Christ sur la croix

Psaume 22 - Darby J.N. – ME 1911 page 37

 

Plus nous considérons de près le Seigneur Jésus sur la terre, son sentier ici-bas, et ce qu'il a rencontré dans ce sentier, plus nous découvrons la terrible aliénation des coeurs des hommes envers Dieu; et plus, aussi, nous apercevons la bénédiction découlant du fait que le Fils de Dieu a été dans ce monde, et qu'il en est sorti par la mort.

Ceci est un grand fait, et il n'y en a point de semblable, pas même celui de la création. Il n'y a, en effet; rien de plus grand que de voir la Parole faite chair, habitant au milieu de nous, et y étant, après tout, ouvertement et totalement rejetée, parce que Satan, prince et dieu de ce monde, avait répandu sa terreur sur ceux qui suivaient le Seigneur, en même temps qu'il avait exercé la plénitude de sa puissance sur le monde entier.

Mais chacun peut bien penser qu'une telle chose n'aurait pu arriver sans la permission de Dieu. Christ n'aurait pas pu descendre dans la mort, si Dieu ne l'avait pas permis; comme le Seigneur l'a dit lui-même, il aurait pu prier son Père qui lui aurait envoyé douze légions d'anges; ou bien encore, il aurait pu accomplir un miracle et se délivrer, n'eût-ce été qu'en passant au milieu de ses adversaires, lorsqu'en Gethsémané ceux-ci reculèrent devant lui et tombèrent par terre. Mais il n'était pas venu dans ce monde pour cela, de même qu'il n'était pas venu dans le monde simplement pour en sortir rejeté. Quand nous le voyons, donnant sa vie sur la croix, nous ne pouvons que voir, dans sa mort, une pensée et une intention qui ne pouvaient s'accomplir qu'au travers de cette mort même. Pourquoi serait-il descendu dans la mort et aurait-il subi le jugement, si ce n'était pour ceux qui devaient être sauvés? Aussi, quand nous le voyons prendre une telle place, y discernons-nous la condition de ceux pour lesquels il était venu. Mais aussi nous voyons qu'il est ainsi descendu et qu'il est remonté, afin que toute la puissance du mal qu'il est venu rencontrer, fut annulée; et en ceci aussi nous découvrons sa divine perfection et son amour parfait. Il était venu pour attirer les coeurs des hommes, mais, comme il l'a dit, ceux-ci lui ont rendu la haine pour son amour. L'homme n'ayant pas voulu de Lui, il est allé à la croix et Dieu, dans la mort de Jésus, a été glorifié dans tout ce qu'il est contre le péché, en même temps que dans sa sagesse divine.

C'est ce que nous avons à considérer dans le Psaume 22, que le Seigneur lui-même a cité sur la croix. Là, le Seigneur présente non seulement le fait capital qu'il est abandonné de Dieu, mais que son sentier ici-bas conduisait à ce résultat, comme le montraient toutes les circonstances au travers desquelles il passait, et qui manifestaient en même temps la véritable condition morale du monde. Continuellement, il récoltait la haine pour son amour; mais cette haine, au lieu d'empêcher la manifestation de son amour, ne servait qu'à en fournir une pleine expression. Et quoique rien ne montre aussi complètement que la croix le véritable état du coeur de l'homme, c'est là seulement que nous pouvons regarder le mal en face, car, à cette croix, où je vois le péché et le mal pleinement manifestés, je vois une parfaite et divine grâce qui y répond.

Remarquez, tout d'abord, le caractère béni dans lequel le Seigneur visite le monde. Certaines vérités, telles que celles qui se rapportent à la création ou à la providence, peuvent être apprises ailleurs, mais non pas celles qui ont trait au jugement en justice, qui ne se voit aujourd'hui qu'à la croix, et qui se verra, à la fin, dans la destruction des méchants. C'est ce que Job trouvait si difficile à comprendre: comment ceux qui font le mal prospèrent-ils, tandis que les justes sont persécutés? C'est précisément parce que le temps du jugement n'est pas venu; le temps de la miséricorde se poursuit, et nous ne pouvons pas avoir le jugement et la miséricorde ensemble. Il s'en suit que le temps actuel est une énigme. Il y a trop de mal dans le monde pour que l'homme puisse penser que l'état de choses actuel est de Dieu, et pourtant, même au milieu de toute la ruine et de la misère, il y a des manifestations de bonté qui s'affirment comme étant de Dieu. Les hommes essaient de passer par-dessus tout cela, ou d'y être indifférents, mais quel que soit leur égoïsme, il leur est impossible de ne pas voir l'état de souffrance du monde. Quelque favorables que puissent être, pour quelques-uns, les circonstances extérieures, ce qui n'est qu'une atténuation partielle de cet état de choses, nous devons reconnaître que, pris dans son ensemble, le monde n'est actuellement que ruine et misère.

Mais quand Christ vient, je trouve la bonté parfaite au milieu de cette scène de confusion, où règne la puissance du mal, la souffrance et la douleur. Rien de semblable ne s'était vu auparavant, quoique les prophètes aient pu l'entrevoir; mais ce que je vois en Christ, c'est Dieu lui-même manifestant la bonté (manifestant aussi, sans doute, le coeur de l'homme) au milieu du mal et de la douleur qui lui en fournissaient l'occasion, et cela, afin de ramener à Lui les coeurs des hommes en les gagnant. Il y a actuellement un gouvernement de Dieu, et il y aura ultérieurement un jugement selon que l'exige la nature même de Dieu, car il ne peut pas permettre au mal de continuer indéfiniment, mais la venue de Christ a eu pour but de ramener chez l'homme la confiance en Dieu par la présentation de sa bonté.

Satan avait provoqué la méfiance envers Dieu en disant: Si vous faites ce que je vous commande, vous serez comme Dieu. Christ est venu pour nous rendre réellement tels, et se présenta lui-même à chaque âme affligée et aux plus grands pécheurs, disant: Pouvez-vous vous confier en Dieu? Ne dites pas que vous êtes trop mauvais; je suis venu, parce que vous êtes mauvais. Ne dites pas que vous êtes trop misérables, je suis venu, parce que vous êtes misérables. Ne dites pas: Le mal est trop grand; il n'y a rien d'aussi grand que Dieu. Et là où cette voix est entendue, nous voyons le pécheur venir à Lui, pleurant, sans doute, car il convient de pleurer sur ses péchés, mais confiant dans cet amour qui peut être cru, alors que le coeur ne peut trouver nulle part ailleurs à qui donner sa confiance.

Tel a été le Seigneur. Si quelques-uns prétendaient être bons, il les démasquait. Si d'autres prétendaient être au-dessus du mal, il dévoilait leur hypocrisie en disant: «Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites». Ils n'étaient que des «sépulcres blanchis;» mais il y avait toujours une grâce parfaite pour le pécheur, comme nous le voyons dans le cas de la femme adultère qu'ils lui amènent. Sans nul doute, sa culpabilité était grande et son péché horrible. Elle méritait d'être lapidée, mais qui se chargerait de le faire? Il scrute tous les coeurs. Il est «lumière» aussi bien qu'«amour», et il n'est pas possible qu'un coeur pécheur se tienne devant Lui. Si on essaie de le faire, ce n'est que pour voir arracher, comme Dieu seul sait le faire, le voile dont on se couvre, et l'on doit confesser sa culpabilité. Un mot de sa part atteint la conscience et peut amener une autre femme, celle du puits de Sichar, à dire: «Venez, voyez un homme qui m'a dit tout ce que j'ai fait».

Nous devons être devant Dieu tels que nous sommes réellement. C'est l'effet que produit la lumière; et quand ce que nous sommes est manifesté, il y est pourvu par l'amour parfait, dans la bonté de Dieu. Il n'y a pas de dureté, là. «Dieu était en Christ, réconciliant le monde avec lui-même». Christ était la manifestation de cette bonté qui ne se lasse jamais, ne s'irrite jamais, et ne manque jamais de faire face à la douleur; bonté qui est venue pour rencontrer notre méchanceté.

Nous savons que le monde ne put pas supporter Christ, exprimant cette bonté. Le pharisien était trop orgueilleux pour l'accepter. Le monde rejeta son nom comme mauvais et, à la fin, toute retenue ayant été mise de côté, et l'heure du Seigneur étant venue, il se livra lui-même. Alors, il est dit au monde, responsable de son rejet: «Vous l'avez cloué à une croix, et vous l'avez fait périr par la main d'hommes iniques», quoique, d'un autre côté, il ait été «livré par le conseil défini et par la préconnaissance de Dieu».

Mais quel fait, bien-aimés frères! Que penser d'une semblable folie du coeur humain? Que Dieu ait été dans ce monde et que l'homme l'en ait chassé, et qu'ensuite cet homme, oubliant ce grand fait, puisse chercher des distractions et des jouissances dans un tel monde! Au fond, c'est la haine contre Christ et le mépris de sa personne, couverts par les plaisirs, les amusements, la vanité, n'importe quoi. L'homme peut poursuivre son chemin, en s'amusant dans un monde qui a rejeté Dieu. Mais Dieu n'a pas abandonné son dessein; il appelle encore hors d'un tel monde, un peuple pour son nom.

Considérons comment, dans ce Psaume 22, tout manifeste l'état du monde. Regardons à toutes les circonstances qui entourent le Seigneur; chaque homme y prend sa place: «De puissants taureaux de Basan m'ont entouré». C'est la violence. Quant à ses amis, ils disparaissent. De ses disciples, l'un le trahit, l'autre le renie. Pilate se lave les mains au moment de répandre le sang d'un innocent. Les Juifs disent: «Que son sang soit sur nous et sur nos enfants;» et nous savons qu'il en est ainsi jusqu'à ce jour. Le souverain sacrificateur qui doit intercéder pour les ignorants et les errants, donne sa voix au meurtre de l'innocent. Tout témoigne des ténèbres morales du monde. Quelques femmes pouvaient frapper leurs poitrines avec un sentiment de douleur humaine, et le centurion rendre le témoignage que cet homme était le Fils de Dieu, mais personne dans le monde ne voulait de Lui. Il fut condamné devant le sanhédrin et devant Pilate, parce qu'il affirmait la vérité, et il alla ensuite à la croix dans une parfaite douceur.

Si nous regardons maintenant à Gethsémané, nous voyons que, tandis qu'il était en agonie, ses disciples dormaient. Et lorsque les hommes conduits par Judas vinrent pour le saisir, il ne pensa pas à lui-même et leur dit: «Si donc vous me cherchez, laissez aller ceux-ci». Il se met lui-même en avant, se tient à la brèche, et alors «tous le laissèrent et s'enfuirent» (Marc 14: 50). Ces pénibles circonstances témoignaient de ce qu'il y avait dans le monde, tout en montrant combien Lui était parfait au travers de toutes. Et dans notre Psaume, tout cela est rappelé, tandis que le Seigneur y exprime ses propres douleurs et ses souffrances au milieu de cet état de choses.

Mais ces souffrances, quelque profondes et réelles qu'elles fussent, étaient extérieures et de la part de l'homme. En face de telles souffrances, il peut se tourner vers Dieu. Et cela nous amène au sujet spécial de ce Psaume qui met devant nous une douleur insondable. Il regarde à Dieu dans les épreuves extérieures, mais pour la coupe qu'il a à boire, il ne trouve aucune consolation. «Ne te tiens pas loin de moi, car la détresse est proche». Et, l'angoisse s'appesantissant encore sur lui, il s'écrie de nouveau: «Et toi, Eternel, ne te tiens pas loin». Jusque-là, il n'y avait eu que la pression extérieure des circonstances de la part de l'homme, et cela ne l'arrêtait pas dans son sentier de dévouement. Au travers de ces circonstances, il allait au devant de la coupe que son Père allait mettre dans sa main et qui devait l'amener à pousser ce cri déchirant: «Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné?» «Nos pères se sont confiés en toi; ils se sont confiés et tu les as délivrés. Mais moi, je suis un ver et non point un homme». Cela ne nous dit-il pas combien profonde et terrible était la coupe du jugement contre le péché?

Les circonstances qui entouraient le Seigneur dans sa vie ont abouti là. Il était dans le monde et sa présence manifestait ce que l'homme était. On lui rendit la haine pour son amour, et c'est tout aussi vrai aujourd'hui qu'alors. Or c'est précisément le moment voulu de lui pour faire connaître le but de son amour, qui n'était pas simplement de manifester ce que nous sommes, mais de mettre de côté notre misérable condition. Manifester ce que nous sommes, sans autre chose, eut produit chez nous le désespoir, et n'aurait jamais pu nous faire aucun bien, sans l'oeuvre qui nous ramène à lui-même, et nous rend heureux d'occuper une telle place.

Bien-aimés, ne nous abusons pas. Ceux qui recherchent des plaisirs ici-bas, ne se soucient pas d'entendre parler de Christ. Sans doute, Christ n'est pas maintenant ici-bas pour que vous puissiez étendre vos mains et le crucifier de nouveau; mais le monde qui, une fois, a assouvi ainsi sa haine, n'est pas changé d'un atome. Le monde n'aime pas qu'on lui présente Christ, et l'esprit charnel le sait bien. Que dirait un homme de toutes ses propres pensées, de ses sentiments et de ses secrets désirs, si Dieu était là et que tout fût manifesté? Introduisez Christ dans un de nos salons modernes, — pour ne rien dire des mauvais lieux — quel en sera l'effet? Tout est gâté pour l'homme naturel si Dieu est là, et la raison en est que là où l'homme trouve ses jouissances, il ne peut avoir Dieu. Supposez que vous introduisiez un tel homme dans le ciel, qu'y ferait-il? Il ne pourrait y jouir de rien, et cela n'aboutirait qu'à lui faire désirer d'en sortir le plus tôt possible. Oui, vraiment, si Dieu est introduit là où est notre plaisir charnel, cela gâte tout, et s'il était possible que nous fussions introduits où il est, nous ne pourrions y rester. Et dire que l'homme cherche des amusements dans le lieu même où Christ a été crucifié! Et il suit cette voie jusqu'à ce que vienne le jugement ou la mort, s'apercevant alors qu'il a marché dans un chemin de vanité, et que toute son activité a été pour le néant.

Mais, à la croix, je trouve la perfection de l'amour du Sauveur. Sa réjection de la part des hommes n'a été qu'une occasion pour lui de manifester plus complètement cet amour qui a si pleinement répondu à toute notre condition. Gisions-nous dans la mort? Il y est entré pour nous. Méritions-nous la coupe de la colère? Il l'a prise et l'a bue en entier. Avions-nous toute la puissance de Satan contre nous? Il va à sa rencontre et la détruit. Christ ne dit pas: «Venez à moi dans des sentiments convenables, et alors je vous aiderai». Non, c'est Lui qui s'abaisse pour venir jusqu'à nous, dans toute notre condition misérable; il ne cherche pas à s'échapper des mains des hommes; il ne se détourne pas de leurs insultes et de leur violence, mais au travers de tout il s'offre lui-même à Dieu, sans tache.

Quand je vois l'amour et le but de Dieu, en agissant en justice contre le péché, par la mort et le jugement, quand je vois notre Sauveur béni sur la croix, j'en déduis cette précieuse vérité que Dieu s'occupe du péché en grâce. Quand je contemple Celui qui a pris une telle place, je vois que toute la question du péché est amenée devant Dieu et qu'il la résout dans la personne du Seigneur Jésus Christ. Et ici, pour Christ, ce n'est pas comme quand Dieu agit envers nous, plein de miséricorde et de tendres compassions en présence de nos infirmités; il n'y a pas de miséricorde pour Lui, aucune atténuation dans l'ardeur du jugement. Il était la personne divine seule capable de porter tout le poids de ce terrible fardeau; la personne qui, seule, désirait le faire et qui l'a fait.

Et quel spectacle ce fut alors! Si Dieu avait tout balayé en jugement, on aurait pu y voir sa justice, mais où aurait été son amour? S'il avait reçu tous les hommes en passant par-dessus le péché, où aurait été sa justice? Mais quand Christ prend notre place à la croix, nous voyons la justice divine contre le péché comme on ne peut la voir nulle part ailleurs et, en même temps, un amour divin infini pour le pécheur! A la croix, tout ce que Dieu est a été pleinement glorifié, là même où le péché était parfaitement manifesté, mais où le Seigneur accomplissait l'oeuvre qui ôte le péché.

Nous trouvons ensuite, dans notre Psaume, qu'après le jugement le cri du Seigneur est exaucé (Hébreux 5: 7). Il dit: «Tu m'as répondu d'entre les cornes des buffles», et cela après que la coupe eut été bue et qu'il eut été, pour ainsi dire, transpercé par les cornes de ces buffles. Alors, sa résurrection fut le témoignage public qu'il avait été exaucé. Mais, même avant sa mort, nous l'entendons dire en paix: «Père», quand il dit: «Père, entre tes mains je remets mon esprit» (Luc 23: 46). Il ne meurt pas d'épuisement, il remet son esprit. Nous avons ainsi toute la question du péché close et réglée, et si elle ne l'était pas là, elle ne le serait jamais. Elle l'est en salut pour ceux qui croient, ou en jugement éternel sur ceux qui méprisent ce grand salut, mais la question du péché ne sera plus jamais amenée devant Dieu. Si elle a été réglée là, elle est parfaitement réglée, selon toute la perfection de la nature divine, selon la sainteté de Dieu, et réglée pour l'éternité. Christ ayant crié à Dieu, du lieu même où il buvait la coupe de la colère, a été exaucé, et sa résurrection en a été le témoignage.

Mais remarquez une autre chose: la constance de son amour. L'opposition n'arrête pas cet amour. Il se poursuit au travers de tout. Vous ne pouvez pas trouver un besoin qui n'ait une réponse en grâce de sa part; vous ne pouvez pas trouver un pécheur, si coupable qu'il soit, qu'il n'y ait pour lui une parfaite et surabondante grâce. Ni la puissance de Satan, ni le brisement de coeur produit par la lâcheté de l'homme, ni la douleur en face de sa méchanceté, ne pouvaient entraver cet amour. Plus il rencontrait d'opposition, plus il trouvait d'occasions de se manifester. Notre Sauveur n'avait d'autres motifs d'action que l'amour qui était en lui-même pour nous et sa parfaite obéissance envers Dieu.

Vient ensuite la déclaration: «J'annoncerai ton nom à mes frères, je te louerai au milieu de la congrégation». De quel nom s'agit-il? Le nom de son Père et de son Dieu, le nom de Celui dont la faveur était désormais pour Lui sans nuage, le péché ayant été ôté. Il est dans la présence de Celui qui est la sainteté infinie; il avait connu et senti la puissance de cette sainteté contre le péché; et maintenant il rentre, comme homme, dans la jouissance de sa propre bénédiction, non pas simplement comme étant le Fils éternel de Dieu avant que le monde fût, mais comme Fils de l'homme. Il vient comme ayant accompli l'oeuvre et dit: «J'annoncerai ton nom à mes frères», de sorte qu'à sa résurrection, il leur envoie le message: «Va vers mes frères, et dis-leur: Je monte vers mon Père et votre Père, et vers mon Dieu et votre Dieu». Il ne les avait jamais appelés frères auparavant et maintenant il les introduit dans la position qu'il leur a acquise. Ayant accompli l'oeuvre nécessaire, il place maintenant ses disciples dans la relation dans laquelle il était lui-même avec Dieu, en vertu de ce qu'il a fait, car ce qu'il a fait, il l'a fait pour eux, et il les amène où il est lui-même.

Ainsi, nous pouvons voir ce qu'est ce salut, si nos âmes entrent dans l'appréciation de ce qu'était cet amour qui le fit descendre dans la poussière de la mort, alors que toute la puissance et l'énergie du mal se déchaînaient contre Lui, et lorsque le juste jugement de Dieu contre le péché l'atteignait, au moment où il était fait péché pour nous. Et ce qui nous fait voir combien il avait glorifié Dieu dans cette oeuvre, c'est que Lui, l'abandonné, rentre dans la plénitude d'une lumière sans nuage. Or moi je puis dire désormais: c'est là où je suis, car il a dit: «Je monte vers mon Père et votre Père». Et il peut dire: J'ai pris votre place et j'ai accompli l'oeuvre nécessaire pour vous amener à Dieu; vous êtes devenus la justice de Dieu en moi, parce que j'ai été fait péché pour vous. Sa première pensée, après qu'il est exaucé, est: «J'annoncerai ton nom à mes frères». Je veux les rendre aussi heureux que moi-même, je leur annoncerai ton nom. Et son amour se poursuit, dans toute sa force et son étendue, pour affirmer les effets de son oeuvre. Il dit: Maintenant, vous allez être avec moi et, en effet, rien ne peut plus nous séparer de lui. Quand il avait bu la coupe, il avait été seul à la boire, mais maintenant nous ne serons jamais séparés de Lui. Il ne dit pas: Désormais ils peuvent chanter, mais «au milieu de l'assemblée, je chanterai». Il conduit les louanges; il fait connaître le Nom dans lequel il se réjouit. Qu'il est merveilleux que nous soyons ainsi associés avec Lui! Sans doute, c'est une figure, quand il est dit qu'il chante, mais cela nous montre comment il nous associe avec lui-même en toutes choses.

Et combien ce salut est parfait! Puis-je croire que je suis réellement dans la même relation avec le Père que Christ lui-même? C'est pourtant ce qu'il me dit, et il est impossible qu'il m'égare ou me trompe. S'il dit: «Je vous laisse la paix», il ajoute: «Je vous donne ma paix». Il dit: «Afin que ma joie demeure en vous». L'amour parfait cherche à s'associer la personne aimée en l'amenant à lui, là où il est, et c'est de cette manière que Christ bénit. Ce n'est pas seulement qu'il envoie des dons; sans doute, il le fait selon nos besoins, mais il nous introduit dans son propre bonheur. Il dit: «Afin qu'ils aient ma joie accomplie en eux-mêmes;» «La gloire que tu m'as donnée, moi je la leur ai donnée»; «Afin que l'amour dont tu m'as aimé soit en eux, et moi en eux;» «Je leur ai donné les paroles que tu m'as données». Telle est la mesure de son amour — d'un amour parfait — quoique nous soyons des vases si faibles. Il nous introduit dans une telle perfection de bénédiction pour que nous puissions y être avec Lui.

Nous trouvons aussi que la portée de notre Psaume va jusqu'au millénium. Ce n'est pas simplement ici: «Craignez Dieu», comme nous le voyons dans l'Apocalypse, mais: «Vous qui craignez l'Eternel, louez-le». Si vous le craignez, vous devez le louer.

Maintenant, penseriez-vous que Dieu pourrait revenir sur un seul péché? Non, il ne reviendra sur aucun. Il les a tous éloignés, et nous a revêtus de la plus belle robe, nous introduisant dans sa maison, afin que nos coeurs s'approchent de Lui en toute liberté. Désormais la vérité est dans le secret du coeur, car le péché a été manifesté dans la pleine lumière de Dieu, et effacé. Quelle paix cela donne! Pouvez-vous regarder à la croix et dire: Je ne sais pas si mon péché est pardonné? Vous savez qu'à la croix tout a été manifesté. Le Seigneur y a été fait péché, et là Dieu a eu affaire avec le péché dans la personne de son Fils: «En la consommation des siècles, il a été manifesté une fois pour l'abolition du péché par son sacrifice». Je sais que l'oeuvre est parfaitement accomplie: «J'ai achevé l'oeuvre que tu m'as donnée à faire». Je ne demande pas ce que j'en pense; je sais ce que Dieu en pense. Il a ressuscité Jésus d'entre les morts; il ne l'a pas seulement accepté, mais il l'a glorifié comme homme, comme conséquence de ce qu'un tel homme l'avait parfaitement glorifié à l'égard du péché. Une fois qu'on a ainsi la pensée de Dieu sur l'oeuvre de son Fils, les incertitudes et les doutes sont balayés comme des toiles d'araignée. Je n'aurai jamais un autre Christ pour faire l'oeuvre, et Celui qui est mort une fois pour toutes, ne mourra plus de nouveau. Dieu soit béni, il a achevé l'oeuvre, et la valeur de cette œuvre subsistera aussi longtemps qu'il sera lui-même devant Dieu.

Je puis être châtié, repris, encouragé ou averti; la révélation de sa gloire peut me terrasser; mais rien ne peut jamais toucher la justice de Dieu, et c'est ce que je suis devenu en Christ. «Si quelqu'un a péché, nous avons un avocat auprès du Père,» et «Lui est la propitiation pour nos péchés,» mais la justice n'est jamais touchée; en vertu de cette justice, Christ, au lieu de nous imputer le péché, devient notre avocat, et l'âme est restaurée.

Combien tout ceci est parfait! Il nous est difficile de le croire, parce qu'il nous est difficile de comprendre un tel amour. Croyez-vous que Christ vous a réellement associé avec lui-même? Il entonne le chant de louange, et vous devez le chanter avec lui. Si vous dites que vous ne savez pas s'il a achevé l'oeuvre — si vous ne savez pas que vous êtes devant Dieu dans une lumière et une faveur parfaites — vous ne pouvez pas chanter en accord avec lui; car lui sait bien que l'oeuvre est faite; Lui sait bien qu'il est dans la parfaite lumière de la faveur de Dieu.

Je sais que, dans l'expérience chrétienne, vous rencontrerez des difficultés, mais ceci est une autre chose. Vous y trouverez une grâce qui règne par la justice. Le Seigneur a opéré cette oeuvre parfaite, afin que vous puissiez vous confier en Lui en toute justice. Où en êtes-vous réellement? Etes-vous réconcilié? Pouvez-vous dire que par cette oeuvre vous avez la paix avec Dieu? Nous savons que, par nature, l'homme aime la richesse, les plaisirs, la société mondaine, les amusements, tout excepté Dieu, car son coeur est inimitié contre Dieu. Etes-vous réconcilié avec Dieu? S'il en est ainsi, au milieu de toute votre faiblesse, vous pouvez aller à Dieu. Et, en effet, quand les tentations se présentent, où irais-je si ce n'est à Celui qui a dit: «Ma puissance s'accomplit dans l'infirmité».

Il est doux de voir comment l'apôtre Paul, en Romains 8, applique cet amour de Dieu à toutes choses, quand il dit: «Celui même qui n'a pas épargné son propre Fils, mais qui l'a livré pour nous tous, comment ne nous fera-t-il pas don aussi, librement, de toutes choses avec Lui?» Il est pour nous, en nous donnant toutes choses. Qui mettra quoi que ce soit à la charge d'un élu de Dieu? Il est pour nous, en nous justifiant. Il est pour nous, soit que j'envisage le don qu'il nous fait ou la culpabilité à laquelle il fait face. Il est pour nous, dans nos épreuves et nos difficultés. Au travers de tout, si Dieu est pour nous, qui sera contre nous? Quand l'épreuve se présente, nous nous souvenons qu'il y a un repos. Et s'il y a un repos, c'est pour le peuple de Dieu, et si c'est pour le peuple de Dieu, c'est le repos de Dieu, «mon repos», et il viendra et nous introduira dans ce repos. Je peux envoyer chercher quelqu'un qui ne m'intéresse pas spécialement, mais si c'est un intime, je vais le chercher moi-même. C'est pourquoi il dit: «Je reviendrai et je vous prendrai auprès de moi» (Jean 14: 3).