Méditations de J.N.D.

Méditations n°175 à 183 parues dans le Messager Evangélique de 1911 

 

 

 

Méditations de J.N.D. 1

Méditation de J.N.D. no 175 – Ephésiens 2 - page 11. 2

Méditation de J.N.D. no 176 – Genèse 35 - page 55. 8

Méditation de J.N.D. no 177 – Nombres 6 - page 96. 10

Méditation de J.N.D. no 178 – Nombres 25 - page 154. 12

Méditation de J.N.D. no 179 – Jean 20 - page 176. 15

Méditation de J.N.D. no 180 – Nombres 18: 1-13 - page 214. 16

Méditation de J.N.D. no 181 – Nombres 20: 1-13 - page 293. 19

Méditation de J.N.D. no 182 – Romains 5: 1-11 - page 398. 23

Méditation de J.N.D. no 183 – Exode 12 - page 458. 25

 


 

Méditation de J.N.D. no 175 – Ephésiens 2 - page 11

22 août 1849

Si nous voulons vivre en chrétiens, deux choses sont nécessaires: d'abord, que nos affections soient nourries et en activité; ensuite, que nous ayons, au moyen de la Parole, appliquée par le Saint Esprit, l'intelligence des relations dans lesquelles Dieu nous a placés.

Il est très difficile à une personne qui n'est pas père ou mère, d'expliquer leurs sentiments; tandis que ceux-ci n'ont aucune difficulté à les exprimer. On comprend une position dans laquelle on se trouve, et cela est bien clair, parce que le cœur y est; on ne peut la connaître par l'enseignement. Rien de plus simple, de fait, que les choses de Dieu qui nous paraissent souvent les plus profondes. Prenons, par exemple, l'union de Christ avec l'Eglise. Jésus l'a révélée en un seul mot à Saul de Tarse, sur le chemin de Damas: «Je suis Jésus que tu persécutes». Cette parole amène Saul à la connaissance de la précieuse vérité qu'il a si bien comprise, savoir que le moindre des croyants est membre du corps de Christ, de sa chair et de ses os.

Dans les épîtres, cette vérité s'est développée et a grandi aux yeux de son âme, mais, lors de sa conversion, elle avait été saisie par lui dans toute sa simplicité. Rien n'est plus simple que cela, mais, pour jouir de cette relation, il faut être non seulement dans la dépendance de Dieu et sous la puissance du Saint Esprit, il faut encore la connaître et la cultiver, quand elle existe.

Nous trouvons, dans l'épître aux Ephésiens, deux relations qui n'ont été mises en évidence qu'après la résurrection de Christ. La première est celle d'enfants. Elle nous place dans l'obligation d'imiter notre Père: «Soyez donc imitateurs de Dieu, comme de bien-aimés enfants» (5: 1). Quel principe puissant de sanctification découle ici de notre union avec Christ! Il ne s'agit pas de faire un effort pour imiter Dieu, mais d'agir selon ce que nous sommes en Christ. «Marchez dans l'amour, comme aussi le Christ nous a aimés et s'est livré lui-même pour nous, comme offrande et sacrifice à Dieu, en parfum de bonne odeur» (5: 2). «Marchez comme des enfants de lumière» (5: 8). Toutes ces choses découlent de ce que nous sommes devant Dieu en Christ. Il n'y a donc pas d'effort à faire pour cela. Comme il est facile d'être imitateurs de Dieu, quand on marche dans l'amour! Et quand je sais que je suis enfant, je n'agis pas comme un étranger ou un esclave. Un père n'est-il pas attristé, lorsque son enfant doute de son amour. Or Dieu veut que nous en ayons conscience, comme aussi de la grande valeur que nous avons à ses yeux. Nous en sommes absolument indignes quant à nous-mêmes, mais nous lui sommes précieux en Christ.

La seconde des relations contenues dans cette épître est celle d'Epouse. L'une et l'autre de ces relations était inconnue avant que Jésus fût monté vers son Père. Quand l'enfant est encore petit, il n'est en rien différent d'un esclave, il a des maîtres, des pédagogues, quelqu'un ou quelque chose qui s'interpose entre lui et le père; il fait son temps d'école; mais quand il a grandi, il entre en relation directe avec son père. Avant la révélation du Père, la loi disait à l'homme: Fais ceci ou cela; ce n'était pas une relation filiale. Maintenant, Christ homme est venu, le Fils bien-aimé de Dieu, et cette relation, manifestée dans sa personne, est devenue la nôtre, à nous qui lui appartenons et qui sommes en Lui. «Je monte», a-t-il dit, «vers mon Père et votre Père, et vers mon Dieu et votre Dieu» (Jean 20: 17). La rédemption ayant été accomplie sur la croix, Christ ne pouvait nous placer dans la même relation que Lui, avant de monter vers le Père. Il y est maintenant et nous a envoyé l'Esprit d'adoption, afin que nous ayons conscience et que nous jouissions de notre relation d'enfants.

Quant à la relation de Christ avec l'Eglise, elle était aussi entièrement cachée, et cette pensée ne pouvait pas monter au coeur de l'homme avant l'ascension de Jésus. Le Juif le plus éclairé, le plus instruit par le Saint Esprit, ne connaissait, n'attendait qu'un Messie glorieux, sous le règne duquel le monde serait béni; mais il ignorait entièrement que ce Messie, comme Fils de Dieu, aurait un corps, dont Lui-même serait la Tête, et Juifs et gentils les membres. Dans les conseils de Dieu, ce mystère était réservé pour le temps où le Christ serait rejeté par Israël.

Jusque-là, Dieu avait mis l'homme à l'épreuve de toutes les manières, et il avait entièrement manqué. Désobéissant et transgresseur, il avait perdu tout droit aux promesses. Christ fut alors présenté aux hommes comme Celui dans lequel toutes les promesses étaient accomplies, mais, comme tel, ils l'ont rejeté et mis à mort.

Dieu avait été fidèle envers Israël et avait usé, à son égard, d'un long support. Il avait tout employé: patience, châtiment et grâce. Qu'y avait-il plus à faire qu'il n'eût fait à sa vigne? Tout avait été inutile, et n'avait eu d'autre résultat que de manifester l'inimitié de toute chair contre Dieu. Juifs ou gentils, n'importe, tous ont été rebelles à Dieu et se sont montrés des enfants de colère. L'arbre de la nature était mauvais et ne pouvait produire que des fruits sauvages. Il ne restait donc plus rien à faire, quand tout ce que Dieu avait fait n'avait servi qu'à démontrer un mal incurable.

L'apôtre fait ressortir dans notre chapitre cet état de l'homme: «Il est mort dans ses fautes et ses péchés». Alors il passe de l'homme à Dieu. Nous n'avons plus à nous enquérir de ce dont l'homme est capable, mais à apprendre ce dont Dieu est capable; et qui bornera Sa puissance? Il prend un pauvre pécheur et le place dans la même gloire que son Fils bien-aimé, venu pour le racheter, ce même Jésus que Saul avait rejeté et persécuté. Celui en qui toutes les promesses de Dieu sont oui et amen, n'est pas venu accomplir ces promesses pour nous, mais introduire dans sa propre gloire l'Eglise, plénitude de Celui qui accomplit tout en tous. C'était un mystère, une chose dont il n'avait jamais été question auparavant. Le fait d'être vivifiés pour former un corps, uni par le Saint Esprit au Fils lui-même qui en est la Tête, voilà ce qui était entièrement nouveau. Dieu voulait, par là, montrer dans les siècles à venir les immenses richesses de sa grâce, dans sa bonté envers nous, dans le Christ Jésus. Maintenant, la sagesse si diverse de Dieu est donnée à connaître aux principautés et aux autorités dans les lieux célestes, par l'Eglise, selon le propos des siècles, lequel il a établi dans le Christ Jésus, notre Seigneur.

Satan avait dit au premier homme: Si tu manges du fruit, tu seras comme Dieu. Dieu répond à Satan en nous rendant semblables à son Fils, à Celui qui est la pleine manifestation de sa gloire et de ses conseils. Christ, ayant créé toutes choses et soutenant toutes choses par la parole de sa puissance, la gloire lui appartient et il est héritier de toutes choses. Va-t-il être seul pour en jouir? Non, Dieu lui donne une Epouse, l'Eglise. De même qu'il a donné Eve pour compagne à Adam, il a voulu que l'Eglise, acquise par Christ, fût comme lui, avec lui, conforme à lui, et qu'il se la présentât à lui-même, glorieuse, n'ayant ni tache, ni ride, ni rien de semblable, mais qu'elle fût sainte et irréprochable (chapitre 5).

Ces choses, l'apôtre les annonce dans notre chapitre: «Dieu, qui est riche en miséricorde, à cause de son grand amour dont il nous a aimés, alors même que nous étions morts dans nos fautes, nous a vivifiés ensemble avec le Christ, et nous a ressuscités ensemble, et nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes, dans le Christ Jésus» (2: 4-6). C'est une chose toute nouvelle et qui ne pouvait avoir lieu avant l'ascension du Seigneur; nous sommes les membres de Christ, et celui qui est uni à Lui est un même Esprit.

Jouissons-nous de ces choses? Sans doute, quant à mon corps, je suis encore ici-bas et non dans la gloire, mais il n'y a rien que je ne possède dès maintenant, pas un seul fondement de bonheur dont je ne puisse jouir. Dieu m'aime autant, aussi parfaitement que lorsque je serai dans le ciel; j'ai déjà l'amour; Christ est déjà ma vie; la puissance du Saint Esprit me fait déjà jouir de ces choses; il n'y a, en un mot, pas une source de bonheur que déjà je ne possède. Peut-être pensez-vous que c'est trop dire, mais non; nous allons le voir.

Dieu m'aime, et Christ me procure le bonheur céleste; il est ma vie, et, par la foi, je puise à la source du bonheur. Quelle paix cela donne! Je comprends la grandeur de cette grâce qui m'a placé dans une telle position; je suis près de Lui pour en jouir, et rien ne peut me séparer de l'amour que Dieu m'a témoigné en Lui. Telle est la position dans laquelle je suis placé. J'ai des motifs puissants de bénir Dieu: «Vous êtes sauvés par la grâce, par la foi, et cela ne vient pas de vous, c'est le don de Dieu» (2: 8-10).

Je ne dis pas que la chair ne puisse m'empêcher de profiter de ces bénédictions; sans doute, j'offense et contriste le Saint Esprit, mais Dieu est mon Père, et rien ne peut me sortir de là; aucune créature ne peut nous séparer: voilà le bonheur! C'est en nous qu'il a montré les immenses richesses de son amour, et nous connaissons Celui qui a tout accompli.

Il fallait que le Fils fût auprès du Père pour nous envoyer le Saint Esprit qui unit le corps à la Tête glorifiée, afin que l'Eglise eût la conscience de son existence et qu'elle pût jouir de ses privilèges.

Versets 11, 12 — «Souvenez-vous que vous, autrefois les nations dans la chair… vous étiez étrangers aux alliances de la promesse». Il est bon de vous en souvenir, dit l'apôtre, parce que cela fait ressortir la plénitude de la grâce.

Il n'y avait pas de promesses faites à Adam, quoique Dieu eût dit que la semence de la femme (Christ) écraserait la tête du serpent; mais il y avait des promesses faites aux Juifs, seulement ils n'en voulurent pas. Lorsque la Syrophénicienne s'adressa à Jésus, elle ne réclama que la grâce, et le Seigneur pouvait-il lui répondre: Non, quand il s'agissait de la grâce et non des promesses? Les promesses appartenaient aux Juifs; Christ ne voulait pas donner le pain des enfants aux chiens, mais quand cette femme réclame les miettes qui tombent de la table, Christ ne peut les lui refuser. Il ne peut dire: Il n'y a point de grâce pour toi. En Christ, Dieu en a, dans sa maison, une plénitude qui a été entièrement manifestée. Les Juifs avaient, selon les promesses, un Christ vivant parmi eux, et ils n'en ont pas voulu, mais un Christ élevé de la terre, attire tous les hommes à Lui.

Avez-vous reconnu que vous n'êtes justifiés, ni par la loi, ni par les promesses, ni par vous-mêmes, mais que Dieu, dans sa grâce infinie, vous a tout donné, qu'il vous a fait être membres du corps de Christ, son Epouse, que vous entrez, par le Saint Esprit, dans ces relations bénies avec Lui? Dieu a unis ensemble Juifs et gentils par le sang de Christ, d'un Christ rejeté. «Car nous qui étions autrefois loin, nous avons été approchés par le sang du Christ; car c'est Lui qui est notre paix, qui des deux en a fait un, ayant détruit le mur mitoyen de clôture» (versets 13, 14). Et remarquez que c'est le sang de Christ qui a fait tout cela. Le péché affreux d'avoir rejeté le Seigneur, cet acte d'iniquité des hommes, devient le moyen par lequel Dieu, agissant en grâce, fait l'expiation pour le péché et réunit en un seul corps Juifs et gentils. Cette union ne pouvait avoir lieu auparavant, car les Juifs avaient les promesses, et non les gentils. Mais les Juifs ayant perdu tout droit aux promesses, Christ «crée les deux en lui-même pour être un seul homme nouveau, en faisant la paix» (verset 15). Le mur de clôture étant rompu, il réunit les deux en lui-même pour former un seul corps devant Dieu par la croix, «ayant tué par elle l'inimitié». Ce qui jusqu'alors avait été caché en Dieu, ce n'était pas seulement qu'il voulait sauver Juifs et gentils, mais qu'il voulait acquérir un peuple céleste, uni à Jésus, qui en ferait son Epouse.

C'était quelque chose de tout nouveau, basé sur un terrain nouveau: un peuple vitalement uni par le Saint Esprit qui le rassemble en un corps qui n'est pas plus complet sans la tête, que la tête n'est complète sans le corps.

Vus en Christ dans le ciel, nous sommes l'Epouse. Celui qui aime Christ aime l'Epouse, «car nous sommes membres de son corps, de sa chair et de ses os» (5: 30). Dieu qui aime son Fils, a voulu que nous soyons une partie de Christ, que nous ayons la conscience qu'il est en nous, et Dieu en Lui, et que le Père nous aime comme il aime son Fils (Jean 17: 23). En nous unissant étroitement à son Fils, Dieu a manifesté son amour pour nous: «Toi en moi, et moi en eux».

Le Saint Esprit nous donne l'intelligence de notre position. Nous sommes assis en Christ, pas encore avec lui, dans les lieux célestes, mais nous pouvons, par la foi, nous y voir en Lui; aussi Jésus, étant dans la gloire, a pu dire à Saul: «Je suis Jésus que tu persécutes». C'est aussi pour cela que Paul nous parle d'un Christ céleste, car il a vu, de ses propres yeux, Christ dans la gloire.

L'envoi du Saint Esprit est le sceau et la confirmation de nos privilèges; c'est par Lui que nous avons été baptisés pour être un seul corps, uni à Christ seul. Ce corps étant à Christ, ce qui le distingue, c'est qu'il est son Epouse, tirant son existence de Lui, lui appartenant uniquement. Ce qui distingue une épouse dans ce monde, ce n'est pas qu'elle soit honnête et aimable, mais qu'elle ait une existence spéciale, par le fait qu'elle appartient à son époux et qu'elle est une seule chair avec lui. Eve était la compagne d'Adam, elle jouissait de tous ses droits d'épouse, et en avait les sentiments pour son mari; elle ne lui était pas assujettie, et n'avait pas non plus la seigneurie; elle jouissait de tout ce dont Adam jouissait, et ses affections d'épouse lui faisaient comprendre ce qu'elle était pour lui; mais, si elle avait ignoré qu'elle fût l'épouse, comment aurait-elle pu en avoir les affections?

Quelle sera maintenant l'attitude de l'Epouse à l'égard de la venue du Seigneur? Elle attendra son Epoux. Il est l'étoile brillante du matin pour l'Eglise, parce qu'elle possède des relations célestes avec Lui. Elle sera avec Lui avant le jour, c'est-à-dire avant sa manifestation au monde. L'Epouse dit: Viens! parce que le Saint Esprit qui est personnellement en elle, dit: Viens! C'est lui qui produit ce désir dans le coeur de l'Eglise, et l'Epoux répond: «Je viens bientôt!»

Comme le Fils est venu pour son incarnation, ainsi il viendra pour sa glorification. L'Eglise est appelée à rendre témoignage de tout ce que Christ est, car l'Esprit prend les choses de Christ et les lui communique. Elle ne peut pas encore dire: «Je possède l'Epoux», mais: «Je possède l'Esprit;» je sais ce qu'est Jésus; je possède l'eau vive; je connais l'amour répandu dans mon coeur; et j'invite les hommes à venir. Elle peut être le canal pour communiquer la grâce de Dieu à ceux qui sont malheureux et misérables, aux coeurs brisés, pour les soulager.

Si l'Epouse avait ces choses à coeur, le résultat serait l'union, car qu'est-ce qui nous sépare? Nos propres intérêts. Mais si nous avons Christ, et que la chair soit mortifiée, nous aurons les mêmes pensées. Je sais bien que la chair est un obstacle, mais si mon frère manque à mon égard, cela donne à l'amour l'occasion de s'exercer. Les fautes de mon enfant ne me repoussent pas; je chercherai à le redresser en m'occupant de lui avec affection, et cela manifestera l'amour. La puissance divine du Saint Esprit, plus forte que le mal, le chasse, et cette puissance, étant dans le Chef de l'Eglise, doit être aussi manifestée en elle.

Nous manquons sans doute au témoignage que nous devons rendre, mais je parle de l'unité comme elle est dans la Parole, et comme elle doit être réalisée. S'il en est ainsi, comment laisserais-je un seul membre du corps de côté? Est-il possible que Christ en néglige un seul?

Les intérêts du corps sont un, car, jouissant des affections intimes et parfaites de la tête, il a les mêmes intérêts. De même, l'Epouse a tous les avantages de sa position, et jouit de toutes les affections de l'Epoux qui la rend, par ses soins, sainte, sans tache et irrépréhensible en amour.

Je suis persuadé que, si les enfants de Dieu réalisaient les relations d'enfants, de membres du corps de Christ et d'Epouse, ils ne trouveraient ni embarras, ni difficultés sur leur route. On ne comprend ces relations qu'en y étant; l'amour ne se raisonne pas, et ce que nous avons à faire, c'est de le manifester à ceux qui nous entourent.

L'amour de Dieu est sans bornes; Dieu qui est riche en miséricorde a tout fait. Il a donné son Fils qui nous a rachetés et nous a faits sa chair et ses os, et nos pauvres coeurs peuvent se reposer dans l'amour parfait de Jésus.

La sagesse de Dieu et les richesses de sa grâce seront vues et manifestées aux principautés et aux autorités par l'Eglise, qui sera vue avec Christ et dans la même gloire que Lui. En attendant que Dieu exécute ses promesses pour les Juifs, l'Eglise est ici-bas l'objet de son plus tendre amour. Christ est pour elle l'étoile brillante du matin, avant qu'il se fasse voir au monde. Alors, quand il apparaîtra, nous paraîtrons avec lui en gloire.

Oh! qu'il nous donne d'être fidèles comme une Epouse doit l'être en l'absence de son Epoux, et de considérer que tous les membres du corps sont un avec Lui! Amen.


 

Méditation de J.N.D. no 176 – Genèse 35 - page 55

15 septembre 1844

Toute l'histoire de Jacob, jusqu'à ce chapitre, est celle d'un homme qui a la foi, mais non pas la confiance en Dieu. Il n'est pas, comme Esaü, un incrédule, un profane; il fait cas des promesses de Dieu, mais il emploie de mauvais moyens pour les obtenir, comme si Dieu manquait de puissance pour accomplir ce qu'il a promis. C'est un homme que Dieu reconnaît (car il s'appelle aussi bien le Dieu de Jacob, que d'Abraham et d'Isaac et jamais le Dieu d'Esaü), mais dont la marche n'est pas une marche de confiance et de droiture. La conséquence en est une suite de peines et de châtiments que Dieu lui inflige dans son amour, jusqu'à ce qu'il l'ait amené à reconnaître que la chair est impuissante, qu'elle ne vaut rien; et qu'enfin son coeur soit purifié devant Dieu.

Vous savez tous comment, d'accord avec Rebecca, Jacob trompe son père, comment, pour fuir la colère d'Esaü, il se rend en Paddan-Aram chez Laban, comment il part, n'ayant rien que son bâton, comment il est obligé de prendre des pierres pour chevet. Pendant son sommeil, Dieu lui apparaît au haut de l'échelle, lui étant au bas; les anges y montent et y descendent; Dieu lui promet qu'il ne l'abandonnera pas, qu'il le ramènera et donnera à sa postérité la terre sur laquelle il est couché. Ensuite, Jacob se rend chez Laban qui le trompe au sujet de sa femme, et lui change dix fois son salaire. Il y reste vingt ans, dans un service voisin de l'esclavage, et quand enfin, par des moyens peu avouables, il s'est acquis des richesses, il s'aperçoit que le visage de Laban est changé à son égard, et prend la fuite avec tout ce qu'il possède. Laban le poursuit; Dieu intervient et défend à Laban de lui faire aucun mal, montrant ainsi qu'il protège Jacob.

Après que Laban l'a quitté, Dieu envoie ses anges au-devant de lui. Jacob appelle ce lieu: Deux armées, Mahanaïm. Cependant, malgré tout cela, Jacob n'a pas encore confiance en Dieu. Il apprend qu'Esaü vient, avec 400 hommes, à sa rencontre, dans un bon esprit, car Dieu l'a apaisé, mais Jacob est rempli d'une grande crainte, ne sachant que faire. Pourquoi? C'est qu'il avait une mauvaise conscience à l'égard d'Esaü. Combien il est triste qu'un enfant de Dieu ait une telle attitude devant le monde, qu'il soit obligé de rougir devant lui! Il a perdu sa force, et cela durera aussi longtemps qu'il n'est pas entièrement en règle avec Dieu. Dieu ne lui retire jamais sa grâce, mais, précisément à cause de cette grâce, il le traitera avec une exacte justice et le châtiera, jusqu'à ce qu'il l'ait amené à reconnaître son état. Jacob prie, rappelle à Dieu ses promesses et lui demande de le délivrer (32: 9-13), mais ici encore, il ne compte pas entièrement que Dieu agira, car il agit lui-même en envoyant au-devant d'Esaü un, deux, trois troupeaux pour l'apaiser. Il avait dit: «Délivre-moi de la main de mon frère Esaü», mais il ne croit pas sincèrement que Dieu le fera, car il fait, quant à lui, tout ce qu'il peut pour se concilier son frère que Dieu avait déjà apaisé.

Enfin il reste seul, le dernier de tous, car il est toujours rempli de frayeur; mais c'est là que Dieu l'attend et lutte avec lui, sans toutefois se révéler à lui, car il ne peut avoir communion avec Jacob comme avec Abraham. Qu'il est triste de lutter avec Dieu, quand nous pourrions jouir d'une pleine liberté de communion avec Lui!

Toutefois, Dieu soutient la foi de Jacob pendant la lutte, car il ne veut pas que la foi de son serviteur défaille. Il lui donne de la force pour vaincre, mais en même temps il touche l'emboîture de sa hanche, et Jacob porte désormais toute sa vie la marque de sa lutte avec Dieu: il reste boiteux. Pour nous aussi, chers amis, il y a deux choses dont Dieu veut que nous gardions le mémorial toute notre vie: la victoire de la foi et l'humiliation de la chair.

Lorsque l'aurore se lève, Dieu veut quitter Jacob, car il n'est pas question de se manifester à lui. Jacob sait bien qu'il a affaire à Dieu, sans avoir une entière liberté avec Lui. Il lui dit: «Déclare-moi ton nom»; Dieu refuse de le lui dire, car la pleine communion manque encore; toutefois il le bénit et lui donne le nom d'Israël (victorieux de Dieu). Jacob dit: «J'ai vu Dieu face à face, et mon âme a été délivrée».

Quand il rencontre Esaü, il le craint encore et dit: «J'irai chez mon seigneur à Séhir», mais cette pensée est loin de son esprit. Il se rend à Sichem et y commet une nouvelle faute: à l'instar de Lot, il campe devant une ville, et s'achète une portion là où il devait être étranger et voyageur. Il en est toujours ainsi, lorsque Dieu n'est pas tout pour nous et que nous ne sommes pas heureux de n'avoir que Lui; nous campons devant la ville, et il nous faut la portion du champ où nous avions dressé notre tente.

Vous connaissez tous les conséquences, pour le pauvre Jacob, de son séjour en cet endroit. Il est obligé d'abandonner son champ et son autel. Plus tard, il a dû dire, de tout le temps où il marchait ainsi: «Mes jours ont été courts et mauvais».

Maintenant Dieu le fait remonter à Béthel, et il dit à sa famille: «Otez les dieux étrangers qui sont au milieu de vous». On s'étonnera peut-être qu'il y eût de l'idolâtrie dans la maison de Jacob; mais, quand le coeur n'est pas entièrement droit, on tolère facilement le mal; on y participe par manque de force; souvent on ne le voit pas tel qu'il est. Quand on campe devant la ville, le discernement est obscurci; il faut être près de Dieu, et non au milieu du mal, pour juger ce dernier.

Alors Jacob retourne à Béthel, le point de départ où Dieu lui était apparu et lui avait fait des promesses. Dieu les lui répète, recommençant, pour ainsi dire, ses relations avec lui sur un pied tout nouveau de confiance et de fidélité, et lui rappelant qu'il ne s'appellera plus désormais Jacob, mais Israël. Jacob, amené à vider son coeur devant Dieu, peut désormais lui parler librement et n'a plus besoin de lui dire: «Déclare-moi ton nom», mais parle avec Lui, comme le faisait Abraham (versets 11-15).

Puissions-nous, chers amis, pour être heureux et glorifier Dieu, avoir des coeurs non partagés. Ne nous contentons pas, comme Jacob, de la foi seulement, mais ayons une pleine confiance en Dieu, notre Père, et ne soyons jamais obligés de lutter avec Lui!


 

Méditation de J.N.D. no 177 – Nombres 6 - page 96

 Nazaréen signifie séparé; quel terme précieux: le Seigneur a été appelé de ce nom! Ce que le Nazaréen nous présente en figure, dans ce chapitre, c'est une séparation de coeur pour Dieu, caractère dont Christ est le modèle. Pour les hommes, c'est un terme de mépris; et nous ne trouverons, en effet, que cela de la part du monde, si nous sommes réellement séparés de lui, pour appartenir à Dieu. Le monde, lui, est séparé de Dieu par le péché; nous qui appartenons à Dieu, nous avons besoin d'un dévouement positif pour jouir des choses qui sont de Lui. Dieu a chassé l'homme pécheur de sa présence; mais l'homme pécheur a chassé Dieu de sa présence en crucifiant le Seigneur de gloire. Lorsque nos coeurs sont attachés à Christ, nous lui montrons notre fidélité en nous séparant du monde, parce que Lui en est séparé. Le Fils de Dieu, envoyé dans le monde, y a été un vrai Nazaréen, saint, fidèle au Père, et nécessairement méprisé du monde pour cela, car, pour être fidèle, il s'est anéanti et a pris une forme d'esclave. Nazareth était un lieu méprisé; il a convenu à Dieu, pour éprouver les coeurs des hommes, d'en faire le lieu d'habitation de son Fils bien-aimé. S'il était venu pour les Juifs comme le Messie glorieux selon la chair, ils l'auraient reçu, mais au lieu de cela il a été «séparé des pécheurs et élevé plus haut que les cieux» (Hébreux 7: 26).

Il était défendu au Nazaréen de boire du vin. Le vin est le symbole de la joie des hommes, réunis en société. Jésus, par son ascension, s'est entièrement séparé de cette joie. Il a dit: «Je ne boirai plus du fruit de la vigne jusqu'à ce que le royaume de Dieu soit venu» (Luc 22: 18). Aujourd'hui même, le temps des épanchements de son coeur au milieu des siens, n'est pas venu; l'Eglise n'est pas rassemblée et le jour des noces de l'Agneau n'est pas encore là. Comme Lui, nous devrions donc être moralement séparés des pécheurs et élevés plus haut que les cieux. Dans le ciel, nous nous laisserons aller librement à nos affections sans rien perdre de notre sainteté; ici-bas, c'est le contraire; car le laisser-aller n'y est pas autre chose que le péché: si, dans ce monde, nous ne mettons pas une ceinture à nos vêtements, ils traîneront dans la boue.

C'est en nous attachant aux choses d'en haut, en nous occupant des gloires de Christ, dont Dieu lui-même s'occupe, que nous sommes séparés des pécheurs et réellement libres. Notre liberté est de faire toujours la volonté de Dieu, selon les désirs du nouvel homme. Le moyen de jouir de cette liberté et d'être heureux, c'est d'être occupés de Christ et de penser à lui par l'efficace du Saint Esprit. Jésus est le chef des Nazaréens. Pour avoir à faire avec Dieu, il faut se séparer du monde qui est séparé de Dieu. Mais Christ n'est pas seulement séparé des pécheurs: il est élevé plus haut que les cieux. Le Christ que j'aime est là: mes pensées, mon coeur, ne doivent-ils pas être dans le ciel où est mon Ami, et où le Saint Esprit me fait entrer? (1 Corinthiens 2: 7-12).

Nous avons besoin de vigilance; ce n'est pas le moment de chercher la joie dans le monde (verset 27), car cette joie bannit le Seigneur et empêche ceux qui lui appartiennent d'être saints à l'Eternel. Dans ce monde que Dieu a créé, il ne faut pas parler de Christ ni chanter dans les rues des cantiques en son honneur.

(Versets 9-12) — Christ vit en nous et nous vivons à Dieu; notre vie doit donc être dévouée à Dieu: c'est une chose positive et non pas négative seulement, comme de s'abstenir du mal. Il est de toute importance d'être positivement occupé de Christ; cela ferme la porte à Satan qui ne demande qu'à entrer pour tout souiller et détruire. Quand le Nazaréen s'était souillé, tous les jours de son nazaréat qui avaient précédé ne comptaient pour rien; il en est de même pour nous, quant à la jouissance pratique de la communion avec Dieu. Lorsque Satan a troublé cette communion, notre force est perdue et tout est à recommencer; nous sommes obligés de retrouver cette force comme si nous n'avions jamais été en communion avec Dieu.

Si je vis à Dieu, je dois vivre pour Lui, afin que les grâces dont il m'a comblé soient non seulement manifestées au monde, mais montent vers Dieu lui-même, comme un parfum de bonne odeur.

Quel privilège immense d'être unis à Jésus par son Esprit, d'être séparés du monde et élevés plus haut que les cieux!


 

Méditation de J.N.D. no 178 – Nombres 25 - page 154

 21 juin 1847

Lorsque Balac voulut employer Balaam pour maudire Israël, Dieu intervint en faveur de son peuple et prit sa cause en main. Cette histoire est un type de la manière dont Dieu intervient, délivre et justifie les siens; car c'est son affaire à Lui. Au chapitre 3 de Zacharie, nous voyons Satan se tenir, comme accusateur, à côté de Joshua, et ce dernier n'avait rien à lui répondre, car il avait des vêtements sales et n'était pas dans un état convenable pour se tenir devant Dieu. Satan avait raison, mais Dieu lui-même intervient et dit: Tu te mêles de ce qui me regarde; j'ai tiré ce tison du feu, et toi tu voudrais l'y rejeter! Dieu met Satan entièrement de côté, quand il s'agit de ses conseils et de ses voies. Sans doute, il ne supporte pas des vêtements sales en sa présence, mais il ne veut pas non plus rejeter Joshua; c'est là son affaire à Lui: il l'entreprend tout seul et la mène à bonne fin.

Balac voulait aussi s'opposer aux promesses de Dieu, et il est très important de remarquer que ce n'est pas au commencement, mais à la fin de la marche du désert. Quand le coeur du peuple a été pleinement manifesté, l'ennemi cherche à lui fermer l'accès de Canaan. Il en est de même pour le chrétien, ou pour l'Eglise, à la fin de sa carrière, quand, mise à l'épreuve, elle a manqué de toute manière et que le moment d'entrer dans la terre de la promesse approche. Satan cherche alors à faire tomber la malédiction, soit sur l'Eglise, soit, individuellement, sur le chrétien. Ce jugement est sans doute mérité, mais c'est la pensée de Satan et non celle de Dieu; et Balaam est obligé de dire: «Comment maudirai-je ce que Dieu n'a pas maudit?»

En Egypte, où il s'agissait des droits de Dieu sur son peuple, la question était entre Dieu et le Pharaon. Dieu lui avait dit: «Laisse aller mon peuple;» Pharaon avait répondu: Je ne veux pas. Il s'agissait de savoir lequel, de Dieu ou du Pharaon, possédait les droits et avait la puissance. Mais la difficulté avait encore un autre caractère: elle résidait dans l'état du peuple en Egypte, car Israël était plus coupable d'idolâtrie que les Egyptiens. Dans cet état de choses, Dieu pouvait-il abandonner ses principes? Il avait le droit de délivrer, mais il était un Dieu juste, c'est-à-dire conséquent avec lui-même, et il ne peut supporter le péché. C'est alors que Dieu prend toute l'affaire sur Lui; il est impossible qu'il trouve de l'innocence dans le peuple, aussi intervient-il par le sang d'un agneau placé sur les poteaux et le linteau des portes. Sans cela, il eut fallu que Dieu détruisît des premiers-nés des Israélites, aussi bien que ceux des Egyptiens; mais, pour le peuple, le sang était là sous les yeux de Dieu. Le péché était jugé; Dieu y avait mis fin dans le sang de l'agneau; mais il laisse cours à sa justice contre les Egyptiens. Ce jugement atteint d'abord les premiers-nés, puis le Pharaon et toute son armée à la mer Rouge. Israël n'a qu'à se tenir là, pour voir la délivrance de l'Eternel. C'est ainsi que Dieu a revendiqué ses droits en Egypte; ensuite il amène son peuple dans le désert, où ce dernier commet faute sur faute. Alors, à la fin du voyage, Satan qui n'a pu empêcher la sortie d'Egypte, voudrait attirer la malédiction de Dieu sur le peuple pour l'empêcher d'entrer dans le pays de la promesse. Pas plus que Joshua, Israël ne peut rien invoquer pour sa défense; mais Dieu intervient. C'est Lui, tout seul, qui répond à l'ennemi. Il dit, par la bouche même de l'accusateur: «Je n'ai pas aperçu d'iniquité en Jacob, ni vu d'injustice en Israël». Alors Balaam voit qu'il n'y peut rien et qu'il n'y a pas d'enchantements contre Jacob; la malédiction est changée en bénédiction.

Satan avait manqué complètement son but; Dieu avait pris en main la cause de son peuple. Il est très précieux de voir que cela a lieu, sans même qu'Israël en prenne connaissance. De même pour nous: c'est à notre insu, sans que Dieu nous en ait dit un mot, que Christ a tout accompli pour notre délivrance et que la bénédiction est venue sur nous, sans nous. Quel bonheur qu'il en soit ainsi! Sans cela, nous aurions tout gâté, mais Dieu fait son oeuvre tout seul, et la bouche de Satan est fermée. Il en est de même quant à la justification: c'est Dieu qui justifie. Il ne le fait pas seulement devant Lui, mais devant tous. Satan dit: Cet homme est méchant! Dieu sait que cela est vrai et que nous ne valons rien, mais, malgré cela, Dieu nous justifie et Satan est réduit au silence. Il ne peut rien, mais ne cesse pas, pour cela, d'être notre ennemi, aussi cherche-t-il à susciter des obstacles pour empêcher Dieu de nous bénir.

Il s'y prend maintenant d'une autre manière. Ce même Balaam, qui avait dû bénir contre son gré, savait fort bien que Dieu est saint et ne peut bénir un peuple dans le péché; aussi descend-il dans la plaine pour se mettre en contact avec le peuple; il agit en bas, parce qu'il n'a pu agir en haut contre Dieu. Alors il cherche à mêler Israël avec le monde, en l'amorçant par des convoitises. Israël s'y laisse prendre et, dans sa folie, adore Satan comme Dieu (25: 2). Il s'assujettit à l'ennemi et attire sur lui le jugement d'un Dieu qui ne peut pas le bénir dans son péché, car il ne peut abandonner son gouvernement moral. C'est ce que les enfants de Dieu oublient souvent. Une pareille folie, de la part du peuple, serait incroyable, si ses yeux n'avaient pas été aveuglés, parce qu'il avait consenti à dire: «Oui», à ce que le monde lui présentait avec une apparence aimable et désirable selon la chair.

Eh bien, Dieu va-t-il détruire le peuple? Non, mais il le châtie, et il en est de même pour le chrétien. Si Israël ne fût pas tombé, il n'eût pas été châtié, car, dans le désert, Dieu pourvoyait à tous leurs besoins: leurs vêtements ni leurs chaussures ne s'étaient usés. Ils avaient sans doute à montrer de la diligence, mais n'avaient rien à faire qu'à passer comme étrangers à travers le désert. Le combat n'aurait dû commencer pour eux qu'en Canaan; pour nous, dans les lieux célestes. Ce fut quand Israël eut passé le Jourdain qu'il dut livrer combat pour s'emparer de toutes les villes. Pour traverser le monde, nous avons, comme lui, la manne et l'eau du Rocher, mais du moment que nous voulons jouir de ce que le monde nous offre, nous tombons sous la discipline, et nous entrons dans le combat. Si nous passons ici-bas comme à travers un désert, nous y faisons l'expérience de la puissance et des soins de Dieu, et alors il n'y a point de combat. Si nous cédons au monde, Dieu dit: Il faut trancher la chose! Les difficultés s'élèvent et se multiplient, Madian s'oppose; Dieu veut à tout prix rompre les liens que nous avons formés. Il y réussira, mais combien de douleurs quand les liens que notre folie avait resserrés, sont arrachés.

Dieu, et cela est très précieux, mesure ce qui nous est nécessaire, car il n'abandonne jamais son peuple à Satan. Vingt mille hommes peuvent tomber sous le jugement, mais Dieu arrête la plaie par la fidélité de Phinées, tandis qu'en Canaan pas un d'entre eux n'a péri. Il en est de même quand Israël, après la discipline, est dans une position franche et doit combattre Madian; la victoire est pleine et entière, et pas un d'eux ne tombe. Tout le peuple rentre dans le camp et offre des sacrifices à l'Eternel (31: 49, 50).

Toute cette histoire nous prouve combien il est important pour nous d'être continuellement en éveil, et de ne connaître, dans le désert, que la manne et l'eau du rocher, de ne pas nous replacer sous la puissance d'un ennemi qui n'a aucun droit sur nous, de ne pas céder à la chair au lieu de la mortifier, et de ne pas nous laisser séduire par elle, là où nous n'avons rien à faire qu'à marcher paisiblement avec notre Dieu.


 

Méditation de J.N.D. no 179 – Jean 20 - page 176

20 juin 1847

Marie de Magdala manquait de lumière; elle cherchait Jésus parmi les morts, mais toutes ses affections étaient fixées sur Lui. Jésus l'avait délivrée de sept démons, de la plénitude de la puissance satanique, représentée par ce chiffre; aussi le Seigneur était-il devenu son tout, et, lui absent, ce monde n'était pour elle qu'un sépulcre vide, auquel son affection entière pour Christ donnait ce caractère. D'autres disciples se rendent aussi au sépulcre et s'en retournent à la maison, parce qu'ils avaient un chez-eux dans ce monde. Pour cette femme, le monde n'existait pas, du moment que son Sauveur n'y était plus. Beaucoup de chrétiens, avec plus de lumière que Marie-Madeleine, n'en sont pas là. Malgré son entière affection pour Christ, il y avait cependant encore quelque présomption chez cette femme. Cela peut arriver à des âmes très sincères; où ne trouve-t-on pas du mal, même chez les plus dévouées? mais il est précieux de voir que le Seigneur n'en poursuit pas moins son travail d'amour envers elle. Marie pensait que Jésus lui appartenait; elle demandait où on l'avait mis, afin de disposer de lui, et aurait voulu accomplir à son égard ses propres pensées. C'est ce qui arrive souvent. Une âme est tout occupée de Jésus selon ses idées à elle, plutôt que d'être disposée à écouter ce qu'il veut faire pour accomplir ses desseins d'amour envers elle.

Pour être reconnu d'elle, il faut qu'il l'appelle par son nom; mais alors elle dit aussitôt: Rabboni, mon maître! Combien il est précieux de pouvoir dire à Jésus, avec affection: Mon Maître! — Le Seigneur se sert alors de cette pauvre femme, dont il avait chassé sept démons, comme du premier instrument, choisi pour rendre témoignage à sa résurrection. Il l'envoie vers les disciples et l'honore ainsi du premier acte, par lequel il rassemble, comme par anticipation, l'Eglise, au milieu de laquelle il vient apporter la connaissance des résultats de sa résurrection.

 


 

Méditation de J.N.D. no 180 – Nombres 18: 1-13 - page 214

22 juin 1847

Nous avons vu, dans une précédente méditation, que lorsque Dieu prit en main la cause d'Israël, ce n'était pas au commencement, mais à la fin de la traversée du désert, quand tout le mal, existant chez le peuple, avait été manifesté. C'est alors que Balaam fut obligé de déclarer qu'il ne pouvait maudire. Dieu sait apprécier l'oeuvre de son Fils et en connaît la valeur. L'accusateur peut bien nous troubler ou nous séduire, mais non pas tromper Dieu, ni nous toucher. Malgré cela, Dieu a beaucoup à faire avec nous, non pas comme un juge assis sur son tribunal, et qui nous condamne, mais comme un père de famille qui ne laisse rien passer chez ses enfants, parce qu'il est leur père et qu'il les aime. Il le fait en grâce, mais d'une manière très exacte. Il n'y a pas une heure de la vie du chrétien qui ne porte des conséquences et dont Dieu ne se serve pour le bénir. Comme il fait notre éducation pour le ciel, il prendra connaissance de tout et corrigera chacune de nos fautes.

Quant à ses voies envers Israël, Dieu l'avait placé sous la conduite de Moïse qui était un homme de foi, s'il en fut; mais Moïse représentait le principe de l'autorité de Dieu, selon Sa sainteté, et le peuple ne pouvait la supporter. Alors, quand toutes les misères de ce peuple eurent été manifestées, Dieu les plaça, non plus sous la conduite de Moïse, mais sous celle d'Aaron, et cela est très important à remarquer. Pour faire cesser leurs murmures Dieu ne les frappe plus; Moïse dit aux princes de mettre chacun une verge, représentation d'un sceptre, devant l'arche (Nombres 17). La verge, d'Aaron se trouve avoir poussé des boutons, produit des fleurs et mûri des amandes: Dieu montre ainsi qui il a choisi pour conduire son peuple; il place ce dernier sous la sacrificature. Moïse avait parmi eux la place d'un roi, d'un représentant de Dieu, mais maintenant, ils n'étaient plus sous la puissance et l'énergie divines; la verge morte était vivifiée et devenait le signe de la sacrificature. Dieu dit: «Prends la verge et parle au rocher et il donnera son eau». Il ne s'agissait plus de frapper le rocher, mais de lui parler; et c'était la grâce. Christ a été frappé; l'autorité de Dieu a fait ce qu'il fallait, tout est expié; il n'est donc plus nécessaire de frapper; des fleuves de bénédictions peuvent sortir du Rocher pour nous. Dieu, voyant la dureté de nos coeurs, la difficulté de nous faire arriver au bout du désert pour entrer en Canaan, nous a placés sous le régime de la grâce. Israël aurait succombé, sans cela, comme Dathan et Abiram, sous un gouvernement d'autorité et de sainteté. Dieu place maintenant le peuple sous la direction du Souverain Sacrificateur (de Christ), qui agit en grâce et a intérêt à le conduire. Il sera châtié, s'il le faut (21: 5-9) mais c'est la grâce; car autrement jamais il ne serait arrivé au bout du désert. Il y a des murmures, mais il y a de l'eau (20: 2-13). Combien de fois, au lieu du châtiment que nous avions mérité, avons-nous rencontré la bénédiction! Le coeur charnel pourrait dire, afin de se justifier: Si ma faute produit la grâce, peu importe que je pèche… Non, mais le Souverain Sacrificateur intercède et l'Esprit nous fait sentir la faute et nous humilie.

Christ place toujours ses disciples dans la position qu'il occupe lui-même; quand il vivait dans ce monde, ils étaient ses compagnons dans toutes les circonstances qu'il traversait; maintenant il nous associe à la gloire qu'il occupe. — Il est caché en Dieu, et notre vie l'est aussi. Notre position suit donc toujours celle de Jésus. Il est maintenant sacrificateur; nous aussi. Quelle en est la conséquence? Notre conduite doit toujours être selon la grandeur et la hauteur de la grâce. Que l'on soit serviteur, compagnon ou fils, que l'on soit en esprit dans la gloire, notre règle de conduite est selon la position que Dieu nous a faite. Alors Dieu dit: «Toi et tes fils, et la maison de ton père avec toi, vous porterez l'iniquité du sanctuaire; et toi, et tes fils avec toi, vous porterez l'iniquité de votre sacrificature» (18: 1). Cela veut dire que la conduite sous la grâce doit être selon la sainteté du sanctuaire, et selon celle des sacrificateurs. Il en est de même pour nous; ce n'est pas qu'il soit question du salut, mais, plus nous sommes rapprochés de Dieu, plus le mal est insupportable à ses yeux: nous portons l'iniquité de notre sacrificature. Il y avait des choses permises dans le camp, qui ne l'étaient pas pour la famille sacerdotale, que Dieu avait placée près de Lui et qui devait avoir une connaissance plus entière de ses pensées et de sa sainteté. Dans la proximité de Dieu et la communion avec Lui, nous connaissons mieux le bien et le mal et sommes plus capables d'être attachés à l'un et séparés de l'autre. Telles sont notre règle de conduite et notre responsabilité, quand Dieu nous introduit en sa présence.

«Je vous donne votre sacrificature comme un service de pur don; et l'étranger qui approchera, sera mis à mort» (verset 7). Il est impossible que l'étranger, l'homme qui n'a pas le Saint Esprit, jouisse de ces bénédictions. Ce n'est pas qu'on le lui défende, mais il ne le peut pas. Coré et les autres avec lui, avaient essayé, et n'ont pu atteindre la sacrificature, ni s'approcher du sanctuaire. C'est par un pur don de Dieu que, lavés par le sang de son Fils, nés de nouveau et amenés à lui, nous sommes devenus rois et sacrificateurs pour lui rendre culte.

Dieu nous conduit dans le désert et nous introduit devant Lui. C'est par pure grâce qu'il nous donne tout ce qui Lui est offert: «Voici, je t'ai donné la charge de mes offrandes élevées, de toutes les choses saintes des fils d'Israël; je te les ai données, à cause de l'onction, et à tes fils, par statut perpétuel» (verset 8).

Nous avons été oints, scellés du Saint Esprit, et la conséquence est que nous avons part à tout. Rien de ce qu'il a fait, en se dévouant toute sa vie, rien de ce qu'il a été ici-bas, dont nous ne soyons pas rendus capables de jouir; tous les fruits que Dieu produit dans ce beau pays arrosé et fertile, tout cela nous appartient. «Toutes leurs offrandes… sont pour toi et pour tes fils» (verset 9). Quel privilège immense! Nous avons le droit de nous nourrir (le tout ce que Christ a fait dans ce monde, de ce qu'il a accompli sur la croix, dans un amour qui ne s'est jamais démenti, prompt à répondre en grâce à tous les besoins! Telle est la nourriture du sacrificateur. Le brigand converti dit: «Celui-ci n'a rien fait qui ne se dut faire!» Il comprenait la vie de Jésus. Jamais il ne fit une chose pour lui-même; qu'il fût fatigué, qu'il eût besoin de manger, tout son temps appartenait aux autres. Celui qui est près de Dieu se nourrit de Lui; il ne désire pas les gousses des pourceaux, il a Christ! Ce même Jésus, quand il porte la colère de Dieu, manifeste une patience, une soumission, un amour parfaits; il n'emploie jamais sa puissance pour se délivrer du mal, mais pour le supporter; il montre son amour au brigand, sans penser à ses propres souffrances.

La perfection était dans son coeur, et celui qui est près de Lui, le comprend et s'en nourrit; en sorte que, quand il voit le péché, il peut le porter, comme sacrificateur, en intercession devant Dieu, entrer dans les pensées de Jésus, et faire valoir envers d'autres la grâce qu'il a saisie pour lui-même.

«Tes fils et tes filles en mangeront». Il y a des joies dont on ne peut se nourrir que dans le sanctuaire; il y en a d'autres dont on jouit en famille; c'est la communion des saints. Mais il reste encore une autre nourriture pour les enfants de Dieu: «Les prémices qu'ils donneront à l'Eternel, je te les donne» (verset 12). Ceux qui sont nets en mangent. Ce ne sont pas seulement des choses dont on jouit dans la communion des saints, mais d'autres plus générales, des fruits qui ne sont pas exclusivement dans la personne de Christ. Tout ce qui est pur, ou de bonne renommée, tout ce qui a quelque vertu ou quelque louange; tels sont les fruits de l'Esprit, dans le pays «que l'on n'arrose pas avec son pied» (Deutéronome 11: 10). C'est ce qui fait la joie de l'Eglise de Dieu: elle se nourrit avant tout de Christ, mais les fruits du ciel sont aussi sa nourriture.

On se plaint parfois de ne pouvoir s'élever, de manquer de vie; il ne faut pas en rester là. Vous êtes sous la conduite de Christ qui est là pour vous bénir, pour vous donner à boire, quand vous murmurez. Vous ne pouvez pas entrer dans le sanctuaire, dites-vous? Mais vous avez à faire à la puissance qui fait sortir la vie de la mort, qui couvre, en un moment, un morceau de bois sec, de bourgeons, de fleurs et de fruits. Ne vous contentez donc pas d'une vie incomplète, mais rappelez-vous que Dieu vous nourrit des fruits du sanctuaire, tout en vous disciplinant selon la position que vous occupez, soit dans le camp soit dans le sanctuaire. Si nous nous traînons péniblement dans le chemin chrétien, reconnaissons notre faute, mais comptons sur la grâce qui connaît et comprend tous nos besoins, et veut nous rendre heureux, malgré toutes nos faiblesses.


 

Méditation de J.N.D. no 181 – Nombres 20: 1-13 - page 293

Lausanne, juillet 1847

Il n'y a rien de plus impossible à l'homme, soit comme créature, soit comme pécheur, que de connaître véritablement Dieu. Et cependant: «C'est ici la vie éternelle, qu'ils te connaissent seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus Christ» (Jean 17: 3).

Cette connaissance de Dieu, qui est la vie éternelle, manque absolument à l'homme naturel, et ne peut se trouver en lui, parce qu'elle ne peut découler de l'intelligence de l'homme. Sans cela, Dieu ne serait pas Dieu, car, si mon intelligence forme un jugement sur une chose, elle est supérieure à l'objet qu'elle juge, et cet objet ne peut être Dieu, sinon je serais supérieur à Dieu. Si moi, pécheur, je pouvais le connaître, cette connaissance serait ma ruine. L'homme ne peut voir Dieu et vivre. Quand, en Exode 33: 18-23, Dieu eut mis Moïse dans la fente du rocher, pendant que Sa gloire passait, et qu'il l'eut couvert de sa main, Moïse put le voir par derrière, mais Sa face ne se voyait point. Toute sa bonté passait devant la face de Moïse qui pouvait la connaître, mais, sans cela, voir Dieu ne pouvait être que la ruine éternelle de tout homme.

Une fois Dieu vraiment connu, l'on comprend parfaitement bien que, le connaître, c'est connaître l'amour. On voit cet amour dans tout ce que Dieu a fait pour nous, depuis la grâce qui s'applique au pécheur perdu, dans son état de péché. Marcher dans la connaissance de Dieu, ce qui est la vraie sainteté, c'est marcher dans la connaissance de son amour. Dieu reste toujours pour nous ce qu'il a été dans la mort de son Fils, et celui qui connaît Dieu de cette manière, compte sur un tel amour. Dépendre continuellement de Lui, fortifie la vie, donne et augmente l'intelligence, et le progrès consiste à le sentir toujours plus profondément et plus continuellement.

Au contraire, le déclin extérieur a toujours pour conséquence et pour cause que Dieu est moins bien connu et que l'on ne s'appuie plus autant sur sa grâce. Du moment que l'homme se trouve réduit à sa propre capacité, il est en chute. La rivière tarit, parce qu'elle n'est plus en rapport avec la source. Cesser de compter absolument sur la grâce de Dieu qui est toujours à notre disposition, c'est la clef de toute décadence spirituelle.

Une chose caractérise le christianisme, et nous ne la trouvons qu'en type dans l'ancienne alliance, c'est que nous avons affaire à Dieu par le moyen d'un Médiateur, tandis qu'en Eden, l'homme avait personnellement affaire avec Lui. C'est en Jésus que la grâce de Dieu se manifeste, en rapport avec nos besoins et nos fautes; de cette manière Dieu devient infiniment précieux à nos coeurs.

Israël avait commencé, dans le désert, jusqu'au Sinaï, par la connaissance d'un Dieu de grâce. Délivré de l'Egypte, il avait tout quitté pour entrer dans un pays «non semé». C'était «l'amour des fiançailles, quand Israël était saint à l'Eternel» (Jérémie 2: 2, 3). Le peuple ne trouvait dans le désert aucun attrait, aucun motif quelconque, sinon de servir Dieu; il le suivait, heureux, réjoui, ne s'inquiétant de rien, parce que le Dieu qui l'avait sauvé, l'y précédait. Dieu suffisait au coeur; c'était le premier amour, l'amour des fiançailles.

Du moment que Dieu n'est plus le seul objet de nos affections, elles se refroidissent; on ne s'occupe pas autant de Lui; le coeur se tourne vers quelque autre chose, et, si ce n'est pas une chute plus évidente, la faiblesse et la misère s'en suivent. Alors on se préoccupe du désert, comme tel, et Dieu ne suffit plus au coeur, envahi par l'inquiétude et le découragement.

Dieu sait bien pourquoi il nous a introduits dans le désert. Qu'y a-t-il fait pour les Israélites? Il allait devant eux, chercher un lieu pour les y faire camper, un lieu de repos (Nombres 10: 33), avec le tabernacle et l'arche au milieu d'eux. C'est aussi ce que Dieu fait pour nous dans ce monde. Il nous cherche un repos dont nous puissions jouir autour de Lui, et va pour cela devant nous. La nuée s'arrête: nous trouvons le calme et le rafraîchissement; la nuée se lève: il faut marcher en avant, mais «de force en force». Hélas! cela ne suffit pas à Israël: au bout de trois jours, il se plaint déjà de la fatigue (Nombres 11: 1), puis il passe d'une rébellion à l'autre. Telle est l'histoire de nos coeurs!

Mais Dieu déploie la richesse des ressources de sa grâce. Après la rébellion de Coré, Dieu n'abandonne point ses pensées de grâce envers son peuple. Il fait fleurir la verge d'Aaron, Moïse n'ayant ici aucun rôle, et il nous montre les fonctions de cette verge à l'égard d'Israël.

La terre avait englouti Coré, Dathan et Abiram (Nombres 16: 33), mais cela ne conduisait pas le peuple jusqu'à la terre promise. Dieu voulait «faire cesser de devant lui les murmures des fils d'Israël» (Nombres 17: 5), et dans ce but, il fait placer les verges d'Aaron et des princes à l'intérieur du tabernacle, devant le témoignage. La verge qui fleurit est celle de la sacrificature, et c'est sous ce caractère que Dieu devient le conducteur de son peuple, type de la sacrificature de Christ pour nous. Son autorité s'adapte à nos besoins et en prend connaissance pour les présenter devant Dieu, afin que sa grâce y réponde. La sacrificature n'est pas seulement instituée pour nous procurer le pardon, la miséricorde et la grâce (Hébreux 4: 16); elle nous communique une provision nécessaire pour le renouvellement de nos forces.

Nous allons voir l'usage de la verge d'Aaron et la bonté parfaite de Dieu à notre égard. Au chapitre 19, la génisse rousse et l'eau de la purification appliquent au coeur les souffrances de Christ et donnent l'horreur du péché. Mais outre cela, nous avons des besoins; la soif se fait sentir; il nous faut être rafraîchis, en voyage vers le pays de la promesse. Le peuple murmure, parce qu'il n'a point d'eau et désire même la mort; les difficultés l'amènent au découragement et il dit, dans sa folie: «Que n'avons-nous péri, quand nos frères périrent devant l'Eternel» (verset 3), c'est-à-dire quand Dieu jugeait sur eux leur péché! Dans le désert, ils auraient préféré être restés en Egypte, quoiqu'ils eussent vu le jugement de Dieu sur elle! Ils avaient complètement oublié la joie de leurs fiançailles, et le désert n'est plus, à leurs yeux, qu'un méchant lieu qui n'est point un lieu pour semer, ni pour des figuiers, des vignes et des grenadiers, et où il n'y a point d'eau pour boire (verset 5). Que de fois nous disons dans nos cœurs: «Ce méchant lieu!» Nos bouches et notre conscience n'oseraient peut-être parler ainsi, mais que de coeurs, je n'en doute pas, même dans cette assemblée, disent: «Ce méchant lieu!» Les Israélites avaient les yeux fixés sur le désert; ils n'avaient pas la conscience que Dieu s'y trouvait parce que leur coeur y cherchait autre chose.

Mais ici, Dieu ne dit pas, comme après le veau d'or (Exode 32: 10), ou après le refus de monter en Canaan (Nombres 14: 12), ou après la rébellion de Coré (16: 21), qu'il retranchera le peuple. Ce n'est pas même, cette fois, l'intercession de Moïse qui détourne le jugement de Dieu. Les pensées de Dieu et son coeur sont dirigés d'un tout autre côté. Pour répondre aux murmures du peuple, il se rappelle la verge d'Aaron qu'il a instituée, la sacrificature appliquée à notre état et produisant la grâce pour répondre à nos besoins. Que de misères en Israël! mais Dieu voulait agir en grâce, en faisant jaillir l'eau dans le désert: «Vous parlerez au rocher et il donnera ses eaux» (verset 8). Pour cela, Dieu ordonne de prendre la verge d'Aaron, cette verge bien connue, qui était devant l'Eternel, dans le tabernacle.

Moïse agit différemment. Il suit, il est vrai, les ordres de Dieu, prend la verge et convoque l'assemblée devant le rocher, mais il se sert de sa verge à lui, employant l'autorité de Dieu pour se faire valoir.

Sauf le caractère de Jésus, on n'en trouve peut-être pas, dans la parole de Dieu, de plus beau que celui de Moïse. C'est en tout cas une chose solennelle, un sentiment pénible et humiliant, que de rencontrer le péché chez un serviteur de Dieu. Dieu prononce son jugement sur lui; à cause de cela, Moïse n'introduira pas le peuple en Canaan. Plus tard, quand Moïse le pria, Dieu ne voulut pas retirer sa parole: «C'est assez, dit-il, ne me parle plus de cette affaire» (Deutéronome 3: 26).

Moïse dit au peuple: «Ecoutez, rebelles» (verset 10). Il jugeait d'une manière parfaitement saine l'iniquité du peuple, mais il «s'irrite et parle légèrement de ses lèvres» (Psaumes 106: 33). Il ne voyait pas que Dieu dépassait ici ses voies ordinaires. Moïse avait été fidèle dans sa maison, mais il ne s'agissait pas ici de fidélité; il s'agissait de grâce, et Moïse n'était plus à la hauteur des pensées de Dieu. Il pensait à la rébellion du peuple, tandis que Dieu pensait à la verge d'Aaron qui n'était nullement destinée à frapper les rebelles.

Dieu avait fait fleurir et fructifier un bois mort. C'était un principe entièrement nouveau: la vie, communiquée à ce qui était mort. Boutons, fleurs, amandes sur une branche sans vie, ce sont là des phénomènes qui proviennent de Dieu seul. Dans ce moment-là, Moïse juge les rebelles et ne comprend pas Dieu. Il dit au peuple: «Vous ferons-nous sortir de l'eau de ce rocher?» Vous ferons-nous! Il s'attribue cette puissance à lui-même. Moïse frappe le rocher de sa propre verge. Il ne peut s'élever à la hauteur de la grâce qui agit de son chef pour bénir le peuple et donner à la sacrificature l'importance qui lui est due.

Avez-vous des besoins; souffrez-vous de sécheresse, de soif, de manque d'eau, à la fin du trajet du désert? Qu'y a-t-il à faire? La sacrificature est là. Il n'y a qu'à présenter cette floraison, cette puissance de vie éternelle sortie de la mort, pour que l'eau jaillisse du rocher. La première fois qu'Israël a manqué d'eau (Exode 17: 6), il fallut que le rocher (Christ) fût frappé à la place du pécheur et en sa faveur. L'autorité de la justice de Dieu devait agir ainsi, mais une seule fois suffisait. Si Christ pouvait souffrir une seconde fois, ce serait nier l'efficace de ses souffrances, non seulement pour la première, mais aussi pour la seconde fois. Dès la première fois, le rocher avait fourni son eau pour le peuple; il n'y avait qu'à lui parler sans le frapper, et il la donnait et la donnerait toujours.

C'est là que nous en sommes. Christ, ressuscité d'entre les morts, portant des fleurs et des fruits, démonstration éternelle de l'efficace de son oeuvre devant Dieu, comparaît devant Lui pour remédier à nos misères ici-bas. Nous n'avons qu'à présenter à Dieu sa sacrificature, et l'eau coule pour nous en abondance. Cela est si simple que, comme Naaman, on ne veut pas y croire (2 Rois 5). Sans cette grâce, agissant en leur faveur, il était inutile de conduire ce peuple avec l'espérance d'entrer en Canaan.

Tant que le désert est désert, et que l'homme est homme, rien ne nous soutient, sinon cette grâce constante, toujours prête à se répandre. La simplicité de coeur compte sur cela et s'appuie sur la sacrificature de Christ, dont elle a besoin; elle compte sur lui comme sur un ami.

Les eaux de Meriba sont les eaux de contestation (verset 13); les enfants d'Israël contestèrent avec l'Eternel, et Dieu se sanctifia en leur donnant de l'eau, malgré la faute de Moïse. Dieu ne voulait pas descendre de la hauteur de sa grâce. Il a châtié Moïse à cause de sa faute, et agi selon la plénitude de sa grâce à l'égard des besoins de son peuple qui ne voulait pas se servir de cette grâce quand elle était là. Que de fois cela nous arrive!

Que Dieu nous donne l'intelligence des droits de sa grâce; qu'il nous enseigne à venir à Lui, dans la conscience que Jésus est là, à user, dans une confiance simple et enfantine, de la sacrificature de Jésus! Heureux sommes-nous toutefois, de ce que, si nous ne savons pas sanctifier Dieu, il se sanctifie lui-même. Si nous ne le faisons pas, nous y perdons à la vérité, mais il faut alors que Lui le fasse, afin d'acquérir dans nos coeurs l'importance qu'il mérite!

 


 

Méditation de J.N.D. no 182 – Romains 5: 1-11 - page 398

Il y a deux sources distinctes de joie pour nos âmes: la pensée de ce que Dieu a été pour nous comme pécheurs, la joie d'être sauvés, joie qui se rapporte à nous-mêmes, mais non dans un mauvais sens. Nous connaissons Dieu dans sa sainteté et nous nous savons réconciliés avec lui. Il n'existe plus rien entre Dieu et nous; nous avons une pleine assurance, par le sang de Jésus. Outre la paix avec Dieu et l'accès à sa faveur, nous avons pour avenir la gloire de Dieu et nous nous réjouissons dans cette espérance.

Mais cette première source de joie n'est pas tout. Dieu est entré avec nous dans une relation encore plus intime que celle-là: il est important que nous trouvions une source de joie dans les afflictions mêmes qui exercent le chrétien. Il y a un travail intérieur, par lequel Dieu laboure le terrain de nos âmes, nous exerce dans la connaissance du bien et du mal, nous sépare des choses d'ici-bas, et nous fait sentir toute notre faiblesse. Nous nous réjouissons même dans les tribulations. Il est utile de nous poser la question si nous désirons que nos coeurs soient ainsi dépouillés dans leurs pensées et leurs affections naturelles. Paul se glorifiait dans ses infirmités, afin que la puissance de Christ reposât sur lui. Nous ne nous faisons souvent aucune idée de la somme d'épreuves qu'il nous faut pour être amenés à une vraie dépendance du Seigneur. C'est une chose plus précieuse que d'avoir l'espérance de la gloire de Dieu. Ici, le coeur est dépouillé de ses propres forces, de ses propre pensées, et son espérance se rattache tout entière à ce que Jésus est pour lui.

Nous avons ainsi, non seulement la paix avec Dieu et l'espérance de la gloire, mais l'amour de Dieu est répandu dans nos coeurs par le Saint Esprit qui nous a été donné. C'est bien plus que la jouissance d'une promesse; nous connaissons ce que Dieu lui-même est pour le coeur qui se confie en Lui; et il ne peut se confier en Dieu qu'après avoir appris que rien ne peut le soutenir que Lui. Le moi nous empêche de voir cela; apprendre qu'on ne peut se confier en soi-même est la leçon la plus difficile de toutes; chose bien différente que d'être assuré seulement qu'on a la paix avec Dieu. Quand on sait que Dieu est là, et qu'il suffit parfaitement, on peut se confier en Lui pour soi-même, pour l'Eglise, pour toutes choses. On connaît assez Dieu pour savoir qu'il emploiera sa puissance en amour, pour ceux qui se confient en Lui. C'est ce qui est appelé «l'expérience». Elle donne une espérance qui ne confond point. La preuve de cette confiance inaltérable et ce qui la fournit, c'est que Dieu a donné son Fils. Nous sommes établis sur le Rocher de l'amour. Nous nous glorifions même en Dieu. Qu'il est précieux d'avoir une telle relation avec Lui, avec ce Dieu qui est mon Dieu, le Dieu que je connais, et dans lequel j'ai bien lieu de me glorifier, puisqu'il s'est révélé à moi dans son Fils et par son Fils!

Ne nous contentons pas de la pensée que la gloire nous appartient. Ce qui nous a été donné comme arrhes de cette gloire, c'est la présence de Dieu dans nos coeurs. Voilà ce qui nous donne puissance et repos. La source des pensées de nos coeurs, c'est le Dieu qui y est, et dont l'amour y est versé par son Esprit!

Il faut, dans un sens pratique, que nous soyons dépouillés de nous-mêmes. Par la tribulation, Dieu nous rend capables de tenir le mal loin de nous et de jouir du bien, sans que le mal vienne s'en mêler. Nous pouvons ainsi nous glorifier, non seulement dans la gloire de Dieu, mais en Dieu lui-même, et jouir en Lui des trésors de sa grâce.


 

Méditation de J.N.D. no 183 – Exode 12 - page 458

Ce chapitre est l'image de notre délivrance. La condition des Israélites en Egypte représente la nôtre comme esclaves de Satan. Pharaon était le prince de ce monde, et le peuple de Dieu lui était assujetti. Satan a, dans un sens, des droits sur nous en vertu du péché, et parce que la justice de Dieu est contre nous; Dieu ayant dit à l'homme: «Le jour que tu en mangeras, tu mourras de mort», Satan, qui avait menti à l'homme, en lui disant: «Tu ne mourras pas», peut maintenant l'accuser. Mais il est toujours le même menteur; il dit aujourd'hui à l'homme: Sans doute, tu as failli, mais tu n'es pas aussi entièrement ruiné que ces chrétiens te le disent. De son côté, Dieu ne peut pas dire: «Tu ne mourras pas;» il doit prendre connaissance du péché, et il faut que sa justice soit reconnue, mais il a un moyen pour écarter les coups de sa justice.

Le Pharaon avait assez de puissance pour garder les Israélites sous un dur esclavage, auquel ils étaient accoutumés. Il n'avait pas de vrais droits et Satan n'en a pas non plus, mais, en attendant, il nous trompe. L'esclavage est, du haut en bas, l'état de tout homme dans ce monde. Cela est si vrai que, plus l'homme est élevé, plus il est esclave. Un pauvre homme se permettra bien des choses dans la rue sans que personne y prenne garde; mais le riche est asservi par sa position même; il n'ose blesser les convenances, les usages imposés par le monde.

Notre volonté est aussi un moyen de servitude. Si l'on nous disait que nous sommes dirigés et conduits par Satan, nous n'en conviendrions pas. Mais que fait l'Ennemi? Il nous présente les choses de ce monde pour entraîner notre volonté dans le péché. Il y a d'abord la convoitise; puis Satan fournit les moyens de la satisfaire, alors elle enfante le péché. Judas a été entraîné parce qu'il aimait l'argent; alors Satan entre en lui et endurcit sa conscience. Quand il l'a amené à livrer le Seigneur, il le précipite dans l'abîme en lui enlevant tout espoir en la miséricorde de Dieu.

Dans le cas d'Adam, Satan lui enseigne, après la chute, à rejeter le mal sur d'autres, pour se disculper. Il accuse Dieu et sa femme, au lieu de reconnaître qu'il a péché, et que Dieu est juste en le condamnant.

En d'autres cas l'homme, au lieu d'être convaincu qu'il est perdu, cherche à se persuader que Dieu, étant bon, ne tiendra pas compte du péché. Mais est-ce que Dieu doit faire du ciel quelque chose de semblable à ce qu'est le monde? Devrait-il y laisser entrer le péché, établir une mesure jusqu'où et combien l'on peut pécher pour y être admis? Dieu est déshonoré par le péché; c'est dans ce monde qu'il l'est de jour en jour, et que les anges et tout l'univers apprennent ce que c'est qu'un Dieu déshonoré et une création dégradée. Y a-t-il là quelque chose que Dieu puisse faire entrer dans son monde à Lui?

Non, Dieu sort et dit: J'exécuterai mes jugements et manifesterai ma puissance sur tous les dieux de l'Egypte, et, en même temps, il met son peuple à l'abri du jugement par le sang de l'agneau pascal, et la question n'est pas si le peuple peut voir le sang, mais si Dieu l'a vu. Que ce sang soit sur les poteaux et le linteau de la porte, ou sur le propitiatoire, ou sur moi, la seule question est toujours s'il est placé sous les regards de Dieu.

Mais les Israélites étaient appelés à manger l'agneau pascal, à s'approprier, en figure, par la foi, le sacrifice de Christ. Il n'était pas question de savoir s'ils avaient de l'appétit pour le manger; sans doute, ceux qui avaient faim en jouissaient davantage, mais ce n'était nullement la condition pour s'asseoir à ce repas: ils mangeaient l'agneau avec des pains sans levain, goûtaient la valeur d'un sacrifice sans péché, et y ajoutaient des herbes amères qui leur rappelaient ce qu'ils étaient eux-mêmes. Dès ce moment, ils n'étaient plus esclaves, et devenaient étrangers et voyageurs, avec les reins ceints, des sandales aux pieds et un bâton qu'ils ne prenaient pas pour se reposer.

L'ennemi pouvait encore les poursuivre, mais après avoir passé la mer Rouge, emblème de la mort de Christ comme jugement de Dieu, ils étaient entièrement libres, car non seulement ils y avaient passé dans la mort d'un autre, mais encore tous leurs ennemis avaient été engloutis par les eaux magnifiques. Le peuple était désormais affranchi.