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Les Actes des Apôtres ont été écrits par Luc l'évangéliste à
un disciple nommé Théophile (Luc 1: 1-4; Actes des Apôtres 1: 1). Ils sont la
continuation de l'évangile de Luc, nous présentant la prédication de l'Evangile
aux Juifs premièrement et aux nations, ainsi que le Seigneur l'avait dit en Luc
24: 47, et l'établissement de l'Eglise, ou Assemblée, sur la terre. Cependant,
nous n'y trouvons pas le récit complet de l'évangélisation du monde entier, tel
qu'il est ordonné en Marc 16: 15; le récit de cette œuvre ne fait pas partie de
la révélation.
Après l'élévation de Christ dans la gloire (chapitre 1),
nous avons, au chapitre 2, la descente du Saint Esprit sur la terre, annoncée
en Actes 1: 8; Jean 15: 26, etc. Il est la puissance par laquelle les disciples
rendaient témoignage à la résurrection de Christ (chapitres 1: 22; 2: 24, 31;
3: 15; 4: 2, 10; 5: 30). Ce don du Saint Esprit promis était un accomplissement
de la prophétie de Joël 2: 28-32, relative à l'établissement de la bénédiction
qui doit être répandue sur le peuple d'Israël et sur toute la terre aux
derniers jours. Mais le peuple d'Israël ayant rejeté le témoignage du Saint
Esprit, rendu à Christ ressuscité, comme il avait rejeté le Messie, cette
bénédiction ne put se réaliser en plein. De sorte que ce qui caractérisa
l'action du Saint Esprit dès lors jusqu'à maintenant, est le rassemblement de
l'Eglise sur la terre, en attendant le retour de Christ pour la prendre auprès
de Lui (voyez chapitre 1: 11; 1 Thessaloniciens 4: 14-18; Jean 14, et beaucoup
de passages dans les évangiles). Lorsque ce retour aura eu lieu, la puissance
du Saint Esprit accomplira pleinement la prophétie de Joël. Mais le grand fait
de la venue du Saint Esprit sur la terre, est que Dieu, par son Esprit, vient
habiter dans sa maison spirituelle sur la terre, composée de tous ceux qui ont
reçu Christ (voir Ephésiens 2: 22; 1 Corinthiens 12: 13); maison qui remplace
Israël comme témoignage ici-bas, et qui existe toujours, parce que le Saint
Esprit est toujours dans ce monde avec les croyants, Christ n'étant pas encore
venu chercher son Eglise.
Le livre des Actes, à partir du second chapitre, se divise
en deux parties; la première, chapitres 2 à 12, est caractérisée d'une manière
générale par l'activité de l'apôtre Pierre au milieu des Juifs; la seconde,
chapitres 13 à 28, nous présente l'activité de l'apôtre Paul au milieu des
nations pour l'établissement de l'Eglise en dehors d'Israël (voyez Galates 2:
7, 8).
Au chapitre 2, l'apôtre Pierre rend témoignage aux Juifs avec
une grande puissance, que ce Jésus, qu'ils ont crucifié, est ressuscité, qu'il
est le vrai fils de David, le Seigneur, le Christ (Messie). Au chapitre 3, il
leur dit que, s'ils se repentent et se convertissent, le Seigneur reviendra et
établira son règne, selon que les prophètes l'ont annoncé, et qu'il amènera la
bénédiction promise à Abraham. Au lieu de recevoir ces paroles, chapitre 4, les
chefs du peuple défendent avec menaces aux apôtres de parler au nom de Jésus.
Au chapitre 5, ils mettent les apôtres en prison; un ange les fait sortir et
Pierre rend encore témoignage à la résurrection, à la glorification de Jésus.
Malgré les sages conseils de Gamaliel, les apôtres, après avoir été battus,
reçoivent la défense de parler au nom de Jésus (versets 17-42). Au chapitre 6,
un nouveau et puissant témoin est suscité dans la personne d'Etienne, qui
récapitule (chapitre 7), en présence du sanhédrin, toute l'histoire de la
rébellion du peuple d'Israël, leur montrant que le comble de leur péché est de résister
à l'Esprit Saint, après avoir mis à mort leur Messie. Etienne est lapidé, et
tout est perdu pour Israël comme nation, jusqu'au moment où ils regarderont
vers celui qu'ils ont percé (Zacharie 12: 10).
Par la mort d'Etienne s'accomplit ce que le Seigneur avait
dit lui-même en parabole, en Luc 19: 12-14. Le Seigneur est cet homme noble,
haï, qui est allé dans un pays éloigné (le ciel), pour y recevoir un royaume.
Etienne représente cette ambassade par laquelle les Juifs lui font dire: «Nous
ne voulons pas que celui-ci règne sur nous». Sur la croix, le Seigneur avait
dit: «Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu'ils font». C'est en vertu de
cette intercession que Dieu, par son Esprit, leur faisait savoir que, s'ils se
repentaient, le Seigneur reviendrait leur apporter la bénédiction. Maintenant, ils
savent ce qu'ils font, en refusant ce témoignage si clairement rendu par les
apôtres, et la bénédiction du peuple est renvoyée à plus tard pour faire place
à la période de l'Eglise.
Ce que nous venons de considérer dans ces sept premiers
chapitres, regarde Israël comme peuple. Comme tel, il rejette le
témoignage du Saint Esprit, après avoir rejeté le Messie; comme peuple, il a
perdu droit à tout. Jérusalem a été détruite et le peuple dispersé parmi les
nations, jusqu'à ce que Dieu en grâce le ramène dans son pays, ce qui aura lieu
après l'enlèvement des saints.
Malgré cette dureté de cœur du peuple, nous voyons de grands
effets de la prédication de l'Evangile; si le peuple n'est pas sauvé, des
individus en grand nombre le sont. Au chapitre 2, par la prédication de Pierre,
trois mille sont convertis; au chapitre 4, le nombre s'élève à cinq mille
environ, même une foule de sacrificateurs obéissent à la foi (6: 7). Tous ces
croyants, pris du milieu des Juifs, forment l'Assemblée remplaçant Israël qui,
ne voulant rien de Christ, allait être jugé. C'est pourquoi, il est dit (2:
47): «Que le Seigneur ajoutait tous les jours à l'Assemblée ceux qui devaient
être sauvés:» sauvés des jugements qui allaient atteindre le peuple à cause de
son incrédulité; de même que nous, chrétiens, nous allons être sauvés de la
colère qui vient sur ce monde, tout particulièrement sur la chrétienté, par la
venue du Seigneur selon sa promesse (1 Thessaloniciens 1: 9, 10; Apocalypse 3:
10). En sorte qu'il peut être dit de ceux qui sont convertis aujourd'hui, que
le Seigneur ajoute à l'Assemblée ceux qui doivent être sauvés de la colère qui
vient.
Nous assistons donc, dans ces premiers chapitres des Actes,
au rejet définitif de Christ par le peuple juif et au rassemblement des
croyants, pris du milieu de ce peuple, pour former l'Assemblée qui est
l'habitation de Dieu sur la terre par l'Esprit. Puis nous voyons dans ces
croyants la manifestation de la vie divine dans toute sa fraîcheur (chapitres
2: 42-47; 4: 32-37). Tout ce qui caractérise l'égoïsme, naturel au coeur de
l'homme, est remplacé par l'amour qui caractérise la vie de Dieu. Personne
n'était dans la nécessité, les croyants jouissaient dans une si grande mesure
de leurs biens nouveaux et célestes, qu'ils employaient leurs biens matériels
aux besoins de leurs frères. Quoique d'une bien faible manière, ces fruits de
la vie divine se manifestent encore aujourd'hui. Ils persévéraient dans la
doctrine et la communion des apôtres, la fraction du pain et les prières
(chapitre 2: 42).
Quel temps merveilleux que celui de cette manifestation pure
et fraîche de la vie divine sous la puissante action de l'Esprit qui n'était
pas encore contristé, comme il l'est aujourd'hui dans l'Eglise! Mais quelle
grâce de savoir que, pour nous qui sommes témoins de la ruine de ce témoignage
commencé avec tant de beauté, nous possédons les mêmes ressources que les
croyants d'alors, telles qu'elles sont présentées dans ce verset 42. «La
doctrine des apôtres», dans laquelle nous avons à persévérer aujourd'hui, c'est
l'enseignement de la parole de Dieu qu'ils nous ont laissé. Dieu nous l'a
conservée intacte, elle n'a aucunement perdu sa valeur et son autorité; en y
persévérant, nous réalisons la «communion», c'est-à-dire une commune pensée et
un but commun avec eux. L'enseignement des hommes a corrompu de bonne heure la
doctrine des apôtres, et la communion a été perdue; mais par la grâce de Dieu,
nous pouvons suivre sa Parole au milieu des décombres de l'Eglise professante,
et obéir simplement à cette Parole, par laquelle nous avons trouvé le pardon de
nos péchés. C'est par elle aussi que nous pouvons réaliser le rassemblement des
croyants sur la terre autour du Seigneur et de sa Table, conformément aux
enseignements donnés par ceux auxquels Dieu a révélé sa pensée, nous réunissant
pour rompre le pain et pour la prière, et conformant notre vie entière à
l'enseignement de cette divine Parole. Nous pouvons donc aussi réaliser le
verset 31 du chapitre 9 et le 23e du 11.
Ressources immuables: Le Seigneur, son Esprit et sa Parole.
Précisément ce que l'Eternel dit au résidu d'Israël par Aggée (2: 4, 5).
Ayant cela, les saints «persévéraient dans la doctrine et la
communion des apôtres, la fraction du pain et les prières» (Actes des Apôtres
2: 42). «Les assemblées étaient en paix, étant édifiées, marchant dans la
crainte du Seigneur; et elles croissaient — non par la puissance miraculeuse
des apôtres, mais — par la consolation du Saint Esprit» (Actes des Apôtres 9:
31). Barnabas exhortait les saints à Antioche «à demeurer attachés au Seigneur
de tout leur coeur» (11: 23). Paul exhortait les disciples à «persévérer dans
la foi» (14: 22). «Les assemblées étaient affermies dans la foi» (16: 5). Paul
recommandait les saints «à Dieu et à la parole de sa grâce, qui a la puissance
d'édifier et de donner un héritage avec tous les sanctifiés» (20: 32).
Ces passages nous présentent les conditions pratiques dans
lesquelles l'Eglise pouvait marcher alors et peut marcher aujourd'hui.
Hélas! le cœur naturel ne tarda pas à se manifester au
milieu de ce témoignage si beau et si pur de la vie de Jésus dans l'Assemblée
naissante. Au chapitre 5, nous avons le mensonge d'Ananias et de Sapphira. Vous
remarquerez combien la présence du Saint Esprit était réelle pour les
disciples. Pierre dit à Ananias (verset 3) qu'il a menti à l'Esprit Saint.
Etienne dit aux Juifs (chapitre 7: 51): «Vous résistez à l'Esprit Saint». Nous
avons besoin de penser que l'Esprit Saint est toujours sur la terre, avec nous
et en nous, agissant pour la bénédiction de l'Assemblée et de chaque individu.
Au chapitre 6, des murmures s'élèvent dans l'Assemblée;
plusieurs sont mécontents de la manière dont les secours sont distribués; c'est
l'égoïsme qui paraît d'autant plus fâcheux qu'il se montre au milieu de cette
scène caractérisée par l'amour. Mais les ressources de la grâce font face à la
misère du cœur naturel.
Une persécution éclate à Jérusalem (chapitre 8); mais ceux
qui sont dispersés à cette occasion portent l'Evangile dans les contrées
environnantes, de sorte que l'oeuvre s'étend. Philippe est d'abord envoyé en
Samarie. L'Esprit agit librement en dehors d'Israël, avant de dépasser encore
ces limites immédiates en portant l'Evangile à toutes les nations par le
ministère de Paul. Avant cela, Philippe rejoint l'eunuque de la cour de
Candace, et lui annonce Christ; il est converti et baptisé et peut porter le
message d'amour autour de lui. Philippe évangélise jusqu'à Césarée. Au chapitre
9, un homme nouveau, mentionné déjà (chapitre 8: 1), est introduit dans
l'histoire, c'est Saul, persécuteur de l'Assemblée. Il est arrêté et converti
sur le chemin de Damas, et le Seigneur annonce à Ananias qu'il est un vase
d'élection choisi pour porter son nom devant les nations, et les rois, et le
peuple d'Israël. Remarquez que les nations viennent en premier lieu dans
l'appel de Paul.
Saul, qui devint l'apôtre Paul, est suscité après qu'Israël,
comme peuple, a refusé la bénédiction qui lui était offerte. C'est à lui que le
Seigneur a révélé tout ce qui concerne la position céleste de l'Eglise, corps
de Christ, unie à Lui dans la gloire, et ses bénédictions: c'est ce que nous
trouvons dans l'épître aux Ephésiens. C'est lui qui donne toutes les
instructions relatives à la constitution et à la marche de l'Assemblée, dans
les épîtres aux Corinthiens tout particulièrement. Il révèle le retour du
Seigneur pour ressusciter et transmuer les saints, dans les épîtres aux
Thessaloniciens. En un mot, tout ce qui concerne l'Eglise.
La manière dont le Seigneur apparaît à Saul caractérise tout
son ministère. Le Seigneur qu'il voit dans la gloire se nomme: «Jésus que tu
persécutes». Il lui montre ainsi que tous les croyants sur la terre sont unis à
Lui dans le ciel. Saul comprend que Christ, homme glorifié, est le modèle de la
position que les croyants occuperont en gloire: c'est là le but à atteindre,
ainsi qu'il le montre au chapitre 3 des Philippiens. Christ est l'expression de
la justice que Dieu donne au croyant, en échange de la misérable propre
justice, que l'homme naturel croit pouvoir présenter à Dieu par ses oeuvres.
L'apôtre Paul appelle souvent l'Evangile, «l'Evangile de la gloire», et «son
Evangile», parce qu'il a appris à connaître le Seigneur dans la gloire, tandis
que les autres apôtres ont commencé à le connaître sur la terre (2 Corinthiens
4: 4-6; 1 Timothée 1: 11; Romains 2: 16; 2 Corinthiens 4: 3; 1 Corinthiens 15:
1; Galates 1: 11; 2: 2, etc). C'est l'Evangile qui présente les résultats
complets et glorieux de l'œuvre de la rédemption, dont Christ est l'expression
dans la gloire pour tous les rachetés.
Au chapitre 10, en vue de l'extension qu'allait prendre
l'Evangile chez les païens, Pierre a une révélation du ciel pour lui montrer
que les gentils devaient avoir part aux mêmes privilèges que la grâce avait
conférés aux Juifs auxquels il s'était adressé jusque-là. Corneille, centurion
romain, était croyant; dès que Jésus lui est annoncé, il reçoit le Saint Esprit
et il est baptisé. Au chapitre 11, l'Evangile franchit encore les limites
juives; il est annoncé aux Grecs et une assemblée est formée à Antioche, où,
pour la première fois, les disciples prennent le nom de chrétiens. Au chapitre
12, Hérode persécute l'Assemblée, met à mort Jacques, veut en faire autant à
Pierre qui est délivré miraculeusement de sa prison, Dieu intervenant en
réponse aux prières de l'assemblée. La Parole croissait et se multipliait. Tout
était prêt pour l'exercice du ministère de l'apôtre Paul au milieu des gentils
où l'Eglise allait être édifiée, d'après la révélation que le Seigneur allait
en donner lui-même au grand apôtre des nations.
La seconde partie du livre des Actes nous présente
l'activité de l'apôtre Paul pour la formation de l'Eglise ou Assemblée, chez
les gentils. Les chapitres 13 à 21: 26, donnent le récit de l'activité libre et
publique de l'apôtre dans les trois voyages qu'il fit avant son arrestation à
Jérusalem. Du chapitre 21: 27, à la fin, nous avons les circonstances de son
arrestation, son emprisonnement à Césarée, son voyage et sa captivité à Rome.
Par ses épîtres de Rome, nous voyons que, si l'activité publique de l'apôtre
Paul a pris fin par son emprisonnement, il a continué à servir le Seigneur et
l'Assemblée pendant le temps de sa réclusion, et c'est par ses épîtres que nous
profitons aujourd'hui du ministère de ce glorieux prisonnier.
Nous voyons, au verset 1 du chapitre 8, que malgré la
persécution survenue, les apôtres étaient demeurés à Jérusalem; de sorte que
Jérusalem risquait de devenir une sorte de métropole de l'Eglise, ce qui, par
l'influence juive qu'elle n'aurait pas manqué d'exercer sur celle-ci, l'aurait
empêchée de réaliser son caractère spirituel et céleste et sa dépendance
absolue de Christ, son seul chef dans le ciel. Aussi, voyons-nous, au chapitre
13, le Saint Esprit agir en dehors du terrain juif pour appeler Barnabas et
Saul. Il y avait à Antioche, des prophètes et des docteurs; c'est à eux que
l'Esprit Saint s'adresse, disant: «Mettez-moi à part Barnabas et Saul, pour l'œuvre
à laquelle je les ai appelés. Alors, ayant jeûné et prié, et leur ayant imposé
les mains, ils les laissèrent aller». Les recommander au Seigneur, s'identifier
avec eux dans ce service par l'imposition des mains — car c'est là la portée de
l'imposition des mains — c'est tout ce que ces prophètes et ces docteurs
avaient à faire. Paul et Barnabas s'en vont sous la direction et la puissance
de l'Esprit.
Dans chaque localité, ils s'adressent aux Juifs premièrement. A Perge, après l'intéressant discours dans lequel Christ leur est présenté comme Sauveur, un grand nombre croit en Lui; mais les autres suscitent une persécution contre les apôtres, tandis que ceux des nations se réjouissent de ce que le salut est aussi pour eux. L'oeuvre se continue au chapitre 14; partout la même grâce s'adresse aux Juifs premièrement, tenant compte qu'ils sont «bien-aimés à cause des pères» (Romains 11: 28); mais partout la masse d'entre eux rejette la grâce et suscite la persécution. Les assemblées sont formées et exhortées à persévérer dans la grâce et dans la foi. Il est à remarquer que les apôtres laissent dans chaque localité, les saints formés en assemblées, dans lesquelles ils leur choisissent des anciens (*). Être converti, c'est être de l'Assemblée et se réunir comme tel. Le Seigneur n'est pas mort seulement pour sauver des pécheurs, mais «pour rassembler en un les enfants de Dieu dispersés» (Jean 11: 52).
(*) La nomination d'anciens
était l'acte d'un apôtre ou d'un de ses délégués (Tite 1: 5). Paul indique à
Tite, comme en 1 Timothée 3, quel caractère les anciens devaient revêtir; nous
avons besoin d'y être attentifs. Mais nulle part il n'est dit aux croyants
d'établir sur eux des anciens. Si chaque croyant demeure sous la dépendance du
Seigneur, il comprendra sa responsabilité dans l'assemblée; le Seigneur
pourvoira à ce que tel ou tel possède les qualités d'ancien et les exerce;
l'assemblée pourra reconnaître ce service; mais celui qui l'accomplira sera le
dernier à avoir la pensée d'être reconnu et de se faire reconnaître.
Après cela, les apôtres rentrent à Antioche, d'où ils
avaient été recommandés à la grâce de Dieu, et racontent toutes les choses que
Dieu avait faites, comment Dieu avait ouvert aux nations la porte de la foi.
Au chapitre 15, nous avons le moyen par lequel la sagesse de
Dieu a opéré pour soustraire les assemblées des nations au légalisme, que
certains croyants, venus de Jérusalem, voulaient leur imposer, et contre lequel
l'apôtre Paul eut toujours à lutter. Il est intéressant de considérer que toute
l'autorité exercée par Jérusalem, quant à l'oeuvre chez les gentils, consiste à
leur faire savoir de la part des apôtres et des anciens de cette ville, qu'ils
n'avaient pas à se placer sous la loi. On comprend que si cette décision eût
été prise par une assemblée composée de croyants gentils, ou par Paul et
Barnabas, elle aurait pu être suspecte aux croyants juifs, et causer une
division dans l'Eglise. C'est pourquoi Dieu, dans sa sagesse, fait régler cette
question à Jérusalem, et l'unité est ainsi maintenue entre les assemblées. Des
frères considérés sont choisis pour accompagner Paul et Barnabas à Antioche et
y porter l'heureux message que nous lisons aux versets 23-29, message revêtu de
l'autorité du Saint Esprit. On remarquera que les choses dont les croyants ont
à s'abstenir, ne sont pas spéciales au judaïsme, mais concernent les droits de
Dieu sur tous les hommes, droits qu'ils avaient méconnus après le déluge.
Dans les chapitres 16 à 18: 22, nous avons le second voyage
de Paul en compagnie de Silas; les liens naturels ayant prévalu chez Barnabas
au sujet de son neveu, il part avec lui pour son pays, l'île de Chypre (15:
39). Paul parcourt les lieux qu'il avait déjà visités, heureux de laisser dans
chaque assemblée la lettre de Jérusalem, fortifiant les assemblées qui étaient
ainsi affermies dans la foi et croissaient en nombre. On voit, chapitre 16: 6,
7, l'activité du Saint Esprit pour diriger les apôtres plus avant encore dans
l'oeuvre; ils obéissent et le Seigneur dirige les circonstances, afin que la
grâce pénètre partout, des bords de la rivière au fond de la prison de
Philippes, et que Sa puissance soit manifestée en contraste avec celle de
l'ennemi, ce dernier faisant une oeuvre qui le trompe.
A Thessalonique (chapitre 17), même hostilité de la part des
Juifs; tandis que l'attitude des Béréens est un exemple à suivre de nos jours,
où nous avons besoin, plus que jamais, d'examiner à la lumière des Ecritures,
l'enseignement qui nous est apporté.
De là, l'Evangile gagne Athènes, où Paul annonce aux païens
Jésus, la résurrection et le jugement du monde entier. Il vient ensuite à
Corinthe (chapitre 18) qui était, comme Athènes, un des centres de la culture
intellectuelle d'alors. Le Seigneur l'encourage, lui disant: «Je suis avec toi,
personne ne mettra les mains sur toi pour te faire du mal, parce que j'ai un
grand peuple dans cette ville» (voir 1 Corinthiens 2: 1-5). De là, l'apôtre
retourne à Antioche, après avoir passé à Jérusalem.
Au chapitre 18: 23, départ de Paul pour son troisième et
dernier libre voyage. Traversant la Galatie, où les docteurs judaïsants avaient
trouvé de l'accueil, et où son épître devait leur être déjà parvenue, il
fortifie les disciples. A Ephèse, Apollos, homme puissant dans les Ecritures,
est enseigné plus exactement par Aquilas et Priscilla, car il ne connaissait
que le baptême de Jean. On voit ici que le Seigneur forme lui-même ses
serviteurs, par les moyens qu'il trouve à propos. Apollos va en Achaïe,
recommandé par les frères d'Ephèse, et contribue beaucoup par la grâce à
l'avancement de ceux qui avaient cru (1 Corinthiens 3: 6). Paul arrive à Ephèse
(chapitre 19); il y trouve aussi des disciples qui ne connaissaient que le
baptême de Jean et qui ne savaient pas même que le Saint Esprit fût donné. Ils
sont baptisés du baptême chrétien et, une fois introduits par le baptême dans
la maison de Dieu, ils se trouvent sous l'action de l'Esprit qui vient sur eux,
et dont la présence et l'activité caractérisent la maison de Dieu. La parole du
Seigneur déploie sa puissance à Ephèse, et s'étend de là dans toute la province
romaine appelée Asie. C'est d'Ephèse que Paul écrivit sa première épître aux
Corinthiens. La seconde le fut probablement de Philippes, en tous cas de la
Macédoine, où il se rendit depuis Ephèse; puis il descendit en Grèce d'où il
repassa en Macédoine (20: 1-4). Son passage à Troas nous fournit une preuve que
l'on se rassemblait, pour rompre le pain, le premier jour de la semaine. Ne
voulant pas s'arrêter à Ephèse, Paul fait venir à Milet les anciens de
l'assemblée d'Ephèse, ne pensant pas les revoir. Il leur donne des
recommandations pleines d'intérêt pour nous. L'apôtre se rendait à Jérusalem
pour porter des secours que les assemblées des nations offraient aux saints de
cette ville (Actes des Apôtres 24: 17; Romains 15: 25-27; 1 Corinthiens 16: 1-4;
2 Corinthiens 9). Il était averti par le Saint Esprit que des liens et de la
tribulation l'attendaient. Mais son amour pour sa nation l'entraînait vers le
lieu où son Sauveur avait trouvé la mort et où lui allait trouver des chaînes.
Il rappelle aux anciens d'Ephèse la manière dont il s'est conduit au milieu
d'eux, en leur annonçant sans réserve tout le conseil de Dieu. Maintenant,
sachant qu'ils ne pourraient plus profiter de ses soins apostoliques, et que
des loups entreraient pour ravager le troupeau, que, même du milieu d'eux,
s'élèveraient des hommes qui, au lieu d'attirer les disciples après Christ, les
attireraient après eux — trait qui caractérise le clergé — l'apôtre leur
présente les ressources qui demeurent invariables, pour eux et pour tous les
temps. «Je vous recommande à Dieu, dit-il, et à la parole de sa grâce, qui a la
puissance d'édifier et de vous donner un héritage avec tous les sanctifiés».
Point de succession apostolique, rien de l'homme, il ne dit pas même aux
anciens de désigner des anciens après eux. Dieu avait, et a toujours, une
Assemblée dans ce monde, il se l'est acquise par le sang de son propre Fils
(verset 28); c'est Lui qui pourvoira par sa Parole et son Esprit à tous les
besoins de sa chère Eglise pendant toute la durée de son séjour ici-bas. Hélas!
les loups sont entrés; les faux docteurs se sont levés; malheureusement, ils
ont été écoutés plutôt que la Parole, c'est pourquoi l'Eglise est arrivée à
l'état de ruine qui la caractérise aujourd'hui. Mais chaque fois que le croyant
veut se conformer simplement à la parole de Dieu, il trouve dans la Parole le
seul et vrai moyen de connaître la vérité et d'être conduit par la pensée de
Dieu, pour persévérer, comme nous le disions précédemment, dans la doctrine et
la communion des apôtres, aussi bien aujourd'hui qu'alors.
En passant à Tyr et à Césarée, Paul est encore averti de ne
pas monter à Jérusalem, mais son attachement pour sa nation l'emporte, le
Seigneur le laisse aller, sachant bien de quelle manière il ferait tout
contribuer à sa gloire, au bien de l'Eglise et à celui de son serviteur.
Chapitre 21: 15 et suivants. — Les frères reçoivent Paul et
ses compagnons avec joie; mais aussitôt l'atmosphère juive se fait sentir, on
lui parle de milliers de Juifs, zélés pour la loi, qui ont besoin d'être
convaincus que Paul enseigne aux Juifs d'observer les commandements, car la
lettre des anciens de Jérusalem (chapitre 15) ne libérait des ordonnances que
les croyants d'entre les gentils, tandis que dans le Christ il n'y avait plus
de différence (Colossiens 3: 11). Nous ne connaissons plus personne selon la
chair, avait écrit l'apôtre aux Corinthiens (2 Corinthiens 5: 16). Dans ce
milieu, l'apôtre cède, c'était inutile de résister; la faute, si même nous
avons à relever les fautes d'un apôtre, était de se trouver à Jérusalem, quand
le Seigneur lui avait dit: «Ils ne recevront pas ton témoignage» (22: 18).
Paul est reconnu dans le temple (chapitre 21: 27 et
suivants); un tumulte s'élève, les Juifs veulent le tuer. Sur les degrés de la
forteresse où il est porté par les soldats, il présente son apologie de manière
à toucher les Juifs, s'il est possible, tout en leur présentant la vérité, ce
qui ne fait que les exaspérer. Il est enlevé par ordre du chiliarque (chapitre
22). Le lendemain, il est de nouveau en présence de ses ennemis qu'il divise,
en parlant de la résurrection à laquelle les sadducéens ne croyaient pas. De
nouveau le chiliarque doit le faire enlever pour qu'il ne soit pas mis en
pièces. Pauvre Paul, si le découragement pouvait s'emparer de son âme en
pensant qu'il avait été averti de ne point venir à Jérusalem, la nuit suivante
(23: 11), le Seigneur eut soin de se tenir près de lui pour lui dire: «Aie bon
courage, comme tu as rendu témoignage des choses qui me regardent à Jérusalem,
ainsi il faut que tu rendes témoignage aussi à Rome». Averti qu'une embûche
avait été dressée par les Juifs pour le faire mourir, le chiliarque fait partir
Paul de nuit pour Césarée, où les Juifs se rendent ensuite pour l'accuser
auprès du gouverneur Félix. Après cela, Félix lui-même désire l'entendre
(chapitre 24), mais ses motifs sont intéressés; la vérité l'effraye, il n'en
veut pas; il préfère gagner la faveur des Juifs en gardant Paul prisonnier
pendant deux ans.
Chapitre 25 — Porcius Festus succède à Félix; les Juifs en
profitent, cherchant à obtenir que Paul monte à Jérusalem pour le faire mourir
en chemin. L'apôtre en appelle à César et leur échappe.
Festus embarrassé pour présenter à César l'acte d'accusation
de Paul, profite du passage du roi Agrippa, et fait paraître l'apôtre devant
lui. Cela donne à Paul l'occasion d'exposer sa conduite et sa conversion, de
manière à présenter l'Evangile et à faire appel à la conscience de ceux qui
l'écoutent, tout particulièrement du roi Agrippa. En ayant appelé à César, il
est envoyé à Rome pour accomplir la parole du Seigneur à Ananias (9: 15).
Pendant ce long et périlleux voyage, on voit l'apôtre
toujours au-dessus des circonstances, en pleine communion avec son Dieu,
pensant à tous les détails du voyage et respecté de tous. Cependant il est
prisonnier, il a besoin d'être encouragé; il l'est par la vue des frères qui
viennent de Rome au-devant de lui (28: 15). Il reste deux ans prisonnier à
Rome, avec une certaine liberté. Les Juifs viennent vers lui; mais pas plus
qu'ailleurs, ils ne reçoivent sa doctrine. L'apôtre leur applique les paroles
d'Esaïe 6: 9, 10. Ceux qui veulent l'entendre viennent auprès de lui, et il
leur prêche en toute hardiesse et sans empêchement le royaume de Dieu et les
choses qui regardent le Seigneur Jésus.
Le désir de l'apôtre avait été de se rendre à Rome pour y
exercer son ministère (chapitre 19: 21; Romains 1: 11-15). Il ne peut le faire
que comme prisonnier; mais, par ce moyen, Dieu a fait parvenir jusqu'à nous ses
enseignements dans les précieuses épîtres que ce bienheureux serviteur a
adressées de Rome aux assemblées d'Ephèse, de Colosses, de Philippes et à
Philémon.