Epître de Jacques

Notes recueillies dans des réunions d'étude

ME 1910 page 61

Chapitre 1

Cette épître est une des épîtres de la fin. Elle est adressée aux douze tribus qui étaient dans la dispersion, le peuple y est reconnu dans son ensemble; l'apôtre Paul fait de même, en Actes 26: 7. L'Evangile avait pénétré parmi eux; mais ceux qui l'avaient reçu, tout en ayant la foi au Seigneur Jésus, étaient encore liés au système judaïque et marchaient avec la synagogue. Un certain nombre d'entre eux professaient avoir la foi, mais sans avoir la vie. C'est ce que l'on trouve aussi dans l'épître aux Hébreux. Jacques s'adresse à cet ensemble, tandis que Pierre écrit à ceux de la dispersion qui avaient été régénérés. Vu ce mélange, Jacques ne nous présente pas la position du chrétien, tout en établissant, comme nul autre écrivain du Nouveau Testament, la plénitude de la liberté chrétienne aux versets 18 et 25. Il insiste sur la vie pratique chez ceux qui ont cru au Seigneur Jésus, qui ont été engendrés par la parole de la vérité (verset 18), et tous ceux qui font profession de christianisme, aujourd'hui comme alors, se trouvent sous la même responsabilité. Actuellement, nous sommes tenus de traiter la chrétienté sur le pied de sa profession chrétienne, toute insuffisante qu'elle soit, afin de lui démontrer sa responsabilité et le jugement qui s'y attache.

(Verset 1) — L'auteur de l'épître ne prend pas le titre d'apôtre. C'est ce Jacques que nous trouvons à la tête de l'assemblée à Jérusalem, comme représentant avec autorité le principe du judaïsme qui régnait encore dans cette assemblée (Actes des Apôtres 12: 17; 15: 13; 21: 18). Il semble certain, d'après Galates1: 19, qu'il était le frère du Seigneur. Jacques, le frère de Jean, avait déjà été mis à mort par Hérode (Actes des Apôtres 12), et Jacques, apôtre, fils d'Alphée ou de Clopas, autrement dit «Jacques le mineur», ne peut guère être identifié avec lui (*).

(*) L'effort de la critique d'identifier Jacques, fils d'Alphée, avec Jacques, frère du Seigneur, n'aboutit à aucune conclusion certaine. Marie, mère du Seigneur, avait quatre fils: Jacques, Joses, Simon et Jude (Matthieu 13: 55). Marie, sa soeur, femme de Clopas (Alphée) (Jean 19: 25), avait deux fils, Jacques et Joses (Matthieu 27: 56), dont l'un est appelé «Jacques le mineur» (Marc 15: 40), l'autre, Jude (Actes des Apôtres 1: 13), tous deux différenciés des frères de Jésus, au premier chapitre des Actes, verset 14.

Jacques se nomme «esclave de Dieu et du Seigneur Jésus Christ». C'est là son titre de gloire, et c'est d'une touchante beauté, si véritablement Jacques est le frère du Seigneur. Il le reconnaît comme son Seigneur, le Seigneur de gloire (2: 1), Celui qui l'a racheté, qui le possède entièrement, car l'esclave ne s'appartient plus. C'est un caractère du racheté sous lequel nous négligeons peut-être trop de nous considérer, car, achetés par le Seigneur et Maître, nous n'avons aucun droit de nous appartenir et de faire ce que bon nous semble (1 Pierre 2: 1).

(Versets 2, 3) — Comme les chrétiens auxquels Pierre s'adresse, ceux-ci souffraient la persécution. Aussi Jacques les encourage, en leur montrant qu'ils devaient estimer comme une parfaite joie d'être en butte à diverses tentations, vu les résultats qu'elles produiraient. Dans ce verset, comme au verset 12, la tentation vient du dehors, et Dieu la permet pour éprouver la foi. Aucune tentation pareille n'a été épargnée au Seigneur. Aux versets 13 à 15, nous trouvons la tentation intérieure, fruit de la convoitise, tentation qui ne peut venir de Dieu. L'épreuve a pour but de produire la patience. L'apôtre Paul parle de même en Romains 5: 3, seulement ici, le résultat de l'épreuve ne va pas au-delà de la patience. La patience, c'est d'avoir une volonté brisée. Or les épreuves produisent ce brisement. La vieille nature est toujours opposée à la volonté de Dieu et, quand elle agit, elle nous empêche de marcher sur les traces de Christ, car il disait: «Je viens pour faire, ô Dieu, ta volonté», et s'attendait patiemment à l'Eternel (Psaumes 40). Il faut que la patience ait son oeuvre parfaite; c'est-à-dire que l'on endure tout en vue d'un but à atteindre. A l'origine, le mot patience signifie souffrir. C'est par la souffrance que nous sommes dépouillés du moi et des choses visibles, pour que la foi puisse s'attacher à son objet. La vraie foi s'affermit dans l'épreuve, parce qu'elle est de Dieu. Là où il n'y a pas de foi réelle, tout est finalement détruit, lorsque l'épreuve survient, comme lorsque la semence tombe dans les lieux pierreux: la Parole a été reçue pour la joie qu'elle produit, mais n'ayant rien opéré dans la conscience, ses effets ne sont que pour un temps. Au contraire, la joie, au lieu d'être passagère, s'accroît dans l'épreuve: «Nous nous glorifions dans les tribulations», et cette joie dans l'âme est soutenue par la jouissance de l'amour de Dieu.

(Verset 4) — L'épître montre que la puissance de la vie nouvelle doit empêcher la volonté propre de se produire. Sans la vie de Dieu, la patience ne peut avoir son oeuvre parfaite. Chez Saül, l'oeuvre de la patience n'a pas été parfaite, il n'a pu attendre jusqu'au bout et a perdu le royaume (1 Samuel 13). Une fois la patience produite, il faut encore persévérer, afin d'être parfait et accompli, ne manquant de rien. Etre «parfait» a trait au sujet dont il est question ici; c'est n'avoir point de volonté, afin d'accomplir celle de Dieu. La perfection de Christ était l'absence absolue de propre volonté.

(Verset 5) — Si quelqu'un manque de sagesse, la ressource est en Dieu. La sagesse est le résultat de l'expérience. Tous ne la possèdent pas. Si quelqu'un en manque, il lui faut s'adresser à Dieu. Dieu la lui donnera libéralement, comme il donne à tous, sans lui reprocher son manque de sagesse ou tout autre chose. En sorte que tous peuvent agir sagement en la demandant à Dieu. «Qui est sage prendra garde à ces choses, et comprendra les bontés de l'Eternel» (Psaumes 107: 43). Mais il faut lui demander avec foi, sans douter. Nous avons besoin de sagesse pour savoir ce que nous devons faire, et comment profiter de l'épreuve. Il ne nous faut pas premièrement chercher les moyens de sortir de l'épreuve; mais nous devons attendre, pleins de confiance dans le Seigneur, sachant qu'il a pour but de produire en nous des fruits pour notre bénédiction spirituelle. Il faut aussi de la sagesse pour profiter des bénédictions acquises par l'épreuve, afin que les résultats demeurent à la gloire de Dieu. Il ne nous manque que d'avoir conscience de nos besoins et de les présenter avec foi. Nous ne risquons pas d'importuner Dieu; nous pouvons aller à Lui librement, connaissant les dispositions de son coeur à notre égard: Il donne à tous libéralement, et ne fait pas de reproches.

(Versets 6-8) — La demande faite avec foi honore Dieu. L'épreuve produit donc la patience, la dépendance, et la confiance. La dépendance sans la confiance ne suffit pas. La confiance se réalise dans la piété. L'homme qui avait été aveugle, dit aux Juifs: «Si quelqu'un est pieux envers Dieu et fait sa volonté, il l'écoute» (Jean 9: 31). Quand cette confiance n'existe pas, on ne peut s'attendre à recevoir. Ce principe est applicable à chacun, quoique ici, comme tout du long de l'épître, on puisse distinguer entre ce qui est applicable aux croyants et ce qui l'est aux professants qui n'ont pas la vie. Le croyant, formé par l'épreuve, a appris la patience, la dépendance et la confiance, et c'est ce qui le caractérise. Celui qui n'a que la profession ne peut réaliser ces choses, il ne connaît pas Dieu. Il est semblable au flot de la mer, agité par le vent et jeté çà et là; or que cet homme-là ne pense pas qu'il recevra quoi que ce soit du Seigneur: il est un homme incertain dans ses pensées et inconstant dans ses voies. Cela ne peut être dit absolument d'un croyant, quoiqu'il reconnaisse avoir besoin de demander avec foi, sans douter, car il est souvent inconstant.

Les versets 9 à 11 sont une sorte de parenthèse, introduite peut-être à cause du contraste entre la dépendance de la foi et la confiance dans ce qui a de la valeur pour le monde, et en quoi l'homme se glorifie. Le frère de basse condition a un sujet de gloire, c'est l'élévation à laquelle la grâce l'a amené; position dans laquelle Christ n'a pas honte de l'appeler frère (voir aussi Philémon 15, 16). Le frère riche, au lieu de se glorifier dans les biens de ce monde, au moyen desquels l'homme se passe de Dieu, se glorifie dans son abaissement quant au monde, afin de jouir avec le frère de basse condition de leurs bénédictions communes. Dans cette position, l'esclave est l'affranchi du Seigneur, et le maître, l'esclave de Christ. La part que la grâce a faite à tous efface les différences matérielles et sociales, ce qui est tout différent de l'esprit socialiste qui voudrait niveler les classes à son propre profit, esprit dont nous avons à nous garder.

Tout ce qui a de l'apparence, tout ce qui est de la chair, passera. Le riche passera comme la fleur de l'herbe, il se flétrira dans ses voies. Plusieurs passages dans l'Ancien Testament, comparent à l'herbe desséchée la grandeur et la gloire qui appartiennent à la première création (Psaumes 37: 2; 90: 5, 6; 102: 4, 11; 103: 15, 16; Esaïe 37: 27, etc.). En Esaïe 40: 6-8, la consolation du peuple de Dieu est ceci: quant au vieil homme, tout est jugé; mais la parole de Dieu demeure éternellement. Pierre ajoute, en citant ce passage «Or c'est cette parole qui vous a été annoncée. C'est par elle que le croyant est régénéré (1 Pierre 1: 22-25 et verset 18 de notre chapitre).

(Verset 12) — Ce verset fait suite au verset 4. L'épreuve manifeste la réalité de la foi. Celui qui l'endure est bienheureux, car, ayant été manifesté fidèle dans l'épreuve, il recevra la couronne de vie qu'Il a promise à ceux qui l'aiment. L'épreuve fait réaliser la mort d'une manière pratique, et peut aller jusqu'à la mort du corps, comme à Smyrne (Apocalypse 2: 10). Il faut être fidèle jusque-là. La couronne est présentée à titre d'encouragement, comme récompense. Le caractère de la couronne est toujours en rapport avec la position et les difficultés de ceux à qui elle est promise (2 Timothée 4: 8; 1 Pierre 5: 4; Apocalypse 2: 10). Ici, c'est la vie en contraste avec la mort réalisée dans le temps présent.

On peut remarquer la ressemblance du langage de cette épître, en s'adressant aux croyants, avec celui des Psaumes et des chapitre 5 à 7 de Matthieu, où nous trouvons si souvent le mot «bienheureux» que nous avons ici. Ce terme est appliqué au résidu ou aux disciples, dans un temps difficile, alors que leur conduite est en opposition avec les principes du monde.

(Versets 13-15) — Nous avons ici l'autre genre de tentation; celle-ci ne peut venir de Dieu, puisqu'elle vient du péché. «Chacun est tenté, étant attiré et amorcé par sa propre convoitise». La chose qui tente n'est pas ce qui produit le mal; elle demeurerait sans effet si la convoitise ne se trouvait pas dans le coeur. C'est pourquoi la Parole ne dit pas que nous sommes amorcés par l'objet de la convoitise; mais chacun par sa propre convoitise. Quelqu'un pour qui l'or n'aurait pas de valeur pourrait voir tout l'or du monde sans aucun désir de se l'approprier. Le poisson avale le ver qui lui sert d'appât, non parce qu'on le lui présente, mais parce qu'il l'aime; s'il ne l'aimait pas, il le repousserait. Ainsi, c'est sur notre coeur que nous avons à veiller; jugeant le principe mauvais en nous, et étant occupés du bien, afin que les objets de la convoitise demeurent sans effet sur nos coeurs. L'apôtre Pierre nous dit que, par la participation à la nature divine, nous échappons à la corruption qui règne dans le monde par la convoitise (2 Pierre 1: 4). «La convoitise, ayant conçu, enfante le péché; et le péché, étant consommé, produit la mort». La mort est la fin nécessaire du péché. «Si vous vivez selon la chair vous mourrez». En Romains 7, l'apôtre Paul montre que «le péché produit la convoitise», parce qu'il parle de l'état de l'homme, tandis qu'ici la convoitise produit le péché, ou les péchés, parce que Jacques ne parle que de la conduite. «Ne nous induis pas en tentation», de Matthieu 6: 13, se rapporte, non à cette tentation intérieure, qui ne peut venir de Dieu, mais à la tentation extérieure. Seulement, cette tentation extérieure peut être l'épreuve de la chair, ou celle du nouvel homme. Dans le premier cas, l'homme en sort toujours humilié et battu, comme il en fut pour Pierre. Si nous nous connaissons, nous dirons: «Ne nous induis pas en tentation, mais délivre-nous du mal»; car Dieu a d'autres moyens pour nous apprendre à nous connaître; sa Parole nous dit suffisamment ce que nous sommes, et il veut nous garder du mal en nous tenant dans sa présence et sa dépendance. Dans le second cas, le nouvel homme sort toujours triomphant de l'épreuve, et peut la considérer, à cause de ses fruits, comme un sujet de parfaite joie.

(Versets 16, 17) — Ici, nous avons le contraste entre ce qui est en Dieu et ce qui vient de la chair. De Dieu, il ne peut sortir que ce qui est bon et parfait; de la chair, que convoitises diverses et péché. Aux versets 14, 15, Jacques avait montré ce que nous sommes; au verset 17, il établit ce qu'est Dieu; puis, au verset 18, il ajoute: Voici ce que Dieu a fait de vous; il vous a engendrés selon sa propre nature, afin que vous puissiez accomplir le bien. Il ne faut donc pas s'égarer en attribuant à Dieu le moindre mal; ce qui est mal vient de l'homme, tandis que «tout ce qui est donné de bon et tout don parfait descendent d'en haut, du Père des lumières». Dieu est la source de toute lumière, il en est l'auteur; de la même manière, il est appelé le Père de gloire, en Ephésiens 1: 17. Il ne peut donc y avoir aucune ombre en Lui, et, à cause de sa nature parfaite, Dieu agit toujours dans le même sens, il n'y a aucune variation dans l'excellence de sa nature.

(Verset 18) — Il nous a engendrés de sa propre volonté. L'homme n'entre pour rien dans ce fait merveilleux. En Jean 1: 13, il est dit: «Lesquels sont nés, non pas de sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l'homme, mais de Dieu». Cet engendrement a lieu par la Parole de la vérité, comme la mauvaise nature l'a été par une parole de mensonge, lors de la chute. Nous avons, dans les Ecritures, trois expressions de la vérité. Christ est la vérité; l'Esprit est la vérité; la Parole est la vérité. La Parole est la révélation de ce qu'est Dieu, de ce qu'il dit et de ce qu'il pense. Cette révélation a lieu en Christ. Dieu emploie sa Parole pour nous révéler la vérité. Cette Parole vient à nous, nous révèle Dieu en Christ et, entrant dans le coeur, y apporte la vie, cette semence incorruptible, comme nous le voyons aussi en 1 Pierre 1: 23-25. Ce n'est pas proprement la Parole qui est la semence incorruptible, c'est la vie qui est apportée par elle. Dès lors, l'homme est une nouvelle créature, et Dieu peut attendre de lui le bien. Il y a eu une première création gâtée par le péché, elle passera; il y en a une nouvelle, dont ceux qui sont engendrés de Dieu sont une sorte de prémices.

La grande pensée de cette épître, c'est que la volonté de l'homme est mauvaise et ne doit pas exister. Il y a possibilité à cela, le secret nous en est fourni par le verset 18, qui nous enseigne la régénération dans laquelle n'entre rien de l'homme.

(Versets 19, 20) — Puisque tout ce qui est bon vient d'en haut, il faut être prompt à écouter, et puisque tout le mal vient du coeur naturel, il faut être lent à parler, lent à la colère. Tout fruit de la volonté de l'homme doit être mis de côté pour accomplir ce qui provient de la nouvelle nature dépendante de Dieu. «Lents à parler», afin de ne pas nous exposer à manifester ce qui provient du coeur naturel; «lents à la colère» aussi, car lorsque nous avons à témoigner la sainte indignation de la nature divine contre le mal, la chair peut s'y mêler. Il en est de même pour les paroles; alors tout est gâté, car «la colère de l'homme n'accomplit pas la justice de Dieu». La justice de Dieu est ici la chose pratique, l'absence de péché qui est en Dieu. Vous ne pouvez l'accomplir, si vous manifestez les produits du coeur naturel.

(Verset 21) — C'est pourquoi, il faut rejeter tout ce qui peut provenir de cette source impure, et que Jacques désigne par «toute saleté et débordement de malice», termes correspondant aux deux caractères du mal dans le monde: la corruption et la violence. Participants de la nature divine qui est lumière, nous avons à discerner ce qui est souillé, afin de le rejeter. Le coeur renferme un mélange de toutes les choses mauvaises, il nous faut veiller à ce qu'elles ne débordent pas. Esaïe dit: «Les méchants sont comme la mer agitée, qui ne peut se tenir tranquille, et dont les eaux jettent dehors la vase et la boue» (chapitre 57: 20). Etant vides de tout ce mal, nous devons «recevoir avec douceur la parole implantée qui a la puissance de sauver nos âmes». Cette Parole, qui a apporté la vie, s'implante et s'enracine comme un arbre dans un terrain fertile, agit dans le coeur d'une manière active et pratique, et délivre l'âme, la sauve de tout ce qui lui est contraire. Pierre dit: «Ayant échappé à la corruption qui règne dans le monde par la convoitise» (2 Pierre 1: 4). Le salut est présenté de trois manières dans la Parole: comme pardon des péchés; comme délivrance pratique dans la course, et comme délivrance finale.

(Versets 22-24) — Il ne faut pas seulement écouter la Parole, mais la mettre en pratique, car Dieu cherche des fruits. Celui qui pense qu'il suffit d'écouter et de connaître, se séduit lui-même; il est semblable à un homme qui considère sa face naturelle dans un miroir, il se détourne et oublie ce qu'il est; aucun résultat n'est produit. C'est ce qui eut lieu pour l'homme devant la loi; il en prenait connaissance, apprenait à voir ce qu'il était, mais ne possédant pas une nature qui lui permit de l'accomplir, il s'en détournait et oubliait aussitôt tout ce qui lui était enseigné.

(Verset 25) — Le nouvel homme, au contraire, a besoin d'obéir. Comme Christ, sa nourriture est de faire la volonté de Dieu. «Tes paroles se sont-elles trouvées, je les ai mangées; et tes paroles ont été pour moi l'allégresse et la joie de mon coeur; car je suis appelé de ton nom», dit Jérémie (chapitre 15: 16; et aussi Psaumes 119: 103). Le croyant regarde de près dans la Parole, cette loi parfaite qui est appelée la loi de la liberté, car elle exprime la volonté de Dieu, en accord avec la nouvelle nature qu'il possède. Non seulement il y regarde de près, mais y persévère, et n'étant pas un auditeur oublieux, il sera bienheureux dans son faire. Il trouvera son bonheur dans l'exercice pratique du bien. Il faut, en se plaçant devant la Parole, avoir la conscience que l'on est devant Dieu, et que c'est Dieu qui parle; en s'en approchant ainsi, on ne peut avoir que de la bénédiction; quand on ne la considère que pour la discuter, la contrôler, ou enrichir son intelligence, on n'éprouvera que de la stérilité.

(Verset 26) — Quelqu'un peut penser être religieux et le paraître en faisant certaines oeuvres. Mais, s'il ne tient pas sa langue en bride, son service religieux est vain, sans effets, sans résultats. C'est par la langue que l'on juge de ce qui est dans le coeur, qu'on manifeste ce qui le gouverne; on ne peut le cacher, la langue le trahit toujours. Afin de brider la langue, il faut brider le coeur, sinon il est séduit. «N'ai-je pas soumis et fait taire mon âme, comme un enfant sevré auprès de sa mère? Mon âme est au-dedans de moi comme un enfant sevré» (Psaumes 131: 2). Nous avons une puissance pour empêcher cette séduction et nous faire marcher hors du chemin de la volonté propre. Jude dit, verset 24: «Or à celui qui a le pouvoir de vous garder sans que vous bronchiez, et de vous placer irréprochables devant sa gloire avec abondance de joie…».

(Verset 27) — Le service religieux pur et sans tache a lieu dans la présence de Dieu le Père. Il est caractérisé par deux grands traits de la nature divine: l'amour et la sainteté. L'amour pratique, qui exclut toujours l'égoïsme, cherche ceux qui sont dans la peine et dans la souffrance, privés de leurs soutiens naturels: les veuves et les orphelins. On trouve parmi les professants sans vie, la pratique de ces choses, la philanthropie; il leur semble même que le christianisme pratique ne consiste pas en autre chose, mais la Parole ajoute à cela: «Et de se conserver pur du monde». Ce service religieux, réalisé devant Dieu le Père, s'accompagne d'une purification pratique dans la marche, car elle est caractérisée aussi bien par la sainteté que par l'amour.

«Le monde» est tout un système établi autour de l'homme en chute; il s'agit de se conserver pur de tout ce qui le caractérise, non seulement de ce que l'on appelle ses souillures, mais de comprendre que tout ce qui le caractérise souille. En principe, le monde a été formé à la chute, par l'activité des trois convoitises (1 Jean 2: 16); ensuite, il a été organisé par Caïn chassé de devant l'Eternel, après le meurtre d'Abel; puis définitivement caractérisé par la révolte ouverte contre Dieu, lors du rejet de Christ. Le véritable christianisme se montre donc dans la pratique de l'amour et la séparation d'un tel système. Nous pouvons remarquer encore que cette religion pure et sans tache est individuelle, et s'exerce sous la dépendance de Celui qui a préparé à l'avance les bonnes oeuvres, afin que nous marchions en elles (Ephésiens 2: 10); et que le principe d'association avec le monde, même pour faire le bien, est une des choses qui appartiennent à ce système dont nous avons à nous séparer.

Le côté pratique de cette épître est très important à retenir aujourd'hui. Par la grâce de Dieu, de précieuses vérités concernant notre position céleste et l'Eglise, nous sont connues; mais sur le terrain pratique, nous sommes souvent humiliés en nous voyant distancés par plusieurs qui possèdent moins de lumières sur la Parole. N'avons-nous pas besoin d'être réveillés à cet égard?

Chapitre 2

(Verset 1) — Jacques montre qu'il ne faut pas avoir la foi de notre Seigneur Jésus Christ, Seigneur de gloire, en faisant acception de personnes. Impossible de posséder cette foi du Seigneur de gloire, humilié et pauvre lorsqu'il était ici-bas, en faisant des distinctions et en tenant compte de la grandeur que le monde apprécie.

(Versets 2-4) — La mention de la synagogue tient à une habitude de langage juif; elle désigne ici le lieu où se rassemblaient les croyants, car synagogue veut dire réunion, assemblée. Celui qui fait une distinction entre le pauvre et le riche devient juge ayant de mauvaises pensées, car il juge selon les principes du monde qui cherche sa gloire dans les choses d'ici-bas. Cette distinction vient de la chair; il ne doit y avoir de séparation que vis-à-vis du monde. En Jude, ceux qui se séparaient eux-mêmes, étaient dans le mal, tout en vivant au milieu des saints.

(Verset 5) — Dans ce verset, Jacques attire l'attention de ses frères bien-aimés sur le fait que Dieu agissait tout autrement qu'eux. Il avait choisi les pauvres quant au monde, riches en foi, et héritiers du royaume qu'il a promis à ceux qui l'aiment. Dieu ne saurait que faire de la grandeur de ce monde. La vraie grandeur et les vraies richesses sont en Lui; ceux qui n'ont rien ici-bas les reçoivent le plus facilement et deviennent riches en foi, possédant tout ce que la foi donne maintenant, en attendant la gloire future.

Aux versets 6, 7, il s'adresse à une autre classe de personnes: «Mais vous, vous avez méprisé le pauvre». C'est le même vous qu'au chapitre 5: 1-6. En pratique, ils gardaient le caractère juif qui avait méprisé le Seigneur, venu ici-bas dans la pauvreté pour enrichir le croyant des biens célestes. Christ est souvent présenté comme le pauvre (Psaumes 40, 41, etc). Ce même terme caractérise le résidu, et les croyants juifs étaient le résidu d'alors. Bienheureux les pauvres en esprit, les débonnaires, ceux qui sont persécutés, etc., c'est à eux qu'est le royaume des cieux, est-il dit en Matthieu 5. D'autre part, c'était parmi les riches selon le monde que se trouvaient les persécuteurs des chrétiens, blasphémant le beau nom du Seigneur de gloire qui était invoqué sur eux.

(Versets 8-12) — Celui qui aimait son prochain faisait bien, il accomplissait la loi royale, la loi par excellence, le résumé de toute la loi: aimer Dieu et son prochain; mais faire acception de personnes n'était pas aimer son prochain comme soi-même, c'était être transgresseur, et tomber sous le coup de la loi de Moïse, car quiconque faillit en un seul point est coupable sur tous, ayant méconnu l'autorité de Celui qui a donné la loi tout entière.

(Verset 12) — Trois lois sont mentionnées dans cette épître: la loi de la liberté, la loi royale et la loi de Moïse. La loi royale se lie à la loi de la liberté qui accomplit cette loi royale. Le nouvel homme seul peut accomplir ces lois, parce qu'il possède la nature divine et le don du Saint Esprit. Il est en pleine liberté pour accomplir la pensée de Dieu. Un homme réveillé sous la loi ne le pouvait pas, car il ne possédait pas cette liberté. Le chrétien doit agir selon sa propre responsabilité et ses privilèges. Il doit agir et parler comme devant être jugé par la loi de la liberté, et non pas transgresser la loi de Moïse, pour être jugé par elle.

(Verset 13) — Le croyant doit donc parler et agir comme devant être jugé d'après la loi de sa nouvelle nature, la loi de la liberté, qui, tout en étant l'expression de la volonté de Dieu, est l'expression de ce que cette nature aime. Il faut marcher selon cette mesure, et juger selon cette loi qui introduit le principe de la grâce; car si l'on juge selon la chair, le jugement est sans miséricorde pour celui qui n'a pas usé de miséricorde. Le Seigneur a dit lui-même: «Soyez donc miséricordieux, comme aussi votre Père est miséricordieux; et ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés; ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamnés; acquittez, et vous serez acquittés; car de la mesure dont vous mesurerez, on vous mesurera en retour» (Luc 6: 37, 38). La miséricorde se glorifie vis-à-vis du jugement; c'est ce que Dieu a démontré à la croix, d'une manière parfaite; et cela établit le principe d'après lequel nous avons à agir, car, tout en maintenant le principe du gouvernement de Dieu, ce passage affirme celui de la grâce.

(Versets 14-17) — Dans la première partie de ce chapitre, la foi et l'amour pratique sont en contraste avec les préférences charnelles; ici, Dieu nous montre que les oeuvres sont inséparables de la foi. Il est inutile de dire: «J'ai la foi», là où mes oeuvres ne le prouvent pas. La foi sans oeuvres ne peut sauver, parce que, pour être sauvé, il faut la foi qui produit des oeuvres sans lesquelles elle est morte. Il n'est pas question, ici, de la foi qui nous justifie devant Dieu — c'est l'enseignement de l'apôtre Paul — mais de ce que cette foi, par laquelle le croyant est justifié, doit produire devant les hommes. Car si, devant Dieu, nul homme n'est justifié par des oeuvres de loi, devant les hommes, nul ne peut être justifié sans oeuvres de foi. La foi n'est pas visible, Dieu sait si elle existe chez un homme; mais pour que d'autres le sachent, elle doit se manifester par des oeuvres, qui en sont le produit. Sinon, la foi est sans profit pour celui qui prétend l'avoir, malgré toutes les paroles qu'il pourrait dire.

(Versets 18-20). — Sans oeuvres, il est donc impossible de montrer sa foi. On peut croire que Dieu est un, tous les Juifs le croyaient, mais cette conviction ne découlait pas de la foi vivante. Les démons le croient aussi, et ils frissonnent; cela ne change rien à leur condition. L'homme qui se contente d'une telle foi est vain, sa foi est morte. Combien facilement, hélas! on se contente d'employer des expressions correctes de la vérité, sans que la marche pratique y corresponde, même dans le cas où l'on possède la vie de Dieu.

(Versets 21-23). — Pour montrer que, devant les hommes, il faut des oeuvres pour justifier la présence de la foi, Jacques se sert du même passage par lequel Paul, dans le chapitre 4 des Romains, établit que l'homme est justifié, devant Dieu, par la foi, sans oeuvres de loi. Abraham crut Dieu; cela lui fut compté à justice, est-il dit. Cette Ecriture fut accomplie, lorsque Abraham offrait son fils en sacrifice. Là, il fut justifié par ses oeuvres. Au chapitre 15 de la Genèse, Abraham crut Dieu, lorsqu'il lui disait des choses que la raison humaine ne pouvait comprendre; Dieu le lui compta à justice. Dans ce moment-là, Abram ne fit aucune action qui prouvât qu'il avait cru, mais Dieu vit sa foi. Au chapitre 22, il fit une oeuvre qui découlait de sa foi, et était l'accomplissement de ce que l'Ecriture avait dit au chapitre 15; sa foi fut ainsi rendue parfaite ou complétée et, par cela, il fut appelé l'ami de Dieu (Esaïe 41: 8). Dieu l'appelle son ami, parce qu'il avait agi d'une manière conséquente avec sa foi, en montrant par sa conduite le prix qu'avait pour lui la parole de Dieu. En Jean 15, le Seigneur appelle les disciples ses amis; il donne sa vie pour eux, les traite comme tels en leur communiquant les paroles qu'il avait ouïes de son Père, ce qu'un maître ne fait pas avec ses esclaves; en retour de cela, eux devaient montrer qu'ils étaient ses amis en lui obéissant. L'Eternel parlait avec Moïse comme avec son intime ami, lorsque, en vue de Lui, il se sépare du camp souillé (Exode 33).

(Versets 25, 26) — Jacques cite encore l'exemple de Rahab. Elle avait entendu parler des jugements exercés sur les nations de l'autre côté du Jourdain. Elle avait cru au Dieu des Hébreux, puis, quand les espions vinrent, elle montra sa foi en les recevant.

Les oeuvres de la foi, ce que Dieu appelle «les bonnes oeuvres», se distinguent de celles qui peuvent s'accomplir sans la vie de Dieu, en ce que souvent elles sont le contraire de ce que la nature exige. Abraham est un père qui va tuer son enfant, Rahab trahit sa patrie; oeuvres répréhensibles pour les hommes, mais approuvées de Dieu, qui voit en elles les fruits produits par sa Parole dans le coeur. Ce sont ces oeuvres-là que Dieu a préparées à l'avance, afin que nous marchions en elles. C'est par elles que nous rendons témoignage, quoi que les hommes puissent en penser.

Dans tout le raisonnement de ces passages, Jacques prend le professant sur son dire. Il ne cherche pas à en examiner la valeur, il n'en juge que par les fruits. Quelqu'un a illustré, par un exemple, l'enseignement de Paul et de Jacques sur la justification. Un propriétaire veut avoir, dans son jardin, un poirier d'une excellente espèce. Le jardinier Paul lui en fournit un et le plante. Un jour, il reçoit la visite du jardinier Jacques et lui montre son poirier en le lui vantant. Jacques dit: «Je ne sais pas si c'est un bon poirier». «Paul», répond le propriétaire, «m'a assuré que c'était véritablement l'excellente espèce que je désirais». Jacques réplique: «Quant à moi, je ne connais l'arbre qu'à son fruit».

Chapitre 3

(Versets 1, 2) — Vu la facilité avec laquelle on peut prêcher aux autres, sans que la conscience soit exercée par les vérités que l'on présente, il ne faut pas être beaucoup de docteurs. Celui qui enseigne ou exhorte s'expose à un jugement plus sévère que ceux qui n'enseignent pas, s'il n'est pas conséquent dans sa marche et ses paroles, car nous faillissons tous à plusieurs égards. La vérité doit, avant tout, produire ses effets sur celui qui la présente. Le plus souvent, si la conscience est exercée devant Dieu à la lumière de sa Parole, on se taira plutôt que de prêcher aux autres.

Dans ce passage, il ne s'agit pas proprement du don de docteur, car celui qui l'a reçu doit le faire valoir, quitte à mettre sa marche d'accord avec sa responsabilité. Il s'agit plutôt de ceux qui prennent la place de docteurs, de ceux que les Juifs appelaient rabbis; si leur conscience n'était pas exercée, cela les exposait à l'hypocrisie comme les pharisiens. Ils s'asseyaient dans la chaire de Moïse, ils aimaient à être appelés Rabbi, Rabbi, mais leurs oeuvres étaient en opposition avec leurs enseignements. «Ils liaient des fardeaux pesants et difficiles à porter, et les mettaient sur les épaules des hommes, mais eux, ils ne voulaient pas les remuer de leur doigt» (Matthieu 23: 4).

Les paroles jouent un rôle considérable dans cette épître: «Si quelqu'un dit…» On peut faire la même remarque dans les épîtres de Jean, où l'apôtre dit aussi: «Si nous disons», et: «N'aimons pas de parole, ni de langue; mais en action et en vérité» (1 Jean 3: 18). Si quelqu'un ne faillit pas en paroles, il est un homme parfait, capable de tenir tout le corps en bride. Parfait dans la pratique, accompli, comme au verset 4 du chapitre 1, et en Matthieu 5: 48. Ce n'est pas la perfection de la position en Christ, comme en Philippiens 3: 15: «Nous tous qui sommes parfaits», et encore moins la perfection dans le sens de ne plus pécher. En tenant la langue, point de départ de tout mal, sous le contrôle de la révélation divine, en exerçant le jugement de lui-même, le chrétien pourra, avec une volonté brisée, se conduire selon la pensée de Dieu; il sera parfait.

(Versets 3, 4) — Au moyen d'un mors, mis dans la bouche du cheval, celui qui le conduit peut le diriger tout entier, et obtenir de lui ce qu'il veut. De même le nouvel homme, en bridant la langue, dispose du corps tout entier pour accomplir le bien et réaliser l'enseignement de Romains 6: 12-14. Les navires aussi, malgré leurs dimensions et la puissance des vents qui peuvent les détourner de leur route, sont conduits où le veut celui qui tient le gouvernail, objet bien petit en lui-même, mais suffisant pour diriger le vaisseau, malgré les éléments contraires. Il en est de même pour nous, si nous veillons sur ce petit membre, considéré par Jacques comme la source de tant de mal. Nos manquements sont généralement produits par le mauvais usage que nous faisons de la langue.

(Versets 5-8) — On peut diviser les douze premiers versets de ce chapitre en trois parties. Les quatre premiers versets nous montrent le bien que fait la langue en tant que bridée, afin que l'homme puisse gouverner sa marche tout entière selon les principes de sa nouvelle nature. Aux versets 5-8, nous avons le mal qu'elle produit, car l'homme naturel ne peut la dompter; aux versets 9-12, nous trouvons le bien et le mal qu'elle peut produire chez le même individu.

On peut mesurer le coeur de l'homme par l'action de la langue. Elle se vante de grandes choses, et c'est ce que fera par excellence le chef de l'apostasie finale (Daniel 7, 8; Apocalypse 13: 5). La langue est un feu et peut causer d'immenses désastres; c'est un monde d'iniquité. Etablie parmi nos membres, elle souille tout le corps, enflamme tout le cours de la nature, est elle-même enflammée par la géhenne. En Marc 7: 18-23, le Seigneur dit que ce qui sort de l'homme souille l'homme, et que cela vient du coeur. Jacques, lui, cherche la source du mal, produit par la langue, dans l'enfer même. C'est un mal désordonné, plein d'un venin mortel. Aucun homme ne peut la dompter (comparez Romains 3: 13, 14). Grâces à Dieu, ce que l'homme naturel ne peut faire, le nouvel homme le peut, parce qu'il est engendré de Dieu. De sorte que nous n'avons aucune excuse pour lâcher la bride à un membre aussi dangereux. Le jugement de nous-mêmes, le brisement de notre volonté, l'action de la parole de Dieu et les épreuves, nous rendent capables de brider la langue. Le moyen de dompter la langue, c'est de dompter le coeur: «De l'abondance du coeur la bouche parle». Mais Jacques, ne s'occupant que du côté pratique de la vie chrétienne, parle des effets et non des causes. Il reconnaît les fruits de la mauvaise nature, mais il veut les fruits de la nouvelle, parce que nous sommes engendrés de Dieu pour être une sorte de prémices de ses créatures. Nos membres doivent être entièrement soumis au nouvel homme.

(Versets 9-12) — «Par la langue, nous bénissons le Seigneur et Père, et par elle nous maudissons les hommes faits à la ressemblance de Dieu». Bénir le Seigneur et Père est un terme très général. Dieu est appelé ainsi en rapport avec les hommes sur la terre, sans que cela implique la relation dans laquelle la grâce a placé le racheté par l'oeuvre de Christ (Ephésiens 4: 6). Dieu est Père ici dans le sens de Créateur (Malachie 2: 10; Esaïe 64: 8). Ayant encore en nous la vieille nature, nous sommes exposés à prononcer, avec la même bouche, la bénédiction et la malédiction. Une telle contradiction ne devrait pas exister; de l'eau amère et de l'eau douce ne peuvent jaillir d'une même fontaine. Le même arbre ne peut produire des fruits différents. De l'eau salée ne peut faire de l'eau douce. Puisque la corruption de la vieille nature a nécessité une régénération, la nouvelle source seule doit jaillir. Nous n'avons aucune excuse pour qu'il en soit autrement. On remarquera, au verset 9, que le fait de maudire l'homme, est d'une gravité exceptionnelle, parce qu'il a été créé à la ressemblance de Dieu; on ne peut bénir Dieu et maudire l'oeuvre de ses mains, car l'homme est cela, malgré l'état de dégradation dans lequel il est tombé. La crainte de Dieu tient toujours compte de ce qui est sorti de Ses mains. C'est ce que fit Michel l'archange, en ne proférant pas de jugement injurieux contre Satan. Il reconnaissait en lui la créature supérieure de Dieu, et laissait à Dieu le soin de le juger.

(Versets 13-18) — En méditant l'épître de Jacques, on trouve plus de suite qu'on ne le suppose à la simple lecture. Le grand sujet du chapitre 2, c'est la foi et les oeuvres: la foi se montrant par les oeuvres; ici, ce sont les oeuvres se montrant par la conduite: «Qui est sage et intelligent parmi vous? Que par une bonne conduite il montre ses oeuvres avec la douceur de la sagesse». Or le grand agent d'une bonne conduite chrétienne, c'est la langue.

Cette conduite, on le voit tout du long, c'est la conduite de chaque jour; on ne peut pas prétendre faire les oeuvres de Dieu, et avoir une conduite qui ne soit pas en rapport avec ces oeuvres, avec cette activité. Si, par exemple, j'ai le coeur plein d'amertume, d'animosité, de pensées querelleuses, et que je montre au dehors beaucoup d'activité pour le service du Seigneur, toute cette activité est réduite à néant par ma conduite. Il faut que mes paroles soient d'accord avec mes oeuvres, et c'est en cela que nous sommes jugés d'une manière si profonde par l'épître de Jacques. Cette épître, nous l'avons déjà vu, ne traite pas de principes. mais d'une manière continue de pratique, basée, il est vrai, sur le principe que nous avons une nouvelle nature, principe dont Jacques déduit toute une série de conséquences pour la vie journalière.

«La douceur de la sagesse», cette expression va très loin, puisque c'est Christ qui est la sagesse. «La douceur» est un mot particulier, le même qu'au chapitre 1: 21: «C'est pourquoi, rejetant toute saleté et tout débordement de malice, recevez avec douceur la parole implantée qui a la puissance de sauver vos âmes». Elle est, dans ces passages, l'empressement à apprendre, à recevoir d'un autre; l'homme sage sait qu'il a à apprendre, à recevoir, et ne pense pas avoir toujours à donner.

(Verset 14) — «Mais si vous avez une jalousie amère et un esprit de querelle dans vos coeurs, ne vous glorifiez pas et ne mentez pas contre la vérité. «On pourrait se contenter de l'apparence seule sans réalité, or c'est ce qu'il ne faut pas. La jalousie amère, l'amertume de la jalousie, est le contraire de la «douceur de la sagesse». La vérité a toujours un but dans son application à notre coeur, c'est de le mettre à nu devant Dieu. «Ne vous glorifiez pas et ne mentez pas contre la vérité». La vérité est précisément ce que possède le chrétien; ayant la nature de Dieu, il possède la vérité, qui est cette nature, c'est-à-dire ce que Dieu est, ce qu'il veut, pense et dit. Il ment à la vérité, celui qui cherche à cacher ce qu'il y a au fond de son coeur, et la vérité n'est pas en lui. On peut mentir à la vérité pour un temps; mais ces choses: jalousie, esprit de querelle, etc., ne peuvent rester longtemps cachées; ce sont des racines d'amertume qui poussent en haut, arrivent tôt ou tard à la lumière et portent leurs fruits. Souvent, on est tout étonné de voir naître des querelles, se manifester de mauvais sentiments, se produire des partis entre chrétiens, s'allumer un véritable incendie. Cela provient de ce que l'on n'a pas veillé à temps sur l'état de son coeur; le mal s'accumule, la conscience s'endurcit, le coeur s'éloigne de Dieu, enfin le mal est consommé, il n'y a plus de remède.

Cette tendance à couvrir, à voiler, à déguiser ses véritables sentiments, est appelée au verset 15: «Sagesse terrestre, animale, diabolique». Elle est tellement l'essence de l'homme naturel, que l'un des plus grands diplomates disait: «La parole a été donnée à l'homme pour déguiser sa pensée». Ne jamais montrer ce que l'on a dans le coeur, telle est la sagesse de l'homme naturel. Elle est diabolique, car elle a pour auteur le père du mensonge. Il est dit, au verset 6, que la langue «est enflammée par la géhenne». Le mot animale employé pour la sagesse, est le même que l'on trouve en 1 Corinthiens 2: 14: «Or l'homme animal ne reçoit pas les choses qui sont de l'Esprit de Dieu, car elles lui sont folie». C'est l'homme, conduit seulement par son âme créée, sans l'enseignement et la puissance de l'Esprit; car l'homme qui possède une nouvelle nature a le Saint Esprit comme puissance de sa vie.

(Versets 16, 17) — «Car où il y a de la jalousie et un esprit de querelle, là il y a du désordre et toute espèce de mauvaises actions. Mais la sagesse d'en haut est premièrement pure, ensuite paisible, modérée, traitable, pleine de miséricorde et de bons fruits, sans partialité, sans hypocrisie».

Ces deux versets montrent le contraste qui existe entre la sagesse terrestre, animale, et «la sagesse d'en haut». En dépit de toute sa dissimulation, la sagesse humaine, un jour ou l'autre, se démasque; elle conduit au désordre et à toute espèce de mauvaises actions. La sagesse d'en haut est premièrement pure. La pureté est proprement l'absence de péché chez l'homme par le lavage dans le sang de Christ. Ce mot de pureté a le même sens en 2 Timothée 2: 22: «. Mais toi, fuis les convoitises de la jeunesse, et poursuis la justice, la foi, l'amour, la paix, avec ceux qui invoquent le Seigneur d'un coeur pur»; puis, en Actes 15: 9: «Ayant purifié leurs coeurs par la foi»; en Hébreux 10: 22; en 1 Pierre 1: 22: «Ayant purifié vos âmes par l'obéissance à la vérité». Un coeur pur est toujours un coeur qui a été purifié. C'est ce que nous trouvons dans ce passage: «Bienheureux ceux qui ont le coeur pur» (Matthieu 5). Du moment que quelqu'un a reçu la nature divine. il est pur; le premier caractère de la présence de cette nature, c'est la pureté; un coeur pur est soumis à l'action de la Parole. Ainsi, dans le passage déjà cité: «Bienheureux ceux qui sont purs de coeur, car c'est eux qui verront Dieu», le coeur a commencé par être amené devant Dieu, par se juger, sans rien cacher à Dieu; puis, lavé dans le sang de Jésus, il est rendu pur; après cela, il continue pratiquement à se juger sérieusement dans la lumière de Dieu.

Cette sagesse d'en haut est donc premièrement pure; c'est son premier caractère: nous devons en avoir fini avec le péché; elle est, en second lieu, paisible, modérée, traitable, ces trois caractères vont ensemble, et sont le contraire de ce que nous verrons au chapitre 4. Paisible, elle n'élève pas sa voix dans les rues; le contraire se montre au verset 1, du chapitre 4. Mais la pureté avant tout: on pourrait avoir un esprit paisible et n'en avoir pas fini pratiquement avec le péché. Etre paisible ne veut pas dire que l'on marche avec le mal. Quelqu'un de paisible reçoit volontiers des autres, il accepte ce qu'ils disent; il est traitable; il ne garde pas sa propre pensée, quoique les autres puissent lui dire. L'homme intraitable n'accepte pas que d'autres le combattent ou le contredisent, il ne veut pas abandonner ses idées, qu'il décore trop facilement du nom de principe, et proteste qu'il ne peut abandonner ses principes, quand au fond, il ne pense qu'à suivre ses propres pensées. Ce sont des choses sérieuses, qui prêtent beaucoup à la méditation devant Dieu, et nous avons à nous demander quelle est la sagesse que nous manifestons.

En troisième lieu, cette sagesse d'en haut est «pleine de miséricorde et de bons fruits»; mais, comme nous l'avons dit, tous ces termes prêtent moins à des explications qu'à la méditation devant Dieu. «Sans partialité»; la partialité fait acception de personnes, surtout dans un esprit querelleur. «Sans hypocrisie»; c'est le contraire de la sagesse humaine. Notons que les divers caractères de la sagesse d'en haut, indiqués ici au nombre de sept, peuvent se résumer en un seul: l'amour.

(Verset 18) — «Or le fruit de la justice, dans la paix, se sème pour ceux qui procurent la paix». Il y a deux fruits principaux de la justice. En Hébreux 12: 11: «La discipline… rend le fruit paisible de la justice à ceux qui sont exercés par elle». Le premier fruit est donc la paix. Nous trouvons le second en Romains 6: 22: «Vous avez votre fruit dans la sainteté». La justice produit ces deux fruits, mais il s'agit ici de la justice pratique, que l'on peut définir par absence de péché dans nos voies. Etre juste devant Dieu, c'est n'avoir aucun péché devant lui, par la grâce; ici, c'est s'appliquer à être tel pratiquement. Or le premier fruit pratique de la justice, c'est la paix, non pas positivement devant Dieu, mais parmi les hommes: on procure la paix; «on a les pieds chaussés de la préparation de l'évangile de paix». Un tel homme apporte avec lui la paix et non les querelles, tandis que la sagesse humaine les amène aussitôt.

«Se sème pour ceux qui procurent la paix». Il y a là une comparaison avec les semences, le blé surtout, que l'on sème et qui porte du fruit plus tard. Nous récoltons la paix et la sainteté. Ce deuxième fruit de la justice, la sainteté, il ne faut pas l'oublier, est la séparation du monde pour être à Dieu. On remarquera que les premiers versets du chapitre 4 sont la suite directe de la fin du chapitre 3. Nous y trouvons les deux choses qui caractérisent le coeur naturel: la violence et la corruption; ces fruits se manifesteront, si nous ne nous jugeons pas nous-mêmes devant Dieu, nous appliquant à marcher dans les voies de la sagesse d'en haut.

Chapitre 4

(Versets 1-6) — Nous n'entrons réellement dans l'intelligence de cette épître, que si nous comprenons qu'elle est écrite pour nous, croyants. Il est évident qu'elle s'occupe aussi de ce qui constitue une profession sans vie; mais nous perdrons beaucoup, si nous n'appliquons pas à nous-mêmes ce qui est dit à cette profession. Si, par grâce, nous possédons une nouvelle nature, nous avons aussi la vieille nature, dont les fruits sont décrits au commencement de ce chapitre.

L'apôtre Jean s'adresse directement au chrétien; il voit en lui les deux natures, et il juge l'ancienne d'une manière absolue. Jacques juge le chrétien d'après sa conduite, et le met en garde contre les fruits de la vieille nature, qui sont absolument les mêmes que chez celui qui n'est pas régénéré. «Vous tuez!» quel terme, s'il s'agit d'un chrétien! Mais n'avons-nous pas ce spectacle en David, comme résultat de sa convoitise et de ses voluptés? Il ne s'agit donc pas seulement des professants sans vie d'une manière générale, mais de moi.

Le verset 1 montre d'où viennent les guerres et les batailles. C'est des voluptés qui combattent dans nos membres. La volonté propre est en pleine activité pour satisfaire nos mauvaises passions. Nous convoitons, c'est-à-dire nous désirons nous approprier, pour la satisfaction de la chair, des choses qui sont opposées à la volonté de Dieu. Quand la guerre ouverte éclate, le combat avait déjà eu lieu dans nos membres. La volonté n'étant pas brisée dans le coeur, on cherche à la faire triompher au-dehors, et c'est, ce que l'on trouve à l'origine de toute dissension parmi des frères.

(Verset 2) — On désire une chose: ce n'est pas toujours une chose mauvaise; on commence par la convoitise, on ne peut l'obtenir, parce que Dieu ne permet pas que la propre volonté soit satisfaite; dès lors, on est mécontent, on conteste, la haine prend naissance, on fait la guerre, on tue. Tout cela se rapporte à la volonté propre, qui n'est pas autre chose que le péché, c'est-à-dire qu'elle ne reconnaît pas une volonté en dehors de la sienne. «Le péché est l'iniquité», ou la propre volonté.

(Verset 3) — On demande, et l'on ne reçoit pas: on demande ce que Dieu ne peut donner et on ne demande pas ce qu'il veut donner, parce qu'il n'y a dans le coeur ni dépendance, ni soumission à la volonté de Dieu.

(Verset 4) — «Adultères», c'est moral; une adultère abandonne ses relations avec son mari pour se livrer à un autre. Cela est constamment reproché à Israël par les prophètes; le peuple abandonnait Dieu pour l'idolâtrie. Nous sommes en danger d'abandonner notre relation avec Dieu en aimant le monde, car on ne peut aimer les deux ensemble. «Nul ne peut servir deux maîtres; car ou il haïra l'un et aimera l'autre, ou il s'attachera à l'un et méprisera l'autre: vous ne pouvez servir Dieu et les richesses» (Luc 16: 13). Combien facilement nous cherchons à laisser subsister ces deux choses dans nos coeurs: nous suivons le monde, ses projets, ses motifs, sa manière d'agir, et nous voudrions en même temps servir Dieu. «Quiconque voudra être ami du monde, se constitue ennemi de Dieu». Le monde a manifesté toute sa haine contre Dieu, à la croix. Il ne peut donc y avoir aucune communion entre Dieu et le monde, et pas davantage entre le chrétien et le monde.

(Verset 5) — L'Ecriture, qui nous met en garde contre l'amitié du monde, parle-t-elle en vain? La convoitise et les mauvais désirs viennent-ils de l'Esprit qui demeure en nous, chrétiens? Cet Esprit fera-t-il en nous ce que la chair fait en vous? L'Ecriture est contraire à ce que vous faites et l'Esprit aussi. L'Ecriture vous avertit qu'il n'y a pas possibilité de mélange avec le monde.

(Verset 6) — L'Esprit, au lieu de désirer avec envie, donne une plus grande grâce. Si je romps avec le monde, j'aurai à souffrir de sa part, mais je recevrai une plus grande grâce. Quand, pour plaire à Dieu, notre marche est séparée du monde, Dieu nous accordera une faveur spéciale, une grâce plus grande à tous égards, une jouissance plus nette et plus profonde de bénédictions déjà connues, mais que, peut-être, nous ne réalisions que partiellement, parce que nous donnions au monde une place dans notre coeur. Notre propre volonté étant mise de côté, nous sommes humbles, dépendants de Dieu. Rien n'est plus abominable aux yeux de Dieu que l'orgueil. Nous nous indignons facilement d'un péché grossier, mais Dieu ne parle d'aucun péché plus fortement que de l'orgueil. C'est le péché satanique, «la faute du diable». «Tout orgueil du coeur est en abomination à l'Eternel; certes il ne sera pas tenu pour innocent» (Proverbes 16: 5). «Celui qui a les yeux hautains et le coeur orgueilleux, je ne le supporterai pas» (Psaumes 101: 5). «Je hais l'orgueil et la hauteur» (Proverbes 8: 13). «L'orgueil va devant la ruine, et l'esprit hautain devant la chute» (Proverbes 16: 18). «L'Eternel démolit la maison des orgueilleux» (Proverbes 15: 25). «Il y a un jour de l'Eternel des armées contre tout ce qui s'exalte et s'élève, contre tout ce qui est haut, et ils seront abaissés» (Esaïe 2: 12). Cet orgueil peut être caché dans le fond de notre coeur; alors Dieu nous discipline, nous fait passer par une série d'épreuves. Cela peut paraître étrange à d'autres, que des chrétiens, fidèles du reste, soient battus de tant de coups, mais Dieu, qui voit dans le coeur cet orgueil caché, ne le supporte pas; il veut l'ôter, il nous humilie, pour nous faire jouir de la grâce qui appartient aux humbles.

(Verset 7) — Ce verset se relie à ce qui précède. Puisque Dieu résiste aux orgueilleux et donne la grâce aux humbles: «Soumettez-vous donc à Dieu». C'est l'absence de volonté propre, comme moyen de jouir de la grâce. Seuls les humbles reçoivent une plus grande grâce. Notre nature est une nature de propre volonté, dont le caractère est de ne pas se soumettre; elle est en opposition absolue avec celle de Christ qui dit, en entrant dans le monde: «Je viens pour faire, ô Dieu! ta volonté». Il y avait en Lui une soumission parfaite à la volonté de Dieu, la Parole était sa seule règle de conduite; par cette soumission et cette obéissance à la Parole, il résista à Satan et, après avoir traversé toute la tentation, chassa l'ennemi. Si nous agissons ainsi, si nous présentons Christ au diable, il ne nous pourra rien et s'enfuira de nous. Dans la description de l'armure complète de Dieu, en Ephésiens 6, une seule arme est offensive: l'épée de l'Esprit, qui est la parole de Dieu. Toutes les autres armes nous mettent en état de résister à l'ennemi, et consistent en un bon état intérieur. On ne saurait que faire de l'épée de l'Esprit, si la Parole n'avait pas produit premièrement ses effets en nous-mêmes. L'armure de Dieu doit être complète. La première condition de toute cette armure, c'est un coeur sans volonté. Etre sobre et veiller (1 Pierre 4: 7-9) sont des caractères à revêtir pour pouvoir résister.

(Verset 8) — «Approchez-vous de Dieu, et il s'approchera de vous». Quel heureux changement! Satan en fuite et Dieu s'approchant. Dieu s'est approché de nous pour nous sauver; mais nous avons ici une question pratique: la réalisation de cette proximité, dans l'intimité de la communion, lorsque ce qui peut empêcher la jouissance de la présence de Dieu est jugé. Jouir de cette bienheureuse présence est l'état normal du chrétien, mais il s'introduit mille choses dans le coeur, avec lesquelles Dieu ne peut marcher; en sorte que nous avons besoin d'en être délivrés, afin de pouvoir nous approcher de Dieu avec une bonne conscience. Alors Dieu s'approchera de nous. Nous trouvons ce principe dans les Proverbes, chapitre 8: 17. «J'aime ceux qui m'aiment, et ceux qui me cherchent me trouveront». Aussi, dans Jean 14: 21, 23. Pour jouir de cette communion, qui ne peut être réalisée que dans la présence de Dieu, il faut donc se purifier: «Nettoyez vos mains, pécheurs, et purifiez vos coeurs, vous qui êtes doubles de coeur». «Soyez, dit la note, dans l'état de quelqu'un qui a fait cela». Dieu ne se tient pas à distance de quelqu'un qui s'est purifié et qui demeure dans cet état. Lorsque l'Eternel invite Jacob à habiter Béthel, Jacob comprend immédiatement ce qui, dans sa maison, était incompatible avec la présence de Dieu. Il dit à sa maison et à tous ceux qui étaient avec lui: «Otez les dieux étrangers qui sont au milieu de vous, et purifiez-vous, et changez vos vêtements, et nous monterons à Béthel». Puis Dieu lui apparut, s'approcha de lui, lui révéla son nom, le fit jouir de sa communion, et renouvela ses promesses. Si nous ne jouissons pas de la communion de Dieu, nous pouvons être certains que quelque chose n'est pas en ordre dans nos coeurs, quelque souillure ou un coeur double, tolérant des choses avec lesquelles Dieu ne peut marcher.

Les versets 9-10 nous présentent l'esprit qui convient à celui qui se trouve devant Dieu. Il n'oublie pas son propre état, il en mène deuil en pensant aussi à celui dans lequel se trouve la chrétienté, le monde; il fait partie des bienheureux qui pleurent et qui seront consolés. Au chapitre 2 des Actes, nous voyons l'effet que produisit la prédication de Pierre sur les Juifs, lorsqu'il leur montra leur culpabilité quant au rejet du Messie; sa parole produisit cet esprit de contrition qui les amena au salut. C'est le même esprit qui animera le résidu et produira la grande humiliation dont parle le prophète Zacharie, au chapitre 13. C'est à quoi Joël exhorte le peuple dans le passage auquel Jacques fait allusion ici. (Joël 2: 12, 13). Dieu veut que nous soyons vrais devant Lui. L'oubli de nos misères peut nous porter à nous élever et à trouver des sujets de joie dans ce monde où l'homme s'élève et se distrait de Dieu et de son état misérable, par la recherche de vaines jouissances. Dans la communion avec le Seigneur, nous pouvons pleurer, nous aussi, sur nos faiblesses, sur notre facilité à nous détourner de Christ, sur l'état de l'Eglise et celui du monde. Cet appel à sentir ses misères, à mener deuil et à pleurer, ne s'adresse pas seulement à nous, mais à la profession tout entière.

Remarquons que c'est la seule fois que la Parole nous exhorte à sentir quelque chose. Elle ne cultive pas les sentiments, mais cependant, elle veut que nous sentions nos misères pour les confesser, nous en humilier, et être gardés dans l'humilité. Si d'habitude, elle n'ordonne pas les sentiments, c'est parce qu'elle donne au coeur un objet dont la jouissance se fait sentir et réaliser par la foi.

(Verset 10) — C'est devant le Seigneur qu'il faut s'humilier, dans sa lumière, dans la conscience de ce qu'il est lui-même; là, nous voyons clairement ce que nous sommes, l'humiliation n'est jamais véritable sans cela. Il nous arrive d'être humiliés de ce que notre conduite est venue à la connaissance des autres; dans ce cas, ce n'est pas autre chose qu'un orgueil blessé. Tandis que la véritable humiliation a lieu devant le Seigneur, où tout est vu dans Sa propre lumière. Après cela, il nous élèvera. Nous trouvons la même pensée en 1 Pierre 5: 6; il vient un temps, dit l'apôtre, où Dieu pourra élever les siens sans danger pour eux.

(Versets 11, 12) — Parler contre son frère est plus sérieux qu'on ne le pense, et n'a lieu que trop fréquemment. C'est un grand danger pour le développement et la paix des assemblées, une source de difficultés et de divisions. Dire du mal de son frère, ou le juger, c'est parler contre la loi et juger la loi, car elle dit: «Tu n'iras pas çà et là médisant parmi ton peuple, mais tu aimeras ton prochain comme toi-même» (Lévitique 19: 16, 18). Juger, c'est critiquer les motifs qui font agir; or cela n'appartient qu'à Dieu qui lit dans le secret des coeurs. Nous sommes responsables de juger la marche de nos frères, s'il y a lieu, en vue de les ramener; nous jugeons ainsi des faits accomplis; mais, quant aux motifs qui font agir nos frères, nous n'avons pas le droit de les juger. Certaines personnes semblent être douées pour cela d'une perspicacité extraordinaire, mais leur habileté provient, au fond, de ce qu'elles sont capables d'avoir les mêmes motifs qu'elles condamnent chez les autres.

Le Seigneur dit, en Matthieu 7: 1, 2: «Ne jugez pas, afin que vous ne soyez point jugés: car du jugement dont vous jugerez, vous serez jugés; et de la mesure dont vous mesurerez, vous serez mesurés». En Romains 14: 4: «Qui es-tu, toi, qui juge le domestique d'autrui? Il se tient debout ou il tombe pour son propre maître». Celui qui juge n'est pas un observateur de la loi, il s'élève au-dessus d'elle, il sort entièrement de sa place, prenant celle de Dieu, qui seul est législateur et juge, lui qui peut sauver et détruire. «Mais qui es-tu toi qui juges?» Un objet de grâce, ou un objet de jugement. Ce n'est pas accomplir la loi que de parler contre son frère; l'apôtre dit, en Romains 13: «Celui qui aime les autres a accompli la loi»; et en Galates 5: 13: «N'usez pas de la liberté comme d'une occasion pour la chair, mais, par amour, servez-vous l'un l'autre; car toute la loi est accomplie dans une seule parole, dans celle-ci: Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Mais si vous vous mordez et vous dévorez l'un l'autre, prenez garde que vous ne soyez consumés l'un par l'autre». En contraste avec cette disposition de juger, 1 Corinthiens 13 nous montre ce que fait l'amour: «Il ne pense pas le mal».

(Versets 13-16) — Ces versets condamnent l'indépendance et la volonté propre qui agissent comme si Dieu n'existait pas. Quelqu'un a appelé cela l'athéisme pratique. C'est l'oubli de Dieu qui seul sait ce qui arrivera demain, et aussi l'oubli de la vanité de la vie humaine, vapeur qui paraît pour un peu de temps et puis disparaît. La cause de cette indépendance se trouve dans l'avidité des biens de ce monde; on veut gagner de l'argent, se faire une position: «Nous irons, nous trafiquerons, nous gagnerons». Le croyant peut se proposer ce qu'il pense devoir faire; mais il subordonne ses projets à la volonté de Dieu, disant: «Si le Seigneur le veut, et si nous vivons, nous ferons aussi ceci ou cela». Il demeure dans la soumission à la volonté du Seigneur. Cette vanterie dont le coeur naturel se glorifie est mauvaise.

(Verset 17) — On peut connaître le bien et ne pas l'accomplir, c'est pécher. La nature nouvelle, la conscience guidée par la Parole, nous enseigne ce que nous avons à faire selon la pensée de Dieu; mais si la volonté propre agit et nous empêche de faire ce que nous savons être bien, nous péchons. On dit que c'est faire le mal qui est pécher, mais ici, c'est ne pas faire le bien. Que de choses, dans notre vie pratique, où nous nous abstenons de faire ce qui est bien, sont péché en présence de cette déclaration de la Parole! A cela se relie la pensée du chapitre 3: 1: «Ne soyez pas beaucoup de docteurs, mes frères», car on peut savoir ce qui est bien pour le prêcher aux autres, et ne pas l'accomplir soi-même. On s'expose ainsi à un jugement plus sévère. Dans toutes les exhortations de ce chapitre, nous voyons que la volonté propre doit faire place à la dépendance et à l'humilité. Les fruits de la vieille nature doivent être remplacés par ceux de la nouvelle.

Chapitre 5

(Versets 1-3) — Ce premier verset est le pendant du verset 13 du chapitre précédent. L'un est caractérisé par l'indépendance de Dieu, et l'autre, par la confiance dans les richesses. Jacques, s'adressant aux Juifs de la dispersion, a en vue une classe de personnes vivant dans l'inconscience des temps qu'elles traversaient et de l'imminence des jugements. Elles sont invitées à pleurer, à pousser des cris, car elles seraient sans ressource quand les jugements fondraient sur elles. Leurs richesses pourries, en qui elles mettaient leur confiance, ne les garantiraient nullement. Ces gens préféraient les délices de la terre, à l'état des bienheureux qui pleurent mais seront consolés, lorsque ceux qui rient maintenant seront dans la détresse. Ils étaient dans les derniers jours: au lieu d'agir en conséquence, ils les employaient à amasser des trésors comme si tout devait durer ici-bas. Ce qui fait la gravité de ce mal, aujourd'hui comme alors, c'est: «Amasser un trésor dans les derniers jours». L'apôtre Paul, au contraire, ordonne à ceux qui possèdent de ne pas mettre leur confiance dans l'incertitude des richesses, mais dans le Dieu qui donne toutes choses richement pour en jouir: «Qu'ils fassent du bien; qu'ils soient riches en bonnes oeuvres, qu'ils soient prompts à donner, libéraux, s'amassant comme trésor un bon fondement pour l'avenir, afin qu'ils saisissent ce qui est vraiment la vie» (1 Timothée 6: 17-19).

Les croyants ont à faire leur profit des avertissements donnés dans ces passages. La recherche des richesses est la racine de toutes sortes de maux (1 Timothée 6). Puis le grand danger des richesses est de les faire servir à satisfaire la chair, à se soustraire à la dépendance de Dieu et à se détourner de Christ. Tel chrétien désirerait être riche pour faire du bien; mais il ignore que, s'il avait davantage, il serait sur la pente fatale, et en danger d'en faire usage pour lui-même.

Quant aux choses matérielles, le chrétien n'a rien à choisir, mais dans les choses spirituelles, il doit choisir la meilleure part. Marie avait choisi la bonne part. Abraham ne choisit rien, quant aux avantages terrestres, et Dieu lui donne tout; Lot choisit pour sa part le monde, sur lequel va tomber le jugement. Nous devons être pénétrés du fait que nous sommes dans les derniers jours, et traiter les biens de ce monde en conséquence, car les jugements s'approchent rapidement. «Toutes ces choses devant donc se dissoudre, quelles gens devriez-vous être en sainte conduite et en piété!» (2 Pierre 3: 11).

(Verset 4) — Pour s'amasser des trésors, ces gens-là agissaient injustement en frustrant de leur salaire ceux qui avaient moissonné leurs champs, et s'enrichissaient ainsi aux dépens du pauvre. Jacques les place sur le terrain de l'Ancien Testament, leur déclarant que les cris des opprimés étaient parvenus aux oreilles du Seigneur Sabaoth, c'est-à-dire aux oreilles de l'Eternel des armées. Les armées de l'Eternel sont les armées célestes, les anges. Ce terme donne l'idée d'une grande puissance qui intervient au moment voulu de Dieu, soit en faveur des siens, soit pour le jugement des méchants. En général, il est mentionné en contraste avec ce qui se passe sur la terre, et l'on comprend pourquoi le Seigneur Sabaoth est nommé en rapport avec l'injustice de ces gens-là. Il allait intervenir, car les armées de l'Eternel sont à son commandement, il les appelle devant Lui pour exécuter sa volonté. Ceux qui sont opprimés, aujourd'hui comme alors, ont à attendre patiemment l'intervention du Seigneur Sabaoth (*).

(*) Dans les passages suivants, et d'autres encore, l'armée des cieux désigne les anges: 1 Rois 20: 19; Néhémie 9: 6. (Au commencement de ce verset, l'expression est appliquée aux astres, et à la fin aux anges). En Esaïe 24: 21, on voit la différence entre les armées des cieux et les rois de la terre. En Daniel 4: 35, on a aussi la distinction entre l'armée des cieux et les habitants de la terre (voir aussi Psaumes 103: 19-21; 148: 2). Le serviteur d'Elisée voit, en 2 Rois 6: 13-17, cette armée céleste; le Chef de cette armée apparaît à Josué. En Apocalypse 19: 14, ce sont les saints qui forment «les armées qui sont dans le ciel» et suivent le Seigneur. Enfin, «l'armée des cieux» désigne quelquefois les astres, comme en Jérémie 33: 22; Deutéronome 4: 19; 17: 3; 2 Rois 17: 16; Psaumes 33: 6, etc.

(Versets 5, 6) — A leur recherche des richesses pour vivre dans les délices sur la terre, se lie leur haine contre le juste, dont la présence et le témoignage sont contre eux et leurs voies, ils ne peuvent le supporter, ils le condamnent et le mettent à mort, d'autant plus qu'il ne leur résiste pas. C'est ce qu'ils firent avec Christ. On voit, dans l'Evangile, cet esprit se développer graduellement chez les pharisiens; ils finissent par condamner le Seigneur, sa présence qui les jugeait leur étant devenue insupportable. Aussi les jugements étaient à la porte envers ce peuple; au lieu d'en tenir compte, ils vivaient dans les délices, se livraient aux voluptés, rassasiaient leurs coeurs comme en un jour de sacrifice, et se débarrassaient du juste, dont le caractère est de ne pas résister, parce qu'il s'attend à Celui qui est au-dessus de tout.

(Verset 7) — La patience et la prière sont les sujets qui terminent l'épître. Le verset 7 se relie au verset 6. Il faut prendre patience jusqu'à la venue du Seigneur, ne pas résister. On est patient quand on attend le Seigneur d'un instant à l'autre. Paul dit aux Philippiens: «Le Seigneur est proche, ne vous inquiétez de rien». Le laboureur attend le fruit précieux de la terre avec patience, il ne peut rien hâter, il attend la pluie de la première saison qui fait germer, et celle de la dernière saison qui amène le fruit à maturité. Nous avons déjà reçu la pluie de la première saison à la Pentecôte, par l'envoi du Saint Esprit, et la pluie de la dernière saison arrivera pour Israël, lorsque la bénédiction lui sera apportée en puissance, par l'Esprit, à la venue du Seigneur pour Israël (Joël 2: 23) qui aura été précédée de sa venue pour l'Eglise. En 2 Samuel 23: 4, et en Osée 6: 3, la pluie de la dernière saison est présentée comme la venue du Seigneur. Nous attendons le Seigneur, «nous avons part à la patience en Jésus». Le Seigneur attend; nous devons garder la parole de sa patience, comme Philadelphie, et nous attendons, comme le laboureur attend le moment de la moisson. Le coeur doit être affermi par la certitude et la proximité de ce retour, comme il est dit: «Pour affermir vos coeurs sans reproche en sainteté devant notre Dieu et Père en la venue de notre Seigneur Jésus avec tous ses saints» (1 Thessaloniciens 3: 13). Pierre dit dans sa deuxième épître, chapitre 3: 17: «Vous donc, bien-aimés, sachant ces choses à l'avance, prenez garde, de peur qu'étant entraînés par l'erreur des pervers, vous ne veniez à déchoir de votre propre fermeté». Plus on est près du but, plus il est important de tenir ferme.

(Verset 9) — Un autre aspect de la venue du Seigneur, c'est qu'il vient pour exercer le jugement. En rapport avec cette vérité, nous ne devons pas murmurer les uns contre les autres, afin de n'être pas jugés. Au chapitre 4: 11, le juge est mentionné; ici, il est à la porte, il n'a pas un long chemin à faire, il se tient devant la porte, prêt à entrer. Prenons garde à ce solennel avertissement!

(Verset 10) — Prenons pour exemple de souffrance et de patience les prophètes qui ont parlé au nom du Seigneur, annonçant sa venue et témoignant contre le mal dans lequel se trouvait le peuple. La patience se montre, si l'on réalise que le Seigneur va venir pour délivrer les siens et juger le monde. Nous n'avons pas à juger le monde aujourd'hui, mais à nous juger nous-mêmes. Il nous faut imiter le Seigneur, dont il est dit: «J'ai attendu patiemment l'Eternel, il s'est penché vers moi et a entendu mon cri» (Psaumes 40: 1).

(Verset 11) — Jacques répète ce qu'il a dit au verset 12 du premier chapitre: «Bienheureux ceux qui endurent l'épreuve avec patience. «La patience de Job nous est donnée comme exemple, car, devant l'activité de Satan contre lui, cette patience a été manifestée, mais Job avait, en outre, à apprendre à se connaître par un long et pénible exercice, car ses amis ne comprenaient rien aux voies de Dieu envers lui; c'est alors que nous voyons la fin du Seigneur qui est plein de compassion et miséricordieux. La bénédiction de Job fut double après l'épreuve. Il est encourageant pour nous, quand nous y passons, de savoir qu'elle sera suivie de «la fin du Seigneur».

(Verset 12) — Ce qui est rappelé dans ce verset est très important, puisque Jacques l'introduit en disant: «Mais avant toutes choses, mes frères». Il ne faut jurer ni par le ciel, ni par la terre, ni par un autre serment. Jurer dénote une certaine confiance en soi; c'est un acte de volonté propre qui cherche à faire descendre le ciel à notre niveau pour donner du poids à nos affirmations, comme si nous pouvions disposer des choses par lesquelles nous jurons. Le Seigneur dit de ne jurer, «ni par le ciel, car il est le trône de Dieu; ni par la terre, car elle est le marchepied de ses pieds; ni par Jérusalem, car elle est la ville du grand Roi». Quoique peu apparente, nous trouvons ici une liaison avec l'exhortation à la patience des versets précédents. L'état d'âme, dans lequel on veut à tout prix affirmer son dire, fait contraste avec l'esprit de patience qui dit les choses telles qu'elles sont, les affirme par un oui ou par un non, et attend que Dieu fasse la lumière, si notre dire est contesté. Si nous vivions d'une manière plus habituelle dans le sentiment de la présence de Dieu, le oui ou le non suffirait, et nous n'éprouverions pas le besoin de faire intervenir Dieu, comme s'il s'agissait d'un fait extraordinaire. Le Seigneur dit: Ce qui est de plus vient du mal».

Il ne faut pas confondre cette exhortation à ne pas jurer à tout propos, avec le serment requis par l'autorité, avec l'adjuration par laquelle on est soumis solennellement de dire la vérité. On voit en Lévitique 5: 1, que c'était un grave péché de ne pas dire la vérité après avoir été adjuré de le faire. En Matthieu 26: 63, le Seigneur garde le silence en présence des faux témoins. Il ne prend pas le ciel à témoin pour annuler leurs accusations; mais lorsque le souverain sacrificateur l'adjure par le Dieu vivant, il lui répond; tandis que Pierre, au verset 74, jure librement pour affirmer le plus affreux mensonge. Si quelqu'un est sommé de dire ce qu'il a vu ou entendu, et qu'il ne puisse répondre de sa mémoire, il doit le dire.

Le jugement tombera sur ceux qui murmurent les uns contre les autres, comme sur ceux qui jurent légèrement, manquant de calme et de modestie, et ne vivant pas dans le sentiment de la présence de Dieu. L'Ecclésiaste dit: «Ne te presse point de ta bouche, et que ton coeur ne se presse point de proférer une parole devant Dieu; car Dieu est dans les cieux, et toi sur la terre; c'est pourquoi que tes paroles soient peu nombreuses» (5: 2).

(Verset 13) — Cette épître, remplie d'exhortations, se termine par celle à la prière. Aujourd'hui, nous avons beaucoup oublié la grande part que doit avoir la prière dans toute notre vie et dans nos relations fraternelles. Autrefois, lorsqu'il y avait plus de vie et de fraîcheur spirituelles chez les croyants, on priait beaucoup plus; on priait dans chaque circonstance, on ne se séparait pas sans avoir prié ensemble. Après avoir été obligés de nous occuper du mal chez l'un d'entre nous, si nous priions avant de nous séparer, cela détruirait le sentiment pénible ou l'amertume que nous pourrions garder contre celui qui a mal agi; nous intercéderions pour lui, au lieu de nous irriter. «Quelqu'un parmi vous est-il maltraité, qu'il prie». Par la prière individuelle, nous cherchons la communion avec le Seigneur, afin de pouvoir supporter nos épreuves. «Patients dans la tribulation, persévérants dans la prière» (Romains 12: 12). L'apôtre dit: «Calomniés, nous supplions» (1 Corinthiens 4: 13). Etienne priait lorsqu'on le lapidait (voir aussi 1 Pierre 2: 23). L'exercice de la prière précède toujours un relèvement, une restauration (Zacharie 12: 10). Par elle, nous exprimons la foi, la confiance et la dépendance.

«Quelqu'un est-il joyeux, qu'il chante des cantiques», afin d'être gardé de donner essor à sa joie d'une manière charnelle. Il faut que toutes les circonstances que nous traversons, dans la tristesse ou la joie, aient pour effet de nous mettre en relation plus intime avec Dieu, plutôt que de nous en séparer.

(Versets 14, 15). — «Quelqu'un est-il malade, qu'il appelle les anciens, et qu'ils prient pour lui en l'oignant d'huile au nom du Seigneur». La difficulté pour pratiquer cette exhortation semble provenir du fait qu'il n'existe pas d'anciens établis dans les assemblées. Cependant, si nous n'avons plus d'autorité apostolique pour en établir, nous pouvons reconnaître des frères qui en ont le caractère et le service. L'apôtre dit: «Nous vous prions de connaître ceux qui travaillent parmi vous, et qui sont à la tête parmi vous dans le Seigneur, et qui vous avertissent» (1 Thessaloniciens 5: 12). Il est toujours possible d'appeler de tels frères pour qu'ils prient auprès d'un malade. Il ne s'agit pas là d'un mode spécial de guérison, le malade n'a pas à demander d'être guéri, dans n'importe quel cas. Les anciens ont affaire avec Dieu pour cela; étant au courant des circonstances du malade, ils sont censés avoir l'expérience et la sagesse pour savoir ce qu'ils ont à demander; ils peuvent discerner s'il y a eu du péché, quels manquements ont amené cette épreuve, et ils jugent selon la pensée de Dieu. Dans beaucoup de cas de maladie, nous pouvons être sous la discipline du Seigneur sans que des péchés particuliers en soient la cause. Les anciens peuvent aider au malade à voir où il en est devant Dieu, et à se rendre compte de Sa volonté, afin qu'ils puissent demander la guérison avec foi, en ayant une même pensée avec le malade. En sorte que, si la prière est réellement la prière par la foi, et que l'onction soit faite réellement au nom du Seigneur, le malade sera sauvé, et le Seigneur le relèvera. Il ne s'agit nullement ici de présenter un cas au Seigneur, en disant: «Si c'est ta volonté»; mais de la foi qui, sachant qu'elle demande une chose selon Sa volonté, reçoit l'exaucement. La difficulté que nous éprouvons à mettre en pratique cette exhortation, provient plutôt de notre manque de spiritualité pour discerner la pensée du Seigneur.

L'onction d'huile, par elle-même, ne communique rien; cela faisait partie de coutumes juives et d'ordonnances lévitiques. La valeur de l'onction, dans ce cas-ci, c'est qu'elle puisse être faite au nom du Seigneur, accompagnée de la prière de la foi. Si les anciens de l'assemblée estimaient ne pouvoir avoir la foi pour la guérison, ils ne la demandaient pas, et c'eût été chose inutile d'oindre le malade d'huile, car nous ne pouvons être exaucés qu'en ayant la pensée de Dieu: «C'est ici la confiance que nous avons en lui, que si nous demandons quelque chose qui soit selon sa volonté, il nous écoute; et si nous savons qu'il nous écoute, nous avons les choses que nous lui avons demandées» (1 Jean 5: 14, 15). Pour demander les choses que Dieu peut accorder, il faut que notre état pratique nous permette de discerner Sa volonté. «Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, vous demanderez ce que vous voudrez, et il vous sera fait» (Jean 15: 7).

Dans ce passage, il n'est pas question de la foi, mentionnée comme don en 1 Corinthiens 12: 9. Cette foi, qui n'est pas le partage de tous, rend capable d'affronter des difficultés insurmontables pour d'autres. Par contre, la foi qui sauve, part de tout croyant par l'ouïe de la parole de Dieu, nous oblige à agir en toutes choses sur ce principe (Romains 14: 22). Tout ce qui n'est pas fait sur le principe de foi est péché, car cela découle du principe de la volonté propre.

(Verset 16) — Si, vu l'état de ruine de l'Eglise, nous ne pouvons pas souvent réaliser l'exhortation des versets 14 et 15, nous trouvons, au verset 16, ce qui peut se pratiquer toujours. «Confessez donc vos fautes l'un à l'autre, et priez l'un pour l'autre». Ce verset laisse supposer que ce qui précède pouvait finir, étant plus facilement applicable à un état normal de l'Eglise. Remarquons aussi la sagesse de la Parole qui évite de dire qu'on devait confesser ses fautes aux anciens, afin d'ôter tout fondement scripturaire à l'institution de la confession.

Dans le cas où les anciens sont appelés, un péché peut être en cause; mais ce n'est pas la raison pour laquelle ils sont appelés. S'il y a eu des péchés, ils sont pardonnés. Jacques prend maintenant occasion de ce fait pour encourager les croyants à confesser leurs fautes l'un à l'autre, et à prier l'un pour l'autre afin d'être guéris. Nous pouvons ainsi nous aider mutuellement à nous juger devant Dieu, afin que, dans son gouvernement, il puisse intervenir en grâce. Nous devrions manifester assez de grâce et d'amour dans toute notre marche pour gagner la confiance les uns des autres. Alors cette confession des fautes peut avoir lieu sans crainte, dans des cas où la conscience est chargée, mais où l'intervention de l'assemblée n'est pas nécessaire. Certes, il ne faudrait pas user de ce moyen, lorsqu'une faute, qui nécessite la discipline de l'assemblée, a été commise, et dans le but d'échapper à cette discipline. En pareil cas, l'assemblée ne serait pas purifiée, ni le coupable restauré, durant sa vie entière. Il faut que le frère auquel la faute est confessée ait assez de discernement pour savoir, s'il est nécessaire ou non, de porter le cas devant l'assemblée.

Cette confession de l'un à l'autre est un cas spécial; tandis que la confession à Dieu de 1 Jean 1: 9, doit avoir lieu pour chaque manquement, entre l'âme et Dieu, et dans le but d'être réintroduit dans la jouissance de Sa communion.

«La fervente supplication du juste peut beaucoup». Quel encouragement à la prière individuelle! Si nous nous maintenions habituellement dans un bon état d'âme, combien nous pourrions être en aide aux autres, par l'exercice d'un amour qui recevrait la confession des fautes et qui, par la prière, délivrerait le coupable des conséquences de son péché.

(Versets 17, 18) — Si la prière individuelle est d'une grande efficace dans l'exercice de l'amour fraternel, elle peut aussi avoir des résultats surprenants dans tout ce qui concerne la gloire de Dieu sur cette terre. Tel fut le cas d'Elie au temps d'Achab. Jacques le cite pour montrer ce que peut la prière du juste, d'un juste qui pouvait dire: «L'Eternel devant qui je me tiens». Afin que nous n'attribuions pas le succès de sa prière à sa qualité de prophète, Jacques a soin de dire qu'«Elie était un homme ayant les mêmes passions que nous». Ayant la chair en lui, il était exposé aux mêmes faiblesses que nous-mêmes. Mais, vivant dans la présence de l'Eternel, il était en communion de pensées avec Lui; il avait à coeur le bien du peuple qu'il voulait ramener à l'Eternel, et sachant qu'en demandant qu'il ne plût pas pendant trois ans et demi, il était en communion avec Dieu au sujet du bien de son peuple, il fut exaucé. Ce fut encore comme réponse à la prière d'Elie que la pluie survint à la fin de ce temps de sécheresse. Cet exemple est d'autant plus encourageant que le livre des Rois ne nous dit pas que ces faits extraordinaires fussent le résultat de la prière du prophète. Ce qui caractérise la prière de la foi, c'est l'intelligence des pensées de Dieu, la confiance et la persévérance.

(Versets 19, 20) — Nous voyons ici l'amour s'exerçant envers quelqu'un qui s'est égaré. Il est question premièrement d'un croyant, puisqu'il est dit: «Quelqu'un parmi vous». C'est un cas différent de ceux des versets 14-16, où l'un était sous une discipline et l'autre sous un jugement. C'est quelqu'un qui s'est égaré de la vérité; il a prêté l'oreille à de faux docteurs, ou il s'est laissé égarer par ses propres pensées. Nous devons faire tout notre possible pour le ramener, en usant de tous les moyens que l'amour chrétien nous suggère. Ce retour au chemin de Dieu a tellement de valeur pour le coeur du Seigneur, qu'il l'assimile en importance au retour de la brebis perdue qui remplit le ciel de joie, au pécheur perdu dont l'âme est sauvée de la mort. L'âme du chrétien égarée et celle du pécheur sans Dieu, sont l'une et l'autre sur le chemin de la mort: «Si vous vivez selon la chair, vous mourrez» (Romains 8: 13). Le Seigneur présente la valeur que ce retour a à ses propres yeux, comme un encouragement pour ramener ceux qui s'égarent. Il dit de celui qui accomplit cela: «Qu'il sache que celui qui aura ramené un pécheur de l'égarement de son chemin, sauvera une âme de la mort et couvrira une multitude de péchés». Dieu désire couvrir le péché; car ses yeux sont trop purs pour voir le mal. L'oeuvre de la croix a rendu cela possible: «Bienheureux celui dont la transgression est pardonnée et dont le péché est couvert» (Psaumes 32). C'est bien de la conversion d'un pécheur, qu'il est question à la fin de ce passage, car jamais un croyant égaré n'est appelé un pécheur. Il est appelé ici «quelqu'un», ou «un homme» (Galates 6: 1; 1 Corinthiens 5: 1-5).

Rappelons-nous sans cesse les exhortations de cette précieuse épître pour juger tout mouvement de propre volonté, pour faire les oeuvres de la foi, et pour vivre dans l'attente du Seigneur et dans la prière!