ME 1910 page 335
En lisant les deux premiers chapitres de Matthieu, nous
apprenons, entre autres choses, quelle place nous devrions donner à la
prophétie; mais nous voyons aussi comment l'intelligence humaine en fait usage,
et ainsi, ces chapitres nous guident et nous avertissent à la fois.
L'évangéliste lui-même, conduit par le Saint Esprit, nous
donne un exemple du véritable emploi qu'il faut faire de la prophétie. Au cours
de ces deux chapitres, il rappelle sans cesse les paroles des prophètes, à
mesure que la réalisation de ces paroles se présente à lui. Au chapitre 1, il
cite Esaïe 7, lorsque l'ange annonce à Joseph comment la naissance de l'enfant
aura lieu; au chapitre 2, il cite Osée 11, lorsqu'il nous dit que Joseph a dû
emmener l'enfant en Egypte. De même, quand Hérode fait mourir les petits
enfants de Bethléhem, l'évangéliste mentionne Jérémie 31. Et plus loin encore,
lorsque Jésus, ramené d'Egypte, demeure à Nazareth, Matthieu résume, pour ainsi
dire, tous les prophètes, ou du moins le témoignage commun qu'ils ont rendu
d'un tel fait, et il l'exprime par ces mots, comme parlant en leur nom: «Il
sera appelé Nazaréen».
Ceci illustre l'un des emplois précieux des prophéties. Je
sais bien que ces interprétations ont été opérées dans l'évangéliste, par le
moyen de l'Esprit de Dieu, mais cela nous montre combien la Parole devrait être
gardée précieusement dans le coeur des saints, afin qu'elle puisse se
développer librement et marquer de son sceau divin les événements à mesure
qu'ils se déroulent. C'est un exercice magnifique de l'esprit renouvelé, qui
discerne les temps, comme nous discernons les apparences du ciel (Luc 12: 56,
57). Cette identification par une sainte intelligence, des anciens oracles de l'Esprit
de Dieu, avec les événements actuels, est une forme de l'obéissance et du
service de la foi.
Mais il y a plus encore. Dans ces mêmes chapitres, nous
voyons un autre usage de la prophétie, illustré pour notre instruction par les
mages de l'Orient. Ils avaient — si l'on peut s'exprimer ainsi — gardé cette
prophétie dans leur mémoire, bien qu'elle eût été exprimée des siècles
auparavant. Ils l'avaient attendue, sachant qu'elle s'accomplirait et ne
tarderait point. Les croyants avaient vécu dans cette attente depuis les jours
de Balaam jusqu'aux jours de Christ. Ils avaient estimé tout le reste comme
secondaire; car aussitôt que l'oracle ancien est accompli, et que l'étoile
promise est apparue, ils obéissent à la vision céleste et commencent un long
voyage de foi et d'espérance. Voici donc un autre usage de la parole
prophétique, un usage magnifique, le meilleur et le plus élevé. Nous avons déjà
dit combien il est beau de voir l'évangéliste lui-même, l'esprit plein de
citations des Ecritures, capable de les employer et de les appliquer avec une
sainte intelligence; mais il est plus précieux encore, d'agir selon l'Ecriture
ou selon des révélations prophétiques, quoi qu'il puisse en coûter
personnellement. Abraham et Daniel agissaient ainsi. Lorsque la destruction
imminente de Sodome est annoncée à Abraham, il agit immédiatement d'après ce
qu'il a entendu et intercède pour cette ville corrompue en vue du juste qui pourrait
s'y trouver. Lorsque Daniel apprend par les livres prophétiques que les 70 ans
de captivité vont prendre fin, il cherche la bénédiction de son pays et de son
peuple par la prière et par le jeûne. De cette manière aussi, les mages de
l'Orient emploient la parole de Dieu qui leur avait été transmise par le
prophète de jadis. Et c'est ainsi que nous devrions en faire usage. La Parole
ne doit pas être lettre morte pour l'intelligence, et, d'autre part,
l'intelligence ne doit pas en être plus activement occupée que le coeur ou la
conscience, bien que cette Parole puisse reprendre plusieurs d'entre nous, mais
nous devons en faire un usage pratique et lui fournir l'occasion de prouver ses
mérites.
Tout ceci est bien propre à nous instruire; mais ces
chapitres contiennent aussi pour nous un sérieux avertissement.
Les scribes de la cour d'Hérode entendaient la prophétie;
ils pouvaient l'enseigner à d'autres; elle était claire à leur
intelligence et leur mémoire. Mais malgré cela, ils n'en faisaient personnellement
aucun usage. Quelle chose solennelle! Ils envoyaient les mages de Jérusalem à
Bethléhem, suivant la prophétie si claire de Michée, mais eux-mêmes ne
suivaient pas ses indications. Moralement ils étaient pareils à Balaam, qui
était en quelque sorte le promoteur du voyage des mages à Jérusalem. Balaam,
comme ces scribes, était instruit des voies de Dieu, mais il n'était pas
influencé par elles. Balaam aimait le monde, tout en annonçant son sort. Ces
scribes restaient à la cour du roi, bien que l'étoile brillât sur Bethléhem,
suivant la parole de Dieu qu'ils avaient annoncée. Nous pouvons bien dire de
ces chapitres qu'ils nous apportent un avertissement sérieux, en même temps que
des instructions et des exemples encourageants. Nous devons craindre que notre
intelligence seule soit occupée des Ecritures, et nous devons veiller à ce que
notre coeur et notre conscience soient atteints par la lumière des oracles de
Dieu. Mais continuons:
Des prophètes apparurent en Israël lors de la corruption de
la sacrificature (1 Samuel 1: 3). Ils étaient un secours divin après la chute
du système établi. Les prophètes étaient, soit par leurs écrits, soit
oralement, les ministres de l'Esprit. Samuel en commence la lignée régulière,
comme nous l'apprenons en Actes 3: 24; mais auparavant déjà, ils avaient exercé
leur ministère, seulement Esaïe est à la tête des prophètes écrivains. Ils
étaient pour le peuple d'Israël ce que les évangélistes sont maintenant pour le
monde. Leur ministère exigeait un changement, ou une conversion; ils appelaient
à la repentance. Mais parmi les traits caractéristiques qui les distinguaient,
le suivant était de première importance: l'Esprit parlait par eux. Ils
n'étaient que ce que le Saint Esprit les faisait.
C'est une distinction des plus importantes. Il n'en était
pas ainsi de la sacrificature. Aaron et ses fils, sacrificateurs d'après la loi
d'un commandement charnel, remplissaient leur office par droit de naissance.
Ils n'étaient que ce que la chair les avait faits, ni plus, ni moins. Ils
étaient la semence d'Abraham et de la maison d'Aaron. Ils servaient selon la
chair, et non par l'énergie de l'Esprit. L'Esprit parlait à Israël par
les prophètes, bien que par les sacrificateurs l'Esprit n'eût pas de ministère en
Israël. Il faut établir cette distinction; c'était aussi un progrès dans les
voies divines, une nouvelle étape dans le chemin parcouru selon la sagesse de
Dieu pour nous révéler ses conseils et ses trésors.
Mais il y a plus encore: par la prophétie, le Seigneur
traite ses élus en amis. C'est là une vérité précieuse. Lorsque j'écoute
l'Evangile de la grâce de Dieu, je sais qu'il s'adresse au pécheur. Le salut de
Dieu est annoncé, et moi, pécheur, je suis appelé à le connaître et à le
recevoir. Lorsque je lis les Ecritures qui m'exhortent, les Ecritures qui me
donnent des conseils quant à ma marche et à ma conduite, qui m'instruisent de
mes devoirs et de mon service, et qui entreprennent de régler mon cœur, je vois
qu'elles me considèrent comme un saint; mais lorsque je lis les prophéties, j'y
suis considéré comme un ami. Le Seigneur me révèle ses secrets, il me traite
comme quelqu'un qui a droit aux privilèges d'une intimité personnelle avec Lui;
et lorsque j'y réfléchis, les prophéties m'apparaissent sous un jour
merveilleux et tout nouveau.
Sommes-nous des enfants et des frères selon les conseils de
la grâce? Oui certes, et aussi des serviteurs, et des adorateurs, et des
héritiers; mais au milieu de ces relations, nous pouvons aussi être des amis.
Béthanie nous en offre l'image: Marthe servait, Marie adorait, et Lazare
occupait la place d'un ami, assis à table avec le Seigneur, dans une intimité
personnelle avec Lui. Abraham a été appelé ami de Dieu; et Dieu lui
communiquait ses desseins, bien qu'ils ne le concernassent pas personnellement.
Moïse parlait à l'Eternel face à face, comme un homme parle avec son intime
ami. Jérémie s'entretenait avec Dieu des jugements qui allaient arriver,
exprimant les craintes qu'il ressentait; David se tenait, de la même manière,
devant le Seigneur; Moïse et Elie, dans la gloire de la sainte montagne,
jouissaient d'une intimité semblable, en parlant avec Jésus. Leur exemple nous
montre de la manière la plus éclatante, que l'intimité commencée sur la terre
se continue dans le ciel. En vérité, bien-aimés, nous pouvons nous répéter
qu'il n'y a pas une grande distance morale entre la terre et le ciel, entre le
présent et l'avenir du peuple de Dieu. Ce que nous possédons maintenant en
esprit et en principe, nous l'aurons en perfection dans le ciel; mais nous
sommes déjà entrés moralement dans la vie de l'éternité. Dans le voyage d'Elie
(2 Rois 2), Béthel vient après Guilgal, Jéricho après Béthel, le Jourdain après
Jéricho, et le ciel tout naturellement après le Jourdain. Le char d'Israël et
sa cavalerie attendaient Elie; Elisée avait été jusque-là son compagnon de
voyage, et dès lors c'était la cavalerie d'Israël venant du ciel. Jadis,
l'Eternel s'était mis en route pour aller à Sodome; mais il avait voulu passer
par Mamré pour dire à Abraham ce qu'il allait faire. Il en est ainsi de la
prophétie: le Seigneur s'achemine vers le jugement du monde et vers les gloires
du royaume qui suivront, mais il s'arrête en chemin, afin de faire connaître à
ses élus ce qu'il se propose de faire. Peut-être cela ne les concerne-t-il pas
personnellement, comme la destruction de Sodome ne touchait pas Abraham, et
cependant Dieu lui en parle, il se détourne même de son chemin pour cela. C'était
le privilège de la relation dans laquelle Abraham se trouvait avec l'Eternel;
le secret de Celui qui l'avait fait son ami. «Le Seigneur, l'Eternel, ne fera
rien qu'il ne révèle son secret à ses serviteurs les prophètes» (Amos 3: 7).
Mais je voudrais encore noter une chose. La personnalité
du prophète apparaît parfois. Nous pénétrons les exercices de son propre coeur,
tandis qu'il poursuit son sujet, sous la direction de Dieu. Cela est très
réconfortant pour nous. Nos propres coeurs sont heureux de connaître les
expériences de ces hommes favorisés. La personnalité de Jérémie, par exemple,
se distingue d'un bout à l'autre de son livre.
Il est à peine besoin de faire observer que lorsque nous
lisons un des prophètes, nous devons connaître l'histoire et les circonstances
des temps où ce prophète vivait, et nous pouvons recueillir ces informations
dans les livres historiques, inspirés de la Bible. Nous devrions aussi noter
avec soin les citations qui sont faites dans le Nouveau Testament, du prophète
que nous étudions, et considérer comment l'Esprit qui a donné ces révélations
les emploie, les rapports dans lesquels il les introduit, et l'application qu'il
en fait.
Ces remarques sont applicables à toutes les citations
prophétiques du Nouveau Testament, d'Esaïe à Malachie; mais je voudrais parler
plus spécialement d'Esaïe qui se trouve en tête des prophètes écrivains, non
pas, comme nous le savons, dans l'ordre chronologique, mais dans l'ordre de ces
livres.
Lorsque nous étudions Esaïe, il faut nous efforcer de
discerner les diverses parties qui le composent; de découvrir où chacune
commence et où elle se termine. D'une manière générale, nous observerons que la
gloire du royaume sous une forme ou sous une autre se trouvera à la fin,
tandis que les menaces de jugement et les accusations se trouvent au début. Il
est des exceptions à cette règle, mais elle peut servir d'indication.
Nous trouvons cinq thèmes distincts, auxquels se rattachent
les sujets que traite Esaïe; ces cinq périodes successives de l'histoire du
monde sont étudiées par le prophète dans toutes les divisions du livre, mais
avec une grande variété de formes et de rapprochements.
1.
Mauvais jours, temps de corruption en Israël aux
jours du prophète ou en d'autres temps.
2.
Jugement de cette corruption, par l'Assyrien, le
Chaldéen, ou d'autres instruments de Dieu.
3.
Le temps présent, «le temps des gentils»,
l'intervalle durant lequel Israël est rejeté.
4.
La crise, ou «les temps de la fin», comprenant
les dernières 70 semaines de Daniel, lorsque Dieu s'occupe de nouveau d'Israël
et procède au jugement final de la terre et des nations.
5.
La gloire, ou le royaume, qui suit ce jugement
et qui est appelé communément le millénium (*).
(*) Ces deux dernières
périodes sont appelées par tous les prophètes «le jour du Seigneur». Ce jour
sera d'abord un jour de jugement, puis de gouvernement. Il comprend «le temps
de la fin» et le royaume, comme le jour naturel écarte d'abord les ténèbres du
monde, puis règne sur la création pour le temps qui lui est départi.
Tels sont en général les sujets, les périodes que le
prophète embrasse. Tout naturellement, il est amené à parler du Messie lui-même
et du résidu ou des élus d'Israël gardés pendant les jours du jugement. Mais il
n'est pas question de l'Eglise. Elle était un mystère caché en Dieu, et non le
sujet de la prophétie. Les prophètes avaient été appelés à la suite de la
corruption et de l'infidélité de la sacrificature (voyez 1 Samuel 1-7; Actes
des Apôtres 3: 24), et à eux et par eux ont été communiqués les conseils de
Dieu touchant Israël et le monde. Mais le mystère caché en Dieu, le conseil
divin ne regardant ni Israël, ni les nations, ne leur a pas été révélé, comme
il a été révélé par l'Esprit aux apôtres et prophètes du Nouveau Testament (Ephésiens
3: 1-9).
En lisant Esaïe, nous observerons qu'il passe parfois
par-dessus tout le long intervalle qui est le temps actuel, et que le Seigneur
appelle «le temps des gentils». Il rattache les jours où il vivait, temps de la
corruption d'Israël, avec les jours de la crise, ou «jour du Seigneur», passant
de la première des cinq périodes que nous avons énumérées plus haut, à la
quatrième. Il semble avoir écrit un récit ininterrompu, et cependant les
diverses parties de ce récit sont séparées par des siècles et par d'étranges et
merveilleux changements sur la terre. Mais, au sens moral, tout cela est
magnifiquement logique. Dieu reprend ses voies envers Israël au temps de la
fin, juste dans le même état de corruption où ce peuple se trouvait dès le
commencement; chronologiquement Israël est composé d'une foule de
générations, moralement il n'en est qu'une.
Esaïe, comme les autres prophètes, nous fait voir l'œuvre de
l'Esprit de Dieu dans les âmes des Israélites, en même temps que
l'action de la main de Dieu dans leurs circonstances. Nous y trouvons
une grande et belle variété dans la manière de traiter ces sujets et de nous
les présenter, et cependant il n'y a aucune confusion. Trop souvent on lit
Esaïe, comme si ce livre n'était qu'une masse de matériaux difficiles à mettre
en ordre, mais où l'on y découvre des éclairs de lumière, et où plus d'une
prédiction remarquable quant à l'avenir est consignée. Cela a réjoui et guidé
les élus de Dieu de tous les temps, les a fortifiés dans la foi et l'espérance;
mais ce n'est pas comprendre suffisamment cette révélation si précieuse de l'Esprit
de Dieu; car la lumière de Dieu y luit d'une manière continue, et la voix de
l'Eternel ne s'y fait pas entendre comme un son confus. Le lecteur ne doit pas
considérer ce livre comme une certaine quantité de documents sans lien les uns
avec les autres.
Nous avons partagé le livre d'Esaïe en plusieurs divisions,
auxquelles nous avons donné des titres. Elles sont des révélations, appropriées
au sujet de chacune, par l'Esprit de sagesse et de vérité, et se distinguent
nettement les unes des autres. J'ajouterai encore, car j'en sens toute
l'importance, qu'il est bon pour l'édification de méditer aujourd'hui les
vérités prophétiques; car nous traversons des temps sérieux. Le monde s'avance
rapidement vers cette fin d'orgueil et d'iniquité que tous les prophètes ont
prédite, et qui devra être jugée au jour du Seigneur, avant que la gloire
puisse être révélée ou le royaume établi (*). Mais elle sera révélée et le royaume sera établi, car
le monde entier passera du jour du Seigneur dans la période de gloire. Dieu jugera,
mais son jugement purifiera au lieu de détruire. La terre survivra à ce
jugement. L'arc-en-ciel de Genèse 9 et d'Apocalypse 4 et 10, en est le garant;
les parties les plus éloignées l'une de l'autre du volume divin sont
rapprochées pour dire les mêmes paroles de grâce et de salut pour cette terre
que, dès les commencements, Dieu donna aux fils des hommes, et qu'il aime
encore, car nous lisons: «Que les cieux se réjouissent, et que la terre
s'égaye; que la mer bruie, et tout ce qui la remplit; que les champs se
réjouissent, et tout ce qui est en eux. Alors tous les arbres de la forêt
chanteront de joie. Que la mer bruie, et tout ce qui la remplit, le monde et
ceux qui y habitent! Que les fleuves battent des mains, que les montagnes
chantent de joie ensemble!» (Psaumes 96: 11, 12; 98: 7, 8). Alors seront dites
à l'Eternel, le Créateur, les paroles d'un autre Psaume: «Tu envoies ton
esprit: ils sont créés, et tu renouvelles la face de la terre. La gloire de
l'Eternel sera à toujours; l'Eternel se réjouira en ses oeuvres» (Psaumes 104:
30, 31. )
(*) La chrétienté, dans ce
«temps des gentils», s'étant corrompue, comme l'avait fait Israël, sera jugée
aussi au jour du Seigneur. L'Apocalypse nous en donne l'assurance formelle;
car, comme jadis dans les prophéties, il y est question de la corruption, du
jugement et de la gloire.
Je voudrais ajouter à ce que j'ai déjà dit une sorte de
«table des matières», indiquant les diverses divisions de cette précieuse
portion de la Parole. Nous y trouvons dix-huit sujets distincts, et il est
intéressant de remarquer que le Nouveau Testament nous offre des citations de
chacun d'eux, l'Esprit scellant, pour ainsi dire, à nouveau les révélations
qu'il avait données des siècles auparavant (*).
(*) L'intermède historique no 9 fait exception, car
c'est un récit historique et non pas exactement une division du prophète.
|
Nos |
Sujet |
|
Chapitres |
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1 |
Préface |
|
1 |
|
|
2 |
Le jour du Seigneur |
|
2-4 |
|
|
3 |
La vigne |
|
5 |
|
|
3 |
Le trône de la gloire judiciaire |
|
6 |
|
|
5 |
La Confédération ou Emmanuel et les enfants |
|
7-9 v.7 |
|
|
6 |
L’Assyrien |
|
9 v.8 -12 |
|
|
7 |
Le châtiment des nations |
|
13-27 |
|
|
8 |
Les six malheurs |
|
28-35 |
|
|
9 |
L’interprétation historique |
|
36-39 |
|
|
10 |
Israël à Babylone |
|
40-48 |
|
|
11 |
Jésus et Jérusalem |
|
49 |
|
|
12 |
Jésus ressuscité et le résidu |
|
50-52 v.12 |
|
|
13 |
La croix et ses vertus |
|
52 v.13 - 55 |
|
|
14 |
Le résidu manifesté |
|
56-57 |
|
|
15 |
Israël préparé pour le royaume |
|
58-60 |
|
|
16 |
Les deux venues |
|
61-63 v.6 |
|
|
17 |
La prière d’Israël et la réponse du Messie |
|
63 v.7 - 65 |
|
|
18 |
Conclusion |
|
66 |
|
J'ajouterai quelques mots sur chacun de ces différents
sujets, avec le désir d'aider le lecteur à en découvrir la pensée dominante.
Le chapitre 1 contient tous les principaux sujets du
livre: la corruption, le jugement, la gloire ou le royaume, avec une allusion
au résidu et au temps présent (ou parenthèse des gentils). A cause de cela, et
parce qu'il est complet en lui-même, je l'ai appelé «Préface».
Chapitres 2 à 4 — Le royaume, sous la figure d'une
«montagne», est pressenti au commencement, et présenté avec quelques-unes de
ses gloires à la fin. Mais la corruption et le jugement sont les grands sujets
de cette division qui commence et se termine par la gloire. Il est question, un
moment, du résidu, au chapitre 3: 10. L'orgueil qui généralement, dans les
voies de Dieu, précède la destruction, est prévu au chapitre 1: 1-9. Le
jugement de Dieu est appelé dans l'Ecriture le «Jour du Seigneur»; c'est
pourquoi je donne ce nom à cette seconde division.
Chapitre 5 — L'image de la vigne est employée dans le
même sens par le Seigneur, en Matthieu 21. Nous trouvons ici la corruption et
le jugement, comme au «temps des gentils». Mais le royaume n'y est pas
mentionné, et ceci est inusité, tout comme il l'était que le Seigneur parlât de
sa mort sans faire allusion à sa résurrection. Ce titre: «La vigne» s'imposait
de lui-même.
Chapitre 6 — Le trône est ici un trône de jugement ou
de gloire judiciaire. Cela ressort du chapitre lui-même et des citations qui en
sont faites dans le Nouveau Testament (voyez Matthieu 13; Jean 12; Actes des
Apôtres 28). Dans un sens, le prophète représente le résidu. Il traverse les
mêmes expériences que l'apôtre Jean, au chapitre 1 de l'Apocalypse. Ici, comme
dans le chapitre 3, l'orgueil précède l'écrasement. Cette division a donc pour
titre: «Le trône de gloire».
Chapitres 7 à 9: 7 — L'incrédulité d'Israël est
suivie d'un jugement actuel, mais les coalitions des ennemis du peuple seront
finalement dispersées; un résidu sera mis à part, formé graduellement, et
atteindra enfin la gloire du royaume. Emmanuel et ses enfants, présentés en
type, en sont les signes. Des images de ce genre nous sont données dans la
Genèse, et aussi en Osée 1. Il est naturel d'appeler cette division: «La
confédération, ou Emmanuel et ses enfants».
Chapitres 9: 8 à 12 — Nous apprenons ici qu'après
avoir envoyé à Israël (non pas à Juda) plusieurs châtiments, Dieu le châtie
plus sévèrement encore par l'Assyrien. (2 Rois 17). Mais l'Assyrien lui-même
est jugé; son orgueil et sa chute sont prédits. Toutefois la chute de
l'Assyrien prépare le royaume, et cela nous montre que l'Assyrien est non seulement
le vainqueur d'Israël dans le passé, mais qu'il sera son ennemi aux derniers
jours (voyez Michée 5: 5; comparez chapitre 10: 22 et Romains 9: 27; chapitre
11: 10 et Romains 15: 12). Cette division a donc pour titre: «L'Assyrien». Au
chapitre 12, le royaume est célébré comme en Exode 15; le chapitre 4 l'avait
plutôt décrit.
Chapitres 13 à 27 — Nous trouvons ici le jugement de
toutes les nations qui ont eu à faire au peuple de Dieu, et cet acte prépare la
délivrance d'Israël et l'établissement du royaume.
Lisez les conquêtes de Nébucadnetsar, en vous souvenant
qu'elles symbolisent les jugements des derniers jours qui prépareront le
royaume.
Les chapitres 25 à 27 nous montrent certaines expériences du
résidu appropriées à ces temps futurs. La chrétienté, ayant eu à faire avec le
Seigneur d'Israël, comme les nations elles-mêmes avaient eu à faire avec
Israël, aura part à ses jugements (voyez l'Apocalypse). Le titre: «Châtiment
des nations» est donc naturel ici.
Chapitres 28 à 35 — Ces chapitres s'adressent, non
pas aux nations, mais au peuple de Dieu. Les malheurs sont prononcés
successivement contre Samarie, contre Jérusalem, contre les apostats de la fin,
contre les enfants rebelles qui cherchent le secours de l'Egypte, contre ceux
qui y descendent, et enfin, mais seulement en dernier lieu, contre le
corrupteur d'Israël, le grand ennemi des derniers jours. Graduellement, à
mesure que nous avançons à travers ces calamités, la délivrance promise et la
joie s'accentuent, jusqu'à ce qu'à la fin tout soit gloire, comme fruit de la
promesse. Nous nommons donc cette partie: «Les six malheurs».
Chapitres 36 à 39 — Nous arrivons à l'intermède
historique. Nous le trouvons aussi dans les livres historiques, mais non pas
comme un intermède, puisqu'il fait partie du sujet (2 Rois et 2 Chroniques).
Nous savons que l'Ecriture contient des paraboles historiques, comme des
paraboles fictives. Elles sont appelées des «allégories», au chapitre 4 des
Galates. Je crois que, dans ces chapitres, les fragments d'histoire sont des
allégories. Je voudrais seulement dire ceci: L'écrit d'Ezéchias, (38: 9), comme
le cantique au bord de la mer Rouge, le cantique de Débora, la prière d'Anne,
les Lamentations de Jérémie, la prière de Marie dans Luc 1, a un double sens.
La maladie d'Ezéchias, elle-même, a un sens symbolique, comme le naufrage de
Jonas, le joug de Jérémie, le mariage d'Osée, ou la ceinture de Paul.
Chapitres 40 à 48 — Dans cette division, Israël, le
peuple de Dieu, est vu à Babylone, et le prophète présente Dieu, le Seigneur
d'Israël, comme faisant trois choses:
1. Il
plaide sa propre cause contre Babylone et ses idoles, les confond et les
condamne.
2. Il
plaide sa propre cause contre son peuple résidant à Babylone, il le reprend et
l'instruit.
3. Il
plaide la cause de son peuple contre Babylone, et le délivre de cette dure
captivité.
Ces trois choses nous montrent une action parfaite. Telle
fut aussi la manière de faire de l'Eternel, lorsque son peuple était en Egypte,
comme nous le voyons aux chapitres 1 à 15 de l'Exode. Ce sont aussi des
exemples des voies de Dieu envers le monde où ses élus habitent. Le titre de
ces chapitres sera donc: «Israël à Babylone».
Chapitre 49 — Dans ce magnifique chapitre, le Messie
raconte sa propre histoire depuis sa naissance jusqu'à l'établissement du
royaume. Sion répond par des lamentations, comme quelqu'un qui a été oublié et
qui n'a plus la place qui lui revient. Le Messie répond à ces plaintes par des
paroles douces et encourageantes (voyez Zacharie 1: 13). Cette division a pour
titre: «Jésus et Jérusalem».
Chapitres 50 à 52: 12 — Ici, le Seigneur ressuscité
fait le récit de sa propre histoire, depuis le moment où il a rejeté Israël et
tourné le dos à Jérusalem (voyez la fin de Matthieu 22), jusqu'au jour de sa
résurrection, où Dieu l'a justifié. Puis il dirige et enseigne le
résidu, son Israël, au milieu des nations. Par cet enseignement, le
résidu fait des progrès dans la grâce et dans la vérité. Le jour de sa
délivrance est anticipé. Nous distinguons déjà dans ce passage quelque chose de
la doctrine de l'épître aux Romains (chapitres 9-11). Nous pouvons l'intituler:
«Jésus ressuscité et le résidu».
Chapitres 52: 13 à 55 — Dans ces chapitres, la croix
ou Jésus crucifié, sont considérés alternativement par Jéhovah et par le vrai
Israël, l'Israël croyant au jour de son réveil. En vertu de l'oeuvre de la
croix, Jérusalem reçoit les plus riches promesses, et les pécheurs les grâces
les plus étendues. Nous voyons ici les miracles de grâce et de gloire que la
croix peut accomplir. Cette division ne traite pas de la corruption, du
jugement et de la gloire; elle a son sujet propre, et peut être intitulée: «La
croix et ses vertus».
Chapitres 56 et 57 — Ces chapitres peuvent être
divisés en trois parties.
1. Le
peuple est engagé à porter pour Dieu du fruit selon sa propre alliance, et des
bénédictions sont promises aux étrangers et aux eunuques, s'ils veulent
s'attacher au Dieu d'Israël (56: 1-8).
2. Le
peuple ayant été convaincu d'iniquité, les Bêtes (les empires des nations) sont
appelées a exécuter la colère de Dieu contre Israël (56: 9-57: 13).
3. Au
milieu de la nation réprouvée, le résidu se distingue par des caractères de
grande beauté morale (57: 13-21).
Nous apprenons par le Psaume 79 et par l'Apocalypse, que
quelques-uns de ceux qui appartiennent au résidu subiront le martyre. Nous
appelons cette division: «Le résidu manifesté».
Chapitres 58 à 60. — Ce passage doit être divisé en
cinq parties.
1. Dieu
accuse le peuple.
2. Le
résidu reconnaît cette accusation. Il s'identifie avec le péché du peuple,
comme l'ont fait Esdras, Néhémie, Daniel et d'autres (59: 1-15).
3. En
réponse à cette humiliation, le Seigneur s'apprête à sauver son peuple, comme
toutes les Ecritures en témoignent (59: 16-20).
4. L'Eternel
alors s'adresse au Messie selon les termes de la nouvelle alliance (59: 21).
5. Le
royaume est alors décrit en détail (60).
Cette division peut être appelée: «Israël préparé pour le
royaume».
Chapitres 61 à 63: 6. — Je crois qu'un jour de
vengeance avait été décidé lors de la première venue du Seigneur (Luc 1: 71).
Les oppresseurs d'Israël auraient été jugés; mais, le Messie ayant été rejeté,
la vengeance ne fut pas exécutée, et Israël ne fut pas délivré. Maintenant,
lorsque le jugement viendra, à la seconde venue du Seigneur, Israël en portera
aussi sa part. Ils ont ainsi préparé leur propre malheur, comme, hélas! nous le
faisons tous parfois, et comme ils l'avaient déjà fait lors de la traversée du
désert. Par conséquent, le chemin qu'ils suivront jusqu'à leur entrée dans le
royaume, aux chapitres 62 et 63, diffère de ce qu'il aurait pu être, comme au
chapitre 61. Cette division est intitulée: «Les deux venues».
Chapitres 63: 7 à 65 — Ces chapitres sont un exemple
des expériences du résidu, que nous trouvons si largement décrites dans les
Psaumes. Ils ont la forme de demandes et de réponses, entre le résidu et
Jéhovah, son Messie. Le résidu comprend les saints d'alors; la Parole leur
donne le nom de «résidu», parce qu'ils seront laissés en dehors du jugement du
peuple et conservés pour le royaume. Ce passage est un dialogue; aussi
l'appelons-nous: «La prière d'Israël et la réponse du Messie».
Chapitre 66 — Ce dernier chapitre d'Esaïe, comme le
premier, contient tous les sujets traités par le prophète: la corruption du
peuple, le jugement, un résidu mis à part, le royaume et les «temps des
nations». La «grâce et le jugement» y sont présentés alternativement (Psaumes
101: 1), mais ce chapitre nous présente plutôt l'Evangile de la gloire,
tandis que d'autres portions de la Parole nous montrent l'Evangile de Canaan
(Hébreux 4), l'Evangile de l'appel céleste qui est maintenant nôtre (Hébreux
4), l'Evangile du royaume (Matthieu 24; Apocalypse 14). Le chapitre 14
de Zacharie peut être lu en rapport avec une grande partie du contenu de ce
chapitre d'Esaïe, et le discours de Paul aux Athéniens (Actes des Apôtres 17),
en rapport avec le premier verset de ce même chapitre. Ayant donné le nom de:
«Préface» au premier chapitre, nous nommerons ce dernier: La «Conclusion».
C'est une tâche bénie que de faire ressortir la gloire et
les perfections de l'Ecriture dans un temps comme le nôtre. L'audace de
certains hommes est grande, et leur manque de sincérité égale leur insolence.
Combien peu ils se soucient des simples et des illettrés qui marchent dans la
crainte de Dieu, à la lumière de la foi et avec les consolations de l'Esprit!
Peu leur importe d'ébranler les fondements de leur foi, et d'égarer les âmes.
L'Ecriture n'est-elle pas, en quelque sorte, la colonne de nuée, le lieu
d'habitation de la gloire accompagnant le peuple des élus au travers du désert
de ce monde? La gloire ne remplit-elle pas l'Ecriture? et le rôle de la Parole
n'est-il pas d'éclairer le sentier de l'Israël de Dieu? N'est-ce pas une
insolence digne de celle d'Amalek, de s'opposer à cette Parole, et de combattre
contre le peuple élu qui met sa confiance en elle et marche à sa lumière? (Exode
17).
Quel débat solennel l'Eternel n'aura-t-il pas avec ces
hommes? Ne lisons-nous pas à la fin de ce chapitre de l'Exode: «Jah l'a juré,
l'Eternel aura la guerre contre Amalek de génération en génération»?
C'est une des formes de l'iniquité qui marque les derniers jours de ce monde; cet esprit d'opposition atteindra son apogée lorsque, dans leur audace, la Bête et ses confédérés marcheront contre Celui qui est assis sur le cheval blanc, et qui viendra du ciel avec, son armée, comme Amalek combattit Israël, alors que la colonne de nuée était avec le peuple pour le protéger et le conduire.