Porret-Bolens L.
ME 1911 page 32
Les temps où nous sommes ont un caractère particulièrement
solennel pour tous. Nous paraissons avoir atteint les jours fâcheux dont la
Parole a annoncé l'apparition.
On a lieu de le constater, l'esprit du siècle semble avoir
déteint sur le peuple de Dieu, affaiblissant ainsi d'autant le témoignage que
nous avons à rendre au Seigneur en son absence. Hélas! individuellement et
comme ensemble, les chrétiens sont loin de réaliser la pensée de leur divin
Maître. N'existe-t-il pas parmi eux des divisions, de l'envie, des querelles et
d'autres choses semblables, qui font toucher du doigt le bas état où tous se
trouvent?
Cela est malheureusement plus vrai que nous ne pouvons
l'exprimer, nous avons été infidèles au Seigneur et au mandat qu'il nous a
confié. Aussi devons-nous constater que la main de notre Dieu est sur nous, car
son jugement commence par sa maison (1 Pierre 4: 17; Ezéchiel 9: 6).
Mais comprenons-le bien, il nous châtie dans sa grâce pour
nous ramener à lui. Il le disait à son ancien peuple: «Car moi je connais les pensées
que je pense à votre égard, dit l'Eternel, pensées de paix et non de mal, pour
vous donner un avenir et une espérance» (Jérémie 29: 11). Et qu'attend-il de
nous? A quoi nous appelle-t-il? Au jugement de nous-mêmes et à l'humiliation.
Quel encouragement dans les déclarations de l'Eternel à son ancien peuple en
des circonstances analogues: «Ainsi, encore maintenant, dit l'Eternel, revenez
à moi de tout votre coeur, avec jeûne, et avec pleurs, et avec deuil; et
déchirez vos coeurs et non vos vêtements, et revenez à l'Eternel, votre Dieu;
car il est plein de grâce et miséricordieux, lent à la colère et grand en
bonté, et il se repent du mal dont il a menacé. Qui sait? il reviendra et se
repentira et laissera après lui une bénédiction, une offrande et une oblation à
l'Eternel, votre Dieu» (Joël 2: 12-14).
Considérant cela, ne nous humilierons-nous pas
individuellement au sujet de tout le mal auquel nous avons tous participé? Qui
sait si nous ne provoquerons pas un réveil salutaire en en amenant d'autres à
se joindre à nous dans les mêmes dispositions?
Voyons, d'après les passages cités en tête de ces lignes, ce
qui en résulta pour ceux de l'ancien peuple de Dieu qui écoutèrent sa voix.
Ces passages présentent, entre autres, trois choses
particulièrement précieuses, accordées par l'Eternel au résidu de son peuple
qui s'humilie sous sa main en s'attendant à lui. Ce résidu de la fin, sous le
châtiment de Dieu, «mange le pain de détresse et boit l'eau de l'oppression»
(verset 20). Ils n'ont pas pris le chemin des rebelles qui s'enfuient en Egypte
pour y échapper (versets 15-17). Ecoutant la voix de l'Eternel, qui n'a pas
d'autre pensée que la bénédiction de son peuple, ils se tournent vers lui avec
confiance (verset 15); et dans la patience et l'humiliation (verset 19),
ils sont amenés à compter sur leur Dieu. Sera-ce en vain? Certainement pas. Au
contraire: «Bienheureux tous ceux qui s'attendent à lui!» (verset 18).
Mais n'oublions pas qu'il est écrit: «L'Eternel est un Dieu
de jugement». Son jugement commence, avons-nous dit, par ceux qui sont le plus
près de lui; il veut les amener à se juger eux-mêmes, afin qu'ils deviennent
les heureux objets de sa grâce. Nous le voyons: sitôt que le cri du repentir
est parvenu à ses oreilles, une abondante grâce est déployée en leur faveur,
comme cela n'avait encore jamais eu lieu.
Ainsi que nous l'avons rappelé, trois choses inappréciables
deviennent la part de ce résidu de la fin: une précieuse et riche grâce,
une délivrance immédiate et merveilleuse par l'apparition du Messie, et
la présence du Messie lui-même apportant la bénédiction suprême du règne
millénaire.
Ce qui arrive à ce peuple est là pour nous instruire. Il
nous convient d'y prêter attention. Notons bien que lorsque l'Eternel
appesantissait sa main sur lui à cause des abominations qui se commettaient au
milieu de Jérusalem, au temps d'Ezéchiel, il n'y avait d'espoir de délivrance
que pour ceux qui soupiraient et gémissaient à cause de ces
abominations.
Et dans nos passages d'Esaïe 30, nous remarquons que ce ne
sont pas ceux qui usent de leurs ressources pour remédier à leur situation qui
sont délivrés; mais, au contraire, ceux qui reviennent à l'Eternel avec
confiance et s'humilient devant lui.
«Il n'y a point de peuple aussi faible que le peuple de
Dieu, lorsque Dieu l'abandonne», a dit quelqu'un à ce sujet; et il ajoute: «Le
mal l'atteint et le bien le fuit; il n'y a ni force, ni intelligence (verset
18); néanmoins, Dieu attend pour faire grâce (verset 19). Dès que le résidu
accepte la place où Dieu l'a mis, Dieu écoute leur cri. La foi prend la place
de pécheur et s'humilie, et Dieu exauce. De même si l'Eglise est dans un triste
état, la foi a la conscience de l'état où l'Eglise se trouve, elle le
reconnaît, s'humilie, et Dieu exauce. La foi donne la conscience de l'état de
ruine où le péché nous a placés» (verset 20).
Renonçons donc à nos propres ressources pour être délivrés
de nos difficultés; revenons au Seigneur avec confiance, en nous humiliant
sous sa main; et confessons devant lui, comme Daniel à Babylone, notre péché et
celui de nos frères, car avec eux tous nous sommes un seul corps; nous aurons
lieu d'expérimenter l'intervention miséricordieuse de notre Dieu. N'a-t-il pas
des pensées de paix à notre égard, et ne veut-il pas nous donner aussi un
avenir et une espérance?
Les trois choses que nous avons remarquées comme la part du
résidu à l'apparition du Messie vont être accordées d'une façon plus excellente
aux rachetés actuels. La prochaine venue du Seigneur pour venir chercher les
siens, tel est l'objet de notre espérance, ou plutôt Christ lui-même; et il
vient bientôt (Apocalypse 22: 20). Quelle délivrance que celle qu'il
apportera — ce sera comme le couronnement de la manifestation de sa grâce
— et quelle bénédiction merveilleuse s'en suivra! Ces paroles nous le
révèlent:
«Attendant la bienheureuse espérance et l'apparition de la
gloire de notre grand Dieu et Sauveur Jésus Christ…» (Tite 2: 13). «Attendant
la miséricorde de notre Seigneur Jésus Christ pour la vie éternelle» (Jude 21).
«Je reviendrai, et je vous prendrai auprès de moi; afin que là où moi je suis,
vous, vous soyez aussi» (Jean 14: 3). «Oui, je viens bientôt» (Apocalypse 22:
20). Et nous avons l'assurance que la grâce du Seigneur Jésus Christ
sera avec tous les saints jusqu'à ce moment-là (Apocalypse 22: 21).
Puissions-nous être dans l'attitude qui nous convient en
présence de l'objet de notre espérance, et revêtir les dispositions nécessaires
— le jugement de nous-mêmes et l'humiliation — pour jouir de cette grâce
et de ce qu'il plaira au Seigneur de nous accorder encore sur le chemin qu'il a
ouvert devant nous!