Un
mot aux jeunes croyants
ME 1910 page 190
Qu'elles sont puissantes ces paroles du prophète Elie à
Achab: «L'Eternel, le Dieu d'Israël, devant qui je me tiens, est vivant, qu'il
n'y aura ces années-ci ni rosée, ni pluie, sinon à ma parole» (1 Rois 17: 1).
Si nous n'avions que le récit de l'Ancien Testament
concernant Elie, nous aurions certainement la pensée que celui-ci était un
homme exceptionnel, n'ayant rien de commun avec les autres hommes. Le Nouveau
Testament nous apprend qui était Elie et d'où provenait sa puissance.
«Elie était un homme ayant les mêmes passions que nous, et
il pria avec instance qu'il ne plût pas, et il ne tomba pas de pluie sur la
terre durant trois ans et six mois; et il pria de nouveau, et le ciel donna de
la pluie, et la terre produisit son fruit» (Jacques 5: 17, 18).
Ces deux passages nous font connaître la place qu'occupait
Elie par rapport à l'Eternel: Il se tenait devant Lui; et quel était le secret
de sa remarquable puissance: «Il pria avec instance».
Un chrétien a dit: «La prière remue le bras qui remue le
monde».
La prière est le premier besoin d'une âme née de nouveau. Le
Seigneur dit à Ananias, pour le rassurer au sujet des dispositions de Saul de
Tarse envers les croyants, et lui faire comprendre le changement qui venait de
s'opérer: «Voici, il prie» (Actes des Apôtres 9: 11).
Si le croyant garde sa place devant le Seigneur, le besoin
de prier grandit et devient une habitude qui est comme la respiration de la vie
nouvelle. Dans la proximité du Seigneur, le coeur et la conscience du racheté
sont tenus sans cesse en éveil, et la dépendance est réalisée dans la prière.
Ainsi, le plus faible disciple de Christ est rendu capable de posséder la grâce
et la puissance nécessaires pour rendre témoignage au Seigneur.
Trois choses importantes caractérisent la prière d'Elie — la
prière de la foi: l'intelligence des pensées et de la volonté du
Seigneur quant à l'objet de sa demande, une pleine confiance en Lui, et
la persévérance.
La place qu'occupait le prophète — il se tenait en présence
de l'Eternel — est celle où s'acquiert le discernement de la volonté de Dieu.
Comment saurai-je ce qui est agréable à quelqu'un, si je demeure habituellement
éloigné de lui?
En leur parlant de la prière, le Seigneur rappelle ceci à
ses bien-aimés disciples: «Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent
en vous, vous demanderez ce que vous voudrez, et il vous sera fait» (Jean 15: 7).
On le comprend aisément, car, dans ce cas, nous ne demanderons assurément que
des choses selon sa volonté.
Cela fait contraste avec ces paroles de l'épître de Jacques:
«Vous demandez, et vous ne recevez pas, parce que vous demandez mal, afin de le
dépenser pour vos voluptés» (4: 3). Un second élément de la prière de la foi
est une entière confiance dans le Seigneur relativement à la chose demandée. Le
Seigneur dit à ce sujet aux disciples: «En vérité, je vous dis: Si vous avez de
la foi, et que vous ne doutiez pas, non seulement vous ferez ce qui a été fait
au figuier, mais si même vous disiez à cette montagne: Ote-toi et jette-toi
dans la mer, cela se ferait. Et quoi que vous demandiez en priant, si vous
croyez vous le recevrez» (Matthieu 21: 21, 22). Ce qui fait contraste avec un
autre passage de l'épître de Jacques: «Si quelqu'un de vous manque de sagesse,
qu'il demande à Dieu, qui donne à tous libéralement et qui ne fait pas de
reproches, et il lui sera donné; mais qu'il demande avec foi, ne doutant nullement;
car celui qui doute est semblable au flot de la mer, agité par le vent et jeté
çà et là; or que cet homme-là ne pense pas qu'il recevra quoi que ce soit du
Seigneur: il est un homme incertain dans ses pensées, inconstant dans toutes
ses voies» (Jacques 1: 5-8).
Une troisième chose, des plus importantes, qui caractérise
la prière d'Elie, est la persévérance: «Il pria avec instance». N'est-ce
pas en cela que nous manquons le plus? — Aussi le Seigneur attire-t-il sur ce
point l'attention des siens qui lui demandaient de leur enseigner à prier.
Après leur avoir signalé les objets de leurs demandes, il ajoute: «Qui sera
celui d'entre vous qui, ayant un ami, aille à lui sur le minuit, et lui dise:
Ami, prête-moi trois pains, car mon ami est arrivé de voyage chez moi, et je
n'ai rien à lui présenter?… et celui qui est dedans, répondant, dira: Ne
m'importune pas; la porte est déjà fermée, et mes enfants sont au lit avec moi;
je ne puis me lever et t'en donner. — Je vous dis que bien qu'il ne se lève pas
et ne lui en donne pas parce qu'il est son ami, pourtant, à cause de son
importunité, il se lèvera et lui en donnera autant qu'il en a besoin. Et moi,
je vous dis: Demandez, et il vous sera donné; cherchez, et vous trouverez;
heurtez, et il vous sera ouvert» (Luc 11: 5-9).
La chose importante, sur laquelle le Seigneur veut appeler
notre attention, dans la parabole, est la persévérance dans la prière;
il nous donne à entendre — par manière de parler — qu'il nous faut même
l'importuner; et voilà en quoi nous manquons bien souvent (Romains 12: 12; Jacques
5: 16).
Mais hélas! il faut le constater, combien peu les jeunes
croyants éprouvent le besoin de prier. On peut le remarquer dans les réunions
pour la prière, la plupart restent muets; cela est très attristant, et c'est à
quoi il faut attribuer la grande faiblesse qui nous caractérise actuellement.
Nos vénérés devanciers étaient, pour la plupart, des hommes de prière; c'est
pourquoi leur témoignage fut brillant et particulièrement béni.
Mais reportons-nous plus en arrière encore, aux jours des
premiers témoins du Seigneur. Ouvrons le livre des Actes des Apôtres; que
voyons-nous au début de la dispensation chrétienne? Un amour particulier entre
les croyants et des coeurs entièrement dévoués au Seigneur, qui comprenaient
l'importance de la prière, et cherchaient dans la communion du Seigneur et sa
dépendance, la grâce et la force dont ils avaient besoin.
La première chose que nous apprenons au sujet des disciples
de Christ, après le départ de leur Maître, c'est qu'ils «persévéraient
d'un commun accord dans la prière» (Actes des Apôtres 1: 14). Puis ceux qui
avaient cru le jour de la Pentecôte «persévéraient dans la doctrine et
la communion des apôtres, dans la fraction du pain et les prières» (Actes des
Apôtres 2: 42). Les apôtres eux-mêmes nous montrent l'importance qu'ils
accordaient à la prière dans leur ministère: «Et pour nous», disent-ils, «nous
persévérerons dans la prière et le service de la Parole» (6: 4), mettant
ainsi la prière avant ce dernier, tout important qu'il soit. En butte à la
persécution, nous voyons les disciples se fortifier dans le Seigneur par la
prière, en vue du témoignage qu'ils ont à lui rendre (4: 23-31). Etienne y
puise sa force, pour rendre témoignage au Seigneur dans sa mort (7: 59).
Remarquons-le, si le saint exercice de la prière est, pour
ainsi dire, à la base de l'activité des premiers disciples, il ouvre aussi la
porte aux plus riches bénédictions: Saul de Tarse reçoit le message du
Seigneur à son égard par Ananias, au moment où il priait (9: 11). C'est au
moment où il est en prière que Corneille, le pieux centurion, reçoit la
communication de l'ange (10: 31). Lydie, la marchande de pourpre, était
au bord de la rivière où l'on avait coutume de faire la prière, lorsque son
coeur fut ouvert par le Seigneur, pour qu'elle fût attentive aux choses que
Paul disait (16: 13-15).
L'apôtre Pierre reçoit la merveilleuse révélation que nous
connaissons, sur le toit de la maison de Simon le corroyeur, où il se trouvait
pour prier (10: 9-16).
La grande mission de Paul et de Barnabas auprès des nations
est précédée d'une réunion de prière (13: 1-3).
On pourrait multiplier les exemples, mais ceux-ci suffisent
pour nous montrer l'importance des deux choses que nous avons rappelées: la
communion avec le Seigneur et l'exercice de la dépendance par la prière.
Un mot encore à ce sujet: Avec les exhortations du Seigneur
dans les évangiles (Luc 11: 5-10; 18: 1-8), nous avons l'exemple du Seigneur
lui-même, notamment dans l'évangile de Luc, qui nous présente le Seigneur comme
le fils de l'homme. L'homme parfait, nous le savons, est l'homme dépendant
(voir Luc 3: 21; 5: 16; 6: 12; 9: 18, 19; 11: 1; 22: 44).
Toutes les épîtres font mention de la prière (voir Ephésiens
6: 18; Colossiens 4: 2; 1 Thessaloniciens 5: 17; 1 Timothée 2: 1, 8; 1 Pierre
4: 7; Jacques 5: 16; Jude 20, 1 Jean 5: 14, 15). Elle y est généralement
présentée sous la forme d'un commandement positif. Certaines choses sont plus
ou moins laissées au discernement spirituel du croyant, par la raison qu'il n'y
a pas à leur sujet de texte formel dans l'Ecriture, mais il n'en est pas de
même de celle qui nous occupe. Cela seul serait déjà suffisant pour nous en
faire connaître l'importance.
Que dirons-nous maintenant? «Oh! Seigneur, produis en nous
tous, produis dans les jeunes croyants en particulier, un esprit de prière à la
gloire de ton saint Nom, pour la bénédiction des tiens et d'un grand nombre
d'âmes, dans ces mauvais jours de la fin».
Avant de terminer, quelques mots encore au sujet des
réunions de prières généralement si délaissées. Nous vous engageons à ne les
négliger sous aucun prétexte.
Méditez sérieusement Matthieu 18: 19, 20. Il y a deux
précieux enseignements à recueillir dans ce passage.
1° Le Seigneur savait combien limité serait le
nombre de ceux qui comprendraient ce privilège; il descend au chiffre le plus
réduit pour exprimer la pluralité. Quelle condescendance et quel encouragement
de sa part! Il nous dit: «Je vous dis encore que si deux d'entre vous sont
d'accord sur la terre pour une chose quelconque, quelle que soit la chose
qu'ils demanderont, elle sera faite pour eux par mon Père qui est dans les
cieux».
Les sujets de
prière ne font pas défaut; ils abondent autour de nous; c'est plutôt le besoin
de prier qui manque. Si chacun de nous l'éprouve, cela se manifestera
inévitablement dans la réunion pour la prière. Alors seulement, on comprendra
l'importance d'un tel rassemblement. Nous le répétons: «Pourquoi sommes-nous si
faibles dans notre témoignage? «Le besoin de prier ensemble n'est-il pas faible
aussi en chacun de nous? Il est temps de secouer notre sommeil, de veiller pour
prier.
2° Il y a un second motif, au verset 20, qui doit
nous engager à ne pas négliger la réunion de prières, même si le nombre de ceux
qui y prennent part est malheureusement restreint; le Seigneur dit: «Là où deux
ou trois sont assemblés en mon nom, je suis là au milieu d'eux».
Remarquons cette admirable promesse. Il ne dit pas: «Je vous
bénirai en répondant à vos demandes et à vos besoins. «Non. Il va beaucoup plus
loin dans la bénédiction qu'il accorde. Le donateur lui-même devient notre part
actuelle; et qu'y a-t-il de plus précieux?
Allons à la réunion de prières; nous y trouverons le
Seigneur et notre coeur sera réconforté. Ce sera la bénédiction immédiate dont
nous jouirons; combien elle est précieuse! Nous pourrons dire, en reprenant le
chemin de notre demeure, comme les disciples autrefois: «Nous avons vu le
Seigneur! » (Jean 20: 20, 25). Nous aurons aussi, de la part de Celui que
l'on n'invoque jamais en vain, la douce certitude d'être exaucés.
N'oublions pas ce qu'expriment ces trois mots «Priez sans
cesse!» (1 Thessaloniciens 5: 17).