Introduction à Esaïe

ME 1910 page 335

 

En lisant les deux premiers chapitres de Matthieu, nous apprenons, entre autres choses, quelle place nous devrions donner à la prophétie; mais nous voyons aussi comment l'intelligence humaine en fait usage, et ainsi, ces chapitres nous guident et nous avertissent à la fois.

L'évangéliste lui-même, conduit par le Saint Esprit, nous donne un exemple du véritable emploi qu'il faut faire de la prophétie. Au cours de ces deux chapitres, il rappelle sans cesse les paroles des prophètes, à mesure que la réalisation de ces paroles se présente à lui. Au chapitre 1, il cite Esaïe 7, lorsque l'ange annonce à Joseph comment la naissance de l'enfant aura lieu; au chapitre 2, il cite Osée 11, lorsqu'il nous dit que Joseph a dû emmener l'enfant en Egypte. De même, quand Hérode fait mourir les petits enfants de Bethléhem, l'évangéliste mentionne Jérémie 31. Et plus loin encore, lorsque Jésus, ramené d'Egypte, demeure à Nazareth, Matthieu résume, pour ainsi dire, tous les prophètes, ou du moins le témoignage commun qu'ils ont rendu d'un tel fait, et il l'exprime par ces mots, comme parlant en leur nom: «Il sera appelé Nazaréen».

Ceci illustre l'un des emplois précieux des prophéties. Je sais bien que ces interprétations ont été opérées dans l'évangéliste, par le moyen de l'Esprit de Dieu, mais cela nous montre combien la Parole devrait être gardée précieusement dans le coeur des saints, afin qu'elle puisse se développer librement et marquer de son sceau divin les événements à mesure qu'ils se déroulent. C'est un exercice magnifique de l'esprit renouvelé, qui discerne les temps, comme nous discernons les apparences du ciel (Luc 12: 56, 57). Cette identification par une sainte intelligence, des anciens oracles de l'Esprit de Dieu, avec les événements actuels, est une forme de l'obéissance et du service de la foi.

Mais il y a plus encore. Dans ces mêmes chapitres, nous voyons un autre usage de la prophétie, illustré pour notre instruction par les mages de l'Orient. Ils avaient — si l'on peut s'exprimer ainsi — gardé cette prophétie dans leur mémoire, bien qu'elle eût été exprimée des siècles auparavant. Ils l'avaient attendue, sachant qu'elle s'accomplirait et ne tarderait point. Les croyants avaient vécu dans cette attente depuis les jours de Balaam jusqu'aux jours de Christ. Ils avaient estimé tout le reste comme secondaire; car aussitôt que l'oracle ancien est accompli, et que l'étoile promise est apparue, ils obéissent à la vision céleste et commencent un long voyage de foi et d'espérance. Voici donc un autre usage de la parole prophétique, un usage magnifique, le meilleur et le plus élevé. Nous avons déjà dit combien il est beau de voir l'évangéliste lui-même, l'esprit plein de citations des Ecritures, capable de les employer et de les appliquer avec une sainte intelligence; mais il est plus précieux encore, d'agir selon l'Ecriture ou selon des révélations prophétiques, quoi qu'il puisse en coûter personnellement. Abraham et Daniel agissaient ainsi. Lorsque la destruction imminente de Sodome est annoncée à Abraham, il agit immédiatement d'après ce qu'il a entendu et intercède pour cette ville corrompue en vue du juste qui pourrait s'y trouver. Lorsque Daniel apprend par les livres prophétiques que les 70 ans de captivité vont prendre fin, il cherche la bénédiction de son pays et de son peuple par la prière et par le jeûne. De cette manière aussi, les mages de l'Orient emploient la parole de Dieu qui leur avait été transmise par le prophète de jadis. Et c'est ainsi que nous devrions en faire usage. La Parole ne doit pas être lettre morte pour l'intelligence, et, d'autre part, l'intelligence ne doit pas en être plus activement occupée que le coeur ou la conscience, bien que cette Parole puisse reprendre plusieurs d'entre nous, mais nous devons en faire un usage pratique et lui fournir l'occasion de prouver ses mérites.

Tout ceci est bien propre à nous instruire; mais ces chapitres contiennent aussi pour nous un sérieux avertissement.

Les scribes de la cour d'Hérode entendaient la prophétie; ils pouvaient l'enseigner à d'autres; elle était claire à leur intelligence et leur mémoire. Mais malgré cela, ils n'en faisaient personnellement aucun usage. Quelle chose solennelle! Ils envoyaient les mages de Jérusalem à Bethléhem, suivant la prophétie si claire de Michée, mais eux-mêmes ne suivaient pas ses indications. Moralement ils étaient pareils à Balaam, qui était en quelque sorte le promoteur du voyage des mages à Jérusalem. Balaam, comme ces scribes, était instruit des voies de Dieu, mais il n'était pas influencé par elles. Balaam aimait le monde, tout en annonçant son sort. Ces scribes restaient à la cour du roi, bien que l'étoile brillât sur Bethléhem, suivant la parole de Dieu qu'ils avaient annoncée. Nous pouvons bien dire de ces chapitres qu'ils nous apportent un avertissement sérieux, en même temps que des instructions et des exemples encourageants. Nous devons craindre que notre intelligence seule soit occupée des Ecritures, et nous devons veiller à ce que notre coeur et notre conscience soient atteints par la lumière des oracles de Dieu. Mais continuons:

Des prophètes apparurent en Israël lors de la corruption de la sacrificature (1 Samuel 1: 3). Ils étaient un secours divin après la chute du système établi. Les prophètes étaient, soit par leurs écrits, soit oralement, les ministres de l'Esprit. Samuel en commence la lignée régulière, comme nous l'apprenons en Actes 3: 24; mais auparavant déjà, ils avaient exercé leur ministère, seulement Esaïe est à la tête des prophètes écrivains. Ils étaient pour le peuple d'Israël ce que les évangélistes sont maintenant pour le monde. Leur ministère exigeait un changement, ou une conversion; ils appelaient à la repentance. Mais parmi les traits caractéristiques qui les distinguaient, le suivant était de première importance: l'Esprit parlait par eux. Ils n'étaient que ce que le Saint Esprit les faisait.

C'est une distinction des plus importantes. Il n'en était pas ainsi de la sacrificature. Aaron et ses fils, sacrificateurs d'après la loi d'un commandement charnel, remplissaient leur office par droit de naissance. Ils n'étaient que ce que la chair les avait faits, ni plus, ni moins. Ils étaient la semence d'Abraham et de la maison d'Aaron. Ils servaient selon la chair, et non par l'énergie de l'Esprit. L'Esprit parlait à Israël par les prophètes, bien que par les sacrificateurs l'Esprit n'eût pas de ministère en Israël. Il faut établir cette distinction; c'était aussi un progrès dans les voies divines, une nouvelle étape dans le chemin parcouru selon la sagesse de Dieu pour nous révéler ses conseils et ses trésors.

Mais il y a plus encore: par la prophétie, le Seigneur traite ses élus en amis. C'est là une vérité précieuse. Lorsque j'écoute l'Evangile de la grâce de Dieu, je sais qu'il s'adresse au pécheur. Le salut de Dieu est annoncé, et moi, pécheur, je suis appelé à le connaître et à le recevoir. Lorsque je lis les Ecritures qui m'exhortent, les Ecritures qui me donnent des conseils quant à ma marche et à ma conduite, qui m'instruisent de mes devoirs et de mon service, et qui entreprennent de régler mon cœur, je vois qu'elles me considèrent comme un saint; mais lorsque je lis les prophéties, j'y suis considéré comme un ami. Le Seigneur me révèle ses secrets, il me traite comme quelqu'un qui a droit aux privilèges d'une intimité personnelle avec Lui; et lorsque j'y réfléchis, les prophéties m'apparaissent sous un jour merveilleux et tout nouveau.

Sommes-nous des enfants et des frères selon les conseils de la grâce? Oui certes, et aussi des serviteurs, et des adorateurs, et des héritiers; mais au milieu de ces relations, nous pouvons aussi être des amis. Béthanie nous en offre l'image: Marthe servait, Marie adorait, et Lazare occupait la place d'un ami, assis à table avec le Seigneur, dans une intimité personnelle avec Lui. Abraham a été appelé ami de Dieu; et Dieu lui communiquait ses desseins, bien qu'ils ne le concernassent pas personnellement. Moïse parlait à l'Eternel face à face, comme un homme parle avec son intime ami. Jérémie s'entretenait avec Dieu des jugements qui allaient arriver, exprimant les craintes qu'il ressentait; David se tenait, de la même manière, devant le Seigneur; Moïse et Elie, dans la gloire de la sainte montagne, jouissaient d'une intimité semblable, en parlant avec Jésus. Leur exemple nous montre de la manière la plus éclatante, que l'intimité commencée sur la terre se continue dans le ciel. En vérité, bien-aimés, nous pouvons nous répéter qu'il n'y a pas une grande distance morale entre la terre et le ciel, entre le présent et l'avenir du peuple de Dieu. Ce que nous possédons maintenant en esprit et en principe, nous l'aurons en perfection dans le ciel; mais nous sommes déjà entrés moralement dans la vie de l'éternité. Dans le voyage d'Elie (2 Rois 2), Béthel vient après Guilgal, Jéricho après Béthel, le Jourdain après Jéricho, et le ciel tout naturellement après le Jourdain. Le char d'Israël et sa cavalerie attendaient Elie; Elisée avait été jusque-là son compagnon de voyage, et dès lors c'était la cavalerie d'Israël venant du ciel. Jadis, l'Eternel s'était mis en route pour aller à Sodome; mais il avait voulu passer par Mamré pour dire à Abraham ce qu'il allait faire. Il en est ainsi de la prophétie: le Seigneur s'achemine vers le jugement du monde et vers les gloires du royaume qui suivront, mais il s'arrête en chemin, afin de faire connaître à ses élus ce qu'il se propose de faire. Peut-être cela ne les concerne-t-il pas personnellement, comme la destruction de Sodome ne touchait pas Abraham, et cependant Dieu lui en parle, il se détourne même de son chemin pour cela. C'était le privilège de la relation dans laquelle Abraham se trouvait avec l'Eternel; le secret de Celui qui l'avait fait son ami. «Le Seigneur, l'Eternel, ne fera rien qu'il ne révèle son secret à ses serviteurs les prophètes» (Amos 3: 7).

Mais je voudrais encore noter une chose. La personnalité du prophète apparaît parfois. Nous pénétrons les exercices de son propre coeur, tandis qu'il poursuit son sujet, sous la direction de Dieu. Cela est très réconfortant pour nous. Nos propres coeurs sont heureux de connaître les expériences de ces hommes favorisés. La personnalité de Jérémie, par exemple, se distingue d'un bout à l'autre de son livre.

Il est à peine besoin de faire observer que lorsque nous lisons un des prophètes, nous devons connaître l'histoire et les circonstances des temps où ce prophète vivait, et nous pouvons recueillir ces informations dans les livres historiques, inspirés de la Bible. Nous devrions aussi noter avec soin les citations qui sont faites dans le Nouveau Testament, du prophète que nous étudions, et considérer comment l'Esprit qui a donné ces révélations les emploie, les rapports dans lesquels il les introduit, et l'application qu'il en fait.

Ces remarques sont applicables à toutes les citations prophétiques du Nouveau Testament, d'Esaïe à Malachie; mais je voudrais parler plus spécialement d'Esaïe qui se trouve en tête des prophètes écrivains, non pas, comme nous le savons, dans l'ordre chronologique, mais dans l'ordre de ces livres.

Lorsque nous étudions Esaïe, il faut nous efforcer de discerner les diverses parties qui le composent; de découvrir où chacune commence et où elle se termine. D'une manière générale, nous observerons que la gloire du royaume sous une forme ou sous une autre se trouvera à la fin, tandis que les menaces de jugement et les accusations se trouvent au début. Il est des exceptions à cette règle, mais elle peut servir d'indication.

Nous trouvons cinq thèmes distincts, auxquels se rattachent les sujets que traite Esaïe; ces cinq périodes successives de l'histoire du monde sont étudiées par le prophète dans toutes les divisions du livre, mais avec une grande variété de formes et de rapprochements.

1.    Mauvais jours, temps de corruption en Israël aux jours du prophète ou en d'autres temps.

2.    Jugement de cette corruption, par l'Assyrien, le Chaldéen, ou d'autres instruments de Dieu.

3.    Le temps présent, «le temps des gentils», l'intervalle durant lequel Israël est rejeté.

4.    La crise, ou «les temps de la fin», comprenant les dernières 70 semaines de Daniel, lorsque Dieu s'occupe de nouveau d'Israël et procède au jugement final de la terre et des nations.

5.    La gloire, ou le royaume, qui suit ce jugement et qui est appelé communément le millénium (*).

(*) Ces deux dernières périodes sont appelées par tous les prophètes «le jour du Seigneur». Ce jour sera d'abord un jour de jugement, puis de gouvernement. Il comprend «le temps de la fin» et le royaume, comme le jour naturel écarte d'abord les ténèbres du monde, puis règne sur la création pour le temps qui lui est départi.

Tels sont en général les sujets, les périodes que le prophète embrasse. Tout naturellement, il est amené à parler du Messie lui-même et du résidu ou des élus d'Israël gardés pendant les jours du jugement. Mais il n'est pas question de l'Eglise. Elle était un mystère caché en Dieu, et non le sujet de la prophétie. Les prophètes avaient été appelés à la suite de la corruption et de l'infidélité de la sacrificature (voyez 1 Samuel 1-7; Actes des Apôtres 3: 24), et à eux et par eux ont été communiqués les conseils de Dieu touchant Israël et le monde. Mais le mystère caché en Dieu, le conseil divin ne regardant ni Israël, ni les nations, ne leur a pas été révélé, comme il a été révélé par l'Esprit aux apôtres et prophètes du Nouveau Testament (Ephésiens 3: 1-9).

En lisant Esaïe, nous observerons qu'il passe parfois par-dessus tout le long intervalle qui est le temps actuel, et que le Seigneur appelle «le temps des gentils». Il rattache les jours où il vivait, temps de la corruption d'Israël, avec les jours de la crise, ou «jour du Seigneur», passant de la première des cinq périodes que nous avons énumérées plus haut, à la quatrième. Il semble avoir écrit un récit ininterrompu, et cependant les diverses parties de ce récit sont séparées par des siècles et par d'étranges et merveilleux changements sur la terre. Mais, au sens moral, tout cela est magnifiquement logique. Dieu reprend ses voies envers Israël au temps de la fin, juste dans le même état de corruption où ce peuple se trouvait dès le commencement; chronologiquement Israël est composé d'une foule de générations, moralement il n'en est qu'une.

Esaïe, comme les autres prophètes, nous fait voir l'œuvre de l'Esprit de Dieu dans les âmes des Israélites, en même temps que l'action de la main de Dieu dans leurs circonstances. Nous y trouvons une grande et belle variété dans la manière de traiter ces sujets et de nous les présenter, et cependant il n'y a aucune confusion. Trop souvent on lit Esaïe, comme si ce livre n'était qu'une masse de matériaux difficiles à mettre en ordre, mais où l'on y découvre des éclairs de lumière, et où plus d'une prédiction remarquable quant à l'avenir est consignée. Cela a réjoui et guidé les élus de Dieu de tous les temps, les a fortifiés dans la foi et l'espérance; mais ce n'est pas comprendre suffisamment cette révélation si précieuse de l'Esprit de Dieu; car la lumière de Dieu y luit d'une manière continue, et la voix de l'Eternel ne s'y fait pas entendre comme un son confus. Le lecteur ne doit pas considérer ce livre comme une certaine quantité de documents sans lien les uns avec les autres.

Nous avons partagé le livre d'Esaïe en plusieurs divisions, auxquelles nous avons donné des titres. Elles sont des révélations, appropriées au sujet de chacune, par l'Esprit de sagesse et de vérité, et se distinguent nettement les unes des autres. J'ajouterai encore, car j'en sens toute l'importance, qu'il est bon pour l'édification de méditer aujourd'hui les vérités prophétiques; car nous traversons des temps sérieux. Le monde s'avance rapidement vers cette fin d'orgueil et d'iniquité que tous les prophètes ont prédite, et qui devra être jugée au jour du Seigneur, avant que la gloire puisse être révélée ou le royaume établi (*). Mais elle sera révélée et le royaume sera établi, car le monde entier passera du jour du Seigneur dans la période de gloire. Dieu jugera, mais son jugement purifiera au lieu de détruire. La terre survivra à ce jugement. L'arc-en-ciel de Genèse 9 et d'Apocalypse 4 et 10, en est le garant; les parties les plus éloignées l'une de l'autre du volume divin sont rapprochées pour dire les mêmes paroles de grâce et de salut pour cette terre que, dès les commencements, Dieu donna aux fils des hommes, et qu'il aime encore, car nous lisons: «Que les cieux se réjouissent, et que la terre s'égaye; que la mer bruie, et tout ce qui la remplit; que les champs se réjouissent, et tout ce qui est en eux. Alors tous les arbres de la forêt chanteront de joie. Que la mer bruie, et tout ce qui la remplit, le monde et ceux qui y habitent! Que les fleuves battent des mains, que les montagnes chantent de joie ensemble!» (Psaumes 96: 11, 12; 98: 7, 8). Alors seront dites à l'Eternel, le Créateur, les paroles d'un autre Psaume: «Tu envoies ton esprit: ils sont créés, et tu renouvelles la face de la terre. La gloire de l'Eternel sera à toujours; l'Eternel se réjouira en ses oeuvres» (Psaumes 104: 30, 31. )

(*) La chrétienté, dans ce «temps des gentils», s'étant corrompue, comme l'avait fait Israël, sera jugée aussi au jour du Seigneur. L'Apocalypse nous en donne l'assurance formelle; car, comme jadis dans les prophéties, il y est question de la corruption, du jugement et de la gloire.

Je voudrais ajouter à ce que j'ai déjà dit une sorte de «table des matières», indiquant les diverses divisions de cette précieuse portion de la Parole. Nous y trouvons dix-huit sujets distincts, et il est intéressant de remarquer que le Nouveau Testament nous offre des citations de chacun d'eux, l'Esprit scellant, pour ainsi dire, à nouveau les révélations qu'il avait données des siècles auparavant (*).

(*) L'intermède historique no 9 fait exception, car c'est un récit historique et non pas exactement une division du prophète.

 

Nos

Sujet

 

Chapitres

 

 

1

Préface

 

1

 

 

2

Le jour du Seigneur

 

2-4

 

 

3

La vigne

 

5

 

 

3

Le trône de la gloire judiciaire

 

6

 

 

5

La Confédération ou Emmanuel et les enfants

 

7-9 v.7

 

 

6

L’Assyrien

 

9 v.8 -12

 

 

7

Le châtiment des nations

 

13-27

 

 

8

Les six malheurs

 

28-35

 

 

9

L’interprétation historique

 

36-39

 

 

10

Israël à Babylone

 

40-48

 

 

11

Jésus et Jérusalem

 

49

 

 

12

Jésus ressuscité et le résidu

 

50-52 v.12

 

 

13

La croix et ses vertus

 

52 v.13 - 55

 

 

14

Le résidu manifesté

 

56-57

 

 

15

Israël préparé pour le royaume

 

58-60

 

 

16

Les deux venues

 

61-63 v.6

 

 

17

La prière d’Israël et la réponse du Messie

 

63 v.7 - 65

 

 

18

Conclusion

 

66

 

J'ajouterai quelques mots sur chacun de ces différents sujets, avec le désir d'aider le lecteur à en découvrir la pensée dominante.


Le chapitre 1 contient tous les principaux sujets du livre: la corruption, le jugement, la gloire ou le royaume, avec une allusion au résidu et au temps présent (ou parenthèse des gentils). A cause de cela, et parce qu'il est complet en lui-même, je l'ai appelé «Préface».

Chapitres 2 à 4 — Le royaume, sous la figure d'une «montagne», est pressenti au commencement, et présenté avec quelques-unes de ses gloires à la fin. Mais la corruption et le jugement sont les grands sujets de cette division qui commence et se termine par la gloire. Il est question, un moment, du résidu, au chapitre 3: 10. L'orgueil qui généralement, dans les voies de Dieu, précède la destruction, est prévu au chapitre 1: 1-9. Le jugement de Dieu est appelé dans l'Ecriture le «Jour du Seigneur»; c'est pourquoi je donne ce nom à cette seconde division.

Chapitre 5 — L'image de la vigne est employée dans le même sens par le Seigneur, en Matthieu 21. Nous trouvons ici la corruption et le jugement, comme au «temps des gentils». Mais le royaume n'y est pas mentionné, et ceci est inusité, tout comme il l'était que le Seigneur parlât de sa mort sans faire allusion à sa résurrection. Ce titre: «La vigne» s'imposait de lui-même.

Chapitre 6 — Le trône est ici un trône de jugement ou de gloire judiciaire. Cela ressort du chapitre lui-même et des citations qui en sont faites dans le Nouveau Testament (voyez Matthieu 13; Jean 12; Actes des Apôtres 28). Dans un sens, le prophète représente le résidu. Il traverse les mêmes expériences que l'apôtre Jean, au chapitre 1 de l'Apocalypse. Ici, comme dans le chapitre 3, l'orgueil précède l'écrasement. Cette division a donc pour titre: «Le trône de gloire».

Chapitres 7 à 9: 7 — L'incrédulité d'Israël est suivie d'un jugement actuel, mais les coalitions des ennemis du peuple seront finalement dispersées; un résidu sera mis à part, formé graduellement, et atteindra enfin la gloire du royaume. Emmanuel et ses enfants, présentés en type, en sont les signes. Des images de ce genre nous sont données dans la Genèse, et aussi en Osée 1. Il est naturel d'appeler cette division: «La confédération, ou Emmanuel et ses enfants».

Chapitres 9: 8 à 12 — Nous apprenons ici qu'après avoir envoyé à Israël (non pas à Juda) plusieurs châtiments, Dieu le châtie plus sévèrement encore par l'Assyrien. (2 Rois 17). Mais l'Assyrien lui-même est jugé; son orgueil et sa chute sont prédits. Toutefois la chute de l'Assyrien prépare le royaume, et cela nous montre que l'Assyrien est non seulement le vainqueur d'Israël dans le passé, mais qu'il sera son ennemi aux derniers jours (voyez Michée 5: 5; comparez chapitre 10: 22 et Romains 9: 27; chapitre 11: 10 et Romains 15: 12). Cette division a donc pour titre: «L'Assyrien». Au chapitre 12, le royaume est célébré comme en Exode 15; le chapitre 4 l'avait plutôt décrit.

Chapitres 13 à 27 — Nous trouvons ici le jugement de toutes les nations qui ont eu à faire au peuple de Dieu, et cet acte prépare la délivrance d'Israël et l'établissement du royaume.

Lisez les conquêtes de Nébucadnetsar, en vous souvenant qu'elles symbolisent les jugements des derniers jours qui prépareront le royaume.

Les chapitres 25 à 27 nous montrent certaines expériences du résidu appropriées à ces temps futurs. La chrétienté, ayant eu à faire avec le Seigneur d'Israël, comme les nations elles-mêmes avaient eu à faire avec Israël, aura part à ses jugements (voyez l'Apocalypse). Le titre: «Châtiment des nations» est donc naturel ici.

Chapitres 28 à 35 — Ces chapitres s'adressent, non pas aux nations, mais au peuple de Dieu. Les malheurs sont prononcés successivement contre Samarie, contre Jérusalem, contre les apostats de la fin, contre les enfants rebelles qui cherchent le secours de l'Egypte, contre ceux qui y descendent, et enfin, mais seulement en dernier lieu, contre le corrupteur d'Israël, le grand ennemi des derniers jours. Graduellement, à mesure que nous avançons à travers ces calamités, la délivrance promise et la joie s'accentuent, jusqu'à ce qu'à la fin tout soit gloire, comme fruit de la promesse. Nous nommons donc cette partie: «Les six malheurs».

Chapitres 36 à 39 — Nous arrivons à l'intermède historique. Nous le trouvons aussi dans les livres historiques, mais non pas comme un intermède, puisqu'il fait partie du sujet (2 Rois et 2 Chroniques). Nous savons que l'Ecriture contient des paraboles historiques, comme des paraboles fictives. Elles sont appelées des «allégories», au chapitre 4 des Galates. Je crois que, dans ces chapitres, les fragments d'histoire sont des allégories. Je voudrais seulement dire ceci: L'écrit d'Ezéchias, (38: 9), comme le cantique au bord de la mer Rouge, le cantique de Débora, la prière d'Anne, les Lamentations de Jérémie, la prière de Marie dans Luc 1, a un double sens. La maladie d'Ezéchias, elle-même, a un sens symbolique, comme le naufrage de Jonas, le joug de Jérémie, le mariage d'Osée, ou la ceinture de Paul.

Chapitres 40 à 48 — Dans cette division, Israël, le peuple de Dieu, est vu à Babylone, et le prophète présente Dieu, le Seigneur d'Israël, comme faisant trois choses:

1.    Il plaide sa propre cause contre Babylone et ses idoles, les confond et les condamne.

2.    Il plaide sa propre cause contre son peuple résidant à Babylone, il le reprend et l'instruit.

3.    Il plaide la cause de son peuple contre Babylone, et le délivre de cette dure captivité.

Ces trois choses nous montrent une action parfaite. Telle fut aussi la manière de faire de l'Eternel, lorsque son peuple était en Egypte, comme nous le voyons aux chapitres 1 à 15 de l'Exode. Ce sont aussi des exemples des voies de Dieu envers le monde où ses élus habitent. Le titre de ces chapitres sera donc: «Israël à Babylone».

Chapitre 49 — Dans ce magnifique chapitre, le Messie raconte sa propre histoire depuis sa naissance jusqu'à l'établissement du royaume. Sion répond par des lamentations, comme quelqu'un qui a été oublié et qui n'a plus la place qui lui revient. Le Messie répond à ces plaintes par des paroles douces et encourageantes (voyez Zacharie 1: 13). Cette division a pour titre: «Jésus et Jérusalem».

Chapitres 50 à 52: 12 — Ici, le Seigneur ressuscité fait le récit de sa propre histoire, depuis le moment où il a rejeté Israël et tourné le dos à Jérusalem (voyez la fin de Matthieu 22), jusqu'au jour de sa résurrection, où Dieu l'a justifié. Puis il dirige et enseigne le résidu, son Israël, au milieu des nations. Par cet enseignement, le résidu fait des progrès dans la grâce et dans la vérité. Le jour de sa délivrance est anticipé. Nous distinguons déjà dans ce passage quelque chose de la doctrine de l'épître aux Romains (chapitres 9-11). Nous pouvons l'intituler: «Jésus ressuscité et le résidu».

Chapitres 52: 13 à 55 — Dans ces chapitres, la croix ou Jésus crucifié, sont considérés alternativement par Jéhovah et par le vrai Israël, l'Israël croyant au jour de son réveil. En vertu de l'oeuvre de la croix, Jérusalem reçoit les plus riches promesses, et les pécheurs les grâces les plus étendues. Nous voyons ici les miracles de grâce et de gloire que la croix peut accomplir. Cette division ne traite pas de la corruption, du jugement et de la gloire; elle a son sujet propre, et peut être intitulée: «La croix et ses vertus».

Chapitres 56 et 57 — Ces chapitres peuvent être divisés en trois parties.

1.    Le peuple est engagé à porter pour Dieu du fruit selon sa propre alliance, et des bénédictions sont promises aux étrangers et aux eunuques, s'ils veulent s'attacher au Dieu d'Israël (56: 1-8).

2.    Le peuple ayant été convaincu d'iniquité, les Bêtes (les empires des nations) sont appelées a exécuter la colère de Dieu contre Israël (56: 9-57: 13).

3.    Au milieu de la nation réprouvée, le résidu se distingue par des caractères de grande beauté morale (57: 13-21).

Nous apprenons par le Psaume 79 et par l'Apocalypse, que quelques-uns de ceux qui appartiennent au résidu subiront le martyre. Nous appelons cette division: «Le résidu manifesté».

Chapitres 58 à 60. — Ce passage doit être divisé en cinq parties.

1.    Dieu accuse le peuple.

2.    Le résidu reconnaît cette accusation. Il s'identifie avec le péché du peuple, comme l'ont fait Esdras, Néhémie, Daniel et d'autres (59: 1-15).

3.    En réponse à cette humiliation, le Seigneur s'apprête à sauver son peuple, comme toutes les Ecritures en témoignent (59: 16-20).

4.     L'Eternel alors s'adresse au Messie selon les termes de la nouvelle alliance (59: 21).

5.     Le royaume est alors décrit en détail (60).

Cette division peut être appelée: «Israël préparé pour le royaume».

Chapitres 61 à 63: 6. — Je crois qu'un jour de vengeance avait été décidé lors de la première venue du Seigneur (Luc 1: 71). Les oppresseurs d'Israël auraient été jugés; mais, le Messie ayant été rejeté, la vengeance ne fut pas exécutée, et Israël ne fut pas délivré. Maintenant, lorsque le jugement viendra, à la seconde venue du Seigneur, Israël en portera aussi sa part. Ils ont ainsi préparé leur propre malheur, comme, hélas! nous le faisons tous parfois, et comme ils l'avaient déjà fait lors de la traversée du désert. Par conséquent, le chemin qu'ils suivront jusqu'à leur entrée dans le royaume, aux chapitres 62 et 63, diffère de ce qu'il aurait pu être, comme au chapitre 61. Cette division est intitulée: «Les deux venues».

Chapitres 63: 7 à 65 — Ces chapitres sont un exemple des expériences du résidu, que nous trouvons si largement décrites dans les Psaumes. Ils ont la forme de demandes et de réponses, entre le résidu et Jéhovah, son Messie. Le résidu comprend les saints d'alors; la Parole leur donne le nom de «résidu», parce qu'ils seront laissés en dehors du jugement du peuple et conservés pour le royaume. Ce passage est un dialogue; aussi l'appelons-nous: «La prière d'Israël et la réponse du Messie».

Chapitre 66 — Ce dernier chapitre d'Esaïe, comme le premier, contient tous les sujets traités par le prophète: la corruption du peuple, le jugement, un résidu mis à part, le royaume et les «temps des nations». La «grâce et le jugement» y sont présentés alternativement (Psaumes 101: 1), mais ce chapitre nous présente plutôt l'Evangile de la gloire, tandis que d'autres portions de la Parole nous montrent l'Evangile de Canaan (Hébreux 4), l'Evangile de l'appel céleste qui est maintenant nôtre (Hébreux 4), l'Evangile du royaume (Matthieu 24; Apocalypse 14). Le chapitre 14 de Zacharie peut être lu en rapport avec une grande partie du contenu de ce chapitre d'Esaïe, et le discours de Paul aux Athéniens (Actes des Apôtres 17), en rapport avec le premier verset de ce même chapitre. Ayant donné le nom de: «Préface» au premier chapitre, nous nommerons ce dernier: La «Conclusion».


C'est une tâche bénie que de faire ressortir la gloire et les perfections de l'Ecriture dans un temps comme le nôtre. L'audace de certains hommes est grande, et leur manque de sincérité égale leur insolence. Combien peu ils se soucient des simples et des illettrés qui marchent dans la crainte de Dieu, à la lumière de la foi et avec les consolations de l'Esprit! Peu leur importe d'ébranler les fondements de leur foi, et d'égarer les âmes. L'Ecriture n'est-elle pas, en quelque sorte, la colonne de nuée, le lieu d'habitation de la gloire accompagnant le peuple des élus au travers du désert de ce monde? La gloire ne remplit-elle pas l'Ecriture? et le rôle de la Parole n'est-il pas d'éclairer le sentier de l'Israël de Dieu? N'est-ce pas une insolence digne de celle d'Amalek, de s'opposer à cette Parole, et de combattre contre le peuple élu qui met sa confiance en elle et marche à sa lumière? (Exode 17).

Quel débat solennel l'Eternel n'aura-t-il pas avec ces hommes? Ne lisons-nous pas à la fin de ce chapitre de l'Exode: «Jah l'a juré, l'Eternel aura la guerre contre Amalek de génération en génération»?

C'est une des formes de l'iniquité qui marque les derniers jours de ce monde; cet esprit d'opposition atteindra son apogée lorsque, dans leur audace, la Bête et ses confédérés marcheront contre Celui qui est assis sur le cheval blanc, et qui viendra du ciel avec, son armée, comme Amalek combattit Israël, alors que la colonne de nuée était avec le peuple pour le protéger et le conduire.