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Quand on considère la tâche confiée à chaque évangéliste par
le Saint Esprit, pour nous présenter le Seigneur Jésus Christ sous ses
différents aspects, on est frappé de la simplicité avec laquelle cette tâche
est remplie par chacun d'eux, et on ne peut qu'y voir l'empreinte de
l'inspiration qui les conduit et le sentiment de la vérité de tout ce qu'ils
rapportent. C'est d'ailleurs cette même simplicité qui avait brillé en Celui
auquel ils rendent témoignage, lorsque les choses qu'il enseignait ou qu'il
accomplissait, le manifestaient comme la lumière et le pouvoir divin au milieu
des hommes. Mais soit que nous considérions le Fils qui fut l'acteur de toutes
ces scènes bénies, ou que nous ayons affaire avec le Saint Esprit qui nous les
rapporte, nous pouvons être certains que c'est Dieu qui amène tout près de nous
cette personne glorieuse.
Dans les évangiles, les divers caractères du Seigneur Jésus
sont mis en relief. Nous l'y voyons Dieu et homme dans une seule personne et,
toutefois, sans confusion de nature. Un, dans la gloire éternelle, avec le Père
et le Saint Esprit, et cependant véritablement, ici-bas, le fils de Marie, «né
de femme», avec un corps formé dans le sein de la vierge. De sorte que nous
pouvons le contempler successivement comme Fils dans le sein du Père; — Parole
faite chair et manifestant Dieu; — Fils de Dieu, Christ, Fils de l'homme, Fils
de David, Jésus de Nazareth, Serviteur, Envoyé, Sanctifié, Donné de Dieu,
Scellé du Père, Agneau et, enfin, ressuscité, élevé au ciel et glorifié.
C'est avec de tels titres et sous de tels caractères que les
évangiles nous le présentent.
Quant aux milieux dans lesquels il s'est trouvé, avec une
vie aussi remplie que la sienne, ils sont des plus divers: il fut toujours
étranger et solitaire ici-bas et pourtant nul ne fut plus accessible. Tandis
que l'état d'esprit des conducteurs religieux des Juifs l'obligeait à être en
lutte avec eux, il enseignait le peuple, il conseillait, avertissait et
instruisait les disciples qui le suivaient, et plus particulièrement encore les
douze; pour les âmes, individuellement, il manifestait un intérêt personnel,
intime et vivifiant, connaissant tous les hommes et sachant ce qu'il y avait
dans l'homme. Il connaissait les dispositions des pharisiens, des sadducéens,
des hérodiens, et avait toujours des paroles appropriées à leur état d'âme. Il
eut à répondre à toute espèce de personnes, à guérir toutes sortes de maladies,
à faire face à tous les besoins, à toutes les infirmités, à toutes les
situations les plus variées qui se présentaient à lui inopinément et
sollicitaient son intervention. Sa vie tout entière se dépensait en faveur de
tous ceux qui étaient fatigués et chargés autour de lui, dans ce monde.
C'est dans de tels milieux que nous le contemplons.
Parfois aussi nous le voyons méprisé, dédaigné, épié et haï,
obligé de se cacher comme s'il avait à garantir des attaques de l'ennemi une
vie que nul ne pouvait cependant lui ôter sans sa volonté.
Dans d'autres moments, il nous apparaît faible, suivi
seulement par les pauvres du troupeau, fatigué, ayant faim, assisté par
quelques saintes femmes qui savaient tout ce qu'elles lui devaient, ou bien il
se présente à nous dans toute la tendresse de son coeur
ému de compassion envers les foules et plein de sollicitude pour ses disciples.
Mais, en contraste avec ces caractères de douceur et de
débonnaireté, nous le voyons aussi exerçant une puissance divine, accomplissant
des miracles, commandant à la création, dominant le royaume de la mort et les
puissances du monde invisible.
C'est ainsi qu'il est placé devant nous par les quatre
évangélistes, et nous pouvons bien dire: «Celui qui est descendu est le même
que celui qui est aussi monté au-dessus de tous les cieux, afin qu'il remplît
toutes choses» (Ephésiens 4: 10).
Lassé du chemin, au bord du puits de Sichar, il demande un
verre d'eau de la main d'une étrangère, quoiqu'il puisse changer l'eau en vin
pour l'usage des autres. Celui qui peut marcher sur la mer se rend débiteur
d'un pêcheur pour utiliser son bateau quand la foule accourt et le presse. En
chemin, avec deux de ses disciples, le Rédempteur, le Vainqueur de la mort,
passe comme un pauvre voyageur disposé à aller plus loin tant qu'il n'est pas
invité à entrer dans l'habitation des autres. Et pourtant, déjà, dans le cours
de son ministère, il pouvait faire valoir son titre de «Seigneur» pour réclamer
un ânon, et déclarer que la place de droit du Fils de l'homme était à la droite
de la puissance, avec les nuées du ciel pour char (Matthieu 26: 64).
Le monde ne pourrait pas contenir les livres qui seraient
écrits sur ce que Jésus a fait; mais ce qui nous en a été rapporté l'a été pour
notre bénédiction, afin que nous puissions le connaître, l'aimer et nous confier
en Lui.
Ses gloires sont de trois sortes: une gloire personnelle,
une gloire officielle et une gloire morale.
Il voilait sa gloire personnelle, sauf là où la foi savait
la découvrir, ou quand une occasion exceptionnelle la faisait ressortir.
Il voilait également sa gloire officielle, il n'allait pas
de lieu en lieu comme le Fils de Dieu qui est dans le sein du Père, ni avec
l'autorité du Fils de David. Ces gloires-là étaient habituellement cachées
quand il traversait, jour après jour, les circonstances diverses de la vie.
Mais sa gloire morale ne pouvait être cachée. Il ne pouvait
être autrement que parfait quand il agissait ou parlait. La gloire morale était
liée à sa Personne; elle était lui-même. Son excellence même la rendait trop
éclatante pour le regard de l'homme; l'homme se trouvait continuellement repris
par elle; mais que l'homme pût ou non la supporter, elle était là, et
maintenant elle illumine chaque page des quatre évangiles, comme elle illumina
jadis chacun des sentiers dans lesquels le Seigneur a marché ici-bas.
Mais outre cette gloire morale qui a toujours brillé en Lui,
nous le voyons allant de gloire en gloire tout le long de son chemin, depuis la
crèche jusqu'au ciel, et les évangélistes nous rendent capables de suivre la trace
lumineuse qu'il y a laissée.
A sa naissance, il vient dans la gloire d'une humanité sans
tache. Il était «né de femme», né dans le monde, mais il était «la sainte
chose», semblable à nous en toutes choses, sauf le péché. Et ainsi, nous voyons
dans sa personne la pleine gloire d'une nature humaine parfaite.
Pendant son enfance et sa jeunesse, pendant tout le temps où
il était soumis à ses parents, à Nazareth, ce fut la gloire de la loi qu'il
refléta. Parfait sous la loi de Moïse, il croissait en faveur auprès de Dieu et
des hommes. Moïse, en son temps, porta la gloire de la loi sur son visage; mais
il la porta seulement d'une manière officielle et représentative. Il ne pouvait
la refléter d'une manière essentielle et personnelle, car lui-même ne gardait
pas la loi. Il ne le pouvait pas. Aussi bien que le plus faible Israélite dans
le camp, il trembla quand il l'entendit. Mais Jésus la gardait et ainsi,
essentiellement et personnellement, il en était, en esprit, le reflet. Il était
le type vivant de la perfection que la loi demande.
Au temps convenable, cependant, il dut laisser les solitudes
de Nazareth. Il fut baptisé, prenant la nouvelle place à laquelle la voix de
Dieu appelait Israël. En cela, il accomplit «toute justice», cette
justice que Dieu demandait de tous.
Ici, nous devons nous arrêter un instant. Quoique associé,
en grâce, aux disciples de Jean, il ne reste pas dans cette position. Il en
sort aussitôt. Son baptême fut, en effet, plutôt accompagné que suivi par son
onction, ou ce que nous pourrions appeler son ordination, c'est-à-dire son
service de la part du Père, sous la direction du Saint Esprit; car nous lisons:
«Et Jésus, ayant été baptisé, monta aussitôt, s'éloignant de l'eau; et
voici, les cieux lui furent ouverts, et il vit l'Esprit de Dieu descendant
comme une colombe, et venant sur lui. Et voici une voix qui venait des cieux,
disant: Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai trouvé mon plaisir» (Matthieu
3: 16, 17).
C'est là une chose importante. Jésus ne pouvait pas un seul
instant être effacé devant Jean. Aucun fruit de repentance ne pouvait être
exigé de Celui qui était déjà parfait selon la loi. Il vint au baptême, parce qu'il
voulait accomplir toute justice; mais il ne pouvait être confondu avec les
autres baptisés, parce qu'aucun «fruit de repentance» ne pouvait être demandé
de lui. Comme il montait de l'eau, les cieux s'ouvrirent sur lui, le Saint
Esprit descendit, et une voix dit: «Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui
j'ai trouvé mon plaisir». Ce fut, si j'ose le dire, sa gloire dans cette
économie caractérisée par Jean, gloire remarquable en vérité chez celui qui,
plus que Noé, était parfait parmi ceux de son temps.
Alors, comme oint et envoyé, il entra dans son service. Et
ce n'est plus simplement à Nazareth, mais dans tout le pays. L'homme
parfaitement obéissant, respectant la loi jusque dans un iota et un trait de
lettre, va maintenant manifester le Père dans sa divine bonté au milieu des
misères d'un monde ruiné. La gloire de l'image du Père resplendira en
Lui, dans le ministère qu'il va accomplir.
Et ce ne fut pas simplement comme parfait sous la loi qu'il
se montra lui-même au monde. Il garda la loi pour lui-même, mais ne l'exigea
pas des autres. S'il l'eût fait, il eut été un législateur comme Moïse, mais,
tandis que la loi fut donnée par Moïse, «la grâce et la vérité vinrent par
Jésus Christ». Dans son isolement à Nazareth, il porta sur lui la gloire de la loi;
mais au dehors, au milieu des ruines accumulées par l'homme, il porta la gloire
du Père, déployant le caractère divin là où il n'y avait que besoin et
indignité, bien qu'étant toujours l'homme obéissant et aussi parfait que
jamais, quant à la loi. Mais celui qui le voyait, voyait Celui qui l'avait
envoyé.
Tel fut Jésus dans son ministère actif et vivant.
Nous le contemplons ensuite comme le Jésus mort, ressuscité
et élevé dans la gloire. Par sa mort, tout ce qui pouvait établir la justice de
Dieu en justifiant le pécheur fut maintenu. La croix reflète les gloires
réunies de la miséricorde et de la vérité, de la justice et de la paix. Son
langage est gloire à Dieu, paix au pécheur. La gloire morale y brille
pleinement, lorsque Dieu pardonne et accepte le plus vil pécheur. Le voile du
temple fut déchiré alors, et les sépulcres des saints furent ouverts.
Désormais, c'est une question de justice pour Dieu de justifier le pécheur qui
s'appuie sur l'oeuvre de la croix, quoique ce soit
aussi le fruit des richesses éternelles et illimitées de sa grâce. Ainsi la
gloire de Dieu brille maintenant dans la face de Celui qui a été mort et qui
est ressuscité, dans la face du Crucifié, assis désormais à la droite de la
majesté dans les cieux.
Je puis donc répéter que c'est de gloire en gloire que nous
voyons le Seigneur parcourir tout le chemin merveilleux et varié qui le
conduisait de la crèche au ciel. La gloire de la nature humaine brilla
dans sa personne quand il naquit de la vierge; la gloire de la loi
brilla dans sa conduite et dans toutes ses voies, alors que soumis à ses
parents, il avançait en sagesse, en stature et en faveur pendant les trente
années de sa solitude à Nazareth; la gloire de l'accomplissement de toute
justice brilla dans son passage momentané sous le baptême de Jean; la
gloire du Père brilla dans son ministère au travers des villes et des
villages d'Israël et, enfin, la gloire de Dieu brille maintenant «dans
la face de Jésus Christ» ressuscité, monté au ciel, et assis dans les lieux
célestes après sa crucifixion et sa mort.
Et, à propos de son ascension, je puis rappeler ce qu'un autre
a dit en la comparant avec l'enlèvement d'Elie, savoir que le Seigneur n'eut
pas besoin d'un chariot de feu et de chevaux de feu, impliquant une sorte de
purification par ce baptême de feu, mais dans le calme sublime de sa propre
puissance personnelle, il fut élevé de la terre avec son corps humain et entra
dans les lieux célestes.
Mais, en outre, les évangélistes nous donnent des exemples
des gloires qui l'attendent au jour prochain de la manifestation de sa
puissance. La transfiguration, l'entrée à Jérusalem, le désir des Grecs de voir
Jésus, sont autant de scènes qui nous montrent divers aspects du royaume, et y
font briller Ses gloires. Les cieux et la terre, depuis la gloire du trône, en
haut, jusqu'à Israël et Jérusalem, en bas, avec tous les gentils rassemblés des
quatre vents des cieux, viennent ici lui rendre témoignage selon leurs
caractères et leurs capacités.
A la transfiguration, nous voyons Jésus reconnu par les
lieux célestes, recevant là ces honneurs que l'on sait lui être dus et que ce
milieu seul pouvait lui conférer. Il est, ici, glorifié de la gloire qui
appartient à l'Etre céleste. Ses vêtements, aussi, sont imprégnés et inondés de
la lumière céleste. Les personnages glorieux qui appartiennent à ce royaume
apparaissent pour former son cortège. Moïse et Elie sont de chaque côté de Lui,
mais Jésus, comme le soleil, est le centre ou la source de gloire qui les
enveloppe tous.
C'est là sa perfection, et c'est sa gloire dans les cieux.
Dans cette scène, il est glorifié et vu comme le Seigneur dont les pans de la
robe remplissent le temple (Esaïe 6: 1).
A son entrée à Jérusalem, nous le voyons reçu par Israël et
acceptant, en quelque sorte, les honneurs que la nation devait à son Roi. Le
propriétaire de l'ânesse reconnaît son droit suprême de Seigneur. Et si les
foules ne peuvent pas faire resplendir de gloire ses vêtements, comme les cieux
l'avaient fait peu auparavant, elles peuvent au moins étendre les leurs sous
ses pieds, l'entourer et l'acclamer avec les joies d'une fête des tabernacles.
Il n'y a pas ici de personnages glorieux pour l'attendre,
pour sortir de leurs demeures célestes et venir l'accueillir et l'honorer, mais
ses compatriotes le salueront comme leur Roi.
Et les Grecs, les représentants des nations, qui étaient
montés pour adorer pendant la fête, sont prêts à le reconnaître comme le
Seigneur de la fête, conformément à la prophétie de Zacharie (8: 20-23; 14:
17). Il est vrai que le Seigneur refuse ces hommages, parce que son heure
n'était pas encore venue. Pour le moment, il devait être «le grain de froment
tombant en terre» (Jean 12), plutôt que la gerbe du jour de la moisson;
néanmoins, cette scène nous montre les Grecs prêts, les nations à leur juste
place, comme le ciel s'était montré prêt pour le jour du Fils de David.
Mais cette scène ne fut qu'une disposition d'un moment, une
excitation passagère. Les foules et leurs conducteurs ne tardent pas à renier
Jésus, et la croix nous montre l'inimitié des nations associée à l'incrédulité
d'Israël. Et cependant les gloires du Seigneur ont ainsi brillé dans ces
diverses circonstances, afin que nous puissions les recueillir comme les gages
ou les prémices de ce qui lui est réservé au jour où les cieux et la terre, de
même que toute la création de Dieu, chacune dans sa sphère, proclameront ce
qu'il est, et acclameront sa présence dans un monde digne de Lui.
N'est-ce pas là la bienheureuse espérance des coeurs
qui lui sont attachés?
Nous ne savons pas envisager ces gloires comme nous le
devrions en présence des pages inspirées où les évangélistes nous les
présentent. Nous ne savons pas contempler cette «Image de Dieu» (2 Corinthiens
4: 4) avec la foi simple qu'elle demande. Nous avons nos propres pensées sur
Dieu, et il ne peut en résulter qu'une perte pour nos âmes. L'apôtre Paul
pouvait, lui, parler de la valeur de cette Personne. Il pouvait dire comment
cette gloire de Dieu, dans la face de Christ, reluisait dans son coeur, comme Dieu avait fait resplendir autrefois la
lumière au sein des ténèbres de la création. Nous ne devrions pas permettre
plus longtemps à nos coeurs de conserver leurs
propres pensées ou leurs propres sentiments, alors que cette «Image de Dieu»
doit être l'unique objet et le repos de nos âmes.
Or n'est-ce pas le but du Saint Esprit dans les apôtres, de
former cette image dans les coeurs, soit qu'ils
s'adressent aux pécheurs par la prédication, soit qu'ils enseignent les saints
dans leurs épîtres, présentant et développant ce qu'est ce Jésus que les
évangiles mettent devant nous. Sûrement, Jésus est tout, et tout l'enseignement
de la Parole a pour but de nous amener pratiquement à ce qu'il soit tout pour
nous. Rien n'est laissé à nos propres spéculations, absolument rien.
Nous avons en lui, Dieu lui-même révélé dans notre propre
nature, dans notre propre monde, dans nos propres circonstances. Les rois et
les prophètes pouvaient bien envier un tel privilège, mais il ne leur fut pas
accordé. Il nous appartient, à nous, et il est d'un prix inestimable. Nous ne
sommes pas appelés à déduire la connaissance de Dieu d'une sorte de description
qui pourrait nous en être faite indirectement, non, nous avons une
manifestation personnelle pour que nous voyions, que nous écoutions et que nous
apprenions ce qu'il est et qui il est. Nous nous arrêtons devant son image, son
empreinte, dans le Seigneur Jésus. L'Evangile est l'Evangile de la gloire du Christ
qui est l'image de Dieu. L'Ecriture, si je puis parler ainsi, nous montre Dieu
lui-même par ses actes, et n'emploie aucune autre méthode de description. Il
n'a pas même confié la révélation de lui-même à une description inspirée. Il a
voulu, par grâce, être lui-même son propre Révélateur dans une action
personnelle et vivante, par ses propres paroles et ses propres actes, ce qui
est le moyen le plus sûr et le plus simple de se faire connaître, le vrai
chemin dans lequel le voyageur et même l'insensé ne s'égarent pas (Esaïe 35: 8),
et la vraie leçon qu'un enfant peut retenir sans se tromper.
En rapport avec cette manifestation directe de Dieu, nous
voyons le Seigneur, durant sa vie ici-bas, dans une activité continuelle. Il y
a une signification profonde dans cette activité. Par son moyen, il plaçait
constamment Dieu ou le Père devant les pécheurs, et la diligence qu'il y
apportait, en paroles ou en oeuvres, nous montre que
son désir était que nous apprissions beaucoup de Dieu, que nous fissions
une ample connaissance avec Lui, au moins dans tout ce que cette connaissance a
de bon, de doux, de profitable pour nous, en tant que s'adaptant à nos besoins
et tendant à notre bénédiction.
Dieu ne s'apprend pas par des traités ou des discours, mais
bien par des exercices personnels dans nos propres circonstances de chaque
jour; aussi, plus nous sommes simples, plus nous ressemblons à l'enfant qui
apprend sa leçon et ne la discute pas; plus nous pouvons être sûrs de le trouver,
de le connaître et de le comprendre.
Je vous demande, bien-aimés, est-ce que cette image, cette
gloire, telle qu'elle brille dans la face de Jésus, peut vous alarmer? Est-ce
que les pécheurs devraient la traiter, comme Israël traita la gloire qui
brillait dans la face de Moïse? Est-ce que les pauvres coupables, convaincus de
péché, avaient besoin que Jésus mit un voile sur sa face, comme Aaron et les
enfants d'Israël le demandaient à Moïse? La Samaritaine fut convaincue de péché
comme jamais le Sinaï n'eût pu le faire. Jésus avait dévoilé tous les secrets
de sa conscience; mais cherchait-elle à se cacher? La femme adultère, dans le
temple, est devant Jésus comme une femme qui doit être lapidée selon la loi, se
cache-t-elle? Trouve-t-elle insupportable ou intolérable cette lumière qui a
rempli le temple et l'a, en même temps, vidé de tous ses accusateurs?
Et je demande encore, est-ce que les disciples qui
marchaient avec lui chaque jour, tremblaient devant lui? Désiraient-ils qu'il
s'éloignât, comme si sa présence eût été trop pour eux? Rien de pareil. Ils
étaient affligés quand il parlait de son départ, et quand ils crurent l'avoir
perdu, les anges les trouvèrent en pleurs. Jamais ils ne marchèrent avec lui
comme s'ils eussent désiré qu'il mît un voile sur son visage, pas même
lorsqu'ils devaient recevoir ses remontrances. Celles-ci, quelque sévères
qu'elles fussent parfois, n'avaient jamais pour eux le caractère des tonnerres
du Sinaï. Ils éprouvaient la sainteté de sa présence et pouvaient être honteux
de voir les secrets de leurs coeurs manifestés, mais
ils ne désirèrent jamais son absence.
Quel privilège! Quelle consolation!
Nous pouvons très bien nous rendre compte qu'il est
plus facile de recevoir chez soi un personnage de distinction que d'aller le
voir chez lui, et aussi qu'une visite préalable de sa part est certainement le
meilleur moyen de nous préparer nous-mêmes à le voir dans son propre milieu et
dans ses propres circonstances, tellement différentes des nôtres. Il en est
ainsi entre le Seigneur et nous. Qui peut dire le prix d'un tel privilège? Il a
été avec nous, dans nos circonstances, comme le Fils de l'homme «mangeant et
buvant», s'abaissant à notre niveau en grâce, comme quelqu'un qui veut gagner
notre confiance. Il marchait et parlait avec nous, comme un homme le ferait
avec son ami. Il nous a connus face à face. Il a été dans notre maison. Et,
après sa résurrection, bien qu'il n'ait pas repris sa place dans notre maison
ou dans notre monde, cependant il est revenu vers nous. Il était en chemin pour
se rendre dans sa demeure glorieuse et il s'est, en quelque sorte, attardé dans
la nôtre pour fortifier les liens qui devaient nous unir à Lui là-haut. Ainsi,
après comme avant sa résurrection, il est le même pour nous. Un changement de
condition n'a aucun effet sur son coeur, grâces lui
en soient rendues. Cela nous est montré surabondamment par ce qui nous est dit
de Lui avant ses souffrances ou après sa résurrection. Les derniers événements
avaient mis le Seigneur et ses disciples dans une condition extérieure de
séparation sans égale. Les disciples avaient montré vis-à-vis de leur Maître la
plus complète infidélité; ils l'avaient abandonné et s'étaient enfuis à l'heure
de sa faiblesse et du danger, alors que Lui, par amour pour eux, allait
traverser la mort et goûter le jugement de Dieu contre le péché. Maintenant la
résurrection les trouve simplement comme de pauvres Galiléens, tandis que leur
Maître est glorifié et revêtu de toute autorité dans les cieux et sur la terre.
Et pourtant rien n'est changé dans le coeur du
Seigneur. «Ni hauteur, ni profondeur, ni aucune autre créature», ne pouvait le
faire. Il revient à eux, le même Jésus qu'il avait été auparavant. Il leur
montre ses mains et son côté pour les convaincre que c'est bien lui-même. Oui,
nous pouvons dire qu'il leur montre son coeur, ses
pensées, ses voies, ses sympathies, son intérêt et toutes ses affections, afin
qu'ils puissent bien reconnaître que c'est lui-même qui est devant eux.
Je n'ai pas besoin de citer, à l'appui de cette affirmation,
ce que nous rapportent les évangélistes, cela ressort notamment des derniers
chapitres de Luc et de Jean, si nous les considérons attentivement. Mais si je
puis, pour un moment, franchir la limite des récits évangéliques, et considérer
le Seigneur glorifié dont nous parle le livre des Actes, nous y trouvons
identiquement la même chose. Le Jésus au cours de son ministère terrestre, le
Jésus ressuscité et le Jésus glorifié, sont un seul et même Jésus. Du haut des
cieux, ne prend-il pas plaisir à se nommer lui-même de ce nom qu'il a acquis
parmi nous et pour nous, nom qui le fait nôtre par les liens de la nature
humaine qu'il a revêtue et par les liens d'une grâce et d'un salut pleinement accomplis?
«Je suis Jésus», telle fut sa réponse, du lieu le plus élevé dans les cieux, à
la question que Saul lui posait sur le chemin de Damas: «Qui es-tu, Seigneur?»
Que dirons-nous, bien-aimés, de la condescendance, de la
fidélité, de la grandeur, de la simplicité, de la gloire et de la grâce tout ensemble qui ont caractérisé sa marche au milieu de
nous? Nous savons ce qu'il est en ce moment et ce qu'il sera toujours, en
considérant ce qu'il a déjà été, tel qu'il nous apparaît dans les quatre
évangiles. Et ainsi, nous sommes rendus capables de le contempler librement
aujourd'hui, dans son milieu actuel, au sein de la gloire. Nous ne sommes plus
des étrangers dans ce milieu, alors que Lui a été étranger dans le nôtre.
Il est «le même, hier, aujourd'hui et éternellement» dans sa
propre gloire personnelle. Pour lui aussi, il n'y a «pas de variation ou
d'ombre de changement», selon sa nature divine essentielle. Il en est de même
dans la connaissance qu'il a de nous, dans ses relations avec nous, ses
affections pour nous, et ses voies envers nous.
Après qu'il fut ressuscité et qu'il fut revenu vers ses
disciples, il ne leur rappela jamais leur abandon. Ceci nous dit ce qu'il est.
«Je ne connais personne», a dit un autre, «d'aussi bon, d'aussi condescendant,
qui soit venu comme lui vers de pauvres pécheurs. Je me confie en son amour
plus que dans celui d'aucun saint, non pas seulement à cause de sa grandeur
comme Dieu, mais à cause de la tendresse de son coeur
comme homme. Personne n'a jamais possédé, montré ou prouvé un amour tel que le
sien. Nul ne m'a inspiré une telle confiance. Que d'autres s'adressent aux
saints ou aux anges, s'ils le veulent, moi, je me confie davantage en Jésus».
Ceci n'est qu'un rayon de la gloire morale qui brillait en
Lui. Quelle scène à contempler si nous pouvions la voir dans toute son étendue!
Qui aurait pu concevoir un tel objet? Il a fallu qu'il fût manifesté avant
qu'il pût être décrit. Mais tel fut ce Jésus qui, pendant les jours de sa
chair, marcha ici-bas dans la plénitude d'une gloire sans nuage, dont les
rayons ont été gravés par le Saint Esprit dans les pages sacrées des évangiles.
Quelle attraction ne devait-il pas y avoir en Lui pour l'oeil et le coeur ouverts par le
Saint Esprit! Cela nous est montré chez les apôtres. Au point de vue de
l'intelligence spirituelle, ils ne connaissaient que bien peu de chose de Lui,
et dans leurs intérêts matériels, ils ne gagnaient rien à rester avec Lui; et
cependant, ils s'attachaient à Lui. On ne peut pas dire que c'était pour ce qui
leur revenait de sa puissance et de ses miracles. Ils en étaient plus étonnés
qu'ils n'en profitaient. Et nous croyons pouvoir dire qu'ordinairement, il
n'exerçait pas sa puissance en leur faveur; cependant, ils étaient là avec lui
et avaient, pour lui, abandonné leur parenté et leur position sur la terre.
Quelle influence devait avoir sa personne sur des âmes que le Père attirait à
lui!
Cette influence, cette attraction, étaient ressenties par
des hommes ayant les caractères les plus opposés. Thomas, raisonneur et lent à
croire, Pierre, ardent et spontané, pouvaient être également attirés et gardés
auprès de lui.
Ne pouvons-nous pas nous arrêter avec profit sur de tels
exemples qui nous parlent de sa proximité et de son attrait pour des coeurs tels que les nôtres, et qui sont en même temps pour
nous un gage de ce qui va être notre portion à tous, lorsque, rassemblés de
tous les climats, de tous les milieux et avec les caractères les plus divers
qui puissent se trouver dans la famille humaine, nous serons avec Lui pour
toujours?
Nous avons besoin de le connaître personnellement
mieux que nous ne le faisons. C'est cette connaissance personnelle qui
caractérisait les apôtres aux jours des évangiles, et qui faisait sentir sa
force et son autorité sur leurs âmes. Et c'est ce qu'il nous faut rechercher.
Nous pouvons déployer une certaine activité en vue de nous familiariser avec
les vérités qui le concernent, et même y parvenir en quelque mesure, mais avec
toute notre connaissance, mise en parallèle avec l'ignorance des disciples,
ceux-ci peuvent nous laisser bien loin derrière eux quant à la puissance d'une
affection dominante pour sa personne. Et je ne craindrai pas de dire que ce qui
importe le plus, c'est que le coeur soit engagé avec
Lui et non pas l'étendue de la connaissance doctrinale que nous pouvons
acquérir de Lui. Nous trouvons cela dans quelques âmes simples, mais il n'en
est pas toujours ainsi.
«La prérogative de notre foi chrétienne», a dit quelqu'un,
et ces paroles sont tout à fait de saison aujourd'hui, «le secret de sa force
réside en ceci, que tout ce qu'elle possède, aussi bien que tout ce qu'elle
présente, repose sur une personne. C'est ce qui l'a rendue forte, alors
que tant d'autres choses se sont montrées faibles. La foi chrétienne ne parle pas
seulement de délivrance, mais d'un Libérateur, pas seulement de rédemption,
mais aussi et surtout d'un Rédempteur. C'est la lumière du soleil comparée à
celle de la lune; celle-ci peut être douce, mais elle est froide et sans effet,
tandis que celle du soleil est brillante et pleine de chaleur et de vie.
Combien il est différent de se soumettre à un code de règles plus ou moins
complexes, ou de se réfugier sur un coeur dont on
sent les battements, d'accepter un système ou de s'attacher à une personne! Notre
bénédiction, souvenons-nous-en, réside en ceci, que nos trésors sont concentrés
dans une personne qui n'est pas un maître présent et un Seigneur vivant pour
une génération seulement, alors qu'il serait absent et mort pour les
générations suivantes, mais qui est véritablement présent et vivant pour tous
les temps.
Combien cela est vrai! Celui que nous trouvons toujours
présent et vivant, dans les évangiles, y est ainsi toujours vu et entendu. En
toute occasion, il est le Maître et l'Acteur; et il n'est laissé aux
évangélistes que bien peu ou même rien à expliquer ou commenter. C'est ce qui
donne à leurs récits toute leur simplicité et leur véracité, une véracité qui
s'impose à la conscience.
Il y a encore plus. Dans sa relation avec le monde qui l'entourait,
nous voyons le Seigneur comme vainqueur, affligé ou bienfaiteur. Que de gloires
morales brillent dans un tel ensemble! Il vainquit le monde, repoussant toutes
ses tentations. Il souffrit de sa part en témoignant contre toutes ses
tendances et, néanmoins, il y apporta la bénédiction, dispensant
continuellement les effets de sa grâce et de sa puissance. Les tentations du
monde ne purent en faire qu'un vainqueur, ses souillures et son inimitié qu'un
être souffrant, et ses misères en firent un bienfaiteur. Quelles conséquences!
C'est ainsi que nous voyons notre Seigneur Jésus dans les
évangiles. Nous y trouvons sa personne, ses vertus et son ministère en paroles
et en actes; mais sans sa mort, il n'y aurait rien eu pour nous.
Dans le lieu appelé Golgotha, ou sur le chemin qui de
Gethsémané y conduisait, nous voyons «la grande crise», comme nous pouvons bien
la nommer, où tous les acteurs sont manifestés avec leurs caractères divers, et
où tout est divinement réglé, qu'il s'agisse de répondre et de donner
satisfaction aux besoins du pécheur, de mettre à découvert l'action de Satan,
ou de révéler et de glorifier Dieu. Quel lieu, quel moment, que celui qui nous
est ainsi représenté et rappelé par les évangélistes, chacun dans la forme qui
lui est propre.
L'homme y est vu, prenant sa place et jouant son rôle
selon sa méchanceté et son indignité. On le trouve là dans les conditions
sociales les plus variées, Juif ou gentil, barbare ou civilisé, occupant une
position civile ou une position ecclésiastique, gens du dedans ou du dehors,
privilégiés ou déshérités, et, dans toute cette variété, ne recueillant que la
honte.
Pilate, le gentil, occupe le siège de l'autorité civile.
Mais là où nous devrions trouver la justice, nous voyons l'oppression. Pilate
ne portait pas l'épée en vain et, ici, il l'emploie pour la punition de celui
qui faisait le bien. Il condamne Celui qu'il a reconnu «juste», et duquel il a
dit: « Je ne trouve aucun crime en lui», et les soldats qui servent sous ses
ordres partagent et même exagèrent cette iniquité.
Les scribes et les sacrificateurs du peuple juif, l'autorité
ecclésiastique d'alors, cherchent de faux témoignages, et la foule qui les
entoure est d'un même sentiment avec eux, élevant la voix contre Celui qui,
pendant tous les jours de son ministère, avait répondu à leurs besoins et à
leurs peines.
Ceux qui passaient par là, de simples passants sur la route,
des hommes de rien peut-être, l'injurient, donnant cours à leur haine
impuissante, comme autant de Shimhis aux jours de
David. Et les disciples, qui avaient été si près de lui et si privilégiés,
participent à la corruption générale et s'associent à cette scène de honte,
abandonnant lâchement leur Seigneur à l'heure du danger, quand il avait demandé
à quelques-uns de veiller avec lui.
Dans tout ceci, l'homme se montre indigne. Dans cette
variété de conditions, tout aboutit à sa honte en face de la création, lorsque
se produit cette crise, dans ce moment solennel où l'homme, pour la dernière
fois, est mis à l'épreuve. La femme avec son vase de parfum ne fait pas
exception, car sa foi était l'oeuvre de Dieu et,
quelque merveilleux que soit le souvenir qui en a été conservé dans le monde
entier, cependant la gloire en revient à Dieu, et à Dieu seul par le Saint
Esprit.
Satan, aussi bien que les hommes, se montre dans
cette grande crise. Il trompe, puis il détruit. L'homme, son captif, devient sa
victime, il le tue par le piège même qu'il lui avait tendu, l'hameçon est sous
l'appât, comme cela a toujours lieu de sa part. Le péché que nous consommons
perd son charme au moment où il est accompli et devient alors le ver qui ne
meurt pas. L'or et l'argent sont rongés, et leur rouille les dévore comme si
c'était du feu. C'est ainsi que furent les trente pièces d'argent, dans les
mains de Judas, le captif et la victime de Satan.
Jésus est, lui, manifesté dans cette scène avec ses
vertus et ses victoires. Ses vertus dans toutes ses relations, et ses victoires
sur tout ce qui s'opposait à Lui dans son chemin. Quelle patience déployée dans
le support de ses faibles et égoïstes disciples! Quelle dignité et quel calme
en répondant à ses adversaires! Quel dévouement et quelle obéissance à la
volonté du Père! Telles étaient ses vertus dans ce chemin parcouru depuis le
moment où il était à table avec ses disciples, jusqu'au moment où il expirait
sur la croix. Et que dire de ses victoires. Le captif devient le Conquérant
comme l'arche dans le pays des Philistins. Il a ôté le péché et aboli la mort.
Son nom est «le Victorieux» qui a été seul à la bataille.
Dieu est ici, Dieu lui-même, et de la manière la plus
marquée. Il entre en scène lorsque les ténèbres couvrent la terre. Il accepte,
là, le sacrifice de l'Agneau qui avait dit: «Voici, je viens». Ayant accepté
cette victime, il ne pouvait pas être question de miséricorde envers elle. Si
Jésus est fait péché pour nous, il doit subir un jugement complet, sans aucune
atténuation. Les ténèbres en sont l'expression. C'est le moment où Dieu, ayant
accepté la substitution, agit envers notre Substitut selon toute la rigueur de sa
justice.
Alors, quand le sacrifice fut accompli, et que Jésus eut
donné sa vie, que le sang de la Victime eut coulé et que tout fut consommé,
Dieu, par une autre figure, reconnaît le parfait accomplissement de l'oeuvre, la plénitude de l'expiation et la perfection de la
réconciliation: le voile du temple est déchiré depuis le haut jusqu'en bas.
Celui qui est assis sur le trône, qui juge en justice, et qui connaît à fond ce
qu'est le mal et ce qui peut y faire face, donne par ce moyen un témoignage éclatant
à la satisfaction profonde et ineffable qu'il trouve dans la perfection de
l'acte qui vient d'être consommé à Golgotha.
Quelle part que celle que Dieu prend ainsi lui-même dans
cette grande crise, la plus solennelle de toutes, où tout est mis à sa place
pour l'éternité.
Mais il y a plus encore. Nous trouvons à la croix les anges,
le ciel, la terre, l'enfer, le péché, la mort, et aussi le monde.
Les anges sont ici les témoins de ces choses et
contemplent de nouvelles merveilles.
Le ciel, la terre et l'enfer sont ici comme
attendant l'issue de cette oeuvre qui est annoncée
par les rochers fendus, les sépulcres ouverts, la terre ébranlée, et le ciel
obscurci.
Le péché et la mort sont éloignés, mis de côté
et vaincus, le voile déchiré et le sépulcre vide publient ce triomphe.
Le monde apprend son jugement en ce que la pierre
scellée est roulée du sépulcre, et que les gardiens sont obligés de porter en
eux-mêmes la sentence de mort.
Nous pouvons bien appeler une telle scène «la grande crise»,
le moment le plus solennel dans l'histoire des voies de Dieu envers ses
créatures. Un ensemble étonnant d'acteurs et d'actes: Dieu et Jésus, l'homme et
Satan, les anges et le ciel, la terre et l'enfer, le péché et la mort, de même
que le monde, tous occupent leur place soit dans la honte, la défaite et le
jugement, soit dans les vertus, les triomphes et les manifestations en gloire.
C'est ce que chacun des évangélistes nous présente au point de vue qui lui est
propre, conduit par le Saint Esprit. Il n'y a là aucune place pour nos propres
spéculations. Nous n'avons qu'à recueillir les leçons qu'ils nous donnent en
vue de résultats assurés et éternels.
Et de même que je me suis un peu étendu sur le caractère de
la croix, je voudrais aussi dire un mot du sépulcre vide.
Une mort victorieuse, c'est-à-dire la résurrection d'entre
les morts, est le grand secret de toutes les voies de Dieu. Il fut annoncé déjà
dans la première promesse, car la parole adressée au serpent, en Genèse 3,
portait sur la mort de Christ et sur la victoire qui devait en résulter. Celui
qui devait être partiellement brisé devait détruire à jamais le serpent dans
toute sa vitalité.
Le sacrifice d'Abel, ainsi que tous les sacrifices, aussi
bien au temps des patriarches que sous la loi de Moïse, parlaient de la
nécessité et de l'efficacité de la mort, d'une mort victorieuse, méritoire et
expiatrice.
La foi d'Abraham avait saisi ce même mystère. C'était la foi
en Celui qui ressuscite les morts, la foi-type, car il est appelé le père de
tous les croyants.
Parmi les nombreuses voix des prophètes, le 53ème chapitre
d'Esaïe, si connu de tous, annonce le même mystère, car il nous parle des
gloires de la sainte Victime qui ne peuvent découler que d'une mort
victorieuse.
Dans son enseignement, le Seigneur lui-même anticipe sa mort
en victoire, entretenant ses disciples de sa résurrection d'entre les morts,
de ce troisième jour où il devait relever le temple de son corps (Jean 2).
La femme qui oignit son corps en vue de sa sépulture nous
donne, de son côté, une expression de foi dans le même mystère. Elle croyait
qu'il mourrait et serait enseveli, mais qu'il passerait au travers de la mort
comme un vainqueur et que, par ce moyen même, il serait conduit à son onction
en gloire. Elle comprit le mystère de la mort victorieuse ou de la résurrection
d'entre les morts sur lequel repose tout l'Evangile. C'est pourquoi le Seigneur
dit à son sujet que partout où l'Evangile serait prêché, son acte, sa
foi, serait rappelé en mémoire d'elle. Il en fit une foi-type, comme avait été
celle d'Abraham.
Plus tard, les épîtres développèrent ce même mystère,
montrant la mort et la résurrection du Seigneur Jésus comme la base même de
l'Evangile.
Ainsi, de tout temps, la mort victorieuse de Jésus a été
envisagée. Sans ce grand fait, la rédemption était impossible, avec lui, elle
ne pouvait pas ne pas être.
Le péché et Christ se rencontrent, puis-je dire, dans les
plaines de la mort. Le péché est l'aiguillon ou l'exécuteur de la mort. Christ
en est le vainqueur ou le destructeur. Ils se rencontrent, et le résultat
certain est la disparition du péché et la libération de celui qui en était
l'esclave.
La résurrection des morts, considérée dans son caractère
général, comme s'appliquant à tous les corps qui sont dans les sépulcres, ne
serait pas à proprement parler une victoire. Au dernier jour, les morts devront
sortir de leur poussière pour le jugement, comme ceux qui ne sont pas écrits au
livre de vie de l'Agneau, mais c'est la résurrection d'entre les morts
qui est l'expression de la victoire. C'est ce qui caractérise la rédemption, et
assure ce grand résultat que «quiconque invoquera le nom du Seigneur sera
sauvé», car ce Seigneur, c'est Jésus en résurrection, celui qui a ôté le péché
et a aboli la mort (voyez Romains 10: 13).
La résurrection du Seigneur Jésus est un grand fait.
Que nous le retenions ou que nous le négligions, il existe et ne peut être mis
de côté. Nous ne pouvons pas échapper aux conclusions qu'il comporte pour
nous-mêmes. Il a une portée à laquelle aucun de nous ne peut se soustraire,
qu'il le veuille ou non. Cette résurrection a différents effets et un double
aspect quant à sa force et à sa signification, et chacun est intéressé à
connaître ce qui en découle pour lui-même, mais dans tous les cas, le fait
subsiste et nul ne peut l'éluder. Jésus ressuscité et glorifié est placé
au-dessus de nous et devant nous, comme le soleil est placé dans les cieux, et
la création de Dieu a affaire avec lui.
Et qui pourrait chasser le soleil du firmament?
La gloire était dans la nuée quand les Israélites
traversaient le désert; le peuple ne pouvait l'ignorer et devait en subir
l'influence, quelle que fut sa condition. Elle pouvait les conduire avec joie
s'ils étaient obéissants ou bien, dans le cas contraire, les reprendre et les
juger, mais la nuée était là au-dessus d'eux et devant eux; et je répète qu'ils
ne pouvaient pas éluder son influence, quel que fut leur état.
Il en est de même quand nous envisageons les prophètes
envoyés de Dieu au milieu du peuple. Ils sont là, et que le peuple écoute ou
qu'il n'écoute pas, il doit savoir que les prophètes ont été envoyés. Nul ne
peut nier le fait ou en éluder la conséquence.
Ainsi aussi quant à Christ dans le monde, aux jours de sa
chair. C'était un fait. Satan devait le reconnaître comme tel et comme
s'appliquant à lui-même. L'homme devait recevoir par lui la bénédiction, ou
bien voir sa culpabilité et son jugement aggravés. Le royaume de Dieu s'était
approché et l'homme, quelles que fussent ses dispositions, en était rendu
responsable.
Le grand fait de la résurrection se présente aujourd'hui de
la même manière. Jésus est ressuscité et exalté. Il est monté en haut et
glorifié. Nous ne pouvons pas davantage échapper à l'application de ce grand
fait à notre condition, que nous ne pourrions arracher le soleil du firmament. Il
parle de «grâce» ou de «jugement», selon que nous envisageons la croix de
Christ avec des coeurs convaincus et intéressés, ou
que nous la méprisons et la repoussons. Il a une voix pour chaque oreille. Il
parle, qu'on veuille l'entendre ou non. Il y a une sérieuse distinction à
faire: pour en jouir comme du salut de Dieu, nous devons, personnellement et
d'une manière effective, être amenés, maintenant, par la foi, en contact avec
ce grand fait. Si nous le négligeons dans notre vie, c'est ce fait qui, à la
fin, viendra nous trouver et nous juger.
Assurément on peut dire que c'est là une chose sérieuse.
Cela rappelle Marc 5. En dépit de Satan, que celui-ci le voulût ou non, le
Seigneur Jésus le rencontre dans la personne de ce pauvre «Légion», afin de le
juger et de détruire son oeuvre. Tandis que lorsqu'il
s'agit, dans ce même chapitre, de la pauvre femme malade, au milieu de la
foule, il ne met sa puissance à son service que lorsqu'elle a été amenée, par
sa foi, à s'approcher de Lui et à le toucher.
Nous pouvons retirer de ce rapprochement, une vérité
importante. Si nous ne rencontrons pas, dès maintenant, par la foi, un Jésus
ressuscité et la puissance qui est en lui, Lui nous rencontrera en jugement, à
bref délai. Alors aucune récrimination n'aura d'efficace, tandis qu'aujourd'hui,
toute efficace est acquise au contact d'un Christ ressuscité.
Ce qui en résulte doit être bien pesé. Il est inutile et
vain pour l'homme, pour le monde, pour son dieu et son prince, de résister à un
Christ ressuscité; c'est vouloir regimber contre les aiguillons; c'est aller à
sa propre destruction. Il est tout aussi inutile pour un pécheur qui se confie
dans ce Christ ressuscité d'avoir la moindre crainte, car Dieu l'a justifié.
C'est la justice de Dieu qui recouvre celui qui a affaire avec la rédemption
par le sang de Christ. L'oeuvre expiatoire de Jésus a
glorifié Dieu. Sa mort lui a donné satisfaction sur la base d'une parfaite et
glorieuse justice. Aussi Dieu peut-il aujourd'hui, à cause de la croix,
pardonner le plus coupable, tout en maintenant sa justice et sa gloire morale
en toute perfection. Oui, c'est la justice de Dieu qui accepte un pécheur
s'appuyant sur la croix, car de même que la croix maintient la justice
de Dieu, elle permet à cette justice de se manifester en justifiant le
pécheur.
Je puis encore ajouter que nous sommes dans l'ignorance de
Dieu, comme dit l'apôtre en 1 Corinthiens 15: 34, c'est-à-dire que nous n'avons
aucune connaissance de ce qu'il est, si nous ne recevons pas le fait ou la
doctrine de la résurrection. C'est par ce moyen que Dieu, dans un monde tel que
le nôtre, se manifeste dans la gloire qui lui est propre. L'Ennemi a introduit
la mort par le péché, et le Seigneur a remporté sur lui une victoire complète;
mais la manifestation n'en est vue que dans le grand acte de la résurrection
qui a ôté le péché et aboli la mort.
Les disciples étaient entièrement incrédules quant à ce
grand fait, même après son accomplissement. Ils pouvaient montrer, sans doute,
à ce moment, quelques sentiments de tendre affection, mais tout, chez eux,
trahissait leur incrédulité quant à la résurrection. Et ceci est naturel. Nous sommes
beaucoup plus portés à vouloir faire quelque chose pour Lui, ne serait-ce
qu'embaumer son corps, qu'à croire que Lui a tout fait pour nous, combat et
victoire, souffrance et triomphe.
On ne peut nier qu'il y eût une affection fervente chez ces
femmes galiléennes qui se rendaient au sépulcre; qu'il y eût du courage chez
Joseph et Nicodème pour réclamer le corps. Il y avait plus que des aromates et
des parfums pour l'embaumer, car il y avait l'amour, le zèle, la ferveur et les
larmes. Marie de Magdala gémit sur le tombeau; Pierre et Jean rivalisent de
zèle pour y courir; les deux disciples, sur le chemin d'Emmaüs, s'entretenant ensemble
de Jésus, sont tristes, et de pieuses ardeurs remplissent leurs coeurs pendant que leur compagnon de route leur parle de
Lui. Tout cela est certainement une démonstration de tendre affection, mais
néanmoins les disciples étaient incrédules. Bien que leur coeur fut ainsi occupé de Lui, il ne recevait pas le grand
fait de sa victoire pour eux, en résurrection.
Le Seigneur n'est pas satisfait de cette disposition.
Comment aurait-il pu l'être? Des pécheurs doivent le connaître dans toute
l'étendue de la grâce et de la puissance qui répondent à leurs besoins. Les
disciples viennent en hâte au sépulcre, mais encore, cela ne suffit pas. Par la
foi, nous devons le voir, Lui, venant à nous dans notre état de mort, dans
notre sépulcre, et non pas désirer aller à Lui dans son sépulcre. Nous sommes
les morts et non pas Lui. Il est «le Vivant» et non pas nous. Le Fils de Dieu
est entré dans cette scène de ruine, comme le Sauveur des êtres perdus et celui
qui vivifie les morts. C'est là ce que nous devons savoir. Il était plein de
tendresse, sachant apprécier l'affection, mais il reprochait à ses disciples
leur incrédulité, et il ne les laissa pas jusqu'à ce qu'il eut fait briller
dans leurs coeurs et dans leurs consciences la
lumière de ce grand mystère de la résurrection. «Et eux, lui ayant rendu
hommage, s'en retournèrent à Jérusalem avec une grande joie»,
c'est-à-dire rendus capables d'offrir, en esprit, leur offrande de gâteau et
leur libation comme devait le faire l'Israélite en présentant les prémices de
sa moisson (voyez Lévitique 23: 9-13).
Nous pouvons constater ici que les anges furent les premiers
à comprendre ce mystère de la résurrection, à s'en réjouir et à le célébrer. Et
pourrions-nous être indifférents en contemplant ainsi l'intérêt que prend le
ciel dans ces choses qui s'accomplissent sur la terre? Quel lien entre les
anges et les pécheurs!
Avoir été «vu des anges» fait partie du mystère de la piété
(1 Timothée 3: 16). Le Christ de Dieu est l'objet de la contemplation
des anges, tandis qu'il parcourt son chemin ici-bas et accomplit son oeuvre merveilleuse pour les pécheurs.
Lorsque les fondements de la terre furent posés, «les fils
de Dieu», c'est-à-dire les anges, «éclataient de joie» (Job 38: 7), et le livre
de l'Apocalypse nous les montre prenant leur place et leur part dans le grand
acte final de l'histoire de ce monde.
Ils participent à la joie que le ciel éprouve quand un
pécheur se repent; ils le servent, comme héritier du salut, tout le long de son
voyage, et ils sont tout prêts, après sa mort, à le porter dans le sein
d'Abraham. Nous pouvons donc bien répéter: Quels témoins attentifs et empressés
ne sont-ils pas de tout ce qui nous concerne!
Que faisaient-ils à la naissance de Jésus? que faisaient-ils
à sa mort? Ils sont encore là. Après avoir rempli les plaines de Bethléhem,
nous les retrouvons occupant le sépulcre vide pour témoigner de sa
résurrection.
Quelqu'un a dit que, pour apparaître aux bergers durant les
veilles de la nuit, la multitude de l'armée céleste avait «rompu les
barrières». Cela est vrai; mais les anges ont toujours rompu les barrières,
laissant sans cesse leur pays d'origine pour s'intéresser à la terre. Ce qui
nous est dit d'eux, en Luc 2, n'est qu'un chapitre de leur histoire.
Certainement, cette intimité entre le ciel et la terre, cet
intérêt que les créatures de Dieu prennent dans les objets de sa grâce ici-bas,
nous parle de l'harmonie qui existe dans toutes les voies de Dieu et qui va se
déployer bientôt. Dieu est un Dieu d'ordre. Les sphères qu'il forme et qu'il
anime seront les témoins de cette harmonie. Tout dira quelle est l'habileté de
la main qui les a établies et quel est l'amour du coeur
qui les a liées.
Et quand même je l'aurais déjà dit auparavant, je dois
répéter ici que, quant à l'homme, sa condition incorrigible et incurable
est surabondamment prouvée par toute cette scène de la résurrection. La
déchirure du voile laisse les scribes et les sacrificateurs aussi endurcis et
méchants que jamais, et le tombeau ouvert laisse les soldats qui le gardaient
aussi iniques qu'auparavant. Les uns donnent de l'argent, et les autres
l'acceptent pour faire circuler un mensonge en face de ces faits si solennels.
Certes, nous pouvons bien dire que le coeur qui
refuse de s'humilier, de se repentir et de s'amollir sous l'action puissante de
telles sollicitations, en présence d'une telle évidence de la main de Dieu,
doit nous apparaître comme irrémédiablement ruiné. Aucun autre mot que celui de
«perdu» ne peut être inscrit sur un tel état de l'âme humaine.
Quelles conséquences solennelles apparaissent ainsi à la fin
de chacun des évangiles! L'oeuvre accomplie à la
croix a montré quel profond intérêt remplissait le coeur
de Dieu pour des pécheurs perdus, et cela pour l'éternité. Elle nous a donné
une place dans la justice de Dieu, comme aussi dans la famille de
Dieu. Nous sommes désormais fils, adoptés aussi bien que justifiés. A la croix,
Dieu et l'homme sont manifestés. L'homme y est vu dans toute sa ruine morale,
et Dieu dans sa glorieuse perfection en bonté. Le sang, en grâce, répond à la
lance du soldat romain. Le voile du temple est déchiré en deux, lorsque Jésus
donne sa vie, ce Jésus à l'égard duquel l'homme avait dit: «Crucifie,
crucifie-le». Dieu est révélé là, de même que l'homme y est manifesté, et alors
que cette révélation est parfaitement à la gloire de Dieu, la manifestation de
l'homme est parfaitement à sa honte.
En somme, il n'y a, à la croix, qu'une parfaite, brillante
et merveilleuse manifestation de la grâce. C'est Dieu amenant le pécheur en sa
présence, sur le pied de la justice. Il le place devant Lui par un moyen et
dans un caractère dignes du lieu où il est introduit. Nous n'avons pas
seulement la justice devant Dieu, mais aussi l'adoption de la part du Père. De
plus, nous sommes rendus agréables dans le Bien-aimé et destinés à être rendus
conformes à l'image du Fils, à hériter de toutes choses avec Lui, à être dans
la maison du Père et sur le propre trône de Christ dans le monde à venir. Tous
ces privilèges appartiennent au pécheur qui entre, par la foi, au-dedans de ce
voile que la main même de Dieu, par le sang de Christ, a déchiré depuis le haut
jusqu'en bas. C'est bien véritablement «dans des lieux agréables» que la grâce
nous introduits, quand Dieu se manifeste ainsi lui-même. Mais, dans ces lieux
«agréables» chacun doit entrer pour soi-même. C'est une chose individuelle.
Chacun de nous doit faire pour lui-même ce chemin qui, de la triste condition
dans laquelle il est par nature, le conduit, par grâce, dans ces lieux
agréables. Nous devons d'abord, bien-aimés, être individualisés devant Lui et,
ensuite, nous pourrons connaître nos «concitoyens», jouir de nos relations avec
eux, apprendre notre place dans le «seul corps», et connaître les exercices et
les devoirs qui découlent de notre position dans la congrégation de Dieu.
Nous avons besoin que cette vérité nous soit rappelée
continuellement, surtout dans les jours de confusion et de désordre que nous
traversons. Il faut que nous ayions affaire
individuellement avec Dieu.
En d'autres temps, le peuple d'Israël fut appelé à se tenir
dans la présence immédiate de Dieu, dans deux occasions spéciales: à la
promulgation de la loi (Exode 19; 20), et à la consécration d'Aaron (Lévitique
8; 9).
Pendant que l'Eternel faisait entendre les dix commandements
de la loi, Moïse tenait le peuple au pied de la montagne, jusqu'à ce que toutes
les paroles fussent prononcées. Lorsque Aaron fut consacré dans son service
sacerdotal en la présence de Dieu, Moïse convoqua encore le peuple à l'entrée
du tabernacle, jusqu'à ce que toute la solennité fût accomplie.
Il n'en était pas ainsi d'habitude. Ordinairement, le peuple
était instruit dans ses devoirs, ou recevait les communications qui le
concernaient, par l'intermédiaire de Moïse. Mais dans ces deux grandes
occasions, le don de la loi et l'institution de la sacrificature, toute
la congrégation d'Israël devait être présente, afin que chacun pour soi-même
pût être témoin des choses qu'il voyait et qu'il entendait.
Non seulement cela, mais les Israélites passaient ainsi à
travers un exercice d'âme approprié à chacune de ces circonstances. Ils
n'étaient pas simplement des spectateurs, mais des spectateurs intéressés et
instruits.
Au Sinaï, le peuple et Moïse lui-même, étaient épouvantés et
tout tremblants; or c'était ce qui convenait. Nous ne pouvons penser à Dieu en
jugement sans entendre, comme hommes, une sentence de mort prononcée contre
nous.
A l'entrée du tabernacle, quand le feu sortit et que la
gloire de l'Eternel apparut à tout le peuple, pour affirmer la suffisance du
sacerdoce d'Aaron et de ses résultats, ils poussèrent des cris de joie et
tombèrent sur leurs faces comme d'heureux adorateurs. C'était aussi ce qui
convenait. Dieu était là, non comme Législateur, entouré des terreurs du
jugement, mais comme Sauveur avec les riches provisions de sa grâce. Nous ne
pouvons pas recevoir Dieu en grâce et en salut sans y répondre — quelque
pauvrement, hélas! que nous le réalisions — par des actions de grâces et de la
joie.
Ainsi en était-il autrefois pour Israël. Ils étaient tous,
et chacun pour soi-même, placés individuellement devant Dieu dans ces deux
grandes solennités qui parlaient avec autorité à leurs consciences et à leurs coeurs. Tous étaient là. Le Dieu vivant se rencontrait avec
chaque âme individuellement. Dieu était avec eux et eux, — chacun d'eux —
étaient devant Dieu.
Il est bon de remarquer ces choses.
Pour qu'un homme soit convaincu de péché, il faut qu'il soit
lui-même en la présence de Dieu. Et lorsque, pécheur convaincu, il doit être
relevé et affranchi, il faut encore qu'il soit en cette présence. De tels
moments doivent être absolument et intimement personnels. Chacun de nous doit
être né de nouveau, et combien ceci est personnel, pour passer dans la lumière
et le royaume de Dieu. «Je sais qui j'ai cru», dit Paul; et encore: «Je suis
crucifié avec Christ; et je ne vis plus, moi, mais Christ vit en moi; et ce que
je vis maintenant dans la chair, je le vis dans la foi, la foi au Fils de Dieu
qui m'a aimé et qui s'est livré lui-même pour moi» (Galates 2: 20).
Il y a, dans ces paroles, le sentiment bien profond d'une
possession individuelle et personnelle de Christ; et c'est ce qu'il nous faut à
nous-mêmes. C'est ce que nous trouvons aussi exprimé par l'un des plus anciens
patriarches, quand il dit: «Je sais que mon Rédempteur est vivant, et que, le
dernier, il sera debout sur la terre; et, après ma peau, ceci sera détruit, et
de ma chair je verrai Dieu, que je verrai, moi, pour moi-même; et mes yeux le
verront, et non un autre» (Job 19: 25-27).
Certainement, bien-aimés, nous devons rechercher l'intimité du coeur avec Lui. Le premier devoir, comme aussi le privilège le plus élevé et l'acte le plus sublime de la foi, est précisément de prendre notre place devant le Seigneur, jouissant en paix de sa communion. Au lieu de nous demander avec inquiétude si nous sommes ce qui convient pour lui, laissons nos coeurs jouir de ce qu'il est pour nous dans les merveilleuses manifestations qu'il nous en donne. Notre premier devoir, je le répète, est d'apprendre ce qu'il est, dans la lumière de sa présence, avec des coeurs paisibles, reconnaissants et heureux, selon 2 Corinthiens 3: 18, et non pas de vouloir commencer, dans la peine et l'angoisse, à nous mesurer à Lui ou à l'imiter. Le contempler, Lui, à face découverte, doit être notre attitude normale, de sorte que nous puissions, en un clin d'oeil, que ce soit le matin, à midi, ou le soir, passer en sa présence sans effort, ni surprise, et que l'entrée dans son royaume éternel nous soit richement donnée. Que nous puissions entrer, ainsi qu'un autre l'a exprimé, il y a déjà bien des années: «Comme ceux qui n'ont rien à perdre, mais tout à gagner». Amen!