Un mot à propos d'Esaïe 30: 15-26 en rapport avec le temps actuel

Porret-Bolens L.

ME 1911 page 32

 

Les temps où nous sommes ont un caractère particulièrement solennel pour tous. Nous paraissons avoir atteint les jours fâcheux dont la Parole a annoncé l'apparition.

On a lieu de le constater, l'esprit du siècle semble avoir déteint sur le peuple de Dieu, affaiblissant ainsi d'autant le témoignage que nous avons à rendre au Seigneur en son absence. Hélas! individuellement et comme ensemble, les chrétiens sont loin de réaliser la pensée de leur divin Maître. N'existe-t-il pas parmi eux des divisions, de l'envie, des querelles et d'autres choses semblables, qui font toucher du doigt le bas état où tous se trouvent?

Cela est malheureusement plus vrai que nous ne pouvons l'exprimer, nous avons été infidèles au Seigneur et au mandat qu'il nous a confié. Aussi devons-nous constater que la main de notre Dieu est sur nous, car son jugement commence par sa maison (1 Pierre 4: 17; Ezéchiel 9: 6).

Mais comprenons-le bien, il nous châtie dans sa grâce pour nous ramener à lui. Il le disait à son ancien peuple: «Car moi je connais les pensées que je pense à votre égard, dit l'Eternel, pensées de paix et non de mal, pour vous donner un avenir et une espérance» (Jérémie 29: 11). Et qu'attend-il de nous? A quoi nous appelle-t-il? Au jugement de nous-mêmes et à l'humiliation. Quel encouragement dans les déclarations de l'Eternel à son ancien peuple en des circonstances analogues: «Ainsi, encore maintenant, dit l'Eternel, revenez à moi de tout votre coeur, avec jeûne, et avec pleurs, et avec deuil; et déchirez vos coeurs et non vos vêtements, et revenez à l'Eternel, votre Dieu; car il est plein de grâce et miséricordieux, lent à la colère et grand en bonté, et il se repent du mal dont il a menacé. Qui sait? il reviendra et se repentira et laissera après lui une bénédiction, une offrande et une oblation à l'Eternel, votre Dieu» (Joël 2: 12-14).

Considérant cela, ne nous humilierons-nous pas individuellement au sujet de tout le mal auquel nous avons tous participé? Qui sait si nous ne provoquerons pas un réveil salutaire en en amenant d'autres à se joindre à nous dans les mêmes dispositions?

Voyons, d'après les passages cités en tête de ces lignes, ce qui en résulta pour ceux de l'ancien peuple de Dieu qui écoutèrent sa voix.


 Ces passages présentent, entre autres, trois choses particulièrement précieuses, accordées par l'Eternel au résidu de son peuple qui s'humilie sous sa main en s'attendant à lui. Ce résidu de la fin, sous le châtiment de Dieu, «mange le pain de détresse et boit l'eau de l'oppression» (verset 20). Ils n'ont pas pris le chemin des rebelles qui s'enfuient en Egypte pour y échapper (versets 15-17). Ecoutant la voix de l'Eternel, qui n'a pas d'autre pensée que la bénédiction de son peuple, ils se tournent vers lui avec confiance (verset 15); et dans la patience et l'humiliation (verset 19), ils sont amenés à compter sur leur Dieu. Sera-ce en vain? Certainement pas. Au contraire: «Bienheureux tous ceux qui s'attendent à lui!» (verset 18).

Mais n'oublions pas qu'il est écrit: «L'Eternel est un Dieu de jugement». Son jugement commence, avons-nous dit, par ceux qui sont le plus près de lui; il veut les amener à se juger eux-mêmes, afin qu'ils deviennent les heureux objets de sa grâce. Nous le voyons: sitôt que le cri du repentir est parvenu à ses oreilles, une abondante grâce est déployée en leur faveur, comme cela n'avait encore jamais eu lieu.

Ainsi que nous l'avons rappelé, trois choses inappréciables deviennent la part de ce résidu de la fin: une précieuse et riche grâce, une délivrance immédiate et merveilleuse par l'apparition du Messie, et la présence du Messie lui-même apportant la bénédiction suprême du règne millénaire.

Ce qui arrive à ce peuple est là pour nous instruire. Il nous convient d'y prêter attention. Notons bien que lorsque l'Eternel appesantissait sa main sur lui à cause des abominations qui se commettaient au milieu de Jérusalem, au temps d'Ezéchiel, il n'y avait d'espoir de délivrance que pour ceux qui soupiraient et gémissaient à cause de ces abominations.

Et dans nos passages d'Esaïe 30, nous remarquons que ce ne sont pas ceux qui usent de leurs ressources pour remédier à leur situation qui sont délivrés; mais, au contraire, ceux qui reviennent à l'Eternel avec confiance et s'humilient devant lui.

«Il n'y a point de peuple aussi faible que le peuple de Dieu, lorsque Dieu l'abandonne», a dit quelqu'un à ce sujet; et il ajoute: «Le mal l'atteint et le bien le fuit; il n'y a ni force, ni intelligence (verset 18); néanmoins, Dieu attend pour faire grâce (verset 19). Dès que le résidu accepte la place où Dieu l'a mis, Dieu écoute leur cri. La foi prend la place de pécheur et s'humilie, et Dieu exauce. De même si l'Eglise est dans un triste état, la foi a la conscience de l'état où l'Eglise se trouve, elle le reconnaît, s'humilie, et Dieu exauce. La foi donne la conscience de l'état de ruine où le péché nous a placés» (verset 20).

Renonçons donc à nos propres ressources pour être délivrés de nos difficultés; revenons au Seigneur avec confiance, en nous humiliant sous sa main; et confessons devant lui, comme Daniel à Babylone, notre péché et celui de nos frères, car avec eux tous nous sommes un seul corps; nous aurons lieu d'expérimenter l'intervention miséricordieuse de notre Dieu. N'a-t-il pas des pensées de paix à notre égard, et ne veut-il pas nous donner aussi un avenir et une espérance?

Les trois choses que nous avons remarquées comme la part du résidu à l'apparition du Messie vont être accordées d'une façon plus excellente aux rachetés actuels. La prochaine venue du Seigneur pour venir chercher les siens, tel est l'objet de notre espérance, ou plutôt Christ lui-même; et il vient bientôt (Apocalypse 22: 20). Quelle délivrance que celle qu'il apportera — ce sera comme le couronnement de la manifestation de sa grâce — et quelle bénédiction merveilleuse s'en suivra! Ces paroles nous le révèlent:

«Attendant la bienheureuse espérance et l'apparition de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur Jésus Christ…» (Tite 2: 13). «Attendant la miséricorde de notre Seigneur Jésus Christ pour la vie éternelle» (Jude 21). «Je reviendrai, et je vous prendrai auprès de moi; afin que là où moi je suis, vous, vous soyez aussi» (Jean 14: 3). «Oui, je viens bientôt» (Apocalypse 22: 20). Et nous avons l'assurance que la grâce du Seigneur Jésus Christ sera avec tous les saints jusqu'à ce moment-là (Apocalypse 22: 21).

Puissions-nous être dans l'attitude qui nous convient en présence de l'objet de notre espérance, et revêtir les dispositions nécessaires — le jugement de nous-mêmes et l'humiliation — pour jouir de cette grâce et de ce qu'il plaira au Seigneur de nous accorder encore sur le chemin qu'il a ouvert devant nous!