Court résumé des Actes des Apôtres

Prod'hom S.

ME 1910 page 409

 

Les Actes des Apôtres ont été écrits par Luc l'évangéliste à un disciple nommé Théophile (Luc 1: 1-4; Actes des Apôtres 1: 1). Ils sont la continuation de l'évangile de Luc, nous présentant la prédication de l'Evangile aux Juifs premièrement et aux nations, ainsi que le Seigneur l'avait dit en Luc 24: 47, et l'établissement de l'Eglise, ou Assemblée, sur la terre. Cependant, nous n'y trouvons pas le récit complet de l'évangélisation du monde entier, tel qu'il est ordonné en Marc 16: 15; le récit de cette œuvre ne fait pas partie de la révélation.

Après l'élévation de Christ dans la gloire (chapitre 1), nous avons, au chapitre 2, la descente du Saint Esprit sur la terre, annoncée en Actes 1: 8; Jean 15: 26, etc. Il est la puissance par laquelle les disciples rendaient témoignage à la résurrection de Christ (chapitres 1: 22; 2: 24, 31; 3: 15; 4: 2, 10; 5: 30). Ce don du Saint Esprit promis était un accomplissement de la prophétie de Joël 2: 28-32, relative à l'établissement de la bénédiction qui doit être répandue sur le peuple d'Israël et sur toute la terre aux derniers jours. Mais le peuple d'Israël ayant rejeté le témoignage du Saint Esprit, rendu à Christ ressuscité, comme il avait rejeté le Messie, cette bénédiction ne put se réaliser en plein. De sorte que ce qui caractérisa l'action du Saint Esprit dès lors jusqu'à maintenant, est le rassemblement de l'Eglise sur la terre, en attendant le retour de Christ pour la prendre auprès de Lui (voyez chapitre 1: 11; 1 Thessaloniciens 4: 14-18; Jean 14, et beaucoup de passages dans les évangiles). Lorsque ce retour aura eu lieu, la puissance du Saint Esprit accomplira pleinement la prophétie de Joël. Mais le grand fait de la venue du Saint Esprit sur la terre, est que Dieu, par son Esprit, vient habiter dans sa maison spirituelle sur la terre, composée de tous ceux qui ont reçu Christ (voir Ephésiens 2: 22; 1 Corinthiens 12: 13); maison qui remplace Israël comme témoignage ici-bas, et qui existe toujours, parce que le Saint Esprit est toujours dans ce monde avec les croyants, Christ n'étant pas encore venu chercher son Eglise.

Le livre des Actes, à partir du second chapitre, se divise en deux parties; la première, chapitres 2 à 12, est caractérisée d'une manière générale par l'activité de l'apôtre Pierre au milieu des Juifs; la seconde, chapitres 13 à 28, nous présente l'activité de l'apôtre Paul au milieu des nations pour l'établissement de l'Eglise en dehors d'Israël (voyez Galates 2: 7, 8).

Au chapitre 2, l'apôtre Pierre rend témoignage aux Juifs avec une grande puissance, que ce Jésus, qu'ils ont crucifié, est ressuscité, qu'il est le vrai fils de David, le Seigneur, le Christ (Messie). Au chapitre 3, il leur dit que, s'ils se repentent et se convertissent, le Seigneur reviendra et établira son règne, selon que les prophètes l'ont annoncé, et qu'il amènera la bénédiction promise à Abraham. Au lieu de recevoir ces paroles, chapitre 4, les chefs du peuple défendent avec menaces aux apôtres de parler au nom de Jésus. Au chapitre 5, ils mettent les apôtres en prison; un ange les fait sortir et Pierre rend encore témoignage à la résurrection, à la glorification de Jésus. Malgré les sages conseils de Gamaliel, les apôtres, après avoir été battus, reçoivent la défense de parler au nom de Jésus (versets 17-42). Au chapitre 6, un nouveau et puissant témoin est suscité dans la personne d'Etienne, qui récapitule (chapitre 7), en présence du sanhédrin, toute l'histoire de la rébellion du peuple d'Israël, leur montrant que le comble de leur péché est de résister à l'Esprit Saint, après avoir mis à mort leur Messie. Etienne est lapidé, et tout est perdu pour Israël comme nation, jusqu'au moment où ils regarderont vers celui qu'ils ont percé (Zacharie 12: 10).

Par la mort d'Etienne s'accomplit ce que le Seigneur avait dit lui-même en parabole, en Luc 19: 12-14. Le Seigneur est cet homme noble, haï, qui est allé dans un pays éloigné (le ciel), pour y recevoir un royaume. Etienne représente cette ambassade par laquelle les Juifs lui font dire: «Nous ne voulons pas que celui-ci règne sur nous». Sur la croix, le Seigneur avait dit: «Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu'ils font». C'est en vertu de cette intercession que Dieu, par son Esprit, leur faisait savoir que, s'ils se repentaient, le Seigneur reviendrait leur apporter la bénédiction. Maintenant, ils savent ce qu'ils font, en refusant ce témoignage si clairement rendu par les apôtres, et la bénédiction du peuple est renvoyée à plus tard pour faire place à la période de l'Eglise.

Ce que nous venons de considérer dans ces sept premiers chapitres, regarde Israël comme peuple. Comme tel, il rejette le témoignage du Saint Esprit, après avoir rejeté le Messie; comme peuple, il a perdu droit à tout. Jérusalem a été détruite et le peuple dispersé parmi les nations, jusqu'à ce que Dieu en grâce le ramène dans son pays, ce qui aura lieu après l'enlèvement des saints.

Malgré cette dureté de cœur du peuple, nous voyons de grands effets de la prédication de l'Evangile; si le peuple n'est pas sauvé, des individus en grand nombre le sont. Au chapitre 2, par la prédication de Pierre, trois mille sont convertis; au chapitre 4, le nombre s'élève à cinq mille environ, même une foule de sacrificateurs obéissent à la foi (6: 7). Tous ces croyants, pris du milieu des Juifs, forment l'Assemblée remplaçant Israël qui, ne voulant rien de Christ, allait être jugé. C'est pourquoi, il est dit (2: 47): «Que le Seigneur ajoutait tous les jours à l'Assemblée ceux qui devaient être sauvés:» sauvés des jugements qui allaient atteindre le peuple à cause de son incrédulité; de même que nous, chrétiens, nous allons être sauvés de la colère qui vient sur ce monde, tout particulièrement sur la chrétienté, par la venue du Seigneur selon sa promesse (1 Thessaloniciens 1: 9, 10; Apocalypse 3: 10). En sorte qu'il peut être dit de ceux qui sont convertis aujourd'hui, que le Seigneur ajoute à l'Assemblée ceux qui doivent être sauvés de la colère qui vient.

Nous assistons donc, dans ces premiers chapitres des Actes, au rejet définitif de Christ par le peuple juif et au rassemblement des croyants, pris du milieu de ce peuple, pour former l'Assemblée qui est l'habitation de Dieu sur la terre par l'Esprit. Puis nous voyons dans ces croyants la manifestation de la vie divine dans toute sa fraîcheur (chapitres 2: 42-47; 4: 32-37). Tout ce qui caractérise l'égoïsme, naturel au coeur de l'homme, est remplacé par l'amour qui caractérise la vie de Dieu. Personne n'était dans la nécessité, les croyants jouissaient dans une si grande mesure de leurs biens nouveaux et célestes, qu'ils employaient leurs biens matériels aux besoins de leurs frères. Quoique d'une bien faible manière, ces fruits de la vie divine se manifestent encore aujourd'hui. Ils persévéraient dans la doctrine et la communion des apôtres, la fraction du pain et les prières (chapitre 2: 42).

Quel temps merveilleux que celui de cette manifestation pure et fraîche de la vie divine sous la puissante action de l'Esprit qui n'était pas encore contristé, comme il l'est aujourd'hui dans l'Eglise! Mais quelle grâce de savoir que, pour nous qui sommes témoins de la ruine de ce témoignage commencé avec tant de beauté, nous possédons les mêmes ressources que les croyants d'alors, telles qu'elles sont présentées dans ce verset 42. «La doctrine des apôtres», dans laquelle nous avons à persévérer aujourd'hui, c'est l'enseignement de la parole de Dieu qu'ils nous ont laissé. Dieu nous l'a conservée intacte, elle n'a aucunement perdu sa valeur et son autorité; en y persévérant, nous réalisons la «communion», c'est-à-dire une commune pensée et un but commun avec eux. L'enseignement des hommes a corrompu de bonne heure la doctrine des apôtres, et la communion a été perdue; mais par la grâce de Dieu, nous pouvons suivre sa Parole au milieu des décombres de l'Eglise professante, et obéir simplement à cette Parole, par laquelle nous avons trouvé le pardon de nos péchés. C'est par elle aussi que nous pouvons réaliser le rassemblement des croyants sur la terre autour du Seigneur et de sa Table, conformément aux enseignements donnés par ceux auxquels Dieu a révélé sa pensée, nous réunissant pour rompre le pain et pour la prière, et conformant notre vie entière à l'enseignement de cette divine Parole. Nous pouvons donc aussi réaliser le verset 31 du chapitre 9 et le 23e du 11.

Ressources immuables: Le Seigneur, son Esprit et sa Parole. Précisément ce que l'Eternel dit au résidu d'Israël par Aggée (2: 4, 5).

Ayant cela, les saints «persévéraient dans la doctrine et la communion des apôtres, la fraction du pain et les prières» (Actes des Apôtres 2: 42). «Les assemblées étaient en paix, étant édifiées, marchant dans la crainte du Seigneur; et elles croissaient — non par la puissance miraculeuse des apôtres, mais — par la consolation du Saint Esprit» (Actes des Apôtres 9: 31). Barnabas exhortait les saints à Antioche «à demeurer attachés au Seigneur de tout leur coeur» (11: 23). Paul exhortait les disciples à «persévérer dans la foi» (14: 22). «Les assemblées étaient affermies dans la foi» (16: 5). Paul recommandait les saints «à Dieu et à la parole de sa grâce, qui a la puissance d'édifier et de donner un héritage avec tous les sanctifiés» (20: 32).

Ces passages nous présentent les conditions pratiques dans lesquelles l'Eglise pouvait marcher alors et peut marcher aujourd'hui.


Hélas! le cœur naturel ne tarda pas à se manifester au milieu de ce témoignage si beau et si pur de la vie de Jésus dans l'Assemblée naissante. Au chapitre 5, nous avons le mensonge d'Ananias et de Sapphira. Vous remarquerez combien la présence du Saint Esprit était réelle pour les disciples. Pierre dit à Ananias (verset 3) qu'il a menti à l'Esprit Saint. Etienne dit aux Juifs (chapitre 7: 51): «Vous résistez à l'Esprit Saint». Nous avons besoin de penser que l'Esprit Saint est toujours sur la terre, avec nous et en nous, agissant pour la bénédiction de l'Assemblée et de chaque individu.

Au chapitre 6, des murmures s'élèvent dans l'Assemblée; plusieurs sont mécontents de la manière dont les secours sont distribués; c'est l'égoïsme qui paraît d'autant plus fâcheux qu'il se montre au milieu de cette scène caractérisée par l'amour. Mais les ressources de la grâce font face à la misère du cœur naturel.

Une persécution éclate à Jérusalem (chapitre 8); mais ceux qui sont dispersés à cette occasion portent l'Evangile dans les contrées environnantes, de sorte que l'oeuvre s'étend. Philippe est d'abord envoyé en Samarie. L'Esprit agit librement en dehors d'Israël, avant de dépasser encore ces limites immédiates en portant l'Evangile à toutes les nations par le ministère de Paul. Avant cela, Philippe rejoint l'eunuque de la cour de Candace, et lui annonce Christ; il est converti et baptisé et peut porter le message d'amour autour de lui. Philippe évangélise jusqu'à Césarée. Au chapitre 9, un homme nouveau, mentionné déjà (chapitre 8: 1), est introduit dans l'histoire, c'est Saul, persécuteur de l'Assemblée. Il est arrêté et converti sur le chemin de Damas, et le Seigneur annonce à Ananias qu'il est un vase d'élection choisi pour porter son nom devant les nations, et les rois, et le peuple d'Israël. Remarquez que les nations viennent en premier lieu dans l'appel de Paul.

Saul, qui devint l'apôtre Paul, est suscité après qu'Israël, comme peuple, a refusé la bénédiction qui lui était offerte. C'est à lui que le Seigneur a révélé tout ce qui concerne la position céleste de l'Eglise, corps de Christ, unie à Lui dans la gloire, et ses bénédictions: c'est ce que nous trouvons dans l'épître aux Ephésiens. C'est lui qui donne toutes les instructions relatives à la constitution et à la marche de l'Assemblée, dans les épîtres aux Corinthiens tout particulièrement. Il révèle le retour du Seigneur pour ressusciter et transmuer les saints, dans les épîtres aux Thessaloniciens. En un mot, tout ce qui concerne l'Eglise.

La manière dont le Seigneur apparaît à Saul caractérise tout son ministère. Le Seigneur qu'il voit dans la gloire se nomme: «Jésus que tu persécutes». Il lui montre ainsi que tous les croyants sur la terre sont unis à Lui dans le ciel. Saul comprend que Christ, homme glorifié, est le modèle de la position que les croyants occuperont en gloire: c'est là le but à atteindre, ainsi qu'il le montre au chapitre 3 des Philippiens. Christ est l'expression de la justice que Dieu donne au croyant, en échange de la misérable propre justice, que l'homme naturel croit pouvoir présenter à Dieu par ses oeuvres. L'apôtre Paul appelle souvent l'Evangile, «l'Evangile de la gloire», et «son Evangile», parce qu'il a appris à connaître le Seigneur dans la gloire, tandis que les autres apôtres ont commencé à le connaître sur la terre (2 Corinthiens 4: 4-6; 1 Timothée 1: 11; Romains 2: 16; 2 Corinthiens 4: 3; 1 Corinthiens 15: 1; Galates 1: 11; 2: 2, etc). C'est l'Evangile qui présente les résultats complets et glorieux de l'œuvre de la rédemption, dont Christ est l'expression dans la gloire pour tous les rachetés.

Au chapitre 10, en vue de l'extension qu'allait prendre l'Evangile chez les païens, Pierre a une révélation du ciel pour lui montrer que les gentils devaient avoir part aux mêmes privilèges que la grâce avait conférés aux Juifs auxquels il s'était adressé jusque-là. Corneille, centurion romain, était croyant; dès que Jésus lui est annoncé, il reçoit le Saint Esprit et il est baptisé. Au chapitre 11, l'Evangile franchit encore les limites juives; il est annoncé aux Grecs et une assemblée est formée à Antioche, où, pour la première fois, les disciples prennent le nom de chrétiens. Au chapitre 12, Hérode persécute l'Assemblée, met à mort Jacques, veut en faire autant à Pierre qui est délivré miraculeusement de sa prison, Dieu intervenant en réponse aux prières de l'assemblée. La Parole croissait et se multipliait. Tout était prêt pour l'exercice du ministère de l'apôtre Paul au milieu des gentils où l'Eglise allait être édifiée, d'après la révélation que le Seigneur allait en donner lui-même au grand apôtre des nations.


La seconde partie du livre des Actes nous présente l'activité de l'apôtre Paul pour la formation de l'Eglise ou Assemblée, chez les gentils. Les chapitres 13 à 21: 26, donnent le récit de l'activité libre et publique de l'apôtre dans les trois voyages qu'il fit avant son arrestation à Jérusalem. Du chapitre 21: 27, à la fin, nous avons les circonstances de son arrestation, son emprisonnement à Césarée, son voyage et sa captivité à Rome. Par ses épîtres de Rome, nous voyons que, si l'activité publique de l'apôtre Paul a pris fin par son emprisonnement, il a continué à servir le Seigneur et l'Assemblée pendant le temps de sa réclusion, et c'est par ses épîtres que nous profitons aujourd'hui du ministère de ce glorieux prisonnier.

Nous voyons, au verset 1 du chapitre 8, que malgré la persécution survenue, les apôtres étaient demeurés à Jérusalem; de sorte que Jérusalem risquait de devenir une sorte de métropole de l'Eglise, ce qui, par l'influence juive qu'elle n'aurait pas manqué d'exercer sur celle-ci, l'aurait empêchée de réaliser son caractère spirituel et céleste et sa dépendance absolue de Christ, son seul chef dans le ciel. Aussi, voyons-nous, au chapitre 13, le Saint Esprit agir en dehors du terrain juif pour appeler Barnabas et Saul. Il y avait à Antioche, des prophètes et des docteurs; c'est à eux que l'Esprit Saint s'adresse, disant: «Mettez-moi à part Barnabas et Saul, pour l'œuvre à laquelle je les ai appelés. Alors, ayant jeûné et prié, et leur ayant imposé les mains, ils les laissèrent aller». Les recommander au Seigneur, s'identifier avec eux dans ce service par l'imposition des mains — car c'est là la portée de l'imposition des mains — c'est tout ce que ces prophètes et ces docteurs avaient à faire. Paul et Barnabas s'en vont sous la direction et la puissance de l'Esprit.

Dans chaque localité, ils s'adressent aux Juifs premièrement. A Perge, après l'intéressant discours dans lequel Christ leur est présenté comme Sauveur, un grand nombre croit en Lui; mais les autres suscitent une persécution contre les apôtres, tandis que ceux des nations se réjouissent de ce que le salut est aussi pour eux. L'oeuvre se continue au chapitre 14; partout la même grâce s'adresse aux Juifs premièrement, tenant compte qu'ils sont «bien-aimés à cause des pères» (Romains 11: 28); mais partout la masse d'entre eux rejette la grâce et suscite la persécution. Les assemblées sont formées et exhortées à persévérer dans la grâce et dans la foi. Il est à remarquer que les apôtres laissent dans chaque localité, les saints formés en assemblées, dans lesquelles ils leur choisissent des anciens (*). Être converti, c'est être de l'Assemblée et se réunir comme tel. Le Seigneur n'est pas mort seulement pour sauver des pécheurs, mais «pour rassembler en un les enfants de Dieu dispersés» (Jean 11: 52).

(*) La nomination d'anciens était l'acte d'un apôtre ou d'un de ses délégués (Tite 1: 5). Paul indique à Tite, comme en 1 Timothée 3, quel caractère les anciens devaient revêtir; nous avons besoin d'y être attentifs. Mais nulle part il n'est dit aux croyants d'établir sur eux des anciens. Si chaque croyant demeure sous la dépendance du Seigneur, il comprendra sa responsabilité dans l'assemblée; le Seigneur pourvoira à ce que tel ou tel possède les qualités d'ancien et les exerce; l'assemblée pourra reconnaître ce service; mais celui qui l'accomplira sera le dernier à avoir la pensée d'être reconnu et de se faire reconnaître.

Après cela, les apôtres rentrent à Antioche, d'où ils avaient été recommandés à la grâce de Dieu, et racontent toutes les choses que Dieu avait faites, comment Dieu avait ouvert aux nations la porte de la foi.

Au chapitre 15, nous avons le moyen par lequel la sagesse de Dieu a opéré pour soustraire les assemblées des nations au légalisme, que certains croyants, venus de Jérusalem, voulaient leur imposer, et contre lequel l'apôtre Paul eut toujours à lutter. Il est intéressant de considérer que toute l'autorité exercée par Jérusalem, quant à l'oeuvre chez les gentils, consiste à leur faire savoir de la part des apôtres et des anciens de cette ville, qu'ils n'avaient pas à se placer sous la loi. On comprend que si cette décision eût été prise par une assemblée composée de croyants gentils, ou par Paul et Barnabas, elle aurait pu être suspecte aux croyants juifs, et causer une division dans l'Eglise. C'est pourquoi Dieu, dans sa sagesse, fait régler cette question à Jérusalem, et l'unité est ainsi maintenue entre les assemblées. Des frères considérés sont choisis pour accompagner Paul et Barnabas à Antioche et y porter l'heureux message que nous lisons aux versets 23-29, message revêtu de l'autorité du Saint Esprit. On remarquera que les choses dont les croyants ont à s'abstenir, ne sont pas spéciales au judaïsme, mais concernent les droits de Dieu sur tous les hommes, droits qu'ils avaient méconnus après le déluge.

Dans les chapitres 16 à 18: 22, nous avons le second voyage de Paul en compagnie de Silas; les liens naturels ayant prévalu chez Barnabas au sujet de son neveu, il part avec lui pour son pays, l'île de Chypre (15: 39). Paul parcourt les lieux qu'il avait déjà visités, heureux de laisser dans chaque assemblée la lettre de Jérusalem, fortifiant les assemblées qui étaient ainsi affermies dans la foi et croissaient en nombre. On voit, chapitre 16: 6, 7, l'activité du Saint Esprit pour diriger les apôtres plus avant encore dans l'oeuvre; ils obéissent et le Seigneur dirige les circonstances, afin que la grâce pénètre partout, des bords de la rivière au fond de la prison de Philippes, et que Sa puissance soit manifestée en contraste avec celle de l'ennemi, ce dernier faisant une oeuvre qui le trompe.

A Thessalonique (chapitre 17), même hostilité de la part des Juifs; tandis que l'attitude des Béréens est un exemple à suivre de nos jours, où nous avons besoin, plus que jamais, d'examiner à la lumière des Ecritures, l'enseignement qui nous est apporté.

De là, l'Evangile gagne Athènes, où Paul annonce aux païens Jésus, la résurrection et le jugement du monde entier. Il vient ensuite à Corinthe (chapitre 18) qui était, comme Athènes, un des centres de la culture intellectuelle d'alors. Le Seigneur l'encourage, lui disant: «Je suis avec toi, personne ne mettra les mains sur toi pour te faire du mal, parce que j'ai un grand peuple dans cette ville» (voir 1 Corinthiens 2: 1-5). De là, l'apôtre retourne à Antioche, après avoir passé à Jérusalem.

Au chapitre 18: 23, départ de Paul pour son troisième et dernier libre voyage. Traversant la Galatie, où les docteurs judaïsants avaient trouvé de l'accueil, et où son épître devait leur être déjà parvenue, il fortifie les disciples. A Ephèse, Apollos, homme puissant dans les Ecritures, est enseigné plus exactement par Aquilas et Priscilla, car il ne connaissait que le baptême de Jean. On voit ici que le Seigneur forme lui-même ses serviteurs, par les moyens qu'il trouve à propos. Apollos va en Achaïe, recommandé par les frères d'Ephèse, et contribue beaucoup par la grâce à l'avancement de ceux qui avaient cru (1 Corinthiens 3: 6). Paul arrive à Ephèse (chapitre 19); il y trouve aussi des disciples qui ne connaissaient que le baptême de Jean et qui ne savaient pas même que le Saint Esprit fût donné. Ils sont baptisés du baptême chrétien et, une fois introduits par le baptême dans la maison de Dieu, ils se trouvent sous l'action de l'Esprit qui vient sur eux, et dont la présence et l'activité caractérisent la maison de Dieu. La parole du Seigneur déploie sa puissance à Ephèse, et s'étend de là dans toute la province romaine appelée Asie. C'est d'Ephèse que Paul écrivit sa première épître aux Corinthiens. La seconde le fut probablement de Philippes, en tous cas de la Macédoine, où il se rendit depuis Ephèse; puis il descendit en Grèce d'où il repassa en Macédoine (20: 1-4). Son passage à Troas nous fournit une preuve que l'on se rassemblait, pour rompre le pain, le premier jour de la semaine. Ne voulant pas s'arrêter à Ephèse, Paul fait venir à Milet les anciens de l'assemblée d'Ephèse, ne pensant pas les revoir. Il leur donne des recommandations pleines d'intérêt pour nous. L'apôtre se rendait à Jérusalem pour porter des secours que les assemblées des nations offraient aux saints de cette ville (Actes des Apôtres 24: 17; Romains 15: 25-27; 1 Corinthiens 16: 1-4; 2 Corinthiens 9). Il était averti par le Saint Esprit que des liens et de la tribulation l'attendaient. Mais son amour pour sa nation l'entraînait vers le lieu où son Sauveur avait trouvé la mort et où lui allait trouver des chaînes. Il rappelle aux anciens d'Ephèse la manière dont il s'est conduit au milieu d'eux, en leur annonçant sans réserve tout le conseil de Dieu. Maintenant, sachant qu'ils ne pourraient plus profiter de ses soins apostoliques, et que des loups entreraient pour ravager le troupeau, que, même du milieu d'eux, s'élèveraient des hommes qui, au lieu d'attirer les disciples après Christ, les attireraient après eux — trait qui caractérise le clergé — l'apôtre leur présente les ressources qui demeurent invariables, pour eux et pour tous les temps. «Je vous recommande à Dieu, dit-il, et à la parole de sa grâce, qui a la puissance d'édifier et de vous donner un héritage avec tous les sanctifiés». Point de succession apostolique, rien de l'homme, il ne dit pas même aux anciens de désigner des anciens après eux. Dieu avait, et a toujours, une Assemblée dans ce monde, il se l'est acquise par le sang de son propre Fils (verset 28); c'est Lui qui pourvoira par sa Parole et son Esprit à tous les besoins de sa chère Eglise pendant toute la durée de son séjour ici-bas. Hélas! les loups sont entrés; les faux docteurs se sont levés; malheureusement, ils ont été écoutés plutôt que la Parole, c'est pourquoi l'Eglise est arrivée à l'état de ruine qui la caractérise aujourd'hui. Mais chaque fois que le croyant veut se conformer simplement à la parole de Dieu, il trouve dans la Parole le seul et vrai moyen de connaître la vérité et d'être conduit par la pensée de Dieu, pour persévérer, comme nous le disions précédemment, dans la doctrine et la communion des apôtres, aussi bien aujourd'hui qu'alors.

En passant à Tyr et à Césarée, Paul est encore averti de ne pas monter à Jérusalem, mais son attachement pour sa nation l'emporte, le Seigneur le laisse aller, sachant bien de quelle manière il ferait tout contribuer à sa gloire, au bien de l'Eglise et à celui de son serviteur.

Chapitre 21: 15 et suivants. — Les frères reçoivent Paul et ses compagnons avec joie; mais aussitôt l'atmosphère juive se fait sentir, on lui parle de milliers de Juifs, zélés pour la loi, qui ont besoin d'être convaincus que Paul enseigne aux Juifs d'observer les commandements, car la lettre des anciens de Jérusalem (chapitre 15) ne libérait des ordonnances que les croyants d'entre les gentils, tandis que dans le Christ il n'y avait plus de différence (Colossiens 3: 11). Nous ne connaissons plus personne selon la chair, avait écrit l'apôtre aux Corinthiens (2 Corinthiens 5: 16). Dans ce milieu, l'apôtre cède, c'était inutile de résister; la faute, si même nous avons à relever les fautes d'un apôtre, était de se trouver à Jérusalem, quand le Seigneur lui avait dit: «Ils ne recevront pas ton témoignage» (22: 18).

Paul est reconnu dans le temple (chapitre 21: 27 et suivants); un tumulte s'élève, les Juifs veulent le tuer. Sur les degrés de la forteresse où il est porté par les soldats, il présente son apologie de manière à toucher les Juifs, s'il est possible, tout en leur présentant la vérité, ce qui ne fait que les exaspérer. Il est enlevé par ordre du chiliarque (chapitre 22). Le lendemain, il est de nouveau en présence de ses ennemis qu'il divise, en parlant de la résurrection à laquelle les sadducéens ne croyaient pas. De nouveau le chiliarque doit le faire enlever pour qu'il ne soit pas mis en pièces. Pauvre Paul, si le découragement pouvait s'emparer de son âme en pensant qu'il avait été averti de ne point venir à Jérusalem, la nuit suivante (23: 11), le Seigneur eut soin de se tenir près de lui pour lui dire: «Aie bon courage, comme tu as rendu témoignage des choses qui me regardent à Jérusalem, ainsi il faut que tu rendes témoignage aussi à Rome». Averti qu'une embûche avait été dressée par les Juifs pour le faire mourir, le chiliarque fait partir Paul de nuit pour Césarée, où les Juifs se rendent ensuite pour l'accuser auprès du gouverneur Félix. Après cela, Félix lui-même désire l'entendre (chapitre 24), mais ses motifs sont intéressés; la vérité l'effraye, il n'en veut pas; il préfère gagner la faveur des Juifs en gardant Paul prisonnier pendant deux ans.

Chapitre 25 — Porcius Festus succède à Félix; les Juifs en profitent, cherchant à obtenir que Paul monte à Jérusalem pour le faire mourir en chemin. L'apôtre en appelle à César et leur échappe.

Festus embarrassé pour présenter à César l'acte d'accusation de Paul, profite du passage du roi Agrippa, et fait paraître l'apôtre devant lui. Cela donne à Paul l'occasion d'exposer sa conduite et sa conversion, de manière à présenter l'Evangile et à faire appel à la conscience de ceux qui l'écoutent, tout particulièrement du roi Agrippa. En ayant appelé à César, il est envoyé à Rome pour accomplir la parole du Seigneur à Ananias (9: 15).

Pendant ce long et périlleux voyage, on voit l'apôtre toujours au-dessus des circonstances, en pleine communion avec son Dieu, pensant à tous les détails du voyage et respecté de tous. Cependant il est prisonnier, il a besoin d'être encouragé; il l'est par la vue des frères qui viennent de Rome au-devant de lui (28: 15). Il reste deux ans prisonnier à Rome, avec une certaine liberté. Les Juifs viennent vers lui; mais pas plus qu'ailleurs, ils ne reçoivent sa doctrine. L'apôtre leur applique les paroles d'Esaïe 6: 9, 10. Ceux qui veulent l'entendre viennent auprès de lui, et il leur prêche en toute hardiesse et sans empêchement le royaume de Dieu et les choses qui regardent le Seigneur Jésus.

Le désir de l'apôtre avait été de se rendre à Rome pour y exercer son ministère (chapitre 19: 21; Romains 1: 11-15). Il ne peut le faire que comme prisonnier; mais, par ce moyen, Dieu a fait parvenir jusqu'à nous ses enseignements dans les précieuses épîtres que ce bienheureux serviteur a adressées de Rome aux assemblées d'Ephèse, de Colosses, de Philippes et à Philémon.