Romains 1 – 8
Porret-Bolens L.
(Aux jeunes croyants)
ME 1911 page 163
Dieu est le Dieu bienheureux. Sa pensée est de sauver et de
rendre heureux ceux que le péché a séparés de lui et plongés dans la misère.
Dans ce but, il a fait le plus grand des sacrifices dans la personne de son
Fils unique et bien-aimé (Jean 3: 16).
L'Evangile nous fait connaître le seul nom sous le ciel, qui
soit donné parmi les hommes, par lequel il nous faille être sauvés (Actes des
Apôtres 4: 12). Et cet Evangile «est la puissance de Dieu en salut à quiconque
croit» (Romains 1: 16).
L'épître aux Romains nous présente un remarquable exposé de l'Evangile
de Dieu. Nous le voyons, Dieu est la source de l'Evangile, et son Fils
en est le sujet. C'est: «l'Evangile de Dieu touchant son Fils» (1: 1-3),
la révélation de la justice de Dieu sur le principe de la foi pour la foi
(verset 17). En venant répondre à l'état du pécheur, il procure à celui qui le
reçoit une pleine délivrance. Or, nous avons besoin d'être délivrés:
Nous nous arrêterons d'abord sur la première de ces choses.
Avant d'appliquer le remède au mal dont nous sommes
atteints, Dieu veut premièrement nous apprendre à connaître ce mal; et qui peut
nous renseigner sûrement si ce n'est lui. Et c'est ce qu'il va faire.
L'état de l'homme est placé devant nous du verset 18 du
chapitre 1, au verset 20 du chapitre 3. En trois tableaux successifs, passent
sous nos yeux:
Quelle est la pensée de Dieu au sujet de ces trois classes?
Quant à la première, la juste sentence de Dieu est que ceux qui commettent de
telles choses sont dignes de mort (1: 32).
Quant à ceux qui traçaient aux autres le chemin à suivre,
sans y marcher eux-mêmes, ils n'échapperaient pas au jugement de Dieu (12:
1-4).
Enfin, pour ce qui est des Juifs, qui avaient la loi comme
règle de leurs actions, ils n'avaient pas lieu de se glorifier de leur
condition. Leurs propres Ecritures les condamnaient (chapitre 3).
Donc, les uns et les autres étaient totalement en défaut
quant à la justice, et l'Ecriture disait des plus favorisés d'entre eux: «Or
nous savons que tout ce que la loi dit, elle le dit à ceux qui sont sous la
loi, afin que toute bouche soit fermée et que tout le monde soit coupable
devant Dieu» (3: 19).
Voilà ce dont il est nécessaire que nous soyons pleinement convaincus avant de pouvoir recevoir le message du salut. Ce tableau de l'état de l'homme, intercalé entre le verset 17 du chapitre 1, où il est fait mention pour la première fois de la justice de Dieu, dans cette épître, et le verset 21 du chapitre 3, où ce sujet est repris et développé, n'est nullement une parenthèse dans le grand sujet qui nous est présenté. L'étendue de ce passage, et les détails qu'il renferme, nous en montrent suffisamment l'importance. Si l'Evangile nous révèle la justice de Dieu, Christ — sa personne et son oeuvre — nous apprenons aussi que la colère de Dieu est révélée du ciel contre l'impiété et l'iniquité des hommes. Ceci n'est-il pas de nature à nous amener à nous humilier, à nous juger nous-mêmes, devant Dieu? Il faut que nos consciences soient saisies de notre culpabilité et que nous soyons conduits à la confesser à Dieu sans réserve. Est-il un croyant qui n'ait pas connu les angoisses d'une conscience atteinte par le sentiment de ses péchés contre Dieu?
Lecteur, inconverti peut-être, ne vous reconnaissez-vous pas
dans cet exposé de l'état de l'homme tracé par le Saint Esprit? Plût à Dieu que
vous fussiez conduit à vous écrier repentant: «Je suis cet homme-là; malheur à
moi!» Si telles sont vos dispositions, écoutez maintenant l'Evangile de Dieu,
il vous fera connaître comment vous pouvez être délivré
de votre culpabilité.
Nous l'avons remarqué, au verset 17 du chapitre 1, la
justice de Dieu est révélée dans l'Evangile sur le principe de la foi. Telle
est la réponse que Dieu donne maintenant à votre état. La chose est rappelée et
largement développée dès le verset 21 du chapitre 3. Comme nous l'apprenons,
cette justice Christ lui-même — est en faveur de tous, et sur tous
ceux qui croient. Ecoutons, à ce sujet, cette déclaration importante: «Mais
maintenant, sans loi, la justice de Dieu est manifestée, témoignage lui étant
rendu par la loi et par les prophètes, la justice, dis-je, de Dieu par la foi
de Jésus Christ envers tous, et sur tous ceux qui croient; car il n'y a pas de
différence, car tous ont péché et n'atteignent pas à la gloire de Dieu» (3:
21-23). La foi — vous l'entendez — est le moyen d'avoir part à cette
justice; elle est appelée la foi de Jésus Christ, car elle a Christ pour objet
et procède de Lui.
Trois choses nous sont rappelées dans ce qui suit,
relativement à la justice de Dieu:
Au chapitre 4, l'Ecriture nous présente deux exemples, ceux
d'Abraham et de David, pour nous montrer que ces deux illustres ancêtres du
peuple juif n'ont pas été justifiés autrement devant Dieu que par la foi, l'un
avant la loi, l'autre sous la loi: «Abraham crut Dieu», est-il écrit, «et cela
lui fut compté à justice» (4: 3). Et nous lisons encore: «Or ce n'est pas pour
lui seul qu'il a été écrit que cela lui a été compté, mais aussi pour nous à
qui il sera compté, à nous qui croyons en celui qui a ressuscité d'entre les
morts Jésus, notre Seigneur, lequel a été livré pour nos fautes et qui a été
ressuscité pour notre justification» (4: 23-25).
Quelle part l'homme a-t-il prise dans tout ce travail?
Absolument aucune, sinon par ses péchés. Celui qui a livré son propre Fils, l'a
aussi ressuscité d'entre les morts, après qu'il eut accompli l'oeuvre de la réconciliation. Il manifesta ainsi quelle est
pour lui l'excellence de la personne et la perfection du sacrifice de notre
divin Substitut, déclarant, par cet acte même, que la dette du croyant est
intégralement acquittée, qu'il est à tout jamais délivré de sa culpabilité. Une
triple bénédiction devient sa part immédiate: 1° Le passé de celui qui
croit est parfaitement réglé; il possède la paix avec Dieu par notre Seigneur
Jésus Christ, relativement à tous ses péchés. 2° Son présent le place
dans la faveur de Dieu, qui est meilleure que la vie; et 3° L'avenir qui
lui est réservé n'est rien moins que la gloire de Dieu dans l'espérance de
laquelle il peut se glorifier (5: 1-3).
Remarquons-le: tout est de Dieu, dans cette précieuse
délivrance, de même que ce qui en résulte: la paix avec Dieu, la faveur
de Dieu, la gloire de Dieu. Notons bien que celui qui se trouvait
dans l'impossibilité d'atteindre à la gloire de Dieu peut désormais se réjouir
d'y avoir part (3: 23). Au surplus — bénédiction suprême! — il a le privilège
de pouvoir se glorifier en Dieu lui-même, par lequel nous avons obtenu la
réconciliation. (5: 11).
A partir du verset 12 du chapitre 5 de cette épître, nous
entrons dans une nouvelle division qui s'étend jusqu'à la fin du chapitre 8.
Ici, il n'est plus question de ce que nous avons fait de nos péchés et
du moyen d'en être délivrés, mais de ce que nous sommes, de notre état
en Adam. Précédemment nous avions les fruits de l'arbre, maintenant nous
trouvons l'arbre lui-même et le moyen d'en finir avec lui.
Deux chefs de race, Adam et Christ, sont devant nous; le
premier a légué à ses descendants le péché et la condamnation; le second leur a
acquis la justice et la vie éternelle.
Une question se pose: Comment pouvons-nous être délivrés de
notre état en Adam et de ce qui s'y rattache? Romains 6 nous donne la réponse: Par
notre mort avec Christ, dont le baptême chrétien est l'image (6: 3, 4). La
foi reçoit cette vérité. De sorte que pour Dieu et pour la foi notre vieil
homme, avec sa responsabilité propre, n'existe plus: il a pris fin dans la mort
de Christ sur la croix. Dorénavant Dieu voit le croyant dans une position toute
nouvelle: il est en Christ devant Lui.
A la joie du premier moment succède parfois, pour le
nouveau-né en Christ, une triste déception quand il retrouve le péché en lui,
ce péché qu'il croyait pour jamais disparu. Hélas! il peut même arriver à
douter de sa conversion. Pourtant Romains 6 l'a prévenu, en lui rappelant que
ce n'est pas le péché qui est mort, mais plutôt nous qui sommes morts au péché,
par notre mort avec Christ; et que nous sommes invités à nous tenir pour tels
(6: 11). C'est ainsi que nous sommes délivrés de notre état en Adam et de notre
ancien maître: le péché. Nous sommes à un autre, à Celui qui est ressuscité
d'entre les morts, afin que nous portions du fruit pour Dieu.
Mais il n'est pas possible de réaliser cette vérité, si nous n'avons pas fait connaissance avec nous-mêmes tout d'abord, si nous n'avons pas expérimenté ce que nous sommes. Quelqu'un l'a dit: «Il faut l'expérience pour apprendre une chose qui ne s'acquiert que par l'expérience».
Le jeune croyant, quand il découvre les mouvements de sa
vieille nature, cherche à les refréner. Amené à Dieu, en qui il a pu se
glorifier, il aspire à la sainteté que la présence de Dieu réclame et s'efforce
de la réaliser au moyen de ses propres forces. De là le débat plus ou moins
long, signalé au chapitre 7, où l'âme née de nouveau, mais moralement sous la
loi, s'efforce de vaincre le péché, sans y réussir. La lutte qui recommence
toujours finit invariablement par une défaite. A bout de forces et de
ressources, l'âme fatiguée d'elle-même dans cette lutte sans issue, sentant
qu'elle a besoin, non d'un aide, mais d'un Libérateur, s'écrie: «Misérable
homme que je suis, qui me délivrera?» Elle a besoin d'être: délivrée de la
puissance du péché trop forte pour elle. Arrivée à ce point, la délivrance est
immédiate, en sorte que l'âme affranchie peut sur-le-champ rendre grâces à
Dieu. Lorsque l'âme, à l'extrémité, saisit pour elle-même la plénitude de l'oeuvre de Christ comme répondant à son état, elle voit que
Dieu a déjà pourvu à sa délivrance dans le sacrifice de son Bien-aimé. C'est
pourquoi elle peut se réjouir et bénir Dieu sans retard.
Elle comprend maintenant qu'elle n'est plus dans la chair et
sous la loi, mais en Christ devant Dieu. Qui aurait pu faire face à cet état,
si ce n'est Dieu lui-même dans ses ressources infinies? Aussi lisons-nous: «Car
ce qui était impossible à la loi, en ce qu'elle était faible par la chair,
Dieu, ayant envoyé son propre Fils en ressemblance de chair de péché, et pour
le péché, a condamné le péché dans la chair, afin que la juste exigence de la
loi fût accomplie en nous, qui ne marchons pas selon la chair, mais selon
l'Esprit» (8: 3, 4).
Durant ce pénible et inévitable débat pour arriver à
l'affranchissement du péché, mentionné au chapitre 7, l'âme délivrée a appris
trois leçons importantes
La première (verset 18) c'est qu'en elle-même, en sa chair —
et elle le sait par expérience — n'habite aucun bien.
La seconde (versets 19-21), que la vieille nature continue à
exister chez le croyant, et qu'elle n'est ni changée, ni améliorée par la
présence de la nouvelle vie.
La troisième (versets 22, 23), que, laissée à elle-même, sa
force est nulle pour faire le bien. Deux natures, ayant chacune sa loi
respective, sont en elle, mais la nouvelle a, pour ainsi dire, supplanté la
vieille au moment de la délivrance. C'est ce dont l'arbre greffé nous donne un
exemple remarquable. Laissé à lui-même, le sauvageon ne donnera que de mauvais
fruits; les soins et la culture en augmenteront le rendement, mais la qualité
restera la même; elle est selon la nature de l'arbre. Pour obtenir de bons
fruits, il faut en finir avec l'arbre lui-même, en décapitant le vieux tronc.
On y insérera alors un rameau d'un bon arbre, et celui-ci finira par devenir
l'arbre lui-même: un bon arbre qui portera de bons fruits. Remarquons-le, deux
natures différentes se trouvent dans ce nouvel arbre; mais la nouvelle a, en
quelque sorte, supplanté l'ancienne. Il reste vrai que, si l'ancien tronc
bourgeonne et se met à porter du fruit, celui-ci sera toujours de la nature du
sauvageon; mais le cultivateur intelligent ne laissera pas les mauvais
bourgeons se développer; à mesure qu'ils se montreront, il les retranchera
soigneusement. Ainsi, il a un bon arbre, qui ne peut porter que de bons fruits,
quoique deux natures soient en lui. La présence de la chair, du péché en nous,
ne rend pas la conscience mauvaise, ne nous trouble pas; mais son action
en nous a cet effet. C'est pourquoi il importe que, par le Saint Esprit, duquel
nous avons été scellés — et qui est la puissance de la nouvelle vie — nous
appliquions la mort à toutes les manifestations de la vieille nature (8: 13).
C'est à la suite des expériences décrites en Romains 7, que l'âme, affranchie
de la puissance du péché, peut réaliser la vérité présentée au chapitre 6. Ces
choses sont à la base de la vie du chrétien, de sa marche dans ce monde. Qu'il
est précieux de le savoir! 1° Nous sommes morts avec Christ 2° Nous avons à
nous tenir pour tels, pour morts au péché et pour vivants à Dieu. 3° Il importe
que nous réalisions pratiquement la chose en appliquant la mort aux
manifestations intérieures de la vieille nature, et cela par la puissance du
Saint Esprit. Le chapitre 8 décrit notre nouvelle position en Christ devant
Dieu. La première partie surtout est une réponse à la fin du chapitre 7. Nous
apprenons que la nouvelle vie, Christ et le Saint Esprit sont employés pour
désigner notre nouvelle condition devant Dieu (versets 6, 9, 10). A partir du
verset 12, le Saint Esprit est mentionné comme une personne divine que le
croyant possède, conjointement avec la nouvelle vie. Et à la fin du chapitre 8,
nous avons encore Dieu pour nous (versets 31-39). Quelle plénitude de
délivrance et de bénédiction nous possédons ainsi de la part de Dieu en Christ!
Les exhortations sont en rapport avec les vérités présentées
dans cette épître: nous sommes exhortés, par les compassions de Dieu — révélées
dans l'Evangile — «à présenter nos corps en sacrifice vivant, saint, agréable à
Dieu, ce qui est notre service intelligent» (12: 1).
Mais nous le savons, la chair, notre mauvaise nature est en
nous aussi longtemps que nous sommes dans le corps de notre abaissement. Le
moment viendra, et il n'est pas éloigné, où nous serons délivrés de la présence
du péché en nous, car nous attendons l'adoption, la délivrance du corps:
la chose est en espérance. La création soupire et est en travail jusqu'à
maintenant; elle attend la révélation des fils de Dieu, le moment bienheureux
où ils seront manifestés avec Christ; le chrétien est, pour ainsi dire,
l'organe intelligent de ces soupirs, et lui aussi attend le corps glorieux qui
lui est destiné et qu'il revêtira à la venue de Christ. Présentement déjà, nous
avons conscience de notre adoption et nous en jouissons, mais la manifestation
parfaite de la chose est réservée au moment où nous serons revêtus d'un corps
glorieux, pareil à celui du Rédempteur. «Car aussi, dans cette tente, nous
gémissons» — et voici quelle est la cause de ce gémissement — «désirant avec
ardeur d'avoir revêtu notre domicile qui est du ciel… Car aussi nous qui sommes
dans la tente, nous gémissons, étant chargés; non pas que nous désirions d'être
dépouillés, mais nous désirons d'être revêtus, afin que ce qui est mortel soit
absorbé par la vie. Or celui qui nous a formés à cela même, c'est Dieu, qui
nous a aussi donné les arrhes de l'Esprit» (2 Corinthiens 5: 2-5). Si nous
avons en perspective une telle délivrance, l'objet de notre attente immédiate
est Christ lui-même: «Car notre bourgeoisie est dans les cieux, d'où aussi nous
attendons le Seigneur Jésus Christ comme Sauveur, qui transformera le corps de
notre abaissement en la conformité du corps de sa gloire, selon l'opération de
ce pouvoir qu'il a de s'assujettir même toutes choses» (Philippiens 3: 20, 21).
Nos personnes — corps, âme et esprit — ayant été rachetées par le sang du
Sauveur, le salut sera complet quand nos corps y participeront. Nous attendons
cela avec patience, sachant que ce que Dieu a promis il l'accomplira
certainement.
Quel Dieu que Celui qui a daigné s'occuper ainsi de nous
pour nous sauver au prix du sacrifice de son Bien-aimé! Individuellement, il
nous a préconnus et prédestinés à être conformes à l'image de son Fils, pour
qu'il soit premier-né entre plusieurs frères.
A Celui qui est puissant pour nous affermir, selon cet
Evangile; au Dieu qui seul est sage, par Jésus Christ, — à lui soit la gloire
éternellement Amen.