L'église à Thessalonique

Bellett J.G.

ME 1910 page 238

 

Nous découvrons facilement, dans les églises du temps des apôtres, différents degrés d'avancement dans la connaissance et dans la grâce. Sous ce rapport, celle d'Ephèse, par exemple, est bien au-dessus de celle de Corinthe. Dans l'épître à celle-ci, l'apôtre a dû s'occuper de la corruption introduite par diverses erreurs et par divers abus, et n'a donc pas pu donner aux disciples la viande solide de la Parole. Ils étaient «charnels, de petits enfants en Christ». Il ne leur parle pas de cette «sagesse cachée» qu'il avait en réserve pour les «parfaits» (1 Corinthiens 3: 3). Mais en écrivant à Ephèse, il donne libre cours aux révélations; n'ayant pas à s'arrêter pour corriger des abus et des erreurs, il pouvait aller en avant, et selon le cœur de Dieu nourrir l'Eglise de sagesse et de connaissance, et lui révéler le «mystère», ou «la sagesse cachée», dont il n'avait pu parler aux saints de Corinthe (Ephésiens 3). A Corinthe, le Saint Esprit, par l'apôtre, a dû s'occuper de leurs affaires et les leur montrer pour y mettre ordre; mais à Ephèse, il pouvait faire son œuvre préférée, savoir de prendre les choses de Christ et de les leur montrer pour leur édification et leur consolation. De sorte que, eu égard à la condition de ces deux églises, je dirais que le sacrificateur arrangeait la lampe à Corinthe, en se servant là des mouchettes d'or pour ôter le mal; tandis que, à Ephèse, il garnissait la lampe, en y versant à plein bord de l'huile fraîche pour la faire luire avec un accroissement de lumière et de grâce.

Les autres églises qui étaient sous les soins de Paul occupaient, sous ce rapport, une place intermédiaire entre Corinthe et Ephèse; c'est-à-dire que les chrétiens ne s'attiraient pas autant de répréhensions que dans l'église de Corinthe, mais n'étaient pas à l'abri de toute remarque sur leur état personnel, comme Ephèse. Aussi, dans les épîtres aux autres églises discernons-nous l'œuvre combinée d'«alimenter», et de «nettoyer» les lampes. Ainsi, je mettrais les églises de la Galatie au rang de celle de Corinthe, car elles étaient envahies par une telle erreur, que l'apôtre n'avait guère autre chose à faire qu'à reprendre, à corriger, et ainsi, autant que possible, à ramener et remettre en bon état les âmes des disciples. Mais que ce soit à Rome, à Philippes, à Colosses, ou à Thessalonique, l'apôtre, nous le voyons, porte son attention sur le mal et le bien qui étaient au milieu des saints de ces églises. Je désire les considérer chacune brièvement.

A Rome, Paul a en vue de bien unir les Juifs et les gentils croyants, car il paraît que, parmi les disciples dans cette ville, on retenait des deux côtés des préjugés qui pouvaient amener de la division. La précieuse vérité de la justification est largement exposée dans l'épître, mais son but pratique semble être d'assurer entre les saints l'union et le support mutuel. Cependant il n'y a pas lieu pour l'apôtre de signaler quelque grand mal ou dommage parmi eux.

A Philippes, l'église était embellie d'une grâce qui lui était particulière. Cependant l'apôtre, dans son épître à cette église, fait clairement allusion à certains symptômes de désunion qui avaient paru au milieu d'eux; mais, à cause de la grâce qui d'autre part les caractérisait, il fait allusion à ce mal avec une tendresse et une réserve marquées, reconnaissant à plusieurs reprises la consolation dont il était consolé par eux. Le style affectueux de l'apôtre, tout en signalant le mal chez les Philippiens, nous porte, quand nous voyons dans un frère beaucoup de la grâce de Christ, à nous souvenir de cela, en nous occupant du mal qui peut aussi être en lui. Ce n'est pas que l'apôtre ferme les yeux sur le mal, mais il se rappelle la grâce qu'il y avait à Philippes, et cela donne à ses paroles un accent d'affection pleine de mesure.

A Colosses, l'apôtre, il est vrai, nourrit les saints d'une connaissance très précieuse, des plus riches pensées sur la personne de Christ et sa fidélité. C'était évidemment, parce qu'il craignait l'entrée de principes judaïsants parmi eux; il nous fait voir dans cette épître qu'il avait de bonnes raisons pour le craindre; le seul correctif divin de ce mal est la connaissance de la pleine suffisance de Christ pour tout ce qu'il faut soit au pécheur, soit au saint.

A Thessalonique, la venue et le royaume du Seigneur Jésus avaient été spécialement donnés à connaître par le ministère de l'apôtre; dans les deux épîtres à cette église, il leur donne encore plus de lumière sur cette grande doctrine. Mais tout en faisant cela, il doit aussi corriger une certaine erreur pratique qui leur était particulière.

Ainsi nous voyons clairement différentes conditions de grâce et de connaissance dans les diverses églises. Or toutes ces choses leur arrivaient comme exemples de ce qui nous concerne, autant que les choses qui arrivèrent à Israël dans le désert; et, de la même manière, elles ont été écrites pour notre instruction (1 Corinthiens 10). Nous pouvons bénir Dieu d'avoir dans sa Parole écrite la réponse à tant d'anxiétés, de questions, de difficultés, qui surgissent dans nos coeurs, tandis que nous marchons les uns avec les autres.

Dans ce que j'ai dit, je puis n'avoir pas parfaitement distingué l'état des diverses églises; mais je ne doute pas du fait que cet état variait d'une église à une autre. Je parle des églises connues d'après les épîtres qui leur sont adressées. Dans quelques-unes de ces lampes du sanctuaire, il a été versé plus d'huile que dans d'autres. L'apôtre, écrivant aux Corinthiens, se tait sur la révélation du mystère qu'il manifeste si pleinement aux Ephésiens. Cela nous montre aussi combien l'on est peu fondé en exigeant que tous les disciples aient atteint spirituellement le même degré de connaissance pour être introduits dans la communion de l'Eglise. C'est si peu le cas, que je serais porté à croire que si un frère de l'église d'Ephèse avait visité ceux de Corinthe, il aurait été dans le doute à leur égard en les trouvant si occupés de questions et de disputes qui ne l'avaient jamais troublé, ni les saints à Ephèse. De même un frère, allant de Corinthe à Ephèse, les aurait trouvés si occupés d'une certaine vérité dont il n'avait pas entendu parler chez lui, qu'il aurait soupçonné, en langage moderne, que tous ces chrétiens étaient dans les nuages. Je suppose donc, d'après leurs différents degrés de lumière et d'avancement en Christ, qu'ils n'auraient pas bien su que faire.

Je crois que nous voyons maintenant parmi les saints, ce que nous avons vu parmi les églises d'autrefois; nous avons nos difficultés à la façon des Ephésiens et des Corinthiens. Les vérités reçues par quelques-uns sont traitées de pure contemplation idéale par d'autres, et l'état de plusieurs est chétif et laisse à désirer. Les ressources larges et bénies de Dieu, qui remplissaient le cœur de l'apôtre, étaient capables autrefois de pourvoir à tous leurs besoins, de les alimenter à Ephèse, et de les purifier à Corinthe. Mais nous sommes faibles et étroits de cœur; et il en résulte communément que nous nous tenons à distance et dans une défiance mutuelle. Ainsi nous n'entendons point le langage l'un de l'autre, et nous sommes dispersés. Mais il vaut mieux être dispersés, que d'être assemblés par un lien inférieur à celui de Dieu par le Saint Esprit. Dans les choses «auxquelles nous sommes parvenus, marchons ensemble dans le même sentier», en attendant davantage. Mais n'allons pas au-delà par quelque convention humaine. Il ne faut pas que la crainte de Dieu soit enseignée par des commandements d'hommes.

En rapport avec ce qui précède, je désire mentionner l'état de Job et de ses amis; car je pense qu'il présente la même instruction que l'état des églises. Job ne pouvait pas comprendre la vérité qui était dans les pensées de ses amis; eux, ils ne pouvaient pas admettre ce qu'il y avait de Dieu dans son esprit; ils n'étaient que partiellement dans la lumière, et par l'effet de l'obscurité qui restait en eux, ils s'égaraient et se rudoyaient l'un l'autre. La correction ne pouvait venir que de Dieu, et à la fin il l'apporta. Ils étaient tous, sinon approuvés, du moins agréés de Dieu. Dieu se montra parfaitement capable de guérir toutes leurs dissensions, comme il réunira bientôt l'ensemble de la famille céleste en un corps dans les demeures célestes, et unira les deux bois d'Ephraïm et de Juda sur la terre. La largeur de la pensée de Dieu contient le remède, mais rien autre ne peut le procurer. Cette pensée de Dieu peut s'exprimer du milieu d'un tourbillon, ou par le ministère d'un apôtre; mais de quelque manière que ce soit, elle porte le remède avec elle. Le Seigneur qui peut d'une main séparer la balle d'avec le froment, peut, de l'autre, assembler tous les grains dispersés et maintenant répandus en désordre partout, et trouver place dans son grenier pour eux tous.

Cela nous console et nous instruit en même temps. Nous ne devons pas pour cela confondre la paille avec le froment. Il appartient aussi bien à l'Esprit de Dieu de dire: «Si quelqu'un n'aime pas le Seigneur Jésus Christ, qu'il soit anathème», que de dire: «Que la grâce soit avec tous ceux qui aiment notre Seigneur Jésus Christ en pureté». Il appartient autant au témoignage de Dieu de dire: «Celui qui n'a pas le Fils de Dieu n'a pas la vie», que de dire: «Celui qui a le Fils a la vie». «Si quelqu'un vous évangélise outre ce que vous avez reçu, qu'il soit anathème». Mais souvenons-nous qu'il y a eu différents degrés d'avancement parmi les saints, et prenons soin nous-mêmes, chacun en particulier, de marcher dans la lumière et dans la grâce, de manière à ne pas donner occasion à l'ennemi de parler injurieusement, ni à nos frères de parler de nous d'une manière défavorable. Que nos cœurs et nos consciences soient exercés d'une manière vivante devant Dieu, décidés à suivre la lumière où qu'elle nous conduise, dans la grâce et dans la crainte du Seigneur. Tels étant les ressorts de la marche pour chacun de nous, nous avons, quoique pensant différemment sur plusieurs choses, les bases d'une communion sûre et bénie.


Parmi les diverses églises dont nous parle le Nouveau Testament, j'ai été conduit dernièrement à méditer sur le caractère et la position de celle de Thessalonique. Pour en avoir une juste intelligence, il nous faut d'abord considérer la nature de la prédication de Paul à Thessalonique, et puis le but et la portée de ces épîtres.

Il visita cette ville immédiatement après avoir souffert la persécution à Philippes; mais ce fut pour y trouver le renouvellement de ses souffrances (Actes des Apôtres 17). Toutefois un assez grand nombre fut séparé et réuni, non seulement pour connaître le salut de Dieu, mais aussi pour attendre «des cieux son Fils» (1 Thessaloniciens 1: 10).

En visitant la synagogue à Thessalonique, l'apôtre chercha à prouver aux Juifs que leur Messie promis devait mourir et ressusciter d'entre les morts; et là-dessus il leur dit, en premier lieu, que Jésus était le Messie promis. Ayant réclamé pour Jésus ce titre personnel de Messie, il déclare, en second lieu, que ce Messie est aussi Roi. Nous apprenons cela de la bouche de ses accusateurs (Actes des Apôtres 17: 7). Les Ecritures des prophètes avaient aussi attesté cette dernière vérité, aussi bien que la première. Ils avaient parlé «des souffrances de Christ et des gloires qui suivraient». Mais ces témoignages ne renfermaient pas le mystère complet de Christ, et l'enseignement de Paul laissait dans leur foi quelque lacune à laquelle il désirait suppléer (1 Thessaloniciens 3: 10), car son ministère parmi eux avait été interrompu. L'inimitié des Juifs l'avait forcé de partir (Actes des Apôtres 17: 10). Cette raison, avec plusieurs autres, lui inspirait pour eux un intérêt particulier. La grâce au milieu d'eux était si abondante; ils excellaient tellement dans l'oeuvre de la foi, dans le travail de l'amour et dans la patience de l'espérance; le ton de leur foi était si franc et si décisif, ainsi que l'intention de leur coeur en se joignant à Paul, et en se séparant du monde pour confesser, autant qu'ils la connaissaient, l'espérance de l'Evangile, que tout cela suscitait en leur faveur ses soins pastoraux. Il avait pris tant de peine et de soin à s'occuper d'eux; eux-mêmes étaient exposés à une si grande épreuve de foi, au point de pouvoir être naturellement tentés d'abandonner Christ; enfin, l'apôtre s'était si bien promis qu'ils seraient sa joie et sa couronne à la venue de notre Seigneur Jésus Christ, qu'il était particulièrement jaloux à leur égard. Sous le poids de cette anxiété, il leur avait déjà envoyé Timothée, consentant d'être laissé seul à Athènes, désirant beaucoup de les voir lui-même et attribuant à Satan l'empêchement qui était survenu.

Or les deux épîtres procèdent de cette anxiété pour eux. Tout cela indique les soins, non pas simplement de l'apôtre, mais de l'Esprit. L'Esprit qui avait opéré parmi eux par l'apôtre, s'émeut maintenant pour eux dans l'apôtre.

Dans l'état actuel de leur connaissance, leurs âmes étaient éprouvées et troublées. Je vois qu'ils étaient tombés sous l'empire de deux appréhensions distinctes et pour eux très pénibles; l'une concernait les saints endormis, l'autre les saints vivants.

  1.  Ils craignaient que leurs frères qui étaient morts n'éprouvassent une perte, au retour du Seigneur pour les siens (1 Thessaloniciens 4).
  2.  Ils craignaient que les saints vivants ne rencontrassent la terreur du jour qui devait accompagner l'apparition du Seigneur et introduire le royaume (2 Thessaloniciens 2).

 

C'était là, je pense, leur état à ce moment-là; et le principal but des deux épîtres qui leur sont adressées me paraît être de consoler leurs cœurs au sujet de ces deux craintes.

La première épître fut écrite immédiatement après le retour de Timothée qui s'était rendu à Thessalonique et avait apporté de très bonnes nouvelles d'eux; mais il est probable qu'il avait aussi parlé à l'apôtre de leur anxiété touchant leurs frères endormis, et pour la faire cesser, il leur écrit tout de suite, afin qu'ils ne soient plus dans l'ignorance à cet égard, que les saints, tant morts que vivants, seront ravis ensemble à la rencontre du Seigneur, en l'air, à sa venue (4: 13-18).

L'apôtre met la main à sa seconde épître à l'ouïe de leur anxiété touchant les saints vivants. Peu importe d'où cela venait, soit de fausses suggestions étrangères, soit d'une interprétation imparfaite de sa première épître; mais pour leur enlever cette inquiétude, il leur écrit, comme je comprends, sa seconde épître, afin qu'ils sachent que «le jour du Seigneur», dans lequel ils craignaient que les saints vivants ne fussent enveloppés, ne viendra pas avant que «l'homme de péché», ne soit révélé; que l'homme de péché et avec lui tous ceux qui ont abandonné la vérité, seront précisément exposés à la terreur de ce jour, et que les saints peuvent donc bannir toute crainte (2: 1-9).

Tels sont, je pense, l'occasion et le but principal de chacune de ces épîtres; par leur moyen, l'apôtre répond aux appréhensions des Thessaloniciens; il leur enseigne que, par la puissance de Celui qui ressuscita Jésus du sépulcre, les saints endormis étaient aussi certains d'avoir part au royaume que les vivants, et que, par le rassemblement de tous auprès du Seigneur, en l'air, les saints vivants étaient, aussi bien que ceux qui dorment, affranchis de la terreur du jour qui vient sur les habitants de la terre. Ni la vie, ni la mort, ni les choses présentes, ni les choses à venir, ne pouvaient les séparer, car ils devaient monter soit du tombeau, soit de la terre, avec autant de certitude que le Seigneur descendrait du ciel, et ainsi les uns et les autres le rencontreront, avant qu'il se montre à la terre avec la terreur et le jugement qui signalent Son jour.

Telle est l'instruction divine que je reçois de ces épîtres: elle est importante pour l'état et pour l'espérance des saints. Je ne dis pas que j'aie bien compris ce sujet, mais j'y pense depuis longtemps, sans avoir rien entendu qui le contredise. Nous ne connaissons qu'en partie, et comme le Seigneur peut donner quelque lumière à d'autres, je puis, ainsi que chacun de nous, bien-aimés, recevoir quelque chose qui me confirme ou me corrige. Je dis cela pour provoquer un saint exercice dans d'autres âmes. Mais le Seigneur venant chercher ses saints, sans qu'il y ait de nécessité un délai, sans qu'ils soient nécessairement tenus d'attendre quelques-uns des jugements ou des troubles avant-coureurs de la gloire, cela a été dès le commencement la promesse et l'espérance proposée, dans cette dispensation, et c'est ce que je désire présenter ici.

La venue du Seigneur pour les saints doit être «avec un cri de rassemblement», et une voix d'allégresse; sa venue pour la terre, ou le monde, doit être «en flammes de feu», c'est-à-dire avec les exécuteurs d'une juste colère (comparez 1 Thessaloniciens 4: 16; 2 Thessaloniciens 1: 7). Il y aurait ainsi deux étapes dans la descente du Seigneur, comme il y en eut deux auparavant, lors de son ascension; car lorsqu'il monta du sépulcre pour aller s'asseoir à la droite de Dieu, il s'arrêta sur la terre comme en passant, pour se rencontrer avec le résidu, avec les siens, et parler avec eux du royaume (Actes des Apôtres 1: 3); de même, en descendant du ciel sur la terre, il s'arrêtera dans l'air, en passant, pour rencontrer là son Eglise, les membres de sa famille céleste rendus semblables à son corps glorieux, et pour les conduire à la maison du Père.

Mais le jour du Seigneur, ou sa descente sur la terre en flammes de feu, y rencontrera un objet: celui que le Seigneur consumera par le souffle de sa bouche, qu'il anéantira par l'apparition de sa venue et par l'épée qui sort de la bouche de Celui qui s'appelle «la Parole de Dieu». Le Seigneur rencontrera alors l'inique. L'éclat de Celui qui vient dans la gloire de Dieu rencontrera celui qui vient selon l'opération mensongère de Satan, et le supprimera pour toujours; mais ceux en qui la vérité demeure, resplendiront d'en haut, dans ce jour où le Seigneur sera glorifié et rendu admirable en tous ceux qui auront cru (2 Thessaloniciens 1: 10). Ils seront amenés avec Jésus en ce jour (1 Thessaloniciens 4: 14). Ce sera le jour du Seigneur, la journée où il se montrera pour le jugement des ténèbres, qui seront comme une nuit surprise par le jour. Alors la place occupée par le Seigneur sera le jour; tandis que le monde sera le lieu de la nuit et des ténèbres; et quelle communion y a-t-il entre eux?

Le contact doit se faire en jugement, et non en réconciliation. Mais les saints, qui ont dès maintenant l'Esprit du jour, seront alors dans le lieu du jour. Ils sont «fils du jour» (1 Thessaloniciens 5: 5), et seront dans la sphère d'où le jour se lèvera, et non dans la sphère sur laquelle il tombera. La pleine clarté du jour ne se répandra pas ici-bas sans leur présence.

Ils appartiennent déjà à la vérité, dont ils ont cru le témoignage (2 Thessaloniciens 1: 10; 2: 13), et apparaîtront ainsi dans le cortège de Celui qui est appelé «Fidèle et Véritable», quand il sortira pour juger ceux qui n'ont pas reçu l'amour de la vérité, mais qui ont pris plaisir à l'injustice (Apocalypse 19).

Ainsi les saints seront mis à part de la scène du jugement, ou retirés du lieu que le jour du Seigneur viendra surprendre, comme Enoch fut retiré de devant le déluge, position différente de celle de Noé. Noé fut sauvé et porté à travers les eaux, en sorte que pas un cheveu de sa tête ne fut atteint; Enoch, avant le déluge, fut transporté dans un lieu que les eaux ne pouvaient pas atteindre, ou plutôt d'où les eaux descendirent. Le Seigneur, parlant aux élus juifs, prend Noé pour texte (Matthieu 24); car le résidu, comme Noé, sera gardé à travers le jugement. Mais notre apôtre, s'adressant à l'Eglise, emprunte plutôt ses expressions à l'enlèvement d'Enoch (1 Thessaloniciens 4: 17; 2 Thessaloniciens 2: 1). Les saints de Thessalonique, vivants alors, avaient besoin pour eux-mêmes de cette assurance.

L'apôtre décrit ensuite l'objet sur lequel tombera la juste colère de ce jour-là. Il parle de «l'homme de péché», «du fils de perdition», titres qui nous disent le caractère et le jugement du grand ennemi de Dieu dans les derniers jours. Considérons un instant ce sujet.

Cette forme du mal a couvé, pour ainsi dire, de siècle en siècle dans la chrétienté corrompue; car dès le commencement «le mystère d'iniquité» opérait, comme nous le savons. Mais il n'a pas encore été manifesté. La méchanceté est encore dans l'épha, avec le disque de plomb sur son ouverture (Zacharie 5: 8). Mais avant que le jour du Seigneur visite la terre, l'inique sera révélé sous la forme alors achevée d'une créature de Satan (2 Thessaloniciens 2: 9, 10); la beauté de Satan sera sur lui, sa puissance en lui; Satan lui donnera son trône, et ses esclaves pour le servir. Il sera ainsi, dans un sens spécial et terrible, l'ouvrage de Satan; il s'élèvera par-dessus tout Dieu (Daniel 11: 36); il sera semblable au Très-Haut (Esaïe 14: 14); il «élèvera son cœur comme un cœur de dieu» (Ezéchiel 28: 6), et s'assiéra au temple de Dieu, se présentant lui-même comme étant Dieu, ainsi que l'apôtre nous le montre. Il dira en son cœur: «Il n'y a point de Dieu» (Psaumes 14); pour celui qui en est là, il ne reste plus que la perfection de l'état de péché dans l'esprit d'indépendance de Dieu. Un simple système d'ignorance et de superstition ne pourrait pas accomplir de telles choses; il faut quelque chose de plus, car cet homme sera le roi de tous les enfants de l'orgueil. Or cet esprit d'indépendance de Dieu est en quelque sorte à l'ordre du jour. Tous les soi-disant progrès sont comme un temple érigé par l'homme où il puisse se montrer comme étant Dieu. «Regardez quelles pierres et quels bâtiments», tel est le langage de chaque jour, à mesure que l'homme déploie devant son semblable l'art et le travail de ce siècle affairé; le récit pompeux en est bientôt répandu dans le monde entier et tend, ce que les hommes espèrent, à former un grand corps confédéré, mais qui sera sous la conduite de l'Ennemi.

Je crois, en effet, que Satan emploie, de nos jours, mainte et mainte personne à ériger un temple convenable pour l'homme de péché. Naturellement, je ne parle que de l'esprit de la chose. Personne ne sait combien la construction se prolongera, ou combien de temps il faudra à l'enfant qui moralement se prépare à s'y asseoir, pour atteindre l'état d'homme fait, ou (ce qui est autrement doux pour le coeur) combien de temps le long support de Dieu attendra la repentance des pécheurs. D'un côté, la patience de Dieu doit atteindre toute sa mesure bénie, et de l'autre, la tour élevée par les enfants des hommes doit atteindre une hauteur déterminée. La patience de Dieu, qui est salut, conduira à la repentance tous ceux qui Lui sont connus (2 Pierre 3), et l'iniquité du méchant sera comme l'apparition de la lézarde qui amène la ruine subite d'une muraille élevée (Esaïe 30: 13). La victoire sur le méchant aura lieu quand il aura atteint le comble de l'orgueil. L'invitation d'Haman au festin fut faite, non seulement le premier jour, mais aussi le second, avant qu'Esther présentât sa requête, pour laisser le coeur de cet homme se remplir des pensées de sa grandeur, du haut de laquelle il devait tomber devant le juste. Mais lorsque l'édifice sera achevé, et que la créature de Satan y aura son trône; quand le séducteur aura, à sa manière, accompli sa promesse: «Vous serez comme des dieux» (Genèse 3: 5); alors sur cette forme achevée de mal, sur cet état d'homme fait, ayant toute sa croissance d'iniquité, le jugement de Dieu tombera, et l'homme de péché deviendra le fils de perdition. Il sera la cible de la vengeance de Dieu, la créature qui attirera la foudre du trône, et qui provoquera «l'apparition de Sa venue», comme l'apôtre le dit ici (2 Thessaloniciens 2: 8). Encore une fois, le Seigneur sortira de sa sainte demeure pour voir la tour que les enfants des hommes ont bâtie, et pour les couvrir de confusion.

Mais ce n'est pas directement notre affaire de connaître la durée de tout cela; notre affaire immédiate est la venue du Seigneur en l'air, descendant du ciel. Paul présente fréquemment la venue du Seigneur ou son apparition comme l'objet immédiat de l'espérance des saints (Romains 8: 23, 30; 13: 12; 16: 20; 1 Corinthiens 1: 7; 11: 26; 15: 23, 51; Philippiens 1: 10; 3: 20; 4: 5; Colossiens 3: 4; 1 Timothée 6: 14; Tite 2: 13; 1 Thessaloniciens 1: 10); il en est de même des autres apôtres (Jacques 5: 7; 1 Pierre 1: 5; 2 Pierre 3: 12; Jude 21). Avec cela, l'apôtre parle de lui-même et de ceux auxquels il écrit, comme étant les vivants qui demeurent pour la venue du Seigneur; car nous sommes appelés à cette espérance. Nous attendons à tout moment la rédemption, nous qui en avons déjà les arrhes (Romains 8: 23; Ephésiens 1: 14; 4: 30). Nous attendons Sa venue, comme Sa venue attend notre plénitude, c'est-à-dire que les sauvés soient au complet. Mais les apôtres ne voient rien qui doive nécessairement retarder cette venue, si ce n'est cette plénitude des sauvés qui est le salut de Dieu pour ceux qui doivent encore entrer. Ainsi l'on pense à plusieurs choses comme devant retarder la venue de Christ ou la remplacer:

  1.  Les souffrances et les persécutions. Il est vrai qu'elles devaient avoir lieu, mais les apôtres, en s'adressant aux saints, les voient toujours comme étant plus ou moins au milieu de ces choses.
  2.  La mort. Ils en parlent, comme si les saints y avaient déjà passé dans un certain sens (Colossiens 3: 3), mais ils ne la présentent jamais comme l'espérance du fidèle.
  3.  La corruption dans l'Eglise. Ils la voient certainement par anticipation, mais encore ils avertissent cette génération, au sujet de la corruption même des derniers jours comme étant déjà apparue.
  4.  Le rétablissement de l'Eglise. Ils ne le promettent jamais, ni ne le proposent comme l'espérance des saints.
  5.  Les révolutions et les changements politiques dans le monde. Les apôtres n'y font jamais allusion et ne nous donnent pas d'instruction à leur sujet. Si, dans un sens, Paul nous instruit de la politique, c'est en rapport avec le gouvernement millénaire des nations; car, tandis qu'il ne nous dit rien des affaires des royaumes de ce monde, il nous parle des affaires qui concernent le royaume du Fils de l'homme, savoir comment toutes choses seront assujetties à son pouvoir, et ensuite comment ce royaume doit être remis à Dieu, le Père (1 Corinthiens 15: 24-26). Mais, jusqu'à l'établissement de ce royaume, l'apôtre ne nous donne aucune part aux changements qui ont lieu parmi les nations, aucune place qui dépende de ces changements. Il nous exhorte à être soumis aux autorités qui existent, à prier pour les rois et pour la paix de ceux qui nous gouvernent; mais il ne subordonne pas nos espérances célestes aux circonstances terrestres. Nous sommes exhortés à la patience, en considérant que la venue du Seigneur est proche (Jacques 5: 8; Hébreux 10: 37). Pour les hommes de foi de l'ancienne dispensation, il y avait nécessairement un délai, parce qu'ils ne devaient pas parvenir à la perfection sans nous. Mais dans notre dispensation, cette perfection va avoir lieu (Hébreux 10: 37; 11: 40).

 

Je juge donc que notre espérance immédiate de rencontrer le Seigneur en l'air, n'est pas nécessairement subordonnée à quoi que ce soit. Sa venue pour la terre, je le sais, doit arriver après beaucoup d'événements. Mais ce n'est pas notre perspective. Je ne dis pas quand l'enlèvement des saints aura lieu. Il peut être plus éloigné que notre espérance ne le désire, et l'espoir différé pourrait faire languir le cœur. Mais le délai n'a pas pour but de faire languir le cœur des saints, mais de sauver les âmes des pécheurs. «La patience de Dieu est salut». Nous devons nous en souvenir tout le temps du retard, qu'il soit long ou court; notre patience doit être sans murmure, comme la patience de Dieu est à salut et miséricordieuse. Mais les apôtres n'enseignent nulle part, que je sache, qu'il arrive de nécessité quelque événement, avant que cette patience prenne fin par l'enlèvement des saints. On verra alors des choses étranges et terribles, des afflictions et une angoisse des nations, telles qu'il n'y en eut jamais, et jusqu'à quel point nous en sommes rapprochés, nous ne saurions le dire. Les saints, je ne dis pas le contraire, peuvent être encore laissés ici-bas pour voir beaucoup de tribulations, mais elles ne sont point l'objet vers lequel leurs regards sont dirigés. Des révolutions peuvent se succéder sans délai sur la terre, aidant à montrer que le Seigneur commence à penser à Israël, qu'il va tirer sa main de son sein (Psaumes 74: 11), et rompre son silence prolongé envers son ancien peuple. Mais je ne pense pas que les saints aient à voir nécessairement sur la terre quelque phase de cette grande et intéressante période. Leur départ en l'air, à la rencontre de leur Seigneur qui descend du ciel, est indépendant de ce qui arrive sur la terre, et n'est précédé d'aucun signe, autant que je puis voir. L'heure de l'enlèvement des saints sonne dès que le nombre des élus est complet, et c'est le secret du Père, secret dont les mouvements parmi les nations ne sont ni le signe, ni l'avant-coureur. Cet événement ne dépend de rien d'autre que du bon plaisir du Père touchant sa famille céleste; il ne dépend pas même de la manifestation, encore moins de la destruction de cette dernière et complète forme du mal, qui amènera le Seigneur, comme nous l'avons déjà vu, pour exécuter le jugement sur la terre. Quelque chose retient cette manifestation (2 Thessaloniciens 2: 6); on a soulevé parmi les saints la question de savoir quel est cet obstacle ou cet empêchement: il est du ressort de la révélation de Dieu, mais il appartient à une classe de questions sur lesquelles nous ne sommes pas surpris de trouver des différences de jugement. Ces différences ne touchent, ni ne peuvent jamais toucher à «l'unité de l'Esprit». Puissions-nous désirer de nous supporter les uns les autres en paix, dans l'amour qui vient de l'Esprit, et de contribuer à la joie l'un de l'autre par une connaissance plus approfondie de ces choses et de toutes les voies de notre précieux Seigneur et Sauveur.

Sur ce point je dirai cependant qu'il me semble que nous devons juger de la nature de l'obstacle par la nature de ce à quoi il s'oppose. Ce fut la présence de «l'interdit» qui anciennement empêcha la manifestation du pouvoir de Dieu, et jusqu'à ce qu'il fut ôté, cette puissance sainte ne put pas se déployer. Je fais allusion à Hacan en Israël (Josué 7). De même, la présence du traître Judas empêcha le Seigneur de parler de sa gloire (Jean 13); mais il la déclara aussitôt que Judas fut sorti. Or, d'après ces faits, il faut que ce soit la présence de quelque chose de bon, de quelque chose qui soit de Dieu, qui retient maintenant la manifestation de tout le pouvoir de Satan, et jusqu'à ce que l'obstacle soit «ôté», l'inique ne peut être révélé. Ce n'est pas le cours ordinaire du mal d'arrêter le mal, ni le cours du bien d'arrêter le bien; chacun favorise plutôt ce qui lui ressemble, tandis qu'il empêche la pleine opération de ce qui lui est opposé. Il faut donc, je pense, que ce soit quelque chose de bon, quelque chose que Dieu puisse reconnaître, qui soit la chose qui retient.

Je n'en dis pas davantage; car il peut être plus conforme à la pensée de l'Esprit de laisser intentionnellement cet obstacle sans le définir. Mais cela même suffit pour nous montrer que les saints ne sont pas nécessairement retenus ici-bas. Si ce qui empêche la révélation de l'homme de péché ne doit pas être connu maintenant des saints, ils apprennent au moins sur ce point, qu'ils n'attendent pas nécessairement ici-bas la révélation de cet homme; et c'est tout ce que je tiens à faire sentir. Il se peut bien que ce qui retient soit, dans la sagesse de l'Esprit, laissé comme un secret.

Je reviens sur ce que j'ai déjà signalé, savoir que le peuple céleste n'est pas un peuple laissé sur la terre comme Noé, mais enlevé comme Enoch, — enlevé, non pas par le jour du Seigneur ou par le jugement, comme la génération antédiluvienne, mais avant ce jour ou avant ce jugement, pareil à l'homme céleste qui «marcha avec Dieu». Car Enoch fut un homme céleste; je veux dire un homme dont la destinée était céleste. Il n'était plus sur la terre quand le jugement du Seigneur la visita: il eut connaissance de ce jugement et le prophétisa (Jude 14), mais il ne s'y trouva pas. Tout cela nous rappelle, je pense, ce que nous sommes et notre vocation. Nous sommes un peuple, des gens destinés à être enlevés de la terre à un moment indéterminé, et pourtant nous sommes informés du jugement qui y surviendra; et quand ce jugement arrivera nous serons à la suite, et non devant Celui qui l'exécutera.

Enoch, comme ayant été enlevé, est certainement le type de ce qui nous arrivera, et non pas les pécheurs du temps de Noé. Enoch fut enlevé au ciel, parce qu'«il plut à Dieu»; eux furent enlevés par le jugement, parce que «toute chair avait corrompu sa voie» devant Lui.

Leçons simples, heureuses et pourtant sérieuses!

Il ne doit rester pour nous aucun doute sur le fait que les saints ne doivent pas attendre sur la terre la venue du Fils de l'homme. Ils attendent «des cieux le Fils de Dieu» (1 Thessaloniciens 1), c'est-à-dire qu'ils attendent que le Fils de Dieu descende du ciel en l'air, et non pas que le Fils de l'homme descende sur la terre. Je suis de plus en plus convaincu que les saints seront retirés avant que le jour du Seigneur visite la terre. Ces témoignages ne disent pas seulement que les saints seront délivrés de ce jour, ou enlevés durant ce jour; mais qu'ils seront enlevés avant qu'il surprenne tous ceux qui habitent sur la terre, comme jour de la venue du Fils de l'homme, qui doit venir comme un voleur dans la nuit (1 Thessaloniciens 5: 2; Luc 21: 34, 35).

Tels sont, je le pense, les grands sujets enseignés dans ces épîtres: les craintes des saints de Thessalonique réclamaient, comme je l'ai remarqué, la consolation spéciale que procuraient ces vérités, auxquelles se rattache aussi la conduite des saints dans le royaume. Ce sujet est merveilleux et divin, et rappelons-nous, afin que nos pieds soient déchaussés, sur quel lieu saint nous nous trouvons. Que le Seigneur veuille toujours garder et guider nos pensées!

La première période du glorieux voyage est, comme nous l'avons vu, l'ascension des saints, tant des morts que des vivants, dans leurs corps de gloire, à la rencontre du Seigneur lorsqu'il arrive en l'air descendant du ciel (1 Thessaloniciens 4). C'est la venue que les saints attendent maintenant, et dont le Seigneur leur a parlé en disant: «Voici, je viens bientôt». C'est dans cette rencontre avec lui «en l'air» que nous, ses saints rachetés et glorieux, nous lui serons présentés (1 Thessaloniciens 2: 19). Nous aurons alors la rédemption du corps (Romains 8). Le corps vil sera rendu semblable à son corps glorieux (Philippiens 3). Cette rencontre aura lieu avec l'allégresse d'un jubilé, car le Seigneur descendra du ciel avec un cri de rassemblement, et l'Eglise montera avec un cantique qui lui correspondra: «Où est, ô mort, ton aiguillon? où est, ô mort, ta victoire?» (1 Corinthiens 15).

Après avoir rencontré le Seigneur et lui avoir été présentés, l'étape suivante de cet heureux trajet nous amènera devant le Père (1 Thessaloniciens 3: 13). Le chemin de la vie sera pour nous, bien-aimés, comme il l'a déjà été pour Jésus, le chemin qui conduit au Père, dont la face est un rassasiement de joie, et où il y a des plaisirs à sa droite pour toujours (Psaumes 16). Là les saints seront ouvertement reconnus comme enfants, tandis que dans la scène suivante que nous allons considérer, ils seront ouvertement reconnus comme héritiers, car l'ordre divin est que «si nous sommes enfants, nous sommes aussi héritiers» (Romains 8).

Mais avant de considérer la dernière étape du chemin de la gloire, je ferai remarquer que le Seigneur avait déjà présenté ces stations à la foi de ses disciples. Il leur avait dit que, s'ils ne pouvaient pas le suivre alors (car il s'en allait vers le Père), ils le suivraient dans la suite, quand il leur aurait préparé des places dans la maison du Père. Mais avant qu'ils eussent à le suivre dans cette maison, il leur dit qu'il «reviendrait et les prendrait auprès de lui». C'est ce que dit l'apôtre: «A sa rencontre en l'air» (Jean 13: 36; 14: 3). En sorte que, par ces paroles et ces promesses, le Seigneur, dans l'évangile de Jean, a déjà découvert aux regards de la foi les particularités du chemin; il le prend pour aller vers le Père, il revient pour rencontrer ses saints, puis ils s'en vont tous ensemble dans la maison du Père. Ils devaient le voir lui-même avant d'arriver dans la maison du Père; ainsi notre apôtre les montre aussi rencontrant le Seigneur immédiatement à leur ascension en l'air, et ensuite, quand ils l'ont rejoint, ils vont en la présence du Père (1 Thessaloniciens 3: 13). Impossible de dire cela plus clairement que le Seigneur ne l'a exprimé dans les paroles que j'ai citées. En parlant de la maison du Père, il dit: «Je vais vous préparer une place. Et si je m'en vais, et que je vous prépare une place, je reviendrai, et je vous prendrai auprès de moi; afin que là où je suis, moi, vous, vous soyez aussi». Il voulait premièrement venir les chercher, les prendre auprès de lui-même, ou les rencontrer seul, et ensuite les conduire dans la maison du Père. C'est l'assomption des saints. Maintenant, nous aurons à les suivre dans leur descente; mais dans l'une et l'autre direction, ils sont toujours glorieux, et le Seigneur est avec eux pour toujours.

Lorsque les saints sont chez eux avec le Seigneur dans la maison du Père, le Fils de l'homme vient, selon le langage du prophète juif, jusqu'à l'Ancien des jours, qui lui donne la seigneurie, et l'honneur, et le règne (Daniel 7), ou, d'après la vision de Jean dans l'Apocalypse, l'Agneau prend le livre de la main droite de Celui qui est sur le trône, et alors aussi l'Eglise se réjouit en voyant venir le moment de son règne sur la terre (Apocalypse 5).

Ainsi, en temps et lieu, nous ferons le troisième pas dans le chemin de la gloire. Jésus descendra avec les anges de sa puissance, en flammes de feu, pour détruire le méchant de devant la présence de sa gloire, et pour être glorifié dans ses saints. C'est ce que nous trouvons aussi dans nos épîtres (2 Thessaloniciens 1: 7-10). Il viendra avec les nuées — les nuées du ciel — non pas seul comme quand il rencontre l'Eglise en l'air, ni avec ses saints dans leur caractère d'enfants du Père, qu'il introduit dans leurs demeures, mais avec eux, comme étant «les armées du ciel». Il vient avec ses saintes myriades, Celui qui est assis sur le cheval blanc; le ciel s'ouvre et le laisse descendre avec ses armées pour exécuter le jugement sur ceux qui corrompent la terre, et pour revendiquer ensuite ses droits aux royaumes du monde (Matthieu 24: 30; 26: 64; Jude 14; Apocalypse 1: 7; 19: 14). Ce sera la rédemption de l'héritage (Ephésiens 1: 14). Car, après la scène du jugement, la gloire du Seigneur restera, et ceux qui aiment la vérité y auront leur part, quand le dernier mensonge et les dernières ténèbres de Satan et du monde auront été abolis pour toujours (2 Thessaloniciens 2: 14).

Alors on contemplera Jésus comme le Roi dans sa beauté. Tout genou se ploiera devant Lui. Il s'assiéra sur le trône de sa gloire, et ses saints recevront l'autorité avec lui, d'après leur service (Matthieu 25: 31; Luc 19: 17). C'est là l'apparition promise du Seigneur Jésus Christ, laquelle le bienheureux et seul souverain, Roi des rois et Seigneur des seigneurs, montrera au temps propre (1 Timothée 6: 14, 15). Alors tous les ennemis, l'un après l'autre, seront mis sous ses pieds, et pour terminer, il remettra le royaume à Dieu le Père, afin que Dieu soit tout en tous (1 Corinthiens 15: 28).

Ainsi, bien-aimés, en premier lieu, nous aurons le bonheur de prendre le chemin du ciel, pour rencontrer le Seigneur lui-même, et ensuite, nous serons conduits par Lui d'abord à la demeure de l'amour, puis au trône de gloire — à la maison du Père et au royaume du Fils de l'homme. On trouve quelque chose de semblable dans les voies de Joseph envers ses frères après leur réconciliation: Joseph se révéla d'abord à eux en particulier, commandant de faire sortir tout le monde; ensuite il les introduit et les présente comme ses frères à Pharaon, dont le trône était au-dessus de celui de Joseph; puis il les amène sur le théâtre de son pouvoir et de sa gloire, et leur donne la plus riche portion de l'héritage, au-dessus du peuple du pays (voyez Genèse 45-47). D'ailleurs, aucune de nos bénédictions ne se perdra à mesure que nous avancerons. La joie de la présence du Seigneur et la plénitude de la maison du Père seront encore à nous après que nous aurons eu part au gouvernement du royaume: elles seront à nous pour toujours. Nous pouvons bien dire, dans un sens plus profond que David, que notre Dieu nous a parlé de notre maison pour un long temps, même pour l'éternité. Et ne pouvons-nous pas dire avec plus de raison que lui: Qui sommes-nous, que nous ayons été amenés jusqu'ici? (2 Samuel 7: 18, 19). Car il a fait toutes ces grandes choses à cause de sa parole, et selon son coeur (verset 21). Où en est le motif? Dans son amour uniquement. Les derniers sont devenus les premiers. Il passe à côté des anges pour prendre la semence d'Abraham (Hébreux 2); à côté des Juifs mis à part, pour prendre des pécheurs d'entre les gentils: le prodigue en haillons reçoit la plus belle robe, et celui qui mangeait les gousses des pourceaux est assis à table devant le veau gras; il faut que la grâce, que ses richesses et sa gloire soient déployées, et ce sont là les voies riches en bénédictions de notre Dieu. C'est notre affaire et notre devoir, bien-aimés, de marcher soigneusement ici-bas où tout est souillé, jusqu'au jour où nos pieds parcourront les sentiers de joie et de gloire sans craindre les épines ou la souillure.

Ces grands traits des conseils de Dieu sont ainsi présentés à notre attention dans les épîtres aux Thessaloniciens. Ceux-ci étaient sortis d'un monde idolâtre pour servir le Dieu vivant en traversant ce même monde, et pour attendre des cieux son Fils, et le Saint Esprit répond ici à leurs désirs croissants.

Mais l'apôtre avait aussi à mentionner quelque mal parmi eux. Il devait les avertir aussi bien que les consoler, et non seulement prier que leurs coeurs fussent consolés, mais qu'ils fussent affermis en toute bonne oeuvre et en toute bonne parole (2 Thessaloniciens 2: 17). Quelques-uns d'entre eux avaient cessé «de travailler de leurs mains». Cela pouvait avoir été le fruit de quelque altération de la grande doctrine de la venue du Seigneur qui les distinguait. C'est la tactique de Satan, s'il ne peut nous ravir la vérité, de la corrompre, tandis qu'elle est encore entre nos mains. Les Thessaloniciens étaient plein de zèle, ils étaient allés avec décision de coeur au-devant du Seigneur; cependant quelques-uns «marchaient dans le désordre, ne travaillant pas du tout, mais se mêlant de tout» (2 Thessaloniciens 3: 11). L'apôtre ne condamne pas leur zèle, et ne cherche pas à corriger le mal en détournant leur attention de son grand sujet de la venue du Seigneur; mais il désire que leur attente soit patiente, et non déréglée; il insiste sur ce devoir, en leur rappelant son exemple et ses préceptes quand il était au milieu d'eux. A Thessalonique, il avait travaillé pour suffire à ses besoins, la chose ayant été ainsi ordonnée par la prévoyance et la sagesse de Dieu, qui maintenant, par l'Esprit, se sert de cette circonstance pour l'avertissement et la direction des saints dans cette ville.

Tel était, je crois, le caractère de l'église des Thessaloniciens, avec leurs doctrines, et les craintes auxquelles répond l'enseignement de l'apôtre. Ils se distinguaient par la simplicité de leur foi, par leur amour fraternel et leur attente de la venue de Christ; ils avaient aussi besoin, comme nous l'avons vu, de plus de lumière sur les voies du Seigneur, et d'avertissements au sujet de quelques-unes de leurs voies.

Mais par-dessus tout, je désire insister de nouveau sur ce qui a principalement attiré mes pensées, c'est-à-dire que nous avons ici la doctrine de l'enlèvement des saints, soit «endormis», soit «vivants», pour rencontrer leur Seigneur «en l'air», avant qu'il vienne pour le monde. Cet enlèvement n'est pas seulement une résurrection, il est aussi une ascension; l'histoire de l'Eglise est comprise entre la résurrection et l'ascension du Seigneur, et la résurrection et l'ascension de l'Eglise. La première lui donna la vie et la mit, étrangère ici-bas, dans le chemin du désert, la seconde terminera son voyage, en la ravissant vers sa demeure céleste. Mais la résurrection du Seigneur et de l'Eglise est particulière: elle est une résurrection d'entre les morts. C'était une hérésie sadducéenne de nier la résurrection des morts, et cette doctrine est au nombre des principes reconnus par les Juifs, en Hébreux 6. Mais la résurrection d'entre les morts était quelque chose qui dépassait la mesure de la foi juive. Quand le Seigneur en parlait, les disciples s'entre-demandaient ce que c'était que ressusciter d'entre les morts (Marc 9: 10); l'allusion à cette résurrection dépassait de beaucoup les pensées de Marthe, bien que cette femme fut un bel exemple de la foi juive (Jean 11: 24-26). Quand elle parle d'une résurrection au dernier jour, le Seigneur lui parle d'une puissance de résurrection qui était en lui-même, et qui n'attendrait pas jusqu'au dernier jour pour se manifester, mais agirait de manière à anticiper glorieusement toutes les autres résurrections, par une résurrection digne de Celui qui est «la résurrection et la vie». Celle-là seule est une résurrection par la puissance de la présence en nous de l'Esprit de Dieu (Romains 8: 11). Tel fut le cas du Seigneur lui-même: une résurrection d'entre les morts, et telle sera la résurrection des siens, non pas «au dernier jour», comme Marthe ou les Juifs le pensaient, mais «à Sa venue», comme l'Esprit le dit aujourd'hui dans l'Eglise (1 Corinthiens 15: 23). Les patriarches de la nation juive attachaient tous une valeur particulière à leurs corps morts; ils furent religieusement recueillis à Macpéla par les leurs, dont le soin et le zèle étaient la confession de leur espérance et de la certitude qu'ils avaient de ressusciter. Seulement ils rattachaient la résurrection au pays de la promesse, et cette pensée était juste pour ceux qui n'avaient que des espérances de résurrection pour la terre.

L'Eglise a une espérance plus élevée. Les cieux et l'ascension en l'air sont devant ses yeux; les patriarches avaient en perspective Canaan et la résurrection hors du sépulcre de Macpéla. L'Eglise est déjà ressuscitée en Esprit avec Christ, et n'attend plus que le jour où, dans des corps glorifiés, elle montera sur les nuées pour Le rencontrer. Cette espérance lui convient, comme la première espérance était à sa place pour les patriarches; chacune est de saison, selon l'extension de la pensée de Dieu envers nous. Les patriarches devaient mourir, et attendaient la résurrection et la domination de Dieu au pays de Canaan (Genèse 50: 24, 25). L'Eglise est ressuscitée, et n'attend plus que de monter aux cieux avec le Seigneur glorifié (Philippiens 3: 20, 21).

La résurrection et l'ascension des saints doit clore, comme je l'ai déjà fait remarquer, la dispensation de l'Eglise, dont la résurrection et l'ascension du Seigneur étaient le commencement.

L'histoire d'Israël à la mer Rouge et au Jourdain, à l'entrée et à la sortie du désert, ne nous dit-elle pas les mêmes choses? Nous nous tenons, bien-aimés, sur les bords du Jourdain. C'est encore le désert, nous avons encore besoin de la manne et de l'eau du rocher; mais nous sommes arrivés aux confins de la gloire; le salut est plus près de nous que lorsque nous avons cru. «La nuit est fort avancée, et le jour s'est approché». Le Saint Esprit déjà envoyé du ciel, est en nous l'avant-coureur du jour qui est proche. Il a déjà fait de nous, «des fils de la lumière et des fils du jour» (1 Thessaloniciens 5: 5). «C'est déjà l'heure de nous réveiller du sommeil». Réveillons-nous, levons-nous, regardons, et nous verrons les premiers rayons du matin. L'Esprit du jour en nous, est le gage que le jour va bientôt poindre en gloire sur nos têtes.

Il y eut, il est vrai, pour le peuple, un retard sur les bords du Jourdain. L'armée de Dieu attendait qu'une certaine mission, envoyée dans le pays souillé des Amoréens, fût accomplie. Les espions étaient entrés dans ce pays voué au jugement (Josué 2). Le péché des Amoréens était arrivé à son comble, et l'épée de Josué aurait pu y pénétrer sur-le-champ. Mais il y eut un moment de répit qui se trouva être à salut. Le Seigneur se tenait à la porte de la maison condamnée et heurtait, pour voir si peut-être quelqu'un lui ouvrirait encore. Il en fut ainsi: une pauvre pécheresse de la ville se rendit à l'invitation, et, craignant, elle fit comme Noé qui prépara une arche pour le salut de sa maison. Elle habitait dans la région de la mort et du jugement; mais la miséricorde allait lui apporter la joie, et sa fenêtre, avec le cordon écarlate qui y était attaché, devint comme un autre linteau aspergé de sang, pour préserver sa maison: cette fois encore l'ange destructeur passa outre. Nous attendons aussi, de la même manière, au bord du Jourdain. La gloire n'a pas encore resplendi, mais elle attend, pour faire son œuvre, que la grâce ait accompli sa mission. La patience de notre Seigneur est salut. Il ne veut pas qu'aucun périsse, mais que tous viennent à la repentance (2 Pierre 3). Nous attendons que le corps soit parvenu à la mesure de la stature de la plénitude du Christ qui lui est assignée, et que tous soient arrivés à la connaissance du Fils de Dieu, à l'état d'homme fait. Alors la puissance de la mort cédera de nouveau devant les pieds des sacrificateurs qui portent l'arche (Josué 3). «Car si l'Esprit de Celui qui a ressuscité Jésus d'entre les morts habite en vous, Celui qui a ressuscité le Christ d'entre les morts vivifiera vos corps mortels aussi à cause de son Esprit qui habite en vous» (Romains 8: 11). Si donc, comme fils et sacrificateurs de Dieu, nous portons l'arche du Seigneur, les eaux ne résisteront pas à notre passage. Nous possédons la vie cachée, qui est au-dessus du pouvoir de la mort.

Telles sont les voies glorieuses de Celui qui nous a aimés, et il en a de plus riches et plus excellentes que celles-là, qui nous disent et nous diront encore que Dieu est amour, qu'en bénissant, il fait son oeuvre, et se montre lui-même, en manifestant sa grâce envers des pécheurs indignes. Nous apprenons maintenant ce qu'est la grâce avec toutes ses ressources variées; nous traverserons bientôt des espaces où nous apprendrons ce qu'est la gloire. Depuis que Jésus est venu ici-bas, nous avons trouvé que chaque sentier dans le désert était un sentier de grâce; mais la gloire est encore devant nous. Nous n'en traversons pas encore la région: «Vous n'avez point ci-devant passé par ce chemin», disait Josué au peuple sur les bords du Jourdain, en lui parlant d'avance de passer à l'autre bord (Josué 3: 4). Mais certes nous ne devons pas craindre ce chemin merveilleux. La main qui divisa la mer Rouge, divisera le Jourdain avec la même aisance. Celui qui ressuscita Jésus d'entre les morts, vivifiera aussi nos corps mortels pour nous donner part à la même gloire. C'est, il est vrai, un chemin par lequel nous n'avons pas encore passé; mais la main du Seigneur est la même. Ce n'est pas la gloire de Christ qui est la grande chose; c'est la croix de Christ, et elle est déjà nôtre. Si Dieu nous a donné son Fils dans l'humiliation et la souffrance, nous donner son Fils glorifié, lui sera une chose légère et facile, pour parler à la manière des hommes. Si nous savons que Jésus baissant la tête sur la croix est à nous, nous pouvons bien savoir que Jésus souverainement élevé sera à nous; le gage en est certain. Comme il y eut un monument de douze pierres, une pierre pour chaque tribu, de même il y aura une louange permanente de tous ses saints pour dire les richesses de sa grâce et de sa gloire en éternité.

«A Celui qui nous aime, et qui nous a lavés de nos péchés dans son sang; — et il nous a faits un royaume, des sacrificateurs pour son Dieu et Père; — à Lui la gloire et la force aux siècles des siècles. Amen!»