
Nous avons parlé plus haut du cinquième jour.
La création étant complètement terminée au verset 25, Dieu
commence, pour ainsi dire à nouveau, en prenant conseil au sujet de
l'homme. Il crée l'homme à part, comme maître de la création. Quand il forme
les bêtes de la terre, il dit: «Que la terre produise», mais quand il crée
l'homme, il souffle dans ses narines «une respiration de vie» qui le met en
rapport, en relation nécessaire avec Dieu (2: 7). Tout méchant qu'il
soit maintenant, il est dans cette relation; il diffère d'une bête. Un chien ne
hait pas Dieu, n'a pas de moralité. On peut trouver chez l'animal, comme chez
l'homme, des qualités, des affections naturelles, mais il ne possède pas
l'esprit, le souffle de vie qui le met en rapport avec Dieu. Dieu, dans sa
sagesse (2: 7), forme le corps de l'homme, puis lui souffle lui-même une
respiration de vie, et le met ainsi en relation avec Lui. Il n'est pas question
ici d'une création, comme au chapitre 1: 27. L'homme est fait comme un être
moral, sans péché, nécessaire en quelque sorte à Dieu, innocent, non pas saint,
ni juste, ce qui supposerait la connaissance du péché, mais comme devant être
obéissant. De plus, l'homme est fait pour être le centre de tout le système de
la création. Ce ne sont pas les anges que Dieu a destinés à cela, mais l'homme,
centre absolu d'un monde où tout se concentrait en lui. C'est surtout de cette
manière qu'il est fait à l'image de Dieu: il le représente. Comme
être moral, sans péché, il était plutôt à la ressemblance de Dieu (cf.
1: 26). Malgré tout cela, Adam, l'homme responsable, n'est que le type du
second Adam, de Christ, l'homme des conseils de Dieu. Dieu donne à Adam
autorité sur tout, puis vient:
D'abord la description de l'Eden. Dans une mesure,
l'emplacement du jardin d'Eden est défini par deux des fleuves qui l'arrosent,
l'Euphrate et le Tigre. L'homme est placé dans ce jardin «pour le cultiver et
pour le garder». Ensuite, nous trouvons les deux arbres: «l'arbre de vie au
milieu du jardin et l'arbre de la connaissance du bien et du mal». Ce n'est
plus la création, mais le principe moral de l'homme. Il n'avait pas,
avant la chute, la connaissance du bien et du mal. Après la chute, sa
conscience fait la différence, sans qu'il ait pour cela une loi. La loi
donne la règle du bien et du mal.
Ce n'est pas qu'il y eût du mal dans la chose même qui est
l'objet de la défense, mais la sagesse de Dieu mettait l'homme à l'épreuve à
l'égard de l'obéissance, et cela ne suppose aucunement le mal. L'homme était
une créature intelligente, un être moral auquel convenait l'obéissance, mais la
défense le mettait à l'épreuve. Dieu avait des droits sur lui, et il devait reconnaître
ces droits. Dès que l'homme eût mangé le fruit, il fit en lui-même
connaissance avec le bien et le mal; il acquit une conscience par la chute.
L'homme étant un être moral, il fallait bien que son
obéissance fût mise à l'épreuve, car elle était de toute importance dans les
relations de l'homme avec Dieu. Ceux qui parlent de la liberté qu'avait l'homme
de choisir, se trompent. L'homme n'avait pas à choisir, il devait obéir;
seulement, il avait la liberté, dans le sens qu'il n'était pas extérieurement empêché
d'agir. On ne peut parler de la liberté de désobéir. Rien n'empêche l'homme de
se tourner vers Dieu, sinon sa propre volonté. Il a la liberté de fait, mais non
pas moralement.
Les deux arbres représentent deux principes celui de la
grâce souveraine qui donne la vie et celui de la responsabilité humaine. Si
l'homme n'avait pas touché à l'arbre de la connaissance du bien et du mal, il aurait
pu manger de l'arbre de vie. Ces deux principes subsistent encore, mais l'homme
tel qu'il est ne peut les concilier. Nous les retrouvons sous la loi: «Fais ces
choses», c'est la responsabilité; «et tu vivras», c'est la vie. Seulement, sous
la loi, la vie était mise à la suite de l'obéissance. Ce n'est qu'à la
croix que la responsabilité et la grâce souveraine se concilient. Christ s'y
charge de ma responsabilité, et répond pour moi, là où je me trouve; puis il
est pour moi la vie et me la donne.
La «loi de la liberté» est une loi pour le nouvel homme;
il obéit, mais c'est sa volonté d'obéir, parce qu'il trouve ses délices à faire
la volonté de Dieu; ôter au chrétien sa liberté, c'est l'empêcher de faire la
volonté de Dieu. Dans le paradis de Dieu, nous ne trouvons plus que l'arbre de
vie.
La loi prend toutes les relations dans lesquelles le
bien et le mal se trouvent, et y ajoute une règle munie de l'autorité divine,
mais la conscience fait la différence du bien et du mal sans la loi.
Avant la chute, l'homme jouissait de tout ce que Dieu lui avait donné, cela
coulait de source; il n'avait nullement à discerner le bien et le mal. Le
commencement du mal pour lui, c'est qu'il a perdu confiance en Dieu en écoutant
Satan, et, la confiance perdue, la convoitise entre dans son coeur.
Voici donc le progrès du mal: 1° Perte de confiance
en Dieu. Christ est venu rétablir cette confiance, car il était Dieu, venant en
bonté gagner la confiance de l'homme, mais ce dernier n'a pas voulu de Lui. 2° La
convoitise entre (3: 6), et c'est ce qui arrive encore tous les jours.
L'homme ne croit pas que la volonté de Dieu puisse le rendre heureux, et
cherche à se rendre heureux lui-même. 3° La transgression. Eve satisfait
sa convoitise et engage son mari dans le même chemin. 4° La conscience,
cette faculté, acquise par la chute, de faire la différence entre le bien et le
mal (verset 7). 5° La honte et la peur.
Au verset 9, Dieu ne dit que trois mots: Où es-tu?
mais ils suffisent pour sonder la conscience. La réponse d'Adam (verset 10)
nous montre le triste état dans lequel il est tombé, et le changement immense
qui a eu lieu. Auparavant, Dieu était la source d'une jouissance sans mélange
pour l'homme; maintenant, il a peur de Dieu: «J'ai craint, parce que j'étais
nu», et la folie de son coeur lui fait penser qu'il peut se cacher de Dieu: «Je
me suis caché».
La première chose que l'homme fait toujours, c'est de gâter
l'oeuvre que Dieu a faite bonne. L'homme n'a pas observé le sabbat; son sabbat
a été de faire sa volonté. Noé a cultivé la vigne et s'est enivré. La loi
n'était pas encore entrée dans le camp, qu'Israël avait fait le veau d'or; le
jour de la consécration d'Aaron, Nadab et Abihu offrent un feu étranger.
Dieu condamne Adam précisément sur le pied des raisons qu'il
donne pour s'excuser. Arrange la chose entre toi et la femme que tu m'as
donnée, lui dit Adam. «Parce que tu as écouté la voix de ta femme…» répond
Dieu. La chose même pour laquelle l'homme accuse Dieu est celle qui fait
l'objet de sa condamnation.
Un autre point digne de remarque (verset 15), c'est que Dieu
ne fait pas de promesse à l'homme, comme tel. Ce n'est pas Adam, mais Christ,
qui est la semence de la femme. La promesse est donc faite à Christ.
Aussitôt que Satan a accompli le mal, il est jugé
définitivement; non pas que sa tête soit déjà brisée. Il a brisé le talon de la
semence de la femme sur la croix, et c'est cette semence qui lui brisera la
tête.
Je le répète, car cela est très important; il n'y a pas de
promesse faite à l'homme en tant qu'homme. La femme syro-phénicienne le savait
bien, car les Cananéens devaient être exterminés par le peuple d'Israël, aussi
elle dit: «Seigneur, Fils de David, aie pitié de moi». Qu'avait-elle à faire avec
lui? Il n'était envoyé qu'aux brebis perdues de la maison d'Israël. Elle
répond: «Oui, Seigneur»; cela est vrai, mais Dieu est assez bon pour donner à
ceux qui n'y ont aucun droit. Sans justice, sans promesses, sans rien, elle
s'adresse directement au coeur de Dieu, tel qu'il s'est manifesté en Christ.
L'épître aux Galates nous montre que les promesses sont faites, non pas «aux
plusieurs semences», mais «à la semence» qui est Christ. Toutes les promesses,
dit l'apôtre, étant faites à Christ, vous les possédez, si vous êtes en Lui.
Le jugement prononcé dans ce passage contre la femme,
l'homme et même le serpent, est un jugement pour ce monde. Vous ne
trouvez l'exclusion de la présence de Dieu qu'au verset 23.
Aux versets 20 et 21, nous voyons la foi et le salut d'Adam.
Lorsque la mort fut entrée, «il appela sa femme du nom d'Eve (du verbe khava,
vivre), parce qu'elle était la mère de tous les vivants». Pour lui, malgré la
mort, les vivants sont là, car le salut est révélé. Ensuite, Dieu couvre la nudité
d'Adam et d'Eve par ce qui est le résultat de la mort.
Enfin (verset 22), l'homme mortel est chassé de la présence
de Dieu. Exclu de la bénédiction, i1 ne peut rentrer dans le jardin pour avoir
la vie. En réalité, c'eût été une chose affreuse que l'homme vécût à jamais
dans son état de péché. Les chérubins qui défendent l'accès d'Eden sont la
puissance judiciaire et administrative.
Il s'agit ici, non plus du péché contre Dieu, mais du péché contre son frère (*). Nous voyons l'homme naturel (Caïn), l'homme de foi souffrant (Abel), et l'homme des conseils de Dieu avec sa famille (Seth), établi, quand les deux autres ont disparu. Caïn, l'homme chassé de la présence de Dieu, mais alors que Dieu était intervenu en grâce en le revêtant de vêtements de peau, Caïn faisait ce que Dieu lui avait dit de faire: il labourait la terre. En cela, il ne faisait pas de mal, mais il vient présenter à Dieu les fruits de son travail, sans s'apercevoir que ce travail est la preuve du jugement de Dieu. Il va vers Dieu, comme si rien ne s'était passé. C'est le culte du monde, l'absence de toute conscience au sujet du péché. Abel réalise que l'homme est chassé, que le jugement est entré, que la mort est là. Il se dit: Je dois venir à Dieu avec la confession que j'ai mérité la mort, et qu'un autre s'y trouve à ma place. Alors Dieu l'agrée et, par son sacrifice, il reçoit le témoignage d'être juste.
(*) Ces deux caractères du
péché répondent aux deux grands commandements de la loi: Aimer Dieu de tout son
coeur et son prochain comme soi-même.
Les sacrifices de Caïn et d'Abel nous fournissent deux
principes distincts. Il s'agit, dès le commencement, de venir à Dieu comme un
pécheur. Caïn n'est pas un homme incrédule et moqueur: il veut adorer Dieu. En
un sens, tous les hommes se reconnaissent pécheurs. mais ils n'ont pas la
pensée qu'ils ne peuvent, comme tels, s'approcher de Dieu. Ils se font de Lui
une idée fausse. Leur conscience naturelle leur dit: Tu es pécheur, tu as
péché, mais sans qu'ils sachent que le péché les sépare de Dieu. En
établissant la loi, Dieu fit ressortir cette vérité d'une manière spéciale; il
mit au pied du Sinaï une barrière qui interdisait au peuple de s'approcher; il
plaça aussi un voile dans le tabernacle. Les lieux saints n'étaient pas encore
ouverts, et l'homme ne pouvait aller à Dieu. Mais maintenant, Dieu est venu
jusqu'à nous, dans la personne de Christ en grâce et, par la croix, nous
pouvons nous approcher de Dieu et entrer, en toute liberté, dans le lieu
très-saint. C'est là une immense vérité qui caractérise le christianisme. Comme
principe abstrait, l'homme a le devoir de rendre culte à Dieu, mais ce qui lui
manque, c'est le sentiment que l'homme naturel n'est pas en état de s'approcher
de Lui. Ce sentiment manquait à Caïn, aussi hait-il son frère quand il le voit
agréé. Cela se rencontre encore aujourd'hui, quoique Dieu puisse brider la
haine de l'homme.
Adam pèche contre Dieu, et Dieu lui dit: «Où es-tu?» Caïn
pèche contre son frère, et Dieu lui dit: «Où est ton frère?» Il lui avait dit
auparavant: «Si tu fais bien, ne seras-tu pas agréé? Et si tu ne fais pas bien,
le péché est couché à la porte». «Le péché», ou «l'offrande pour le péché»; car
tel est probablement le sens de ce mot. Mais c'est, du reste, affaire
d'interprétation. Quand on apportait l'offrande, on apportait son péché. Les
mots: «est couché à la porte» semblent confirmer ce sens. On les voit employés
pour la bête qui attend le sacrifice. Un autre sens est également vrai: «Si tu
ne fais pas bien, tu es coupable». Caïn était «très irrité»; alors l'Eternel
lui dit: Il s'agit de toi, et non de moi. Si tu fais mal, il y a un remède, un
moyen pour toi de revenir; la bête du sacrifice est à la porte, toute préparée
pour toi.
«Et son désir sera tourné vers toi, et toi tu domineras sur
lui», se rapporte à Abel. La soumission, l'assujettissement de l'homme à
l'homme, sont une conséquence de la chute. Mais Caïn montre ce qu'il y a dans
son coeur, comme l'homme, plus tard, quand il mit Jésus à mort.
«Le pays de Nod» (verset 16) (vagabond) est un mot
important, quand on le rapproche du jugement de Caïn, au verset 12. Caïn bâtit
une ville dans le lieu où il est vagabond. C'est ainsi que «le monde» a
commencé.
(Verset 17) — «Il bâtit une ville, et appela le nom de la
ville d'après le nom de son fils Hénoc». Les hommes, est-il dit, «appellent les
terres de leur propre nom» (Psaumes 49: 11). Mais ils ne veulent pas avoir une
ville ennuyeuse et sans activité; alors ils y accumulent les richesses, les
arts, les sciences; ils l'organisent confortablement. C'est le commencement de
la société humaine: ayant perdu Dieu, l'homme cherche à s'établir commodément
dans ce monde, et à se le rendre agréable, sans Dieu.
Après Caïn et Abel, c'est-à-dire Christ, nous trouvons, en
Lémec, le monde méchant, malgré tout ce que Dieu avait pu faire pour le
ramener. Caïn est une figure des Juifs que Dieu garde au milieu des nations qui
les entourent, mais à la fin des temps, celui qui les touchera sera puni
soixante-dix-sept fois. Au verset 25 et au chapitre 5, nous trouvons la
généalogie de la famille de Seth. «Alors on commença à invoquer le nom de
l'Eternel». De cette manière, les descendants de Seth pouvaient se reconnaître
comme appartenant à l'Eternel.
Il n'y avait pas de nations alors, pas de lois instituées,
mais un témoignage comme celui d'Enoch et de Noé, au milieu du mal. Ce
témoignage n'eut aucun effet sur les hommes; ils suivirent leur train de vie ordinaire,
comme si rien ne devait arriver. Il en est de même aujourd'hui; on trouve bien
peu de personnes qui croient que le monde ait été entièrement détruit
autrefois. En tout cas, il suit son train comme si aucun événement semblable ne
devait plus avoir lieu.
Autrefois, Dieu donna aux hommes 120 ans pour se repentir.
L'esprit de Christ avait prêché, par Noé, aux esprits qui sont maintenant en
prison (1 Pierre 3: 19), où ils attendent un jugement futur. Ils resteront en
prison jusqu'à ce que le Seigneur juge les méchants. La terre était remplie de
corruption et de violence, et toute chair avait corrompu sa voie. Au temps de
la fin, la violence se retrouvera dans la Bête, et la corruption dans la grande
Babylone. Colossiens 3: 5-9, ajoute à ces deux caractères le mensonge
dont Satan est le père, pour montrer que le nouvel homme a dépouillé ces
choses.
Les fidèles sont épargnés. Le déluge arrive; les fontaines
du grand abîme se rompent et les écluses des cieux s'ouvrent; c'est la pluie,
mais en quantité miraculeuse. Dieu prend un tel soin des siens, qu'il ferme lui-même
l'arche sur eux.
Nous ne mentionnerons ici que quelques petites circonstances
intéressantes. Au chapitre 8: 20, 21, nous trouvons le résultat de l'autel bâti
par Noé, autel qui représente l'oeuvre de Christ. «L'Eternel flaira une odeur
agréable; et l'Eternel dit en son coeur: Je ne maudirai plus le sol à cause de
l'homme, car l'imagination du coeur de l'homme est mauvaise dès sa jeunesse».
Au chapitre 6: 5, l'Eternel extermine de dessus la terre l'homme qu'il avait
créé, parce que «l'imagination des pensées de son coeur n'était que méchanceté
en tout temps». Quand le sacrifice est intervenu, Dieu donne comme raison pour
ne pas les maudire ce qui avait été une raison pour les exterminer. Nous
trouvons le même cas dans l'histoire d'Israël au temps de Moïse. Dieu avait dit
à Moïse, après le veau d'or: «J'ai vu ce peuple, et voici, c'est un peuple de
cou roide. Et maintenant laisse-moi faire, afin que ma colère s'embrase contre
eux, et que je les consume» (Exode 32: 9, 10); et encore: «Je ne monterai pas
au milieu de toi, car tu es un peuple de cou roide; de peur que je ne te
consume en chemin» (33: 3). Mais quand la grâce est intervenue, Moïse dit: «Si
j'ai trouvé grâce à tes yeux, Seigneur, que le Seigneur marche, je te prie, au
milieu de nous, car c'est un peuple de cou roide» (34: 9).
Au chapitre 8: 22, Dieu fait une alliance avec la terre.
C'est la première fois que l'homme a l'autorisation de manger de la viande (9:
3), mais Dieu maintient son droit sur la vie (versets 4-6). A la fin du
chapitre 9, Noé s'enivre. Il ne savait pas, dira-t-on, que le vin l'enivrerait.
Sans doute, mais il en a bu, parce qu'il avait du plaisir à en boire, et non
parce qu'il avait soif. Le vrai mal moral, dont l'ivrognerie n'est que
l'expression, est de boire, parce qu'on aime à boire. L'autorité de Noé, comme
père, est détruite par ce fait. La malédiction est prononcée sur Canaan. La
terre renouvelée est distribuée entre Sem, Cham et Japhet.
Nous avons ici l'histoire de la terre nouvelle. Cette
histoire présente deux caractères: la terre est partagée dans les jours de
Péleg (verset 25), et la durée de la vie de l'homme va en diminuant. Un empire
est établi par Nimrod. Babylone, l'Assyrie et l'Egypte, tirent leur origine de
Cham. Nous avons ici le plus ancien et seul valable document sur l'origine des
peuples. Au chapitre 11, nous ne trouvons pas encore des nations, mais des
familles avec un même langage. Leur idée, pour éviter la dispersion, est de
bâtir une grande ville, centre de tout leur système, et cette entreprise est
précisément la cause de leur dispersion. Cela nous amène à une autre partie de
l'histoire (verset 10). La généalogie de Sem nous est donnée jusqu'à Térakh,
père d'Abram. Josué 24: 2, nous fait connaître un événement qui n'est pas
mentionné ici, c'est que l'idolâtrie avait fait son apparition et qu'elle
prévalait partout du temps d'Abram. Dès lors, le monde contient autre chose que
la violence et la corruption, l'orgueil et la méchanceté; les démons sont
devenus les dieux des peuples; en d'autres termes, l'homme a pris Satan pour
son dieu. C'est, après ce grand fait, que Dieu appelle Abram. Les peuples
étaient divisés en nations; il s'agissait maintenant, pour la foi, de tout
abandonner.
L'histoire d'Abraham fait époque. Il est le représentant de
trois grands principes: l'élection, l'appel et les promesses. On
ne trouve pas encore ici le salut, qui ne sera révélé qu'en Christ. Dans les
Actes, Etienne commence son discours par Abraham. Si Satan possédait alors le
monde, Dieu voulait avoir un peuple à Lui, par lequel il pût garder la
connaissance de l'unité de Dieu. Il s'agissait pour cela de se séparer
du monde; Abram doit le quitter en rompant avec tout ce qui pourrait le
retenir. D'abord, Abram ne consomme pas entièrement cette rupture; il sort,
mais ne se sépare pas de la maison de son père; il quitte son pays, mais
n'arrive pas au lieu où Dieu voulait le conduire. Il ne s'y rend qu'après la
mort de Térakh. Comme nous l'avons dit, sauf le salut de l'Eglise, nous
trouvons tout ici: l'élection, car Dieu choisit Abram; l'appel: «Va-t'en de ton
pays, dans le pays que je te montrerai»; la promesse: «Je te ferai devenir une
grande nation… et en toi seront bénies toutes les familles de la terre» (12:
1-3). Le rôle d'Abram est de se fier à Dieu, sans autre considération.
Abram se rend à Charan. Dieu place souvent, pour nous
éprouver, une difficulté sur notre chemin, et si nous avons assez de foi pour
la surmonter, tout nous devient facile. On trouve plus d'une fois, dans la vie
du chrétien, un moment où il n'a que Dieu, et est même privé du secours de ses
frères; il entre alors en relation avec Dieu sur ce pied-là. De fait, quand il
s'agit du salut, c'est toujours à cela que l'âme en est réduite.
Aussitôt appelé, Abram devient un étranger. Alors arrive la
promesse: «En toi seront bénies toutes les familles de la terre» (verset 3). Au
chapitre 22: 18, Dieu confirme cette promesse à Abraham au sujet d'Isaac:
«Toutes les nations de la terre se béniront en ta semence». Ce passage
explique celui de Galates 3: 16: «Or c'est à Abraham que les promesses ont été
faites, et à sa semence». A part cette promesse, nous en avons beaucoup
d'autres, telles que: «Ta semence sera comme le sable au bord de la mer, comme
la poussière de la terre, comme les étoiles des cieux», mais quand il s'agit de
toutes les familles de la terre, il est question des gentils, et cette
promesse n'est répétée qu'au chapitre 22. Le «En toi», du chapitre 12,
considère Abram comme souche de cette bénédiction.
Abram entre en Canaan, mais n'y trouve «pas même où poser
son pied»; il est obligé de regarder plus haut. Il en est de même pour les
chrétiens; ils sont dans la Canaan céleste, mais sans en posséder en réalité
quoi que ce soit.
L'Eternel apparaît d'abord à Abram, en Mésopotamie, pour l'appeler
(Actes des Apôtres 7: 2); il lui apparaît ensuite, dans le pays de la promesse,
pour faire de lui un adorateur. Abram bâtit alors son premier autel au
Dieu qui lui était apparu (verset 7). C'est là le principe du culte. Deux
choses caractérisent Abram: il n'a rien, mais il a sa tente et son autel. Dieu
est sa seule part.
Le culte des enfants de Dieu devrait, comme celui d'Abram,
être fondé sur cette seconde apparition. Souvent ils rendent culte, parce
qu'ils sont pardonnés; mais ils devraient, comme ici, rendre culte, parce
qu'ils sont introduits dans le pays de la promesse. C'est la communion. Le
culte doit être en rapport avec la position dans laquelle nous sommes placés.
A la célébration de la Pâque, en Deutéronome 16: 1-8,
il n'y a pas de joie, pas de communion. Les Israélites y mangeaient des «pains
d'affliction» et, après la fête, chacun allait se cacher seul dans sa tente. Il
n'en était pas ainsi à la Pentecôte (versets 9-12). On y trouvait la
joie et la communion pour tous, et chacun offrait un tribut d'offrande
volontaire, selon la mesure dans laquelle Dieu l'avait béni. La fête des
tabernacles (versets 13-15) était comme la réalisation du ciel. Quand il
s'agissait, en type, comme à la Pentecôte, du don du Saint Esprit, l'Israélite
offrait selon que l'Eternel, son Dieu, l'avait béni, mais quand il est
question, comme à la fête des tabernacles, de réaliser les choses célestes, la
Parole dit: «Tu ne seras que joyeux» (verset 15).
Quand nous célébrons la Cène, nous nous trouvons dans le
ciel, jouissant de notre position devant Dieu, et nous retournons en Esprit à
ce qui nous a amenés à cette position, mais le culte doit toujours être
l'expression d'une âme habituée à se trouver dans le ciel.
Revenons à notre chapitre 12: 9-20. Abram descend en Egypte sans prendre conseil du Seigneur. Il renie sa femme, reçoit des présents et n'a pas d'autel. C'est ainsi que l'Eglise renie Christ, quand elle recherche le monde (*). Il faut qu'Abram retourne à Béthel (13: 3) pour retrouver sa tente et son autel.
(*) La femme représente la
position, l'homme l'individu responsable dans cette position.
Au chapitre 12, la grâce avait agi envers Abram, mais
celui-ci avait failli par manque de foi, chose rare dans sa vie. Nous ne
pouvons marcher ici-bas que par la foi, dans un sentier que l'oeil de l'aigle
n'a pu discerner; sinon nous entrons dans le chemin du monde. Cependant, même
quand son chemin n'est pas celui de la foi, Dieu garde Abram, mais il est privé
d'autel. De plus, après son retour en Canaan, c'est une de ses servantes
d'Egypte, Agar, qui est cause de toute sorte de troubles et de chagrins.
Descendre en Egypte était une chute pour le serviteur de Dieu. On ne trouve pas
chez lui des immoralités, car il cherchait du secours contre la famine; mais un
croyant doit vivre de toute parole sortie de la bouche de Dieu. Il peut avoir à
«errer dans un désert où il n'y a pas de chemin», mais alors la nuée le
conduit.
Quoique cette marche d'Abram ait porté pour lui de tristes
fruits, son cas n'est pas le même que celui de Lot. Ce dernier choisit
le monde. Il avait marché jusqu'à ce jour avec la foi d'Abram; aussitôt que sa
propre foi est mise à l'épreuve, il tombe.
Aux versets 5-7, les fidèles se disputent en présence de
l'ennemi. Quelle triste chose! mais la foi d'Abram brille ici: il laisse le
choix à Lot. Ce dernier aurait pu répondre: Tu m'as gardé jusqu'à ce jour avec
toi, comme orphelin; c'est donc à toi que le choix revient; mais non, il lève
les yeux, et sa décision est prise. C'était, en apparence, une chose naturelle
que Lot fit ce que lui disait Abram, mais les choses naturelles ne sont pas la foi.
Lot choisit en réalité le monde sur lequel Dieu allait exécuter le jugement,
alors même qu'il n'y en eût encore aucune apparence, et c'est ce que font
encore aujourd'hui tant de chrétiens.
Nous trouvons, au verset 14, le résultat du renoncement
d'Abram. Dieu lui dit: Lève tes yeux et regarde: tout le pays est à toi. Je
ferai que ta semence sera comme la poussière de la terre. Ce n'est pas ici une
semence, comme au chapitre 22. Aussitôt que Lot, «le fidèle infidèle», a choisi
le monde pour jouir de ce qu'il lui offre, Dieu accorde ce qui est céleste à
celui qui avait franchement renoncé au monde.
Ce chapitre est comme un résumé des temps de la fin. On y
voit Melchisédec, tous les ennemis détruits, et Lot, qui représente sous
certains rapports le résidu d'Israël, délivré.
Les rois avaient fait Lot prisonnier. Jusque-là, Lot avait
habité la plaine, mais lorsque les quatre rois d'Orient envahissent le pays, on
trouve Lot à Sodome. Abram représente la puissance que le Seigneur exercera aux
derniers jours. Il poursuit les rois, les surprend, les met en déroute et
délivre Lot. A son retour, Melchisédec vient à sa rencontre. Quand le Seigneur
aura abattu tous ses ennemis, il apparaîtra comme roi de justice et roi de paix
pour bénir Israël, comme Melchisédec bénit Abram. Nous trouvons ici, pour la
première fois, le caractère de Dieu qui se rapporte au Millénium: «Béni soit
Abram, de par le Dieu Très-haut, possesseur des cieux et de la terre! Et
béni soit le Dieu Très-haut qui a livré tes ennemis entre tes mains!» (versets
19, 20). C'est un sacrifice de bénédiction et de louange. Melchisédec
rafraîchit Abram, en faisant apporter du pain et du vin.
On trouve quatre noms de Dieu dans la Parole. Il est le Tout-puissant avec les patriarches, l'Eternel (*) avec les Juifs, le Père avec nous, le Très-haut pendant le Millénium. Le Tout-puissant avait soin des patriarches, étrangers et voyageurs. L'Eternel a soin d'Israël, parce que, lui ayant donné des promesses, il les accomplira jusqu'au bout. Au Psaume 91: 1, il est dit à Christ: Si tu peux découvrir où se trouve le Très-haut, le Dieu du Millénium, tu jouiras de toutes les promesses faites à Abraham par le Tout-puissant. Alors Christ répond: Je me confierai en l'Eternel, Dieu d'Israël. Tu as raison, lui est-il répondu (versets 2-8). Les fidèles d'entre le peuple lui disent alors (verset 9): Parce que tu as pris l'Eternel, Dieu d'Israël, qui est le Très-haut, pour ta demeure, aucun mal ne t'arrivera. Au verset 14, l'Eternel lui parle. — Le Messie s'est identifié avec les Juifs, ceux-ci s'en réjouissent, et l'Eternel y met son propre sceau.
(*) Jéhovah est le verbe être
développé, l'Eternel, la nature essentielle de l'Etre. En Apocalypse 1: 4, il
n'est pas dit: Qui était, qui est et qui vient; cela indiquerait ce qui
est dans le temps; mais "qui est et qui était…",
c'est-à-dire l'Eternel.
Dans notre chapitre, le Millénium est révélé à Abram
victorieux. Ce dernier refuse absolument tout partage avec le monde représenté
par le roi de Sodome. D'autres peuvent prendre leur part, dit-il, mais non pas
moi.
L'Eternel répond à Abram: «Moi, je suis ta récompense». Tu
n'as pas voulu du monde, tu me posséderas, moi. Alors vient une autre question,
la promesse à Abram d'une nombreuse postérité, non pas ici des nations, mais
d'Israël. Dieu établit cette promesse par une alliance, sous la forme donnée au
contrat le plus solennel. L'Eternel dit, en Jérémie 34: 18: «Je livrerai les
hommes qui ont transgressé mon alliance, qui n'ont point accompli les paroles
de l'alliance qu'ils avaient faite devant moi (le veau qu'ils ont coupé en deux
et entre les pièces duquel ils ont passé), les princes de Juda… qui ont passé
entre les pièces du veau…» La foi d'Abram passe par la mort; la lumière qui
conduit et le feu qui éprouve, les deux signes de la présence de Dieu, passent
à travers. Ici, c'est Dieu qui se lie et affirme de la manière la plus
solennelle, qu'il accomplira sa promesse au dernier jour, et c'est le sacrifice
de Christ qui en établit la certitude. Mais Abram, qui devait jouir de cette
promesse, doit passer par la mort, tout au moins par son ombre. Comme incident,
les oiseaux de proie descendent sur ces bêtes mortes. Abram était là pour les
garder, et avait à chasser l'ennemi qui s'attaquait au sacrifice.
En suite de cette alliance, Abram reçoit la promesse
d'hériter le pays, mais l'iniquité des Amoréens n'était pas encore arrivée à
son comble. Ils étaient dignes d'être jugés, mais la justice de leur jugement
avait encore à être manifestée.
Nous trouvons ici une nouvelle forme d'incrédulité qui se
rattache à l'Egypte. Sara suggère à Abram de prendre Agar, l'Egyptienne, pour
femme. Sara voulait, selon la chair, s'assurer un héritier. Dieu permet ici que
l'homme, chez le croyant, se montre ce qu'il est. Ce que nous avons à faire,
c'est de ne pas être ce que nous sommes par nature, et le vieil homme ne se
montrera pas. Cette incrédulité devient une source de grands chagrins. Agar se
moque de sa maîtresse; Sara s'irrite, et Agar s'enfuit. L'ange qui lui apparaît
au puits où Dieu se révèle, la renvoie humiliée auprès de Sara.
Ici, Dieu se révèle de nouveau à Abram, dans son caractère
propre. Il ne s'agit pas, comme au chapitre 15, de ce qu'il est pour Abram: «Je
suis… ta grande récompense», mais de ce qu'il est en lui-même: «Je suis le Dieu
Tout-puissant». L'alliance de Dieu est avec Abram. Cette alliance a trois
parties: Dieu sera Dieu à Abram et à sa postérité après lui; — le pays où il demeure
comme étranger lui sera donné, ainsi qu'à sa postérité après lui; — des nations
et des rois sortiront de lui. Toutes ces promesses étaient sans condition. A
Sinaï, le peuple les accepte sous condition d'obéissance. La conséquence
en est qu'il les perd toutes. La fermeté de la promesse faite à Sinaï,
dépendait de la fermeté d'Israël, celle de la promesse faite à Abraham, de la
fermeté de Dieu. Toutes les promesses sont venues en Christ; Israël y a perdu
tout droit en le rejetant, mais Dieu est fidèle, et les accomplira malgré tout.
Nous trouvons ensuite la circoncision d'Abraham, signe de la
vraie séparation pour Dieu, sans laquelle il n'aurait pu jouir de la
bénédiction; et la circoncision d'Ismaël, signe de cette même séparation de la
race d'Abraham dans les limites naturelles. S'ils n'étaient pas circoncis, ils
perdaient tout droit à des promesses.
Enfin la promesse de l'arrivée immédiate de la semence,
Isaac, est donnée.
La venue de l'enfant de la promesse se rapproche de plus en plus.
Trois anges, dont l'un est l'Eternel (cf. verset 10), viennent visiter Abraham.
Celui-ci distingue l'Eternel, mais n'en parle pas, puisqu'il le visitait sans
se faire connaître. La date de la naissance d'Isaac est maintenant révélée.
A la fin du chapitre, Abraham qui a trouvé grâce devant
Dieu, continue à se tenir devant Lui. L'Eternel lui communique, non pas ce qui
allait lui arriver, mais ce qui allait arriver au monde. C'est ce que
l'Apocalypse est pour nous. Abraham devient le dépositaire des pensées de Dieu
à l'égard du monde; il est appelé «ami de Dieu», car on communique ses pensées
à son ami. C'est aussi ce que dit le Seigneur à ses disciples: «Je vous ai
appelés amis, parce que je vous ai fait connaître tout ce que j'ai appris de
mon Père» (Jean 15: 15).
Nous trouvons ensuite la belle intercession d'Abraham,
s'enhardissant à répéter ses requêtes à l'Eternel. Il n'y avait pas dix justes
à Sodome; Dieu épargne cependant un petit résidu dans la personne de Lot. Un
croyant qui s'associe au monde, n'a pas le droit de Lui rendre
témoignage; son témoignage est perdu. Il en était ainsi de Lot. Il affligeait
tous les jours son âme juste, à cause de la conduite de ces pervers, mais qui
le remerciait pour cela? Un chrétien mondanisant n'est pas heureux avec les
chrétiens, parce qu'il sent que sa position n'est ni bonne, ni franche; il
n'est pas heureux avec le monde, parce qu'il a l'Esprit de Christ pour le lui
faire sentir.
Destruction de Sodome, et ce qui arrive à Lot. Il craint de
se sauver vers la montagne (verset 19). Le chemin de la foi a quelque chose
d'effrayant pour le croyant mondain; et c'était cependant sur la montagne
qu'Abraham était à l'aise avec Dieu. On voit encore chez Lot l'incertitude du
coeur qui a perdu, dans la mondanité, toute son énergie spirituelle. Il se
réfugie à Tsoar, mais quand il voit les autres villes détruites par le feu, il
prend peur et s'enfuit à la montagne qui lui faisait peur auparavant. Hélas! ce
n'était pas la montagne où se trouvait Abraham, en communion avec le Dieu qui
lui communiquait ses pensées.
Abraham renie son union avec sa femme; il est repris du
monde qui sait mieux que lui ce que cette union devrait être. L'infidélité est
plus grave ici que lors de sa descente en Egypte, car Sara est maintenant la
mère de l'héritier du monde. Malgré tout, Dieu prend la cause d'Abraham en
mains, car il est un prophète de Dieu (verset 7), auquel personne ne doit
nuire. Abraham continue ici son rôle d'intercesseur.
Naissance de l'héritier de la promesse. Agar et son fils
sont chassés. Ismaël se moquait, lui, grand garçon de 14 ans, de cette vieille
femme et de son petit enfant. Mais le grand principe, ici, est celui de la loi
et de la grâce, que représentent Agar et Sara.
Agar est le principe de la loi. La loi convient pour la
chair et pour le monde. Il semblait dur à Abraham de chasser son fils. Dieu lui
dit: Fais-le, car il s'agit de grâce et non pas de loi. Il est difficile de
maintenir, même les chrétiens, dans cette position; c'est ce qui a créé tant de
difficultés à l'apôtre Paul. Les épîtres aux Galates, aux Colossiens, aux
Corinthiens nous montrent cette lutte. Il y a une religion, faite pour l'homme
ici-bas, le camp humain; mais Dieu a employé les principes de cette religion,
pour montrer que l'homme ne pouvait se rencontrer avec Lui sur ce pied-là. Le
principe de la loi était que l'homme devait être juste devant Dieu. Les gentils
eux-mêmes étaient, dans un sens, sur ce pied, sauf qu'ils avaient affaire aux
démons qu'ils avaient pris pour dieux; mais, de fait, c'était toujours le même
principe: l'homme responsable envers un Etre supérieur, lui offrant des
sacrifices et observant des fêtes en son honneur (il n'y en a pas dans le
ciel). Avec la loi, Dieu établit un système sur ce principe-là, seulement, cela
va sans dire, avec le vrai Dieu. Du moment que ce système est inauguré, Dieu se
cache, et l'homme ne peut entrer en sa présence.
Christ, ayant été rejeté, met fin à tout cet ordre de
choses. Désormais, Dieu entre en relation avec l'homme sur le principe de la
foi en Jésus, et l'introduit dans les lieux célestes. Le voile est déchiré; un
vrai sacrifice est offert; l'accès est ouvert; la foi, la promesse, la grâce, apparaissent.
Non pas que l'homme ait pu satisfaire Dieu; sa religion était la chair et les
éléments du monde, choses qui ne peuvent s'accorder avec la foi.
Agar est le type de tout cela. L'épître aux Galates dit que
ces deux choses, la loi d'un côté; la grâce, la foi, l'Esprit, la liberté, de
l'autre, ne peuvent aller ensemble. Le principe de la délivrance est la grâce.
Nous ne pouvons avoir la justice de Dieu pour nous et établir notre justice
pour Lui, parce que nous n'avons aucune justice propre. Ces deux choses se
contredisent.
Le principe de la loi est la mort; mais mourir signifie la
condamnation. C'est pourquoi l'apôtre dit que la loi est le ministère de la
mort et de la condamnation. Dieu, intervenant en grâce, nous dit que la
mort doit avoir son cours; mais Christ meurt pour nous. Cela change tout; mais
il en résulte pour moi que je suis mort, crucifié avec Christ. Christ a pris
sur lui la condamnation de la loi, et la mort est ainsi survenue pour moi comme
un bien: Je suis mort au vieil homme.
Dans notre chapitre, nous trouvons seulement le grand fait
qu'Ismaël ne peut hériter avec Isaac, c'est pourquoi Agar et son fils doivent
être chassés. Mais, au Sinaï, les enfants de Sara sont devenus ceux d'Agar.
Ismaël ayant été mis de côté, Dieu vient à Abraham et lui
dit: Sacrifie-moi ton héritier. Abraham se dit: Je me fie à Dieu malgré tout;
lui qui a fait les promesses, les accomplira. C'est pourquoi, il reçoit Isaac
en résurrection. Quel beau témoignage à la foi d'Abraham!
Il s'en va tout seul; ses serviteurs qui n'ont pas sa foi ne
peuvent suivre le même chemin que lui. Nous voudrions souvent engager des
chrétiens à suivre le chemin dans lequel notre foi nous conduit, mais ils ne
seraient qu'un encombrement, et nous sommes obligés de les laisser en arrière.
Sans doute, cela nous donne une apparence peu aimable.
Aux versets 17-18, nous avons la confirmation de la
promesse. Comme nous l'avons vu, au chapitre 22, la promesse est faite à
Abraham, sans qu'il soit question de sa semence. Ici, elle est confirmée
à sa semence, qui est Christ. Il ne s'agit pas d'un Médiateur, car il n'est pas
médiateur quant à la promesse; c'est à Lui que cette dernière est confirmée. Il
est médiateur de la nouvelle alliance faite avec Israël. Lorsqu'il vient
comme Médiateur pour nous, chrétiens, il porte nos péchés et nous procure la
gloire céleste, mais ce n'est pas une alliance entre Dieu et nous. L'ancienne
alliance dépendait de l'obéissance d'Israël, la nouvelle dépend de la grâce de
Dieu seul envers son ancien peuple. Nous ne sommes ni sous l'ancienne,
ni sous la nouvelle alliance. Seulement, le Médiateur de la nouvelle alliance
est venu, le sang de la nouvelle alliance a été répandu. Israël n'en a pas
voulu, mais ce qu'il appartenait à Dieu d'accomplir, dans cette alliance, est
entièrement terminé, et nous, chrétiens, en avons le bénéfice. Mais l'alliance
n'est pas faite avec nous; elle le sera avec Juda et Israël.
En tant donc que le Médiateur est venu, nous jouissons des
bénédictions de la nouvelle alliance, et elles nous appartiennent. Elles sont
exprimées par ces paroles: 1° «En mettant mes lois dans leur entendement, je
les écrirai aussi sur leurs coeurs, et je leur serai pour Dieu, et ils seront
mon peuple… et ils me connaîtront tous, depuis le plus petit jusqu'au plus
grand d'entre eux». 2° «Je ne me souviendrai plus jamais de leurs péchés, ni de
leurs iniquités» (Hébreux 8: 10-12). Mais nous avons encore bien plus que cela:
par le Saint Esprit, nous sommes unis au Médiateur de l'alliance, à Christ dans
le ciel, tandis qu'il est caché en Dieu, et nous avons la gloire céleste. Cela
ne faisait pas partie de la nouvelle alliance, à laquelle on voudrait
aujourd'hui réduire le christianisme.
Sara meurt, et Isaac entre en scène. Abraham envoie Eliézer
chercher une femme pour son fils, image de la mission du Saint Esprit. Il faut
à l'homme ressuscité, à Christ, une épouse, l'Eglise. Eliézer devait-il ramener
Isaac auprès du peuple dont il était sorti? Il ne devait y retourner en aucun
cas, étant au ciel, en figure.
Rebecca quitte tout pour se joindre à Isaac, et, dans un
sens, remplacer Sara qui venait de mourir. Il faut rompre avec le monde, pour
appartenir à Christ, et n'y pas retourner. Si Rebecca, arrivée au milieu du
désert, avait eu des regrets, tout lui aurait manqué, car elle n'aurait eu ni
sa parenté, ni son époux.
Il nous est peu dit d'Isaac; l'homme ressuscité n'a guère
d'histoire. Isaac a deux enfants. Esaü, profane, méprise son droit d'aînesse;
Jacob l'achète. Comme caractère humain, Jacob est un homme peu recommandable;
jusqu'à aujourd'hui, les Juifs conservent les mêmes traits. Esaü avait un
caractère hardi, beaucoup plus noble que celui de son frère, mais il était
profane, et avait vendu son droit aux promesses. Le caractère et l'état moral
d'un homme sont deux choses entièrement distinctes. Les chiens ont des
caractères très différents: l'un aboie, l'autre supporte tout pour son maître
et de sa part. Cela se rencontre aussi chez les hommes, en tant que nature
humaine. La seule différence est que les hommes se vantent de leur caractère
(ce que les chiens ne font pas), et pensent que Dieu doit les bénir à cause de
cela.
Infidélité d'Isaac. Au lieu d'être, comme Abraham, maître de
la position vis-à-vis d'Abimélec, Isaac est renvoyé par ce dernier. Mais
(versets 2-5) les deux promesses faites à Abraham, aux chapitres 12 et 22, se
réunissent ici dans la personne d'Isaac, ce que nous ne trouvons pas en
Abraham, dépositaire des promesses pour les Juifs et pour Christ.
Esaü descend moralement toujours plus bas (versets 34, 35);
il ne se fait aucun scrupule d'épouser des Héthiennes.
La ruse est la racine de toute l'histoire de Jacob. Nous
sommes bien éloignés ici de la vie d'Abraham. Mais, malgré tout, Dieu accomplit
sa volonté, et Jacob reçoit la bénédiction. Esaü ne pouvait la posséder, car il
avait vendu son droit d'aînesse et portait le fruit de son propre péché. Il ne
trouve pas lieu à la repentance, quoiqu'il ait cherché la bénédiction avec
larmes. Quand on abandonne la promesse (dans les Hébreux, c'est abandonner
Christ), il n'y a pas de remède.
Isaac est, comme nous l'avons vu, la figure de Christ
ressuscité. Ce qui est céleste joue un rôle effacé dans l'histoire. Mais dans
celle de Jacob, nous trouvons tout autre chose, parce que nous sommes ramenés à
ce qui est terrestre, à Israël. Nous avons vu, en Abraham, la foi aux
promesses; nous trouvons, en Jacob, le gouvernement de Dieu à l'égard du peuple
terrestre, et à notre égard aussi, en tant que peuple de Dieu sur la terre. La
vraie foi, chez Jacob, attachait de la valeur aux promesses de Dieu; il donne
son plat de lentilles en vue de ces promesses, mais les moyens pour les
acquérir étaient entièrement selon l'homme. La conséquence est qu'il est trompé
au sujet de sa femme, de ses gages, mais il ne se fait pas faute de tromper
lui-même son beau-père, comme il avait trompé son père. Comme résultat, il
passe sa vie dans la frayeur; il n'a pas la simplicité de foi qui compte sur
Dieu, pas de marche avec Dieu. Nous trouvons, dans son histoire, le
gouvernement de Dieu envers un homme qui, tout en croyant, se conduisait fort
mal. Quand Esaü vient au-devant de lui, Jacob est dans un grand embarras. Dieu
ne permet pas à Esaü de le toucher, mais alors, c'est Dieu lui-même qui vient
lutter avec Jacob pour pouvoir le bénir. C'est comme s'il lui disait: Je ne
suis pas content de toi; mais en même temps, il permet que sa foi remporte la
victoire. Le combat a lieu, parce que Jacob se conduit mal, mais non pas sans
la foi. Abraham intercédait pour les autres, Jacob lutte pour lui-même, ce qui
fait une grande différence.
Le résultat de cette lutte est que Dieu fait sentir à Jacob
sa faiblesse pendant toute sa vie, et qu'il porte toujours sur lui le mémorial
de ce qu'il était. Dieu avait rencontré Jacob à Mahanaïm, avec des légions
d'anges. Cela lui donne-t-il confiance en Dieu? Nullement; il fait toujours
preuve du même esprit. Il envoie sa femme et ses enfants passer le ruisseau de
Jabok; il prend des mesures habiles au sujet de ses troupeaux. Quand tout est
bien ordonné, il reste seul, et Dieu dit: Maintenant je te trouve; c'est à toi
seul que j'en veux. Après avoir lutté avec l'ange, Jacob lui demande son nom,
mais le moment n'est pas encore venu où Dieu se révélera à lui. Il le bénit,
mais sans lui faire trouver la vraie communion. Elle vient plus tard, mais n'a
pas le caractère de celle d'Abraham.
Après la lutte, Jacob n'a pas encore changé; sa conversation
avec Esaü le prouve. Il lui promet de le rejoindre à Séhir, quand il n'avait
aucune idée de s'y rendre. Esaü parti, il lui tourne le dos et se rend en
Canaan. Mais à travers tous ses manquements, il est instructif de voir le
gouvernement de Dieu qui garde son serviteur des entreprises de Laban, d'Esaü
et plus tard de Sichem.
Jacob se rend à Succoth, achète un champ à Sichem, y bâtit
un autel et l'appelle du nom du Dieu d'Israël, nom que Dieu lui avait donné
dans la lutte.
Enfin Dieu lui dit: Monte à Béthel. C'était là qu'il devait
aller. Il s'y rend et y bâtit un autel. De là date sa restauration. C'est là
que Dieu se révèle à lui et lui donne le nom qu'il lui avait donné lors de la
lutte (Israël), mais qu'il lui répète ici, comme une chose toute nouvelle, en
même temps qu'il lui fait connaître son nom à Lui, le Tout-Puissant. C'est
comme si son histoire commençait seulement alors. Auparavant Jacob avait été
bien gardé, sans doute; mais maintenant il est avec Dieu et appelle ce lieu
Béthel, maison de Dieu. Dieu l'avait sondé, discipliné à cause de ses
manquements, l'avait enfin fait boiter pour la vie, mais en tout cela il ne
s'était pas révélé. Ce n'était pas la communion. On ne peut pas se contenter de
lutter avec Dieu; il faut que l'âme soit complètement rétablie, que la
révélation de Lui-même, faite par Dieu, devienne le point de départ de toutes
les pensées de l'âme, en un mot, qu'il y ait communion avec Dieu.
Après cela, Rachel meurt. Benjamin, le fils de l'affliction
d'Israël, selon les voies de Dieu, devient le fils de sa droite.
Dès lors, Jacob est un nouvel homme, sans ruses ni
tromperies. Laissons à Dieu le soin de nous sonder; ce sont ses voies en
gouvernement envers nous. Il ne retire pas ses yeux de dessus les justes, et
les châtie quand il le faut.
Béthel est le vrai lieu de la restauration. Jusque-là, les
théraphim, idoles domestiques, n'avaient pas été ôtés. Jacob en avait bien
connaissance auparavant, mais, quand il va rencontrer Dieu, il sent aussitôt
qu'il lui faut se purifier des idoles. Nous ne faisons souvent pas attention à
ce qui est dans nos coeurs, mais dès qu'il s'agit de nous trouver avec Dieu,
nous remarquons que les idoles empêchent l'âme de s'épanouir et ne peuvent nous
convenir. Quand il nous faut nous trouver dans la lumière de Dieu, nous
constatons leur présence, et nous apprenons que notre coeur s'est attaché à
quelque chose qui ne s'accorde pas avec Dieu.
A Béthel, nous ne trouvons plus l'autel d'El-Elohé-Israël
(Dieu, le Dieu d'Israël), mais le mémorial du lieu où Dieu avait parlé avec
Jacob, de ce que Dieu était en lui-même, le lieu où son nom lui avait été
manifesté. Tout cela est la communion. Il nous est facile, quand il y a du
sérieux dans nos coeurs, de sentir la différence entre les soins et la
protection du Dieu qui nous garde, et notre communion avec Lui.
Avant la mention des fils de Jacob, nous trouvons la
généalogie d'Esaü (Edom), l'aîné selon la chair.
Jacob habite là où Abraham avait séjourné (37: 1); il n'y
était pas aussi étranger que son aïeul. Maintenant vient l'histoire de Joseph,
type remarquable de Jésus, vendu aux gentils. Joseph a deux songes, Dieu lui
donne la révélation de sa suprématie sur ses frères, et même sur son père et sa
mère. Ses frères n'aiment pas cette pensée et sont jaloux de lui; son père le
reprend.
Puis le père l'envoie à la recherche de ses frères. Ruben
aurait voulu l'épargner; en son absence, les autres vendent Joseph aux Madianites.
Son histoire brille d'une manière éclatante au milieu de toute cette méchante
famille (les Juifs). Dieu est avec lui et lui donne la sagesse au milieu de son
humiliation. C'est Joseph qui est toujours prêt à donner à Pharaon et à ses
serviteurs la clef de leurs songes. En vertu de cette sagesse, il est établi à
côté de Pharaon sur son trône, comme Christ est maintenant à la droite du Père
dans la gloire. Il possède aussi l'autorité, comme Christ a maintenant la
seigneurie sur toutes choses, dans la gloire royale.
Ses frères reviennent à lui, poussés par la famine, au
moment où, par la sagesse de Joseph, l'abondance règne dans le pays d'Egypte.
Ils sont amenés à reconnaître leur péché.
Ephraïm et Manassé (41: 50-52) sont les fils donnés à Joseph
pendant sa réjection; Manassé: «Dieu m'a fait oublier toute ma peine et toute
la maison de mon père»; Ephraïm: «Dieu m'a fait fructifier dans le pays de mon
affliction». Christ récolte du fruit, dans le lieu où il se trouve maintenant.
C'est comme rejeté par ses frères qu'il a maintenant des fils, tandis que ses
frères, Israël, lui reviendront aux derniers jours, et seront amenés à
reconnaître leur péché. Ce sera seulement lors de la réunion de ces deux
caractères de Christ que tout sera paix et bénédiction.
Benjamin (fils de mon affliction et fils de ma droite) est
la droite de Dieu, exercée en puissance, comme Chef d'Israël; Joseph est le
Chef des gentils, Sauveur de tous. Dans tous ses songes, Joseph représente la
sagesse de Christ pendant les jours de son humiliation. Christ est la sagesse
de Dieu, en vertu de laquelle Dieu lui donne le pouvoir.
Dieu dit lui-même à Jacob de descendre en Egypte. Ce n'est
pas ce qui se voit qui est la vérité. Quand les hommes brisaient les jambes du
pauvre brigand qui avait cru, la vérité de cet acte était de l'envoyer en
paradis, non pas de l'empêcher de souffrir, ou de vivre sur la croix un jour de
sabbat.
Jacob se rend à Goshen (46: 29). On trouve une chose
frappante, au chapitre 47: 9, 10. Le plus petit est béni par celui qui est le
plus grand. Jacob, l'homme de Dieu, dont les jours avaient été courts et
mauvais, est plus grand que Pharaon; il représente la dignité de la foi qui
marche avec Dieu.
Au chapitre 48: 15, 16, il reconnaît que Dieu l'avait gardé
à travers tout; que, malgré ses jours courts et mauvais, Dieu l'avait garanti.
Joseph aurait désiré la bénédiction pour son fils aîné. Jacob transpose ses
mains pour bénir Ephraïm et Manassé, et dit: «Je le sais, mon fils, je le
sais».
Dans le Deutéronome, chapitre 33, nous trouvons la prophétie
de Moïse, ici, celle de Jacob qui contient une espèce de division:
D'abord l'histoire d'Israël jusqu'à son apostasie (versets
3-16). (Ce n'est que dans la prophétie de Moïse que nous trouvons la
bénédiction finale de Ruben). Siméon et Lévi sont dispersés en Israël. Siméon
habitait là où se trouvaient les Philistins. Juda a la royauté (versets 8-12),
le sceptre qui est la verge de sa tribu; il est le législateur; il demeure
comme tribu et comme peuple jusqu'à la venue du Messie, tandis que les dix
tribus étaient dispersées par l'Assyrien. Dan, comme tribu, représente l'esprit
d'apostasie. C'est chez lui, en premier lieu, qu'est introduite l'idolâtrie en
Israël. Il est comme un serpent quand Israël est complètement ruiné; par son
infidélité, il fait tomber l'homme de son cheval. Il représente l'Antichrist.
Alors la foi commence à s'attendre au salut (verset 18).
Depuis Dan (versets 19 et suivants), tout est bénédiction.
Au verset 26, les bénédictions d'Isaac, père de Jacob, avaient été sur
celui-ci, mais en Joseph (Christ), elles vont beaucoup plus loin et s'étendent
jusqu'au Millénium.
Nous trouvons donc, dans la prophétie de Jacob, l'histoire
générale des tribus qui se termine par l'apostasie de l'Antichrist, et dans les
cinq dernières tribus, par le salut de Dieu pour Israël.
Jacob meurt, et les fils d'Israël transportent immédiatement son corps en Canaan. On voit, à la fin, sa foi; il ne veut pas que ses fils l'enterrent en Egypte. Joseph lui-même meurt avec la certitude que Dieu, dans sa fidélité, fera monter son peuple dans la terre promise. Il tient à reconnaître que le pays de Canaan appartient à Israël, selon la promesse de Dieu.