La maison de Dieu et le chemin qui y conduit

Psaume 84

Darby J.N.

ME 1910 page 114

 

Nous nous habituons tellement à certaines choses par leur constant usage, que nous perdons la puissance de leur vraie signification. Tel peut être le cas d'une bonne ou d'une mauvaise parole: des paroles qui produiraient un effet profond sur d'autres personnes peuvent nous laisser indifférents. Cela n'est que trop vrai quant aux vérités de l'Ecriture même. Quel effet la déclaration de Jean 3: 16: «Car Dieu a tant aimé le monde, qu'il a donné son Fils unique, etc.», n'aurait-elle pas sur nous, si nous l'entendions pour la première fois, et si nous saisissions ce qu'elle signifie? Il en est tout à fait de même dans le Psaume que nous venons de lire: «Combien sont aimables tes demeures, ô Eternel des armées!» etc. Est-ce que la pensée d'être dans les parvis de Dieu, d'habiter, nous hommes, dans la propre maison de Dieu, ne nous surprendrait, ne nous ravirait pas beaucoup plus, si nous l'entendions pour la première fois, et en comprenions le sens? Quel effet une telle vérité ne produirait-elle pas sur nous, si nous la croyions pleinement, savoir que Dieu veut nous faire habiter avec lui-même, dans sa propre maison? Il habite avec nous maintenant, comme nous le savons, mais nous n'habitons pas encore dans sa maison. Dieu n'a jamais habité avec Adam, ni Adam avec Dieu. Dieu fit un lieu d'habitation pour l'homme et l'y plaça. Il descendait pour visiter Adam, mais il n'habitait pas avec lui. De fait, la première fois que l'Ecriture nous montre Dieu descendant sur la terre, il adresse cette parole à Adam: «Où es-tu?» Le paradis sur la terre n'était pas le lieu d'habitation de Dieu, tandis que nous lisons dans l'Apocalypse que l'habitation de Dieu est avec les hommes, et que l'Agneau en est la lumière et le temple.

«Combien sont aimables tes demeures, ô Eternel des armées! Mon âme désire, et même elle languit après les parvis de l'Eternel». Le coeur qui a trouvé Dieu désire ardemment un lieu d'habitation avec Lui. C'était ce désir qui poussait les disciples, sur la montagne de la transfiguration, à demander trois tentes: un désir juif, sans doute, mais ils ne pouvaient supporter la pensée que le Seigneur Jésus s'en allât. Ils désiraient qu'il restât avec eux: ils voulaient le garder ici-bas. Il ne pouvait pas rester, mais il leur laissa à eux, ainsi qu'à nous, des paroles de consolation: «Que votre coeur ne soit pas troublé… Dans la maison de mon Père, il y a plusieurs demeures… Je vais vous préparer une place… Je reviendrai, et je vous prendrai auprès de moi, afin que là où moi je suis, vous, vous soyez aussi». Ce nouveau fait est présenté ici de la façon la plus bénie, c'est que l'homme habitera avec Dieu dans sa propre maison. Le Seigneur Jésus ne pouvait pas rester avec ses disciples bien-aimés ici-bas, car ce monde est souillé, mais il voulait avoir les siens avec lui, dans un lieu de la sainteté, où tout répond à ses exigences. Les bien-aimés du Seigneur habiteront avec lui. «Père, je veux, quant à ceux que tu m'as donnés, que là où moi je suis, ils y soient aussi avec moi».

La première pensée de Moïse (Exode 15), en racontant les actes de puissance et de délivrance de Dieu, est le désir de lui bâtir une maison: «Il est mon Dieu, et je lui préparerai une habitation». Mais, au verset 13, la pensée de la foi va plus loin: «Tu les as conduits par ta force à la demeure de ta sainteté» — tel est le cantique de la force et de la puissance du Rédempteur. Au verset 17, nous trouvons la promesse précise de cette chose nouvelle, un lieu d'habitation avec Dieu, que lui-même a préparé: «Tu les introduiras et tu les planteras sur la montagne de ton héritage, le lieu que tu as préparé pour ton habitation, ô Éternel! le sanctuaire, ô Seigneur! que tes mains ont établi». C'est ce que Lui veut faire pour les siens; ce n'est pas simplement un repos dans le désert, mais le conseil béni de Dieu est d'amener les siens dans son sanctuaire, que Lui a établi. Quoi! l'homme habitera avec Dieu! Fait merveilleux! La pensée de cette chose nouvelle remplit mon âme de la joie la plus profonde.

Le coeur qui désire ardemment Dieu trouve son repos dans le sacrifice: «Tes autels, ô Eternel des armées!» etc. «Mon coeur et ma chair crient après le Dieu vivant. Le passereau même a trouvé une maison, et l'hirondelle un nid pour elle, où elle a mis ses petits». Comme cette parenthèse exprime admirablement les tendres soins que Dieu prend de toutes ses créatures! Il ne manque pas de trouver une maison pour le plus insignifiant, et un nid pour le plus agité des oiseaux. Quelle confiance cela devrait nous donner! Quel repos; quelle tranquillité pour l'âme qui se confie aux soins tendres et vigilants de Celui qui pourvoit si richement aux besoins de toutes ses créatures. Nous savons ce que présentent à notre esprit ces mots «nid» et «maison». N'est-ce pas un lieu de sécurité, un abri contre la tempête, un gîte, où aucun mal ne peut nous atteindre, une protection contre tout ce qui peut nuire, un lieu où l'on peut se reposer, se blottir, et trouver de la joie?

Ce terme nous est tout aussi familier que celui de «maison». Le fils prodigue comprenait bien, avant d'en prendre le chemin, quels devaient être le confort et l'abondance de la maison du père, mais c'était le père qui connaissait ce qui convenait à sa maison, et il fallait qu'il revêtit son fils de vêtements appropriés, avant de l'y admettre.

«Bienheureux ceux qui habitent dans ta maison: ils te loueront incessamment». C'est la chose nouvelle dont nous parlons, le fait que les hommes habiteraient dans la propre maison de Dieu, pour y être non seulement des visiteurs, mais des habitants. Un visiteur ne connaît pas tout ce que contient la maison, la maison n'a point de secrets pour celui qui y habite: il est chez lui; il doit en connaître tous les privilèges, toutes les bénédictions. Assurément, il y aura une félicité parfaite dans cette maison, où Christ a tout préparé, où Dieu se trouve chez lui, et a tout ordonné selon sa sagesse, sa puissance et sa gloire, dont l'Agneau est la lumière et le temple.

Or, ceux qui y habitent doivent avoir les qualités morales de la maison; leurs goûts, leurs jouissances, leur nature, doivent être en rapport avec elle.

Au temps passé, Dieu vint dans son temple, selon l'ordre judaïque, mais le peuple était exclu, même de cette gloire — c'était absolument le contraire de l'habitation avec Dieu. Ils étaient, il est vrai, un peuple favorisé, séparé des nations par la grâce de Dieu; mais ils ne connaissaient pas la bénédiction constante et croissante de la maison. Nous trouvons dans ce Psaume une autre chose, savoir le chemin qui mène à cette maison, qui mène au lieu où Dieu et son peuple habiteront ensemble. Il avait déjà habité avec eux au désert, mais il veut qu'eux habitent avec Lui, et son coeur en a tracé le chemin. Quand nous étions pécheurs, rien que des pécheurs, et que nous ne pouvions rien faire d'autre que pécher, il a tout expié. «Christ a souffert, le Juste pour les injustes, afin de nous amener à Dieu». Il nous a donné une nouvelle nature qui a la capacité morale de jouir de l'habitation avec Lui dans sa propre maison. Dieu a habité avec l'homme: l'Homme Dieu, Christ Jésus a habité au milieu de nous, et sa gloire a été manifestée par la grâce et la vérité.

En Ezéchiel, nous voyons la gloire qui avait reposé sur le temple s'éloigner peu à peu, à contre-coeur, toutefois réellement. Mais telle n'est pas la plénitude de son habitation dans le chrétien, ni non plus sa présence dans l'Eglise, qui est son corps: «Vous êtes édifiés ensemble pour être une habitation de Dieu par l'Esprit».

Combien cette chose nouvelle, la pensée de sa propre maison, occupe la pensée de Dieu! Sa Parole la déclare; des prophètes en parlent; la grâce nous en met en possession; la foi nous en donne la jouissance; le Seigneur Jésus en est le chemin. La première épître de Jean fait ressortir pleinement cette vérité (voir chapitres 3 et 4).

Maintenant, comment se fait-il que nous nous sentions merveilleusement plus unis à un chrétien que nous pouvons ne connaître que depuis une demi-heure, qu'à une autre personne que nous avons pu connaître toute notre vie? N'est-ce pas la réalité de cette vérité que Dieu se trouve là? Dieu habite en nous et nous en Lui. C'est quelque chose de plus qu'une nouvelle nature, car il est dit ensuite: «Nous savons qu'il demeure en nous par l'Esprit qu'il nous a donné». Au chapitre suivant, nous trouvons cette merveilleuse parole:

«Quiconque confessera que Jésus est le Fils de Dieu, Dieu demeure en lui, et lui en Dieu. Et nous avons connu et cru l'amour que Dieu a pour nous». Oh! quelle joie cette connaissance donne au coeur! Quelle consolation l'âme reçoit dans une telle proximité de Dieu! Combien nous sommes heureux de penser à cette maison, vers laquelle Dieu nous conduit, où nous le connaîtrons pleinement, où nous l'aimerons sans entrave.

Combien l'oeuvre de Dieu est complète et parfaite. Il a donné Jésus, afin qu'il mourût pour nous, et il a envoyé ici-bas le Saint Esprit pour nous enseigner, et pour nous assurer que le Seigneur Jésus a parfaitement accompli cette oeuvre. Il nous a rendus propres à entrer dans sa maison, et en Lui nous possédons tout ce dont nous avons besoin. Il nous donne les qualités morales pour y habiter, la nouvelle nature, qui peut jouir de la gloire de cette maison. «Bienheureux sont ceux qui demeurent dans ta maison; ils te loueront incessamment». La louange seule conviendra à ceux qui demeureront dans la maison de Dieu; ce sera leur service, dont ils ne se lasseront et ne se fatigueront pas — une louange continuelle. «Bienheureux l'homme dont la force est en toi, et ceux dans le coeur desquels sont les chemins frayés». Si, par la foi, j'habite dans la maison de Dieu, j'éprouve un repos parfait. Si je compte sur sa force, quelque difficulté que je rencontre, j'ai une entière tranquillité. La communion avec Dieu donne toujours confiance en sa puissance. C'est là la clef du Psaume dont nous nous occupons. Si mon coeur a appris à connaître l'amour que Dieu a pour moi, et quels sont ses conseils à mon égard, je puis me confier en Lui pour préparer mon chemin. L'amour de Dieu a été manifesté dans son Fils, révélé dans le don de son Fils, et le Fils donnera la grâce et la force pour le chemin. «Je n'ai perdu aucun de ceux que tu m'as donnés». Dieu a pourvu pleinement à ce dont nous avons besoin. Il nous a vivifiés, purifiés et scellés. Si Paul devait dire qu'il n'était pas encore parfait, il savait être sur le chemin qui le conduisait en haut, et le menait à la maison, chez lui. Quand mon coeur est occupé de cette glorieuse habitation, je ne penserai pas tant aux facilités, au bien-être que je pourrai rencontrer en chemin; je serai satisfait de savoir que c'est le chemin. La gloire de l'héritage aura pour moi bien plus d'intérêt que le caractère des choses que je rencontre à droite et à gauche pendant le voyage.

Tout peut être contre moi — tout peut sembler s'unir pour m'empêcher de marcher en avant. Devrais-je rechercher mes aises, désirer m'établir dans un monde qui s'efforce de me tenir éloigné de mon «chez-moi», de m'ôter ma jouissance et ma bénédiction? Non, la seule chose qui devrait m'occuper, c'est le chemin pour sortir de ce monde. Je ne me soucierai guère de ce qui se passe ici-bas, si seulement je puis apprendre que cela me conduit là-haut. Est-ce bien le chemin de la maison? Ce chemin m'y mène-t-il? Cela aura pour moi infiniment plus d'importance que tout le reste. Le chemin peut être dangereux, pénible, difficile, mais c'est le chemin qui conduit là-haut. Si je sais cela, je ne m'inquiéterai pas des difficultés de la montée, ni du danger de la descente. Chercherai-je un sentier plus facile, plus uni? Non; car c'est bien la route, le chemin pour arriver au but. Si l'on vient me dire qu'il y a un lion sur le chemin, eh bien, je ne crains pas; Dieu est ma force, et je ne puis aller sans Lui. «N'y a-t-il pas douze heures au jour?» dit Jésus. Il eut à souffrir; nous aurons aussi à souffrir; mais est-ce bien le chemin qui mène à cette maison, objet de mes affections, à cette maison de bénédictions que le Seigneur a préparée? Cela règle toute sorte de questions, et délivre l'âme de mille sujets d'inquiétude. Je ne m'inquiète pas des difficultés, ni des dangers: c'est le bon chemin, et j'y suis soutenu tout du long par la puissance et l'amour de Dieu.

«Passant par la vallée de Baca, ils en font une fontaine» (verset 6). La vallée de Baca est un lieu d'affliction et d'humiliation, mais aussi de bénédiction. Pour Paul, c'était l'écharde dans la chair, quelque chose qui le rendait méprisable dans son ministère envers les Galates; chose réellement humiliante qui le poussa à supplier Dieu trois fois. Mais quand il entendit Dieu lui dire: «Ma grâce te suffit», il ne demanda plus que l'écharde lui fût enlevée; il se glorifia plutôt dans son infirmité, afin que la puissance de Dieu fût manifestée. La vallée de Baca fut le lieu de bénédiction pour Paul: il en fit une fontaine; elle devint un lieu d'intimité et de communion indicible avec Dieu. Pour les uns, cette vallée peut être la perte du plus cher objet de leur coeur, ou bien le brisement de leur volonté — une chose qui les humiliera, mais c'est un lieu de bénédiction. Nous trouvons beaucoup plus de rafraîchissement dans les choses pénibles que dans les choses agréables. La vallée de Baca devient une fontaine. De laquelle des choses que vous trouvez agréables, pouvez-vous dire qu'elle devient une fontaine? Le rafraîchissement et la bénédiction nous arrivent comme résultat de ce qui nous a affligés, humiliés, vidés de nous-mêmes. Telle est la manière dont Dieu nous montre ce qu'il est: c'est ainsi qu'en nous faisant passer par la vallée de Baca, il en fait une fontaine.

Nous lisons en 1 Thessaloniciens 5: «Rendez grâces en toutes choses». Comment faut-il réaliser cela? Est-ce que Paul rendait grâces pour l'écharde, pour la chose qui — supposait-il — allait l'entraver dans son service? Non pas, tant qu'il la considéra en elle-même, mais seulement quand ses yeux furent fixés sur le coeur et sur la main de Celui qui la lui avait envoyée. Il y a beaucoup de choses pour lesquelles, vues en elles-mêmes, nous ne pouvons pas remercier Dieu — le brisement des liens les plus précieux à nos coeurs, ou la perte des objets de nos affections. Ce n'est que lorsque nous avons vu l'amour qui a ordonné, et la main qui a dirigé, que nous pouvons rendre grâces.

«La pluie aussi la couvre de bénédictions». Le Seigneur peut créer des sources dans le désert pour répondre aux besoins de son peuple, ou bien faire descendre la pluie du ciel. Il ne connaît ni difficulté, ni impossibilité: en s'appuyant sur Lui, on est dans une sécurité parfaite. Il conduira son peuple au travers de toutes les épreuves, et chaque nouvelle victoire augmentera leur confiance en Lui.

«Toi, notre bouclier! — vois ô Dieu, et regarde la face de ton Oint». Dans toutes nos afflictions, Dieu est notre bouclier. «Oh! dira quelqu'un, je me suis attiré l'épreuve par mon péché». Chose bien triste, en effet! Mais même alors, nous pouvons dire: «Regarde la face de ton Oint». Dieu peut toujours regarder cette face avec délices; il a toujours son plaisir en Lui, et nous pouvons invoquer la perfection de Christ devant Dieu. Dans quelque position qu'un saint puisse se trouver, il peut aller à Dieu pour chercher du secours. Oui, lors même que votre affliction est le fruit de votre péché, il n'y a pas d'autre moyen d'être délivré de votre péché et de votre affliction qu'en allant à Dieu, et en vous cachant derrière son Oint. Vous ne pouvez aimer à lui dire: «Regarde-moi», mais vous pouvez dire toujours: «Regarde la face de ton Oint». Christ est votre seul abri. Il est un refuge dans tous les orages, oui, même dans ce que vos propres manquements vous ont attiré. On ne peut revenir à Dieu qu'en s'abritant derrière Christ.

Encore un mot au sujet du chemin, et je termine. Chers amis, que sont vos voies? Quelle est votre marche dans le chemin qui conduit au lieu vers lequel vous vous rendez? Répond-elle au caractère de la maison? Vos voies sont-elles en rapport avec la demeure que Dieu vous a préparée, et qui est sa propre habitation? Vous conduisez-vous de manière à être joyeux à la pensée que ce monde va être ébranlé? L'espérance de la venue du Seigneur fait-elle de jour en jour vos délices? A-t-elle une influence sur vous dans les mille détails de votre vie journalière? Ou bien, marchez-vous avec le monde, la main dans la main, de telle manière que la pensée même de Son retour vous remplisse de confusion? Que le Seigneur vous accorde la grâce de prendre garde à vos voies! Puissiez-vous marcher devant Lui, d'une manière qui lui soit agréable, ayant plus à coeur sa gloire que vos aises! «Il ne refusera aucun bien à ceux qui marchent dans l'intégrité». — «Bienheureux l'homme qui se confie en l'Eternel».