Dialogue sur l'incrédulité moderne
Darby J.N.
ME 1911 page 73
A. — Le premier besoin de ma nature, comme être
moral, est une révélation de Dieu, et venant de la part de Dieu. Je trouve ces
deux choses en Christ, ainsi qu'il est écrit: «Celui que Dieu a envoyé parle
les paroles de Dieu» (Jean 3: 34). En croyant Christ, je scelle que Dieu est
vrai. Ce n'est pas seulement une parole venue d'en haut et transmise par un
prophète tel que Jean, mais Dieu lui-même est venu d'en haut: Dieu a parlé dans
le Fils. Les paroles de Christ, bien qu'il fût un homme, étaient entièrement et
d'une manière personnelle, les paroles de Dieu. Or celui qui reçoit son
témoignage, a scellé que Dieu est vrai. Et remarquez comment cela est établi:
«Personne», est-il dit, «n'est monté au ciel, sinon celui qui est descendu du
ciel, le Fils de l'homme qui est dans le ciel… et de ce qu'il a vu et entendu,
de cela il rend témoignage» (Jean 3: 13, 32). Quelle bénédiction se trouve là,
que personne d'autre que Lui ne pouvait donner, car personne d'autre n'est
monté au ciel pour nous dire ce qui s'y trouve! Dans ce pauvre monde insensé et
obsédé par le péché, j'ai les saintes voies et les divins objets du ciel amenés
jusqu'à mon coeur par Celui qui est le centre de la
gloire et de la félicité du ciel, et qui est venu me les apporter, sans
cependant quitter le ciel!
B. — Mais n'avons-nous pas une conscience qui doit
juger et qui juge ce qui est placé devant elle? Par exemple, si un Dieu était
révélé qui ne fût pas bon, ou qui ne fût pas saint, comment pourrais-je le
recevoir comme Dieu?
A. — Combien longtemps cela n'a-t-il pas été le cas
pour l'homme de recevoir de tels dieux. La conscience, avant qu'une révélation
fût donnée, a-t-elle jamais protesté? A-t-on jamais eu la pensée d'un Dieu
saint, ou bien a-t-on jamais senti la nécessité de la bonté en Dieu dans aucune
religion, sauf dans celle qui est révélée? On peut trouver quelques traces de
bonté relativement au besoin de l'homme d'être délivré de la tyrannie du mal
dans l'Inde, dans les avatars de Vishnou, au milieu d'une idolâtrie, à part
cela, monstrueuse. Mais partout l'idolâtrie démontre comme entièrement fausse l'idée
que la conscience requérait dans un être divin la bonté et la sainteté. Les
dieux reproduisaient les passions des hommes avec un degré supérieur de
puissance. Lorsque la révélation eut été donnée, et que Dieu eut fait
connaître la rédemption, alors furent connues et estimées à leur valeur
la bonté et la sainteté, jamais elles ne furent manifestées autre part. Ainsi,
au lieu que la conscience soit entre nous et la Bible ou une révélation
positive, il doit y avoir, au contraire, une révélation entre Dieu et nous et
notre conscience, ou, si l'on aime mieux, entre Dieu et nous, afin que la
conscience puisse sentir qu'il faut, pour être Dieu, que Dieu soit bon et
saint. Quand la révélation est donnée, la conscience reconnaît cela, mais
jamais auparavant. Or cela est essentiel et concluant dans la question qui
nous occupe, et nous fait voir que la conscience en nous est entièrement
incapable de juger. Mais il y a une conscience, et quand une révélation divine
ou une lumière de la part de Dieu vient à elle, elle est susceptible d'être
impressionnée de manière à avoir un jugement juste, mais jamais sans cela,
quant à ce qui est divin. Les incrédules modernes raisonnent d'après l'effet de
la lumière divine pour en nier la nécessité. Quand la lumière paraît, l'oeil peut voir; sans lumière il ne le peut, et ne saurait
pas même qu'il en a la capacité. L'Ecriture est vraie: quand les hommes avaient
la connaissance de Dieu, ils ne l'ont pas discerné pour garder
Dieu dans leur connaissance.
B. — Je n'avais pas pesé ces faits, ou plutôt, je n'y
avais pas pensé; mais ils sont vrais et placent dans une lumière toute
particulière les prétentions de l'incrédulité et de l'esprit de l'homme. En
réalité, les incrédules se vantent eux-mêmes en se disant compétents pour juger
le christianisme, alors que la seule lumière qu'ils ont pour en juger leur
vient de lui ou du judaïsme. Sans cette lumière, l'homme tombe dans l'idolâtrie
et dans la dégradation morale. Seule, une révélation qui lui fait connaître ce
que Dieu est réellement et qui forme ainsi son intelligence, le rend capable de
juger de ce que Dieu doit être. Une autre chose me frappe; c'est combien peu
les incrédules tiennent compte des faits et de l'histoire. Ils se piquent de
philosophie, mais c'est un fait bien connu que, jusqu'à Socrate, la philosophie
n'était guère plus qu'une cosmogonie. Quant à la moralité chez Platon, c'était
le communisme, et sa théologie était la démonologie et peut-être la
métempsycose. L'argument tiré de la conscience était ce qui me paraissait le
plus difficile à réfuter, car je ne pouvais admettre la pensée d'un Dieu qui ne
serait pas saint ou qui ne serait pas bon.
A. — Et vous ne le pouviez pas, parce que vous avez
une révélation. Le grand argument des rationalistes est celui qu'ils tirent de
la conscience. Il est bon de les rencontrer sur leur propre terrain, je veux
dire sur celui qu'ils sont incapables de tenir. J'ai déjà fait allusion à ceci:
si Dieu est seulement bon, et si la chute et la rédemption ne sont pas la
vérité de Dieu, que l'on m'explique donc l'état de ce monde. Les trois quarts
des hommes sont païens, le reste, en grande partie musulmans ou papistes, puis
on voit dominer toute espèce de misères et de dégradation; l'égoïsme est le
ressort principal de toute l'activité humaine, là où les passions et les
convoitises ne le sont pas. Si l'homme n'est pas tombé, où est la bonté de
Dieu? Et si Dieu n'est pas bon, qu'est-il? Le christianisme me dit que l'homme
est tombé; mais il révèle Dieu venant en bonté au milieu de la misère de l'homme,
et il fait connaître la rédemption qui offre une issue pour en sortir. Il me
donne l'histoire de l'homme, non pas celle de générations successives
sacrifiées aux théories de progrès des rationalistes du cinquante-neuvième
siècle, mais celle de révélations de la bonté divine que la foi devait saisir,
et cela depuis le jour de la chute de l'homme, bien que le temps ne fût pas
venu d'accomplir ce qui était promis. Et laissez-moi vous demander encore, si
l'homme est si compétent, d'où viennent tant de difficultés, de dissensions et
d'incertitude? Pourquoi est-il si difficile de trouver Dieu? Pourquoi est-il
question de le découvrir, si l'homme ne l'a pas perdu? Pourquoi enfin les
hommes ont-ils cru ou croient-ils en Jupiter, Siva, Odin, Ormuzd et Ahriman, ou
Khem et une multitude d'autres qu'il est inutile de
nommer?
Et quand on a reconnu que Dieu doit être bon et saint,
pourquoi éprouve-t-on tant de difficulté à venir à Lui et à marcher avec Lui?
Non; il est évident que l'homme s'est éloigné de Dieu. Plusieurs sont tombés
dans un horrible état de dégradation; d'autres sont plus raffinés, mais on voit
la plus belle des filles d'Eve se souciant plus d'un joli ruban, et ses fils
d'un peu d'or ou d'un titre, que de tout ce que Dieu leur présente pour gagner
leur coeur, c'est-à-dire les souffrances de son Fils,
s'offrant lui-même en grâce pour eux. Non; l'homme est tombé; il a perdu le
sentiment de ce que Dieu est, et de son amour. Son coeur
ne prend pas ses délices dans ce que Dieu est, dans ce qui est la bonté
suprême. Rien ne le prouve mieux que le fait qu'il ne peut pas Le découvrir.
Dieu a donné à l'homme une conscience, mais elle ne juge pas
la Parole, c'est la Parole qui la juge. Dans un sens, tout homme doit juger,
mais son jugement, en présence de la Parole, lui révèle ce qu'il est. Le
jugement que porte un homme sur quoi que ce soit révèle toujours son propre
état. L'homme est certainement perdu, condamné, s'il ne reçoit pas la Parole;
car Dieu a parlé et a donné un témoignage complet et suffisant de ce qu'Il est,
de sorte que celui qui ne croit pas est déjà condamné. La lumière est venue
dans le monde; si les hommes préfèrent les ténèbres, ce n'est pas leur
conscience qui les préfère, c'est leur volonté qui est à l'oeuvre.
Si l'on professe que le Fils de Dieu est venu dans le monde, est-on tenu de le
recevoir ou non? Il est venu pour éprouver toute âme d'homme par sa réception
ou son rejet. Vous me dites que l'homme a le droit de juger. Mais s'il ne
reçoit pas le Fils de Dieu, il montre qu'il est mauvais, que sa volonté est
mauvaise. Il a à juger, mais s'il rejette ce qui est parfait en bonté, son
propre état est mis à nu. Il est jugé en approuvant ou rejetant ce qui lui est
présenté, parce que c'est la perfection même, Dieu manifesté en chair, et Dieu
a dit: Malheur à celui qui n'écoute pas. Oui, il a à juger, mais ce n'est pas
son droit. Il est une créature perdue, mais mise à l'épreuve parce que Dieu a
parlé, et que c'est sa responsabilité d'écouter. Comment il peut faire face à
son état de perdition, n'est pas ici la question. La grâce de Dieu est
nécessaire; Dieu parle, et il parle en grâce. Est-il reçu ou non, voilà la
question. Jean dit: «Celui que Dieu a envoyé parle les paroles de Dieu». Ici,
il y a deux choses, d'abord les paroles de Dieu, et ensuite celui qui parle,
qui est venu d'en haut et qui est au-dessus de tous. Ne suis-je pas tenu
d'écouter ses paroles, de recevoir Celui qui parle?
Vous me dites: «Ne dois-je pas juger si ce sont bien ses
paroles, et s'il est venu d'en haut?» Je réponds: Oui, mais vous êtes jugé par
le résultat auquel vous arrivez, parce que Dieu sait qu'il a donné un
témoignage de grâce parfaitement adapté à ce qu'il vous faut. Ce témoignage,
c'est lui-même. Si vous rejetez ce témoignage, c'est Lui que vous rejetez, et
vous restez dans vos péchés et sous la colère de Dieu. Pour ceux qui croient,
Christ est précieux, car il est de Dieu; pour ceux qui sont désobéissants, il
est une pierre d'achoppement et un rocher de chute. Aux uns, il est odeur de
vie pour la vie, aux autres, odeur de mort pour la mort. La présentation de la
vérité, des paroles de Dieu, et celle de son Fils, doivent produire ces effets,
car les rejeter, c'est le rejeter lui-même.
Dire que la conscience est entre nous et la Bible est une
pure folie. La Bible est la parole de Dieu venant en contact direct avec nous.
Elle dit à notre conscience tout ce que nous avons fait; elle dit que Dieu est
saint, mais elle dit aussi qu'il est un Dieu de grâce et un Sauveur. Qu'est-ce
que la conscience si on la dit distincte de nous? Elle est, en réalité, en
nous, ce sur quoi la parole de Dieu agit. Il en est d'elle comme de l'oeil à l'égard de la lumière. La lumière manifeste tout;
elle agit sur l'oeil; or Dieu est lumière, et Christ
était la lumière du monde. Si l'oeil est en mauvais
état, il évite la lumière; il ne juge pas la lumière, mais elle démontre son
état. Telle est la conscience vis-à-vis de Dieu et de sa Parole. Mais une
conscience qui n'est pas «nous», ou qui serait une conscience entre nous et
Dieu, est une complète illusion. La conscience est en nous la connaissance du
bien et du mal. C'est ce qu'elle est sans aucune révélation ultérieure de Dieu.
Elle a le sentiment de la responsabilité, et, quoique obscurément, celui du
jugement et des conséquences du péché, en tout cas, jusqu'au point où peut
aller une crainte vague.
Si le christianisme est vrai, le Fils de Dieu est venu d'en
haut et parle les paroles de Dieu. Du moment qu'il est reçu, c'est-à-dire qu'il
y a la foi en Lui, le premier jugement de la conscience et du coeur est de s'incliner devant Lui. La première chose à
faire selon la justice — car la justice consiste à maintenir les devoirs qui
incombent aux diverses relations où l'on se trouve — c'est d'écouter ces
paroles de Dieu et d'y obéir. La chose essentiellement mauvaise, est de ne pas
s'incliner devant la Parole et de ne pas la recevoir. Juger Dieu, lorsque je
sais que c'est lui qui est devant moi, c'est le comble du péché.
Si les rationalistes ne croient pas que Dieu est venu et
qu'il a parlé, j'essaierai de le prouver à leur conscience. Il y a un moyen
divin pour le faire. Ils doivent, disent-ils, juger s'il est venu.
Certainement, mais je leur dis ceci avec assurance, d'après leurs propres
paroles, c'est qu'il est venu. S'ils ne croient pas en Lui, ils sont condamnés;
s'ils croient, ils ont la vie éternelle. Mais si Dieu est venu, s'il a parlé,
leur affaire est de l'écouter et non de le juger. La conscience étant aveuglée
par les passions, par l'ignorance, par l'éducation, il est de la plus haute
importance que nous ayons un sûr témoignage de la pensée de Dieu, qui ne
dépende pas des opinions diverses des hommes. Si je perds la Bible, je perds
les communications qui viennent de Dieu; j'ai tout perdu, irréparablement
perdu. Pour le rationaliste, la révélation c'est «les annales du temps où elles
furent écrites, et qui nous transmettent ce qui était l'expression, la plus
grande et la plus élevée, de la vie religieuse à cette époque». J'admets que
l'homme puisse se développer, ainsi que la vie religieuse, mais non pas les
communications données de Dieu. Or il y en a de telles, il y a les paroles de
Dieu parlées dans ce monde, sans cela le christianisme est un mensonge d'un
bout à l'autre, une sainte imposture, mais telle qu'il n'y en a pas de
semblable.
Mais s'il y a eu de telles communications, les avons-nous
perdues pour toujours? Sommes-nous retournés dans les ténèbres? La vraie
lumière a lui dans Celui qui parlait les paroles de Dieu, mais ne les ai-je
plus, n'ai-je plus cette révélation donnée de Dieu, n'ai-je plus aucune
communication venant de Lui comme telle? Alors j'ai perdu tout ce qui était
précieux et propre à élever l'âme dans ce monde. Je puis spéculer sur ce que
Dieu est; je puis connaître quelque chose touchant le bien et le mal, mais j'ai
perdu toute communication venant de Dieu. Misérable homme que je suis! Qu'était
l'homme sans elle? qu'est-il s'il ne l'a point?
Réduire les communications divines au temps de la vie des
apôtres, à ce qu'ils ont reçu, c'est montrer que l'on ne veut pas entendre Dieu
directement, qu'on ne veut pas avoir affaire à Lui; c'est faire voir de la
répugnance à entendre les paroles de sa bouche. Si Dieu a parlé et que nous le
niions, nous sommes des incrédules; si l'on exalte la conscience et qu'on la
place comme juge au-dessus de la parole de Dieu, on met l'homme pécheur
au-dessus de l'autorité de Dieu. La Parole, est-il dit, discerne les pensées et
les intentions du coeur. Elle fait connaître la
vérité et l'autorité de Dieu par son action dans la conscience. Elle dit à un
homme tout ce qu'il a fait, mais elle révèle un Dieu de grâce; elle n'appelle
pas la conscience à juger de ce qu'elle dit. Christ parlait les paroles de
Dieu; sont-elles perdues pour nous? Et si je les ai, mettrai-je ma conscience
entre moi et elles? Quel non-sens ce serait! Si vous ne connaissez pas ces
paroles, je ne dirai pas que vous êtes un incrédule, mais vous n'êtes pas un
croyant. Vous n'avez pas encore scellé que Dieu est vrai. Mais, en tout cas,
n'ayez pas la prétention d'enseigner les autres, si, admettant que Dieu a
parlé, vous ne pouvez pas dire ce qui est sa Parole, et ce qui ne l'est pas.
B. — Je suis bien aise que vous ayez touché cette
question, car c'est une des difficultés que je trouve dans ce que disent les
rationalistes; parce que je sens que j'ai une conscience et que cependant je
reconnais la suprême autorité de la Parole.
A. — Mais ne voyez-vous pas que tout leur objet est
de se débarrasser de la révélation et de son autorité sur nous? Si Dieu a
parlé, s'il y a une révélation, le premier acte de la conscience ne doit-il pas
être de se tourner vers elle et de s'y soumettre? Le premier sentiment du coeur ne devrait-il pas être de prendre son plaisir dans ce
que Dieu a révélé? Et certainement il s'est révélé lui-même.
B. — Ce serait sans doute la preuve que la
conscience, et non la volonté, est active, et qu'il y a un coeur
pour goûter un bonheur dont Dieu seul peut parler.
A. — C'est bien le point principal, et il se rattache
à la chute de l'homme, chose toujours ignorée dans leur système. Il y a deux
parties dans la conscience: l'une est la connaissance du bien et du mal;
l'autre, le sentiment de la responsabilité vis-à-vis de Dieu. Le péché a
beaucoup obscurci la première; la volonté résiste à la seconde, bien qu'elle ne
puisse pas la nier. La Parole vient; elle apporte à la conscience une lumière
parfaite, et présente à la volonté l'autorité de Dieu. Les hommes veulent que
la conscience soit compétente contre Dieu et sa Parole; ils disent que la
conscience doit être suprême pour juger. Dieu réglera cette question de savoir
si sa lumière et sa Parole sont parfaites pour la conscience, si son autorité
dans sa Parole est suffisante pour réclamer l'obéissance et la soumission. Je
suppose qu'un enfant ait quitté méchamment la maison de son père, et qu'il ait
rejeté son autorité. Il dit vouloir marcher bien. Son père lui envoie un
message, et même il vient et lui parle, lui faisant connaître sa pensée, et sa
volonté, et sa grâce. L'enfant réplique: «Oh! tout cela est une chose en dehors
de moi; la chose réelle est ma disposition intérieure». Très bien, lui
dirais-je; mais l'épreuve et la pierre de touche de votre disposition est la
soumission à la parole de votre père; c'est de la recevoir et d'être
reconnaissant de la bonté qu'il vous témoigne.
B. — Mais supposons qu'il dise: «Il faut que je sache
si c'est bien la parole de mon père».
A. — Je répondrais: Si votre coeur
était droit, vous seriez trop heureux de savoir qu'elle l'est. Et quand vous
dites que même si elle l'est, ce n'est qu'une chose extérieure, et qu'après
tout, la conscience doit juger, je vois que vous suivez encore votre propre
jugement et que vous ne désirez pas la parole de votre père. Je connais votre
disposition; votre volonté aime encore être la maîtresse. De plus, laissez-moi
vous dire que si vous étiez resté dans la maison de votre père, sa voix et ses
paroles vous seraient assez familières pour que vous les reconnaissiez
immédiatement. Votre objection prouve votre incapacité et votre mauvais état.
Si vous ne comprenez pas et ne recevez pas ses paroles, vous resterez dehors et
ne ferez que montrer votre incapacité. Si votre disposition était bonne, rebelle
comme vous l'avez été, un mot de la part de votre père aurait été le ciel pour
vous, et votre coeur aurait été heureux de se
soumettre à son autorité. Et c'est là la disposition qui, dirigée vers ses
paroles, donne la capacité de les recevoir, car alors le coeur
est droit et la volonté est brisée. «Si quelqu'un veut faire sa volonté» (celle
de Dieu), dit Jésus, «il connaîtra de la doctrine si elle est de Dieu, ou si
moi je parle de mon chef». Si vous parlez de votre conscience comme suprême,
quand votre père a parlé, il est clair que vous désirez être indépendant de
votre père. La première preuve de votre vrai retour de coeur
et de conscience est que vous vous soumettiez à la pensée et à la volonté
déclarées de votre père. Vous n'êtes pas encore revenu à lui. Votre position
tout entière est mauvaise, la conscience et le reste.
La connaissance du bien et du mal comme faculté, existe en
dehors de Dieu. Mais lorsque Dieu parle, la conscience s'affirme en se
soumettant à sa Parole. Voyez Saul de Tarse. Il dit: «J'ai pensé en moi-même
qu'il fallait faire beaucoup contre le nom de Jésus de Nazareth, ce que
j'ai fait aussi». C'était sa conscience qui le portait à agir ainsi. Une fois
qu'il a affaire avec le Seigneur, une fois qu'il est droit devant Lui, il dit:
«Seigneur, que veux-tu que je fasse? Parle, Seigneur, ton serviteur écoute».
Toute autre chose que cela est éloignement de Dieu. Une conscience qui se place
loin de Dieu afin de juger par elle-même, n'est pas une conscience droite;
c'est la volonté et le péché. La conscience n'est pas seulement ce qui juge;
elle reconnaît l'autorité de Dieu et elle l'aime, parce qu'elle est une
conscience vraie; la volonté du «moi» indépendant est abandonnée et l'âme est
restaurée pour Dieu. La Parole n'est pas seulement lumière, elle a aussi
autorité. Elle met à l'épreuve la vérité de la conscience en y apportant la
lumière, mais elle parle aussi avec l'autorité de Dieu. C'est pourquoi le
Seigneur dit: «La parole que j'ai dite, celle-là le jugera au dernier jour».
Jugez maintenant la Parole, si vous l'osez. Je ne crois pas qu'il ait de la
conscience, l'homme qui fait valoir sa conscience contre la parole de Dieu.
Voyez comment parle l'apôtre: «Si nous recevons le
témoignage des hommes, le témoignage de Dieu est plus grand; celui qui ne croit
pas Dieu, l'a fait menteur». Et Christ dit: «Celui qui entend ma parole a la vie éternelle». — «Pourquoi n'entendez-vous pas mon
langage? Parce que vous ne pouvez pas ouïr ma parole». — «Parce que je dis la
vérité, vous ne me croyez pas». — «Celui qui m'a envoyé est vrai, et les choses
que j'ai ouïes de lui, moi, je les dis au monde». — «Selon que le Père m'a
enseigné, je dis ces choses». L'homme ayant abandonné Dieu, sur le terrain où
dans l'origine il fut créé, Dieu a envoyé le témoignage des choses célestes,
afin de l'amener dans une relation plus élevée avec lui-même. Et lui, le
misérable pécheur, me dit qu'il doit écouter sa conscience, parce que cette
révélation est une chose intérieure! Certes les choses célestes et les écrits
où elles sont consignées, lui sont tout à fait extérieures. En cela, il dit la
vérité. Il est hors du paradis. Ce monde est la scène qui s'est formée et s'est
développée quand l'homme a été chassé loin de Dieu. Et quand Dieu vient avec la
révélation de ce qui est divin et céleste pour le sortir de cette scène et
l'introduire dans les choses célestes, il met cela de côté en disant que c'est
une chose extérieure! Il a raison. Seulement s'il ne reçoit pas ces choses, il
restera en dehors d'elles. Il aura une conscience; il a raison en cela, mais
elle lui dira ce qu'il a fait quand sera passé le temps où, par la grâce, il
pouvait les recevoir. Ses brebis entendent sa voix; mais, dit le Seigneur,
«vous ne croyez pas, parce que vous n'êtes pas de mes brebis».
La Parole nous est donnée, ainsi que les oeuvres qui la confirment; c'est un témoignage complet et suffisant. Malheur à celui qui ne le reçoit pas! Il mourra dans ses péchés et la même Parole le jugera au dernier jour. Si Dieu est venu, a parlé et s'est révélé du ciel, et que nous ne le recevions pas, Lui et tout ce qui est du ciel reste en dehors de nous; en nous il n'y a rien que le moi. Mais même avec cette idée, les rationalistes ne font que montrer leur ignorance, car «celui qui croit au Fils de Dieu a le témoignage au-dedans de lui-même». La mesure de la conscience devient divine, ce que la conscience ne peut jamais être, même quand elle est droite; elle reste humaine. Tandis que lorsqu'on est né de Dieu, par la Parole, en la recevant, on reçoit Christ, la révélation de Dieu et de ce qui est céleste. Christ alors est notre vie, il est au-dedans de nous, et nous sommes appelés à être imitateurs de Dieu comme de bien-aimés enfants, et à marcher dans l'amour comme Christ nous a aimés, de sorte que nous devons mettre nos vies pour les frères, si cela est nécessaire, car c'est ainsi que Christ a montré son amour pour nous. La mesure de notre conscience est alors divine; elle agit, parce que nous avons à la fois vu et reçu ce qui est divin en recevant Christ par la Parole.